Guaporé
156 pages
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Guaporé , livre ebook

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Description

En cette fin 1967, ses études de médecine terminée, Paul part soigner les lépreux durant l’année sabbatique qu’il s’octroie. Engagé à Paris par le père Sylvain, il part rejoindre la mission au Brésil en descendant le fleuve Guaporé.
C’est par ces eaux au 17e siècle que les portugais faisaient transiter l’or trouvé en forêt. Sur ces rives il découvre ports et fortins en ruine qui avaient été construit pour sécuriser les convois du précieux métal. Ces pierres taillées sont autant de repères du grand jeu de piste que Paul s’est fixé.
Cependant parti en période d’étiage, sa pirogue va s’égarer dans ce labyrinthe fait d’arbres et de marécages. Il se croit dès lors perdu à tout jamais.
Arrivant à point nommé, les grandes pluies de l’hiver apportent le courant salvateur. Cette forêt enchanteresse n’aura pas eu le temps de l’avaler tout à fait. Au cours de son périple dans ce milieux hostile il fera des rencontres extraordinaires.
En survivant dans cet autre monde, il finit par être séduit par la beauté des lieux et la gentillesse des gens qu’il côtoie. Plus surprenant encore, il fait cette rencontre improbable d’où naîtra l’intrigue qui changera le cours de sa vie.
Ira-t-il jusqu’à choisir de se faire indien ?

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312055190
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Guaporé
José Castan
Guaporé
Journal de bord d’une pirogue
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2017
ISBN : 978-2-312-05519-0
Étais -je trop présomptueux, trop sûr de moi en m’engageant seul dans ce labyrinthe infini d’eau et d’arbres ?… Une chose est certaine, je suis parti pour me retrouver. Alors Inch’Allah !

Préface
Je raconte dans cet ouvrage ma rencontre avec ce peuple de la forêt que l’on ne visite que rarement tant il est isolé. Au cours de la traversée de cette partie d’Amazonie brésilienne, j’ai bien cru ma dernière heure arrivée car cette forêt enchanteresse et terrorisante à la fois a manqué m’avaler.
Les souvenirs me reviennent comme dans une brume se dissipant peu à peu. Est-ce par l’écriture que je les retrouve ? Ou est-ce en rêvant que j’accède à ce « grenier » des idées et des mots ?
Fouiller, débusquer, m’amuse. Si je n’y prenais plaisir, je cesserais d’écrire bien sûr.
Ce qu’il y a de difficile dans cet exercice, c’est la solitude. Mon seul compagnon de travail est le crayon. Je n’ai jamais eu de Remington comme les grands et je ne me suis pas mis à l’ordinateur comme les modernes pour saisir mes textes.
Les prémices
Mon père m’a toujours dit : « Il faut apprendre à se faire homme, trouver sa voie ». « Réussir » était son maître mot.
Donc, après avoir fait médecine et prêté le serment d’Hippocrate il ne me restait plus, au terme des études qu’il m’avait payées, que ouvrir un cabinet, me marier, avoir des enfants, faire carrière comme l’on dit. J’allais donc passer ma vie à travailler la semaine avec bien sûr un repos dominical, en famille.
Tous ces « calculs domestiques » ne m’intéressaient pas. Est-ce être un fils indigne que de raisonner différemment, s’opposer à son père ?
Mon père disait aussi, faisant référence à sa période militaire, que pour devenir un homme, il fallait passer la nuit dans les bois, les pieds dans l’eau et dans la boue.
Eh bien voilà, monsieur mon père, aujourd’hui ton vœu est exaucé. En Amazonie, je vais devenir un vrai homme. Certes toi, après de brillantes études, tu avais fait la guerre, avais été fait prisonnier durant quatre années. De ce fait toute ma petite enfance je ne fus entouré que de femmes, tes sœurs, ma mère qui me gardait au moindre rhume sous son aile.
Enfant sage, dès que je sus lire, je fus intéressé par les contes, les légendes, les récits d’explorateurs. Adolescent j’avais récupéré une vieille malle au grenier de mon grand-père que je garnissais au fil des jours de choses que j’emporterai bien sûr le moment venu. J’avais déjà une attirance toute particulière pour ces verts territoires inexplorés d’Amazonie, ces immenses rivières dont je pensais que personne n’avait remonté le cours ni osé rencontrer ces habitants de la forêt aux mœurs bien différentes.
Voyant mon intérêt pour cette connaissance du monde, mon père m’accompagnait dans les musées comme le Musée de l’Homme au Trocadéro à Paris.
Lorsque je prétendais devenir explorateur, alors là ça n’allait plus. Il s’indignait : « Mon petit Paul, c’est pas un métier ça ! Tu vois Jules Verne l’a bien compris. Tout ce que tu as lu de lui, il l’a écrit dans son salon, sans jamais sortir de chez lui ».
Peine perdue que ses mises en garde ! Je continuais à rêver à ma grande aventure fréquentant expositions et conférences pour mieux appréhender cet autre monde. J’en connaissais déjà plusieurs facettes tels ces arcs en bois de fer, ces flèches en os, ces calebasses qui servaient à conserver le curare ou à boire et à manger. Dans une hutte de palme reconstituée grandeur nature, j’avais même vu un chaman en cire soigner un malade avec ses colliers de graines odoriférantes.
Alors à quoi bon aller chercher là-bas, comme le disait mon père, ce qui m’était offert dans les vitrines des musées ? Simplement je poursuivais mon rêve d’enfant contre vents et marées. Et puis, je voulais être maître de ma destinée, la contrôler.
Grand-père qui ne mâchait pas ses mots me le disait :
– Moi j’ai toujours considéré qu’il y a deux sortes d’hommes, ceux qui commandent et ceux qui obéissent. Pour ma part, sans toutefois refuser ou mépriser les lois, je suis resté en marge de la société, j’ai dissimulé ma vie. D’ailleurs, ton père m’a toujours traité de vieil anar… Il n’a pas tout à fait tort.
Figure-toi, que le maire du village au prétexte que j’habitais une voie sans issue, refusait de faire enlever mes ordures ménagères. Devine ce qui arriva ? Je quittais mon cul-de-sac, me rendis à son hôtel de ville et déversais les ordures du sac, sur son bureau ministre, juste à côté du ballon de rugby dont il prétendait avoir été la vedette de l’équipe locale à une époque… Cette fois-là, j’étais peut-être allé trop loin car dans l’heure qui suivit les képis me rendirent visite et le procureur de la République me sanctionna d’une amende dont je m’acquittais avec grand plaisir.
Je l’aimais bien grand-père, il m’a transmis son brin de folie.
Passée l’adolescence, ma préparation fut plus sérieuse. Je m’informais sur ces pays d’Amérique du sud. Je lus « Tristes tropiques » de Lévi Strauss . Mais ce qui fut déterminant, c’est la lecture d’un petit journal intitulé « Lettres d’Amazonie » qu’éditait un vieux curé. C’est ainsi qu’il finançait ses œuvres d’une mission là-bas en pleine forêt. Mon projet prit forme après cette rencontre. Cet homme de Dieu me proposait de jeter les bases d’une léproserie sur le fleuve Guaporé entre Brésil et Bolivie où ce mal sévissait particulièrement. Bien entendu cela n’imposait pas que je prenne la soutane, un simple service civique de quelques mois, une petite année au plus.
Mon internat terminé, il fallut d’abord convaincre Brigitte ma fiancée que j’avais besoin d’une année sabbatique avant de m’établir, de me « ranger ». Elle dût penser que je n’irais pas au bout de mon idée. Elle ne prit pas la chose au sérieux. C’était sans compter sur ce vieux sorcier de curé qui avait tout fait pour m’attirer dans ce fond de forêt où se situait la mission.
Au fil des visites que je lui rendais, cet historien de l’Amérique latine me conta que déjà en l’an 1500, les portugais poussés par un vent porteur débarquèrent au Brésil et y découvrirent dans la région du Mato Grosso et du bassin du Rondônia beaucoup d’or et de diamants. Afin de protéger les convois qui rapatriaient ces trésors, ils construisirent des fortifications le long du fleuve Guaporé. De cette façon ils évitaient la grande piraterie qui sévissait de l’autre côté à l’embouchure de l’Amazone. Ainsi le précieux métal descendait alors le fleuve Paraguay pour être chargé sur des galions à Buenos Aires. Je restais bouche bée devant cette page d’histoire méconnue.
Comme si cela ne suffisait pas à me convaincre, il me précisa aussi que dans la forêt poussait l’hévéa, cet arbre miraculeux qui pleurait. Ses larmes n’étaient autres que le latex qui avait permis aux premières automobiles de rouler en douceur. Plus fantastique encore, ces lieux où était récoltée la gomme étaient tellement inaccessibles qu’à l’avènement de la vapeur, on installa sur le bas du fleuve au départ du rio Madeira, une voie de chemin de fer longeant les rapides du bas Mamoré sur plus de trois cents kilomètres. Vous trouverez encore des machines à vapeur fantomatiques dans la forêt ! J’en restais pantois.
Ce ne serait pour moi, disait-il, qu’une promenade de santé. Je n’eus donc qu’une idée : revivre cette aventure 500 ans après.
En cette année 1967, ma décision est prise, je vais rejoindre mon poste au Brésil. Mais au lieu de remonter l’Amazone qui est la voie la plus directe, pour me donner un côté aventurier, je décide comme me l’a suggéré le prêtre, de remonter depuis Buenos Aires jusqu’à Guajará-Mirim en suivant la trace des portugais.
La première partie se ferait en bateau de ligne par le rio de la Plata tant que les eaux profondes le pe

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