Le loupiot de la maison des Vosges , livre ebook

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Suite à un accident qui a coûté la vie à ses parents et grands-parents paternels quand elle avait 6 ans, Camille a été élevée à Mende par sa grand-mère maternelle. Quand celle-ci meurt d’un cancer, la jeune femme décide de retrouver la maison vosgienne de sa petite enfance, et, peut-être, ce qu’il reste de sa famille paternelle. À peine arrivée à Servance, elle apprend qu’une vieille cousine vient de mourir dans un incendie, et un garçonnet couvert de bleus se réfugie en pleine nuit dans la maison de famille.



Camille se retrouve au cœur d’une vendetta entre une famille lorraine et la sienne, dont les Roméo et Juliette auraient eu un fils et même un petit-fils. Sans compter que certains cousins guérissent très vite de leurs ecchymoses et que tout le monde traite les chiens comme s’ils étaient des êtres humains.



Un roman de fantasy urbaine o
ù
s’
imbriquent pouvoirs surhumains, action et mystères dont les clés sont à trouver dans un passé qui se mêle au présent. Passionnant
!

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Publié par

Date de parution

30 octobre 2019

Nombre de lectures

1

EAN13

9782374537146

Langue

Français

Présentation
Suite à un accident qui a coûté la vie à ses Qarents et grands-Qarents Qaternels quand elle avait 6 ans, Camille a été élevée à Mende Qar sa grand-mère maternelle. uand celle-ci meurt d’un cancer, la jeune femme décide de retrouver la maison vosgienne de sa Qetite enfance, et, Qeut-être, ce qu’il reste de sa famille Qaternelle. À Qeine arrivée à Servance, elle aQQrend qu’une vieille cousine vient de mourir dans un incendie. Plus tard, un garçonnet couvert de bleus se réfugie en Qleine nuit dans la maison de famille. Camille se retrouve au cœur d’une vendetta entre une famille lorraine et la sienne, dont les Roméo et Juliette auraient eu un fils et même un Qetit-fils. Sans comQter que certains cousins guérissent très vite de leurs ecchymoses et que tout le monde traite les chiens comme s’ils étaient des êtres humains. Un roman de fantasy urbaine où s’imbriquent Qouvoirs surhumains, action et mystères dont les clés sont à trouver dans un Qassé qui se mêle au Qrésent. Passionnant!
Née en 1965,Marie-Catherine Daniela longtemQs vécu à la Réunion qu’elle a quittée en 2018 Qour s’installer en Creuse. SQécialiste en Sciences Cognitives, elle est également fascinée Qar l’éthologie aussi bien humaine qu’animale. Elle écrit sur le métissage social, la différence, la résilience, le Qlaisir de courir à Qerdre haleine, d’exQlorer une forêt sauvage, ou de survivre à une aQocalyQse. Elle QublieLes Aériensen 2017 (Sarbacane, Prix des Dévoreurs de Livres 2019),Entre troll et ogreen 2018 (ActuSF), etRose-thé et gris souris(GeQhyre, 2019).
Le Loupiot de la Maison des Vosges
Marie-Catherine DANIEL
COLLECTION DU FOU
Prologue
Les nuages dui s’effilochaient sur la crête envelop paient la forêt D’une humiDité glaudue. Blotti Dans Des genêts, au pieD D’un gros bloc De granit, Léo cessa De supplier du’il pleuve. Il était trop tarD pour espé rer sauver Mémé De l’incenDie. e toute façon, les inconnus avaient Dû la tuer avant De mettre le feu à la maison. Queldues panaches noirs s’élevaient encore Du fonD De la vallée. Malgré la Distance, l’oDeur âcre lui Donnait le tournis. En gravissant les pentes forestières Du Mont Cornu, le jeune fuyarD avait entenDu les sirènes Des pompiers. Queldu’un De Miellin avai t certainement remardué la fumée dui montait De la fermette isolée. CepenDant, l’enfant réalisait seulement maintenant due sa litanieFaites qu’il pleuve, faites qu’il pleuve, faites qu ’il pleuve marmonnée tout au long De sa course éperDue avait é té absurDe. S’il y avait dueldue chose à sauver, les pompiers l’avaient fait. Peut-être due Nounours en avait réchappé? Oubliant ses neuf ans bien sonnés, Léo Désira serrer sa vieille peluche. Comme duanD i l était petit, l’ours lui aurait chuchoté Des paroles rassurantes. Il lui aurait Dit du’il avait eu raison De tenir sa promesse à Mémé et De ne pas s’approcher De la mais on duanD il avait vu la grosse MerceDes inconnue. Elle était garée assez loin, en contrebas De l’habi tation, au Départ Du raiDillon dui permettait D’accéDer à celle-ci. Sûrement pour due Mémé ne puisse pas voir ou entenDre ses passagers avant du’il ne soit trop tarD. Elle ne lui avait jamais caché due le Danger rôDait autour D’eux et lui avait interDit De se laisser aborDer par ceux du’il ne connaissait pas. Il savait même ce du’il Devait faire si un jour elle Disparaissait. Et voilà due c’était le cas. Son ventre le lui avai t hurlé lorsdue, Dissimulé Dans le sous-bois à l’orée De la sapinière, il avait aperçu les premières flammes à travers la fenêtre De la cuisine. Ses entrailles s’étaient tor Dues si méchamment du’il avait failli s’évanouir. Affalé Dans les fougères, les oreilles bourDonnant De ses propres grognements De Douleur, un granD viDe l’avait envah i. Sur le moment, il avait cru due c’était la terreur et il avait fui comme un lièvre. Mais, maintenant, même assuré due les assassins n’avaient pas trouvé sa piste, le viD e persistait. Ils avaient tué Mémé. Mémé était morte. Une grosse boule explosa Dans la poitrine De Léo et il éclata en sanglots.
Chapitre 1
La maison de Servance était aussi imposante que dans mes souvenirs. Je ne l’avais pas vue depuis ma petite enfance et je m’ét ais attendue à la trouver rapetissée du haut de mes vingt-quatre ans. La demeure, à deux étages et aux toits assez hauts pour en aménager un troisième, se composait en fait de trois maisons mi toyennes. Chacune sous la responsabilité d’une branche principale de ma famil le paternelle : à droite, celle des Leuviot, à gauche, celle des Vénerey, au centre, ce lle des Volque. Désalignées en une esquisse ratée d’arc de cercle, de proportions bancales, les trois façades accolées n’avaient rien d’un ensemble architectural réussi. D’autant plus que les crépis dataient visiblement d’époques différentes e t passaient du beige pisseux au marron jaunâtre pour aboutir au gris sale avec traînées noires. Cependant, le soleil à peine ennuagé de cette fin d ’après-midi estival égayait le décor. Le feuillage des platanes trapus longeant l’ aile Leuviot luisait; le gravier devant les deux autres habitations scintillait d’éc lats de mica entre les touffes d’herbe qui l’avaient envahimeure, un; à la jonction du trottoir et du coin est de la de bac communal débordait de géraniums rouges, roses e t d’un blanc éclatant. De la route qui me séparait de la maison montait le parfum minéral et bitumeux du revêtement humide. S’y mêlaient des senteurs de bru yère et des effluves de la forêt épaisse qui tapissait les flancs de la vallée. Tout es ces odeurs emplissaient mes narines d’une clameur d’enfance heureuse. Malgré son extérieur disparate, la maison de Servan ce me renvoyait en cet instant les échos d’une famille élargie et unie. Je me revi s, entourée d’autres enfants, descendant sur les fesses chaque marche usée de l’e scalier de grès qui accédait à l’entrée principale des Volque et des Vénerey. Je f ermai les yeux pour mieux savourer cette bouffée de souvenirs vivaces. Ainsi, je ne voyais plus le panneau défraîchiÀ vendre, fixé sous la fenêtre de l’ancienne chambre de mes parents. L’agence immobilière de Mélisey m’avait confié les clés, une heure auparavant. Le type ne m’avait même pas demandé mes papiers pou r vérifier que j’étais bien l’un des sept propriétaires. Il paraissait avoir totalem ent perdu l’espoir de vendre une bicoque en bord de route, aussi moche que grande, e t dotée à l’arrière de douze hectares de terrain pentu inconstructible. Avant la mort de Mamé, l’homme m’aurait agacée : ce n’était pas lui qui payait inutilement des impôts fonciers et une aération mensuelle de la maison pour éviter une dégradation trop rapide. Mais le décès de ma grand-mère me laissait sans famille du côté mate rnel, et j’avais soudain ressenti le besoin de savoir ce que devenait celle de mon pè re. Ou du moins, j’avais envie de renouer avec mon passé servançot. Alors, j’étais pl utôt contente d’apprendre que le dernier acheteur potentiel de la maison s’était pré senté plus d’un an auparavant. Peu de risques que quelqu’un me dérange durant les quel ques jours que je comptais passer ici.
Je sortis le trousseau de grandes clés à l’ancienne de la poche de mon blouson, et me décidai à traverser la route. * — Maman, papa, je suis prêêêête! cria la Camille de six ans en s’engouffrant dans la salle de séjour des Volque. Comme souvent, son pied dérapa sur la latte gondolé e du plancher de bois brut. Elle se rattrapa à la fourrure de Kamilka. L’énorme chienne retroussa un peu les babines, alors que son épaule accompagnait le mouve ment de l’enfant et l’empêchait de s’étaler. Pépé, Mémé et oncle Louis finissaient leurs bols de café noir assis à la grande table ronde. Papa, debout devant le poêle éteint, s ’efforçait de sourire à sa fille, mais celle-ci sentait bien qu’il n’était pas content. Il ne voulait pas l’emmener chez sa mamé des Cévennes. Il voulait que seule Maman s’en charge et qu’elle reste aussi en vacances là-bas. Mais Maman avait refusé tout ne t : ils iraient tous les trois à Mende puis Camille y serait laissée pour l’été tand is qu’eux repartiraient travailler à Servance. La fillette était enchantée d’aller voir sa mamé, e t de rester là-bas, seule comme une grande. D’autant plus que ni ses cousins des Al pes, ni ceux du Canada ne viendraient dans les Vosges cette année. Ça n’aurai t pas été de vraies vacances que de jouer seulement avec ceux de Beulotte qu’ell e voyait toute l’année à l’école. Maman sortit de la cuisine. — Je suis prête, moi aussi. Va faire une bise à tou t le monde, on t’attend dans la voiture. L’enfant commença par Kamilka puis se fit pincer le s joues par Pépé, serrer fort par Mémé, embrasser par oncle Louis. Ensuite, elle partit en courant dire au revoir aux quelques adultes, Vénerey et Leuviot, arrivés l a veille à Servance. Elle ne savait pas que sa cavalcade à travers toute la Maison serait la dernière. * Quelques jours après m’avoir laissée dans les Céven nes, mes parents moururent dans un accident de voiture. Avec eux, périrent aus si Mémé, Pépé et oncle Louis. Tous les cinq revenaient d’une soirée, peut-être bi en arrosée, chez les Leuviot de Miellin. Ni Mamé ni moi n’allâmes à l’enterrement. À six ans , j’étais bien trop jeune pour le réclamer. Et je ne le désirais pas. Peut-être, inco nsciemment, pour épargner un surcroît d’abattement à ma grand-mère venant de perdre sa fille unique, mais surtout parce que le côté irréel de ces décès lointains me permettait de ne pas y croire vraiment. Cependant, je fis tant et tant de cauchemars les mo is qui suivirent que Mamé m’emmena à Montpellier consulter un pédopsychiatre. Il conseilla de me montrer les tombes pour m’aider à accepter le départ définitif de mes parents et à ne plus passer mes nuits à les voir errer à Servance sous forme de fantômes sanguinolents. Mais ces images me hantaient depuis trop longtemps pour que le médecin me persuade
u’elles étaient seulement issues de mon imagination . J’étais totalement terrorisée à l’idée de revoir les Vosges, et j’acceptai très vol ontiers la cérémonie de remplacement que me proposa Mamé. Le pasteur vint bénir les cinq trous de la taille d ’une boîte à chaussures, que nous creusâmes dans le jardin. Nous y brûlâmes des photo s de chacun des disparus et nous priâmes pour eux, avant de recouvrir les cendr es de terre où nous plantâmes des rosiers. Mamé, qui n’avait pas versé une larme jusque-là, pleura à fendre l’âme. Tout autant que la célébration improvisée, cela me convainquit de l’absolu de la mort. Les cauchemars devinrent rares, et ils releva ient plutôt d’accidents de voiture que de spectres hurlants. Ma terreur de Servance disparut elle aussi, mais j’ avais gardé jusqu’à peu des réticences à m’y rendre. À quoi bon? Je n’y trouverais que le vide. Plus personne n’y habitait, ni même n’y venait en vacances. J’en avai s été prévenue cinq ans auparavant par un notaire m’informant que les six a utres propriétaires demandaient mon accord pour la vendre. Les prénoms de ces cousi ns éloignés ne m’évoquaient rien, et le fait qu’ils me contactent par l’intermé diaire d’un tiers indiquait une indifférence certaine à mon endroit. Sur les consei ls de Mamé, qui, malgré ma majorité déjà révolue, s’occupait encore de la gest ion de mon petit héritage paternel, j’avais signé très vite les autorisations nécessaires. * En plus des clés, l’agence m’avait fourni deux feui lles photocopiées expliquant comment brancher l’eau et l’électricité, ouvrir la bouteille de gaz et diverses autres directives du même genre. Très pratique. Une boîte d’infusions en sachet et un bocal de sucr e me donnèrent l’occasion d’utiliser immédiatement la cuisinière, en faisant chauffer de l’eau. Je supposai que la tisane appartenait à l’employée en charge du mén age mensuel et l’en remerciai doublement. Au-delà d’une boisson bienvenue après u n long voyage, elle m’offrait comme un fil conducteur pour renouer avec mon passé . Ainsi, je fus émue d’allumer la gazinière que je pa riais être la même que celle de mon enfance. Je ris doucement en songeant que, déso rmais, j’avais le droit de toucher aux allumettes. Puis j’examinai chaque coin et recoin de la minuscule pièce. La cuisine à la porte blindée m’avait tant fait rêv er petite. Elle était aménagée dans l’ancien coffre-fort de l’étude notariale d’un de m es ancêtres, mais, à l’époque, je confondais «notaire» et «corsaire» et imaginais le réduit débordant de pièces d’or, de bijoux et de sabres, certainement pas de classeu rs remplis de papiers. Je revoyais presque ces amoncellements de trésors. Dans le petit placard suspendu, je dégotai un vieux bol blanc à la porcelaine fendillée et ébréchée en deux endroits. Mon bol! Celui de mes petits-déjeuners d’antan. Ma maison. L’afflux de souvenirs devint soudain trop intense. Je ne savais pas avoir gardé tout cela en moi et je craignis soudain de perdre l e contrôle de mes émotions. Toutes ces réminiscences imprévues allaient trop vi te, même si, indéniablement, la surprise était bonne.
Je décidai de prendre le temps de les déguster peu à peu. En commençant par l’étonnante, mais forte impression que Servance ne m’avait pas oubliée. La Maison – la majuscule me revint naturellement – m’attendait, j’y étais chez moi. Assise sur le large rebord intérieur d’une fenêtre de la salle de séjour, je bus la menthe-réglisse à petites gorgées en contemplant le Mont Cornu qui s’embrumait peu à peu. * — Tranches épaisses de deux centimètres, n’est-ce p as? Le couteau de la vendeuse, une femme avenante et ro ndouillarde d’une cinquantaine d’années, s’enfonça dans le jambon à l ’os avant même que je réponde. — Heu, oui. Comment savez-vous ça? demandai-je. — Vous êtes une Volque ou une Vénerey, non? C’est vous qui venez d’arriver. Vous êtes immatriculée dans le 48, c’est quoi comme département? Eh bé, les nouvelles ici allaient encore plus vite qu’à Mende! Je n’avais même pas encore sorti mes affaires de la voiture que tou t Servance savait déjà que je m’installais dans la Maison. Pourtant, je n’avais c roisé personne en marchant jusqu’à l’épicerie. Enfin, plutôt à la supérette, c ar la boutique de mon enfance et la boucherie-charcuterie derrière elle étaient devenue s une seule moyenne surface aux rayons clairs et espacés. Je décidai de satisfaire la curiosité de la vendeus e, sans toutefois lui raconter ma vie. Ne pas être pimbêche est important pour se fai re accepter dans un village, mais plus on en dit, plus les cancans vont bon train. — Oui, je m’appelle bien Volque. Camille. Le 48, c’ est la Lozère, j’habite à Mende et je viens quelques jours en vacances. — Aaah, vous êtes la petite du Docteur Volque, alor s. Je vous donnais du saucisson à l’ail quand vous n’étiez pas plus haute que trois pommes. Vous vous souvenez pas? C’est la Jeanne Leuviot de Miellin qu’aurait été contente de vous voir… Vous êtes là pour elle? Elle avait pris un air tragique pour dire ça et att endait visiblement ma réponse. Si je n’avais guère envie de m’étendre à mon sujet, j’ étais preneuse de toute information sur ma famille. — Désolée, je ne me souviens pas d’elle. Pourquoi s erais-je venue pour elle? l’encourageai-je. — Vous ne savez pas? — Heu, non… — C’était dans le journal ce matin. Sa maison a brû lé, hier. Elle n’a pas eu le temps d’en sortir. Elle s’interrompit, le temps de s’assurer que j’ava is bien compris. Je pris une mine de circonstance. Elle continua : — Mais le petiot a disparu. — Le petiot? — Le petit-fils de la Jeanne. Paraît qu’il est en c olonie, mais j’y crois pas trop. C’est pas le genre à la Jeanne d’envoyer son gamin loin d’elle. — Ah?
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