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Marc ISMIER
Dragon de sable
Journal du premier marcheur
La paix et la justice de Gladsheim s'étendent progressivement sur les royaumes d'Orient. Gylfi, Roi, le plus Puissant parmi les Puissants, en assure la stabilité par les Questes de ses Marcheurs. Les guerres sont oubliées depuis des siècles et les Arts se développent, étendant toujours plus les Pouvoirs et la science des Maîtres. Mais Bryan, Premier Marcheur, est arraché à une Queste dans les brûlants déserts du sud par Snorri, le Sculpteur. Pendant son absence, Gylfi a disparu, menaçant les ordres établis et faisant resurgir la perspective d'affrontements oubliés qui déchireraient les peuples. Derrière le Trône, la Nuit tisse ses complots au-delà des frontières et menace l'existence des Royaumes. Entre alliances et trahisons, se révèlent de nouveaux Pouvoirs au cours de la plus redoutable Queste du Premier Marcheur.
Ce livre porteur de valeurs fortes nous entraîne dans un univers à la croisée de Tolkien et Zelazny. Les personnages attachants et variés.
Un récit fait de trahisons et d'aveuglements et ponctué de nombreux rebondissements et ce, jusqu'au dernier chapitre.
Marc Ismier est enseignant chercheur en sciences. Grand lecteur- notamment de la Fantasy, Tolkien, Robin Hobb ou en SF Zelazny, Orson Scott Card pour citer les auteurs de l'imaginaire plus S King et Lovecraft.
Il écrit depuis ses 13 ans, toujours dans les styles de l'imaginaire.
Dragon de Sable Journal du Premier Marcheur est le premier tome.
DRAGON DE SABLE
Marc Ismier
DRAGON DE SABLE
1 – Journal du Premier Marcheur
M+ ÉDITIONS 5, place Puvis de Chavannes 69006 Lyon mpluseditions.fr
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
© M+ éditions Composition Marc DUTEIL ISBN 978-2-38211-089-8
À Odile, avec tout mon amour,
À Edgar et Arthur
et avec toute mon affection, à
Benoît F.
Louis de M.
Philibert B.
Louise D.
PREMIÈRE PARTIE
Désert
Je suis un Marcheur, et j’occupe l’essentiel de mon temps à Marcher. Ce n’est pas que j’aime ça, pas plus que les rois aiment forcément régner, mais, comme eux, je suis né pour cela.
Mes vêtements, autrefois verts et gris, avaient terriblement bruni. J’avais la tête prise dans un drap beige, seule protection réellement efficace contre les vents de sable. J’évoluais depuis six jours dans un désert éblouissant, sans limites, terre calcinée sur laquelle passait et repassait un soleil obstiné ; un désert où régnait une chaleur que seul l’exercice de la Marche rendait supportable.
Le dernier Questeur que j’avais vu, une semaine auparavant, m’avait affirmé que j’y croiserais nombre de bergers et autres peuples du désert... Mais non, personne. La Route semblait m’avoir fait éviter toute rencontre.
Le principal problème qui se posait, pour l’heure, était l’absence d’eau et de nourriture. Les sources n’abondaient pas vraiment dans cette zone et, en ce qui concernait les vivres, la corde de mon Arc n’avait pas chanté depuis quarante-huit heures, ce qui m’inquiétait passablement. Je savais que ma traversée de ce désert devait encore durer près de quatre jours, et l’absence de ravitaillement allait rapidement devenir critique.
Je Marchai jusque vers la quatrième heure de l’après-midi quand, après avoir escaladé encore une de ces dunes que je commençais à exécrer, j’aperçus en contrebas un mamelon rocheux ocre, plutôt déplacé dans ce paysage de sable. Y devinant l’aubaine d’un coin d’ombre, j’allai dans cette direction.
Comme j’approchais, je perçus, provenant de derrière le roc, un bruit de marteau. Bien qu’intrigué, je n’accélérai pas ; dans la chaleur étouffante qui régnait, c’eût été une folie. Quand, finalement, je pus toucher la pierre rouge bizarrement translucide, les bruits n’avaient pas cessé. Je contournai prudemment le bloc de pierre, prenant soin d’avancer en silence ; s’offrit alors à moi un étrange spectacle. Un petit bonhomme rabougri, cassé, aux épaules larges comme une commode, aux cheveux châtains, à la longue barbe poussiéreuse, taillait à l’aide d’un burin et d’un marteau le roc ocre. Ses yeux d’un bleu intense, lumineux malgré le rayonnement solaire presque aveuglant, avaient la même teinte que son Œuvre. Par quelque alchimie dont je connais un peu le secret, la pierre travaillée par ses soins virait du rouge au bleu. Il travaillait vite, avec une dextérité extraordinaire, et son front luisait de sueur.
Il ne réagit pas tout de suite à ma présence et je pus juger de son travail en toute tranquillité. Il avait tracé les contours d’un porche aux lignes sobrement classiques. Le Sculpteur paraissait vouloir faire naître quelques fioritures au bas des fausses colonnes. Le fronton pendait à six bons pieds de haut. Je n’osais imaginer comment quelqu’un de si petit avait pu accomplir un tel exploit sans échafaudage... La profondeur de l’ensemble était suffisante pour aligner trois rangées d’hommes de forte corpulence. Mais le plus surprenant de toute la scène était l’homme lui-même, que je connaissais bien : Snorri, Premier Sculpteur du Roi. Que venait faire cet homme d’élaboration, de construction et d’artifices dans un lieu désert ? De toute évidence, il était ici pour moi. Pour me chercher, sans doute. Mais qu’un personnage aussi puissant se déplaçât ne présageait rien de bon. Je me décidai alors à le saluer :
– Bonjour, Snorri ! Tu peux parler d’une surprise !
– Bonjour mon cher Bryan, répondit-il en se tournant vers moi, son marteau dans la main droite et un ciseau dans la gauche. Tu ne t’attendais pas à me voir !
Il s’exprimait sur un ton souriant, narquois, de sa voix basse à l’accent un peu rauque.
– Bien imaginé, répliquai-je, puis je lui posai la question qui me brûlait les lèvres. Que viens-tu faire, toi, aussi loin de Gladsheim ? Non pas que je sois malheureux de te voir…
– Je ne sais pas exactement, répondit-il sur un ton plus grave. Quelqu’un, je peux seulement te dire que ce n’est pas le Roi, m’a ordonné de te faire revenir au plus vite... pour un motif que j’ignore. Le message que j’ai reçu détaillait seulement ton parcours pour que je puisse te retrouver.
– Es-tu venu à pied ?
– Non, voyons ! J’ai tracé un petit raccourci. Mais pour toi, il faudra une véritable Porte.
– Ce n’est pas Gylfi ? Qu’entends-tu par là ?
En parlant, je m’approchai pour finalement m’immobiliser à environ deux pas de Snorri. Pour sa part, il avait posé ses outils sur le sol et levait les yeux vers moi, dos au soleil, les mains sur les hanches.
– Oh ! Juste que le message m’est parvenu sous la forme d’un parchemin frappé d’un simple sceau à étoile.
– Quand l’as-tu reçu ?
– Il y a quatre ou cinq heures, environ.
– Tu as fait vite ! Et tu ne sais pas qui t’a mandaté ?
– Non. Vu que c’était étoilé, j’ai agi au plus court. Les questions seront pour plus tard, dit Snorri en haussant les épaules.
Il avait cette étonnante indifférence qui le faisait ignorer ce qui ne constituait pas le moment présent lorsqu’il y avait urgence. Ce qui aurait pu devenir un défaut, mais Snorri avait les moyens de sa politique.
– Bon. Donc, on m’appelle par étoile interposée, mais sans couronne...
– Tout à fait, mon vieux. Et j’espère bien que tu éclaireras ma lanterne le moment venu.
– Je l’espère aussi... Dis-moi, je constate que tu as bien avancé ta Porte et qu’il doit y avoir moyen de s’abriter... Est-ce que tu permets...?
– Vas-y ! Tu as l’air d’en avoir besoin, fit-il avec un coup d’œil rapide sur ma tenue.
Je m’avançai alors jusque sous le porche où je pus enfin me tenir à l’ombre. J’en profitai pour poser mes affaires et enlever le drap que j’avais enroulé autour de ma tête. Snorri, de son côté, avait ramassé ses outils et se préparait à se remettre au travail.
– J’imagine que tu n’es pas venu les mains vides ? Est-ce que par chance tu aurais de l’eau et quelque chose à manger avec toi ?
– Oui. Tu trouveras ton bonheur dans le sac, à tes pieds.
Je ramassai alors un sac en cuir marron d’assez bonne taille qui renfermait, ô merveille, une énorme outre d’eau et plusieurs paquets plus petits contenant de la viande et des fruits séchés, du pain et du fromage en quantité suffisante pour quatre repas. Snorri me regarda manger un instant d’un air satisfait, puis finit par se remettre à l’ouvrage. Le silence du désert se mit alors à résonner du son puissant des coups de marteau que le Sculpteur assénait à un rythme de métronome. Il avait délaissé les fioritures du bas pour attaquer une portion plus simple de son travail qui lui demandait moins de concentration et lui permettait de travailler plus vite. Je le regardai faire tout en avalant avec soulagement pain et fromage, et en buvant quelques longues gorgées d’eau.
Après avoir fini de me restaurer, je m’adossai au mur du fond, partagé entre le désir de discuter avec Snorri et celui de ne pas le retarder dans son travail. J’essayai de deviner ce qui avait pu motiver l’envoi du Sculpteur à ma rencontre, fait absolument sans précédent, à ma connaissance, dans toute la longue histoire du Royaume de Gladsheim. Et si des événements assez graves pour motiver sa venue s’étaient produits, comment se faisait-il que Snorri ne fût pas lui-même au courant ? Comment un autre que le Souverain de Gladsheim, Gylfi, avait pu dépêcher le Premier Sculpteur à ma rencontre, moi, le Premier Marcheur ?
L’objet de ma Queste avait été un conflit entre deux petits royaumes situés à l’extrême limite de la zone d’influence de Gladsheim, une affaire de territoires conquis et reconquis tellement de fois par l’un puis par l’autre que le compte en était perdu depuis une éternité, mais au sujet duquel Gylfi m’avait demandé d’intervenir. Cette requête m’avait un peu surpris : c’était, selon mes comptes, la troisième fois, depuis ces cinq dernières années, que le Roi y envoyait quelqu’un pour ce motif, mais l’importance toute relative de cette zone n’avait jusqu’à ce jour jamais justifié qu’il me mandatât. Lorsqu’il m’avait confié cette mission, j’avais pensé qu’il voulait mettre un point final à l’affaire, considérant sans doute que je serais le plus à même de parvenir à la conclusion d’un traité solide, étant moi aussi Roi et qui plus est représentant de l’autorité du Souverain de Gladsheim. Je n’avais pas pris le temps de l’interroger lorsqu’il m’avait donné cet ordre car, malgré tout, il ne s’agissait que d’une Queste parmi d’autres et Gylfi avait plus d’une fois vu juste là où je n’avais pas perçu avec la même clarté que lui certains enjeux dans les relations entre royaumes. Cet Instinct était un trait commun de tous les Rois de Gladsheim et j’avais donc suivi son ordre sans trop me préoccuper de ma propre perception de la question.
En tout état de cause, mon passage avait permis de faire cesser le conflit naissant et d’aboutir à la formulation d’un traité convenant apparemment aux deux partis. Ce n’était pas le premier, cependant, et j’espérais sincèrement que ce serait le dernier !
Au fil des ans, bien que Gylfi fût plus jeune que moi et