Entre deux terres | Nouvelle lesbienne , livre ebook

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Nathalie est animatrice la nuit dans une station de radio locale. Elle écoute les auditeurs et cherche avec eux des solutions à leurs problèmes.


Un soir, elle reçoit un appel d’une femme étrange qui a pour nom Daghmara.


Celle-ci semble désorientée et en danger. Au mépris de tous ses principes, Nathalie va vouloir rencontrer cette jeune femme « en vrai », sans se douter le moins du monde que sa vie va s’en trouver profondément bouleversée.

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Publié par

Date de parution

11 février 2019

Nombre de lectures

15

EAN13

9780244450113

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Entre deux terres
 
 
 
Emmanuel Taffarelli
Copyright © 2019 Homoromance Éditions
Tous droits réservés.
ISBN :
 
 
DÉDICACE
 
 
Pour Christine.
 
 
Le mythe est une invention à propos de la réalité .
 
J.R.R. Tolkien.
 
 
Table des matières  
Entre deux terres
BIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE


 
 
 
 
 
 
Entre deux terres
 
 
Accrochée au mur du fond du studio, l’horloge à affichage digital indiquait vingt-trois heures et vingt-neuf minutes en gros chiffres rouges. Une suite de points clignotants formait peu à peu un disque tout autour, au rythme d’un point par seconde. Chaque minute, le ballet circulaire lumineux recommençait comme l’heure avançait inexorablement.
Depuis son fauteuil, face à un pupitre où trônait un écran tactile, Nathalie attendait que le numéro trente remplaçât le vingt-neuf   ; il ne restait qu’une trentaine de secondes. Elle commença à respirer plus profondément, une manière efficace pour elle d’éloigner le stress. À deux mètres d’elle, cloîtré dans une cage à peine éclairée derrière une vitre épaisse, un homme d’un certain âge arborant barbe et lunettes rondes lui fit signe de se tenir prête   ; il manipulait plusieurs boutons d’une impressionnante console pilotée par un clavier et des moniteurs plats. Le générique d’introduction n’allait pas tarder à retentir à l’antenne. Le temps d’un écran publicitaire et ce serait parti.
À trente-deux ans, Nathalie présentait sa propre émission radio sur une chaîne locale. Nos nuits ensemble était un programme interactif, diffusé en direct de vingt-trois heures trente à deux heures du matin, cinq soirs par semaine du lundi au vendredi. Les auditeurs joignaient le standard et pouvaient exprimer leurs problèmes personnels à Nathalie qui tentait de trouver une solution avec eux. Ce n’était pas l’émission la plus glamour de la grille –dans une autre vie, Nathalie aurait adoré être journaliste littéraire ou auteur de science-fiction - mais au moins, la formation en psychologie de la jeune femme, acquise de haute lutte à l’université, lui était utile. En deux ans de présence sur les ondes, toujours vêtue d’un chandail bleu informe et confortable qui aurait rebuté n’importe quelle chaîne de télévision, elle avait écouté plusieurs centaines de cas, allant de la séparation entre deux adolescents perturbés sur le plan hormonal à la dépression chronique d’un jeune retraité en passant par les divorces mal vécus, la tristesse des amours non partagées et la gestion douloureuse d’un veuvage brutal sans oublier les psychodrames des familles recomposées…
Derrière la vitre, David, le réalisateur, maître des consoles, fit un décompte avec ses doigts : cinq, quatre, trois, deux, un…
Une ampoule rouge s’alluma au plafond. Nathalie se redressa sur son siège, replaça son casque correctement sur ses oreilles, approcha sa bouche du micro dont la tige sortait du pupitre et enchaîna à la suite du générique d’une voix qui se voulait la plus chaleureuse possible :
— Bonsoir, je suis Nathalie, à votre écoute sur cette antenne jusqu’à deux heures   ; vous êtes seul, vous avez un souci que vous ne savez pas comment régler, appelez dès à présent notre standard et venez échanger avec moi en direct   ; on se retrouve juste après cette chanson au titre évocateur qui promet une belle nuit ensemble. À tout de suite...
Elle tendit le doigt vers David qui lança Let’s Spend The Night Together des Rolling Stones. L’ampoule du plafond s’éteignit.
Nathalie se relâcha une seconde et demanda dans l’interphone de service :
— Qui est au standard ce soir   ?
— C’est Christophe qui s’y colle, répondit David dont la voix grave effleura les oreilles de Nathalie dans le casque.
La jeune femme fit la moue   ; elle appréciait moyennement Christophe, un étudiant thésard en sociologie qui complétait sa bourse en effectuant quelques heures de secrétariat à la radio   ; elle ne le trouvait pas assez affable pour accueillir les gens au téléphone. Une fois, il avait même raccroché au nez d’un auditeur en détresse qui souhaitait évoquer sa dépendance psychologique à la masturbation frénétique, ce qui le handicapait socialement, persuadé que ce dernier était un pervers harceleur… Le jeune homme avait été poliment sermonné, sans effet durable satisfaisant selon Nathalie.
— Dis-lui de prendre tous les appels et de ne rembarrer personne, d’accord   ?
— Nath, fit David qui savait très bien ce que la jeune femme voulait dire, il n’est pas idiot   ; je suis sûr qu’il sait faire la différence entre un vrai cas et un canular.
— Ça, c’est à moi d’en juger. Dis-lui, s’il te plaît.
— D’accord, soupira David. Je vais le lui répéter pour la huit cent cinquante-troisième fois   ; il va finir par t’en vouloir pour de bon. Il reste une minute avant la reprise d’antenne.
Il coupa la communication. Nathalie le vit parler à nouveau dans le micro, s’adressant à Christophe qui se trouvait ailleurs dans le petit immeuble qui abritait les locaux de la station. Elle sourit en lisant l’expression de David, mélange d’amusement et de lassitude. À l’antenne, la chanson se terminait. Nathalie reprit une position convenable pour répondre aux interrogations. Son crayon et son papier étaient prêts pour des notes.
— Bonsoir, c’est Nathalie à votre écoute.
La jeune femme lut le premier prénom qui apparut sur son écran. Elle plissa les yeux, pas tout à fait sûre d’avoir bien lu. C’était Christophe qui notait les prénoms qu’on lui donnait. Il n’y avait rien de plus.
— Bonsoir, Daghmara. J’espère que je n’écorche pas votre prénom au moins   ?
Pour toute réponse, il n’y eut qu’un souffle, léger et régulier. Quelqu’un respirait à l’autre bout de la ligne. Nathalie reprit :
— Daghmara, vous êtes avec nous, vous m’entendez   ? Quel est l’objet de votre appel   ?
Le souffle continuait, perceptible. Aucune parole ne vint. Nathalie interrogea David du regard qui répondit en levant les mains : je ne sais pas, tout fonctionne. Il voulut couper la ligne et passer à la suivante, mais Nathalie le retint en levant la main. Elle insista :
— Daghmara, vous êtes en direct avec nous sur l’antenne. Sur ma fiche, il n’y a rien de précisé quant à la raison de votre appel, mais je me permets de supposer, vu votre silence, que vous êtes impressionnée de parler comme ça en public. Je tiens à vous rassurer, personne n’est là pour vous juger, en aucune façon.
Un nouvel instant de silence passa, ponctué par le son d’une respiration lente et maîtrisée. Nathalie allait jeter l’éponge lorsqu’une voix un peu hésitante répondit enfin :
— Daghmara…
Soudain revigorée par cette réaction, Nathalie poursuivit :
— Bonsoir, Daghmara   ! Vous voyez, ce n’est pas si difficile de parler entre nous. Je vous écoute.
— Daghmara.
La voix, plus assurée, ne sonnait pas francophone. Nathalie nota rapidement sur sa feuille Origine Daghmara   ? Femme, 20 à 30 ans.
— Vous vous appelez donc bien Daghmara   ; j’avais peur d’avoir mal compris, vous me rassurez. Nous vous écoutons.
— Dagh… MARA   !
La voix soudainement forte surprit Nathalie   ; la personne semblait s’énerver. Elle prononça une suite de mots inintelligibles que l’animatrice ne parvint pas à saisir. Dans quelle langue s’exprimait cette femme   ?
— Daghmara, s’il vous plaît, allez moins vite. Je voudrais vous poser une question, ne le prenez pas mal : à vous entendre, vous n’êtes pas francophone. D’où êtes-vous   ?
La voix qui psalmodiait toujours fut couverte par un bruit ressemblant à une vague déferlante sur une plage de pierres. David faisait signe à Nathalie que la liaison était bonne   ; les bruits intempestifs venaient de l’endroit où se trouvait l’étrange auditrice.
L’animatrice relança, tentant de reprendre la main :
— Daghmara, il semble que vous soyez quelque part où on vous entend mal. Pourriez-vous vous déplacer, s’il vous plaît   ?
Un claquement comme un coup de tonnerre retentit à l’autre bout du fil. Puis, le bruit de ressac cessa instantanément, de même que la respiration régulière. Il n’y avait plus aucun son. Nathalie leva les yeux vers David qui lui indiqua que la ligne n’était pas coupée. Il n’y avait aucun souci technique. La jeune femme se reprit et, les lèvres toutes proches de la bonnette du micro, demanda :
— Daghmara, que se passe-t-il   ? Quels sont ces bruits autour de vous   ? Vous êtes toujours là   ?
Pas de réponse. Sur son écran tactile, Nathalie lut en biais les messages qui parvenaient en cascade des auditeurs sur les réseaux sociaux ou par sms. Certains n’étaient pas tendres avec Daghmara : « C’est une foldingue   ! Laissez tomber   ! » ; « Comme elle est chelou, celle-là   ! »   ; « Encore une qui veut des papiers…   ! Ouste   ! »
— Daghmara, si vous êtes là, dites-moi quelque chose, s’il vous plaît. Nous sommes toujours en ligne avec vous. Êtes-vous en danger   ? Si c’est le cas, je vous enjoins de contacter la police le plus rapidement possible. Je vous donne le numéro, c’est le…
— Daghmara… n’est… plus… en… danger.
Nathalie faillit crier de joie en entendant à nouveau la voix de cette femme qui parlait un français hésitant, certes, mais qui parlait et avait l’air en bonne santé physique. La voix était belle, profonde et troublante.
— Daghmara, je suis contente de vous entendre et je peux vous dire que la communauté ...

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