La constellation de la tortue , livre ebook

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Ioannis vit au rythme des tortues, de leur ponte et de leur migration. À travers elles, il inspire l’humanité, il est une muse. Loin de se satisfaire de ce statut, il rêve de découvrir la Terre et de vivre parmi les humains. Mais s’il parvenait à son but, ne risquerait-il pas de détruire le précieux équilibre entre les mondes ?

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Date de parution

05 avril 2023

Nombre de lectures

0

EAN13

9782493087317

Langue

Français

La constellation de la tortue
Carole BOUCLY
Illustré par Rémy Gente et Guillaume Bréant
Mentions légales
JS Éditions
Impasse de la Haute Boulaye
10 route des Bigottes
50300 St-Brice
Ebook livré avec les fonts Gothic Birtday et KR tarry Eyed
Illustration tortue : Rémy Gente
Illustrations pleine page : Guillaume Bréant
Couverture : Fox graphisme
Correction : Françoise Degenne
Éditrice : Jeanne Sélène
ISBN : 978-2-493087-31-7
Parution : 05/04/2023
Tous droits réservés.
Contenu sensible
Bien que tout public, ce roman contient quelques situations sensibles :
nourriture, meurtre, sacrifice rituel.
À ma grand-mère Agnès, qui me manque tant.
1
« Bien manger, rire souvent, aimer beaucoup. Un proverbe qui résume à merveille ces quelques jours avec Ioannis. Comment je l’ai rencontré ? Tout a commencé une nuit, à la fontaine de Trevi… »
2
Ioannis aimait se lever tôt, alors que le village dormait encore et que les premiers rayons du soleil repoussaient peu à peu l’éclat des étoiles. Il sortit de sa yourte sur la pointe des pieds, puis se dirigea à bonne allure vers l’océan. Comme tous les matins, le jeune homme se débarrassa à la hâte de ses vêtements sur le rivage, ne gardant sur lui que son short de bain. Il plongea avec délice dans les vagues et prit son temps pour nager, sans trop s’éloigner de la côte. Seuls quelques rares nuages troublaient le bleu du ciel et une légère brise faisait glisser les grains de sable blanc le long des dunes. Soudain, le cor retentit, stoppant net les mouvements rythmés de Ioannis. Il chercha des yeux la tour de guet, d’où on lui faisait signe de rentrer sans tarder. Il se mit à nager plus vite, tandis que les villageois ensommeillés sortaient de leurs habitations et se rassemblaient sur la plage. Une vieille femme aux longs cheveux blancs lui fit signe de s’approcher, et il se rhabilla sans attendre que sa peau ait séché, avant de la rejoindre. Ses yeux voilés se posèrent sur lui.
— Toujours aussi matinal, mon garçon.
— Bonjour, Grand-mère. Tu sais à quel point j’aime le calme de cette heure-là.
— Bien sûr que je le sais ! Mais ne t’aventure pas trop loin, tu pourrais leur faire peur ou même dévier de leur chemin.
— Oui, je fais toujours très attention.
La grand-mère du jeune homme lui tapota affectueusement le dos. Une sérénité toute particulière émanait d’elle, inspirant le respect. Autour d’eux, l’effervescence allait crescendo, et chacun plissait les yeux pour tenter de les apercevoir en premier. Ioannis goûtait lui aussi la solennité du moment, même si cette partie du processus n’était pas sa préférée. Un groupe d’enfants sautillait sur place tout en pointant du doigt les vagues, à quelques mètres d’eux. Une première tortue, particulièrement massive, s’échoua sur le rivage avant d’entamer une marche difficile pour s’éloigner de l’eau. D’autres ne tardèrent pas à suivre, avec leurs carapaces vertes, ocre ou tirant plus sur des tons mordorés. Hommes, femmes et enfants s’égrenèrent sur la plage, à bonne distance des tortues, mais en restant tout de même non loin pour les protéger durant leur ponte. L’estomac de Ioannis protesta à l’idée de rester planté là plusieurs heures avant de pouvoir manger. Adamante éclata de rire devant la mine déconfite de son petit-fils.
— Allez, va donc chercher un panier de fruits et distribue-les aux autres. Il faut des forces pour veiller sur les tortues.
— Elles n’ont pourtant pas vraiment besoin de notre aide.
— C’est vrai, la ponte est naturelle. Mais les plus vieilles de ces dames ont parfois besoin d’un coup de main pour retourner jusqu’à l’océan. Et puis, nous devons rester vigilants.
Elle tourna le dos aux flots, pour scruter d’un air inquiet la forêt qui se dressait à quelques centaines de mètres.
— Ceux de la forêt… Ils sont sans doute tous morts. Tu ne les as jamais vus toi-même.
— C’est vrai, mais mon grand-père en personne les a combattus.
— Ça fait plus de quatre générations. Je suis sûr qu’on n’a plus rien à craindre.
— À ton âge, on est bien sûr de tout, mon garçon. N’oublie pas qui nous sommes et ce que nous faisons. Notre rôle est de les protéger.
Ioannis ne répondit pas à ce rappel à l’ordre. On ne contredisait pas facilement l’Aînée. Sa grand-mère était la plus ancienne du village, sa sagesse et son expérience garantissaient son autorité sur chacun d’entre eux.
— Va, mon garçon. Et mange donc, toi aussi. Tu t’es levé plus tôt que nous.
Le jeune homme acquiesça et trottina vers les réserves.
x
Depuis des millénaires, les tortues venaient de l’est pour pondre sur leur rivage et repartaient dans la même direction une fois leur tâche accomplie. Ioannis connaissait le caractère sacré de leur œuvre, mais il s’intéressait surtout au voyage des bébés, une fois les œufs éclos. Les petites tortues, que l’on appelait les Fulgurantes, se dirigeaient immanquablement vers l’ouest où elles rejoignaient une sorte de courant magique qui les transportait dans le monde des humains. La Terre… Il en rêvait, nuit et jour, se nourrissant des romans qu’il lisait avec avidité. Le petit-fils de l’Aînée refermait justement un livre qui s’évanouit entre ses doigts comme le sable du désert.
— Une belle histoire ?
— Pas mal, oui. Le style est encore un peu timide, mais c’est le premier roman de l’auteur. Je pense que ça va s’améliorer, il y a du potentiel.
Ioannis sourit à son père, qui s’assit à ses côtés à la lisière de la forêt.
— Tu sais que ta grand-mère n’aime pas que tu passes autant de temps dans le coin.
— Père, tu viens ici presque tous les jours.
— Par nécessité, et je suis sans doute plus prudent que toi.
Le jeune homme observa les moutons des sables, au regard doux et à la laine duveteuse. Son père se chargeait du troupeau jour après jour, le menant grignoter les buissons du désert, mais aussi les herbes fraîches en bordure de la forêt. Il ressemblait d’une certaine façon aux animaux qu’il gardait, son visage caché derrière une barbe épaisse. Comme eux, il incarnait la douceur et la bienveillance.
— J’aime les arbres, l’ombre, la verdure. Je suis bien ici.
Ioannis se sentait à l’étroit dans ce monde de modération, au désert sans sécheresse ni canicule, où la température restait clémente au sommet des dunes et dans les yourtes. Un monde sans variation et aux traditions séculaires, où seul le sable blanc à perte de vue apportait une touche d’excès et de grandeur à leur univers.
— Veille à ce que ta grand-mère ne te surprenne pas ici, où tu te retrouveras encore de corvée de cuisine.
Ioannis haussa les épaules en souriant. Il aimait autant cuisiner que manger.
— Les tortues vont bientôt repartir, tu devrais la rejoindre sur le rivage.
Bias encouragea son fils d’un sourire et ce dernier s’éloigna en courant, comme à son habitude. Ioannis ne vit pas le sourire de son père s’affaisser sous le poids de l’inquiétude.
x
Le soir, les jeunes du village allumèrent un grand feu de joie sur le rivage, loin des œufs de tortues sur lesquels veillaient quelques anciens. Adamante, Bias et Ioannis terminaient leur repas juste au pied de leur yourte, profitant du ciel dégagé et de la myriade d’étoiles qui éclairait la nuit. Leur habitation ne comportait qu’une grande pièce unique, avec des meubles sans âge, en bois délicatement décoré. De confortables coussins de laine brodés offraient des espaces de repos à même le sol, un peu partout. La grand-mère, son fils et son petit-fils possédaient chacun leur propre lit, et des voilages habilement disposés leur procuraient une certaine intimité. L’ensemble s’articulait autour du poêle servant à la cuisine, une ouverture dans la partie supérieure de l’habitation permettait d’évacuer la fumée et d’apporter une belle luminosité dans la pièce. Le squelette de bois, érigé dans un style géométrique, était recouvert d’une toile de jute protectrice. L’Aînée asticota son petit-fils.
— Tu devrais les rejoindre. Les fêtes des jours de ponte sont toujours très joyeuses.
— Je viens de commencer un nouveau livre.
Adamante soupira.
— Un temps pour chaque chose, mon garçon. Va et amuse-toi donc un peu.
Sa grand-mère haussa un sourcil, faisant ainsi comprendre à Ioannis qu’il valait mieux lui obéir.
— Puisque tu insistes… bonne soirée.
Il s’éclipsa de mauvaise grâce, laissant tout le loisir à sa famille de discuter de son cas.
— Mère, je me fais du souci pour Ioannis.
— Pour ne rien te cacher, Fils, moi aussi.
Bias hocha la tête sans aucune surprise. L’Aînée savait lire dans les cœurs et plus encore dans ceux de son sang.
— Il court sans cesse, il ne se pose que pour lire, ce qui est une bonne chose, bien sûr. Mais il croit aussi tout savoir, il est impétueux, curieux, insatiable.
— Oui, Fils, ce petit ne connaît ni la modération ni la demi-mesure. J’ai pensé autrefois que ce n’était là que la fougue de la jeunesse, mais je vois bien aujourd’hui que c’est plus que ça. Il est différent de nous. Il est au-delà de l’inspiration, il est imagination.
Bias hoqueta, choqué.
— Mais l’imagination est humaine, Mère !
— Crois-tu que je l’ignore ?
Il frotta avec inquiétude ses mains moites sur son pantalon.
— C’est encore plus grave que je ne le pensais. Que doit-on faire ?
— Dans les temps anciens, certains de nos ancêtres lui ont ressemblé. Quelques-uns sont devenus parmi les Aînés les plus sages.
— Et les autres ?
— Il y a eu ceux qui ont dépéri, du fait de leur différence. Et…
Adamante se tut, laissant sa phrase en suspens.
— Mère ?
— D’autres ont perdu la tête et ont rejoint ceux de la forêt. Mais Ioannis ne ferait jamais ça. C’est un bon petit. Il est juste… à part.
Les épaules de Bias se voûtèrent. Il n’avait pas fini de se faire du souci pour son fils.
x
Dans les yeux de Ioannis se reflétait le feu de joie picorant le bois, l’illusion de flammes brûlantes, à peine tièdes. Dans ce monde sans danger, le feu pouvait mettre des heures à cuire un simple morceau de poisson. Quel intérêt à se trouver là ? À côtoyer ses semblables, mais l’étaient-ils seulement ? Il les observa quelq

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