La lecture à portée de main
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Je m'inscrisDécouvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Je m'inscrisVous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Description
Sujets
Informations
Publié par | Éditions Scarab |
Date de parution | 08 janvier 2018 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782897652364 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Copyright © 2004 Mario Francis
Copyright © 2004 Les Éditions des Intouchables
Copyright © 2017 Éditions Pochette Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : Nycolas Doucet
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Émilie Leroux
Conception de la couverture : Catherine Bélisle
Images de la couverture : © Thinkstock
Mise en pages : Kina Baril-Bergeron
ISBN papier : 978-2-89765-234-0
ISBN numérique : 978-2-89765-235-7
ISBN ePub : 978-2-89765-236-4
Première impression : 2017
Dépôt légal : 2017
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Éditions Pochette Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet,
Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada
Téléphone : 450 929-0296
Télécopieur : 450 929-0220
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com
Diffusion
Canada : Éditions AdA Inc.
France : D.G. Diffusion
Z.I. des Bogues
31750, Escalquens — France
Téléphone : 05.61.00.09.99
Suisse : Transat — 23.42.77.40
Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99
Imprimé au Canada
Participation de la SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Conversion au format ePub par: www.laburbain.com
1
L'ATTENTE
La nuit était fraîche. L’air était chargé de l’odeur tenace et vivifiante de la terre remuée. Sur les rives généreuses du Nil, la saison des semailles battait son plein. Le jeune Montu avait revêtu une tunique avant de monter sur la terrasse arrosée de lune. Sans vraiment le voir, son regard s’enfonçait dans le ciel d’Égypte constellé d’étoiles. Le garçon avait essayé de dormir, mais trop de questions se bousculaient dans sa tête. Malgré le confort de son lit, il n’avait pu fermer l’œil. Cinq semaines auparavant, sans comprendre ce qui lui arrivait, Montu avait été libéré de l’esclavage 1 . Avant ce formidable événement, il n’aurait jamais osé croire en une possible délivrance. Il était convaincu que, s’il quittait un jour l’atelier aux ornements du chantier où l’on érigeait le palais d’Esa, ce serait simplement pour retrouver ailleurs son misérable quotidien d’esclave. Maintenant, non seulement il était libre, mais sa vie était comparable à celle d’un riche seigneur.
Les derniers jours d’esclavage de Montu comptaient parmi les plus douloureux de sa jeune existence. Tout d’abord, il avait assisté à la mort horrible de son meilleur ami, Leonis. En tentant de s’évader, ce dernier avait été dévoré par les crocodiles du Nil. Leonis était comme un frère pour Montu. Il trouvait toujours les mots qu’il fallait pour égayer les jours pénibles. Évidemment, si Leonis était parvenu, sans incident, à s’enfuir du chantier, son absence aurait quand même été bien difficile à tolérer. Seulement, en imaginant son remarquable ami vivant et libre, Montu aurait au moins pu chérir l’espoir fou de le rejoindre un jour.
Ainsi convaincu que Leonis était mort, Montu s’était laissé submerger par un incommensurable désespoir. Il avait cessé de manger, il buvait à peine et il besognait avec frénésie. Le jeune esclave n’aurait pu survivre encore longtemps dans de telles conditions. Le jour de sa libération, malgré l’énergie de forcené qui l’animait, il était sur le point de s’écrouler. Avec indifférence, Montu avait regardé une barque royale traverser le fleuve pour venir s’amarrer au quai du chantier. La splendide embarcation transportait le vizir, un prêtre et un mystérieux personnage masqué. Sans attendre, les visiteurs étaient venus dans l’atelier aux ornements. Le vizir avait alors ordonné à Montu de s’avancer dans l’allée centrale. En tremblant, le jeune esclave s’était exécuté. C’est à ce moment que Leonis avait fait son entrée. Au milieu des murmures incrédules des autres ouvriers qui l’avaient pourtant vu s’enfoncer dans l’eau, il avait retiré le voile couvrant son visage. D’une voix émue, Leonis avait annoncé à Montu que sa vie d’esclave était terminée.
Il y avait maintenant plus d’un mois de cela. Montu n’avait pas revu Leonis. Il habitait dans la luxueuse demeure de son ami et attendait son retour avec impatience. Il ne savait pas où Leonis se trouvait. Personne n’avait voulu le lui dire. Durant ses premiers jours de liberté, Montu avait été trop affaibli pour quitter le lit. De nombreuses personnes s’étaient relayées à son chevet. On lui donnait de bonnes choses à manger et on veillait constamment à son bien-être. Fiévreux et hébété, Montu avait eu l’impression d’évoluer dans un délicieux rêve. Au bout de tant de privations, comment pouvait-il croire ce qui lui arrivait ? On l’avait arraché de son univers ardu et dépourvu de joie ; on le traitait désormais avec une prévenance réservée aux princes.
Le grand prêtre Ankhhaef, l’homme qui avait accompagné Leonis et le vizir dans la barque royale, était revenu deux semaines plus tard. Leonis n’était pas avec lui. Ankhhaef avait demandé à Montu de ne pas s’inquiéter de l’absence de son ami. Selon les dires du grand prêtre, Leonis allait bien et il reviendrait vite.
La splendide maison de Leonis s’élevait dans les jardins du palais royal de Memphis. Elle comptait douze pièces, et les éléments qui la décoraient étaient d’une richesse et d’une beauté impressionnantes. Deux jeunes servantes dévouées veillaient à l’entretien journalier de la résidence. Il s’agissait de jolies jumelles qui se nommaient Raya et Mérit. Il fallait les voir parler de Leonis ! Elles prononçaient son nom avec des yeux pétillants d’admiration ! D’autres domestiques, employés à la cour du pharaon Mykérinos, s’empressaient d’accourir au moindre appel. Grâce aux bons soins prodigués par tous ces gens efficaces, Montu était désormais transformé. Son corps, qui était naguère d’une maigreur épouvantable, prenait peu à peu des proportions qui convenaient à un garçon de douze ans. Ses joues, auparavant creusées par l’épuisement et l’austérité, avaient maintenant la rondeur et la vitalité d’un fruit frais. Sa chevelure avait été débarrassée de la couche crasseuse qui l’avait longtemps recouverte. Elle se gonflait désormais en boucles soyeuses aux reflets roux. Sa peau était ointe d’huile parfumée et il revêtait les meilleures étoffes. Bien entendu, l’ancien esclave ne pouvait qu’apprécier les bénédictions providentielles qui comblaient son existence. Il avait cependant très hâte de connaître les raisons qui lui permettaient de profiter de toutes ces faveurs.
Que s’était-il passé, entre la fuite de Leonis et son surprenant retour au chantier du palais d’Esa ? En échappant aux crocodiles, l’ami de Montu avait déjà accompli un miracle. Mais, en troquant ainsi sa vie malheureuse contre celle d’un prince, Leonis était parvenu à accomplir le plus déroutant des prodiges.
La dernière fois que Montu avait interrogé Ankhhaef à propos de l’absence de Leonis, le grand prêtre lui avait expliqué :
— Ton ami est actuellement occupé à accomplir une mission de la plus haute importance pour le bien de l’Empire, mon garçon. Il devrait revenir bientôt. Il est parti depuis trente-cinq jours et, si tout s’est bien déroulé, nous devrions le revoir avant une semaine.
Ayant décelé une certaine inquiétude dans les yeux d’Ankhhaef, Montu avait insisté :
— Jurez-moi que Leonis ne court aucun danger, grand prêtre ! Vous ne semblez pas convaincu qu’il reviendra ! Dites-moi où il se trouve ! S’il a besoin d’aide, je ne peux rester ici à l’attendre !
— Tu tie