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Description
Informations
Publié par | Québec Amérique |
Date de parution | 13 mai 2013 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782764420041 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Collection QA compact
Du même auteur
Pour les adultes
Azalaïs ou la Vie courtoise roman, Québec Amérique, 1995.
Guilhèm ou les Enfances d’un chevalier roman, Québec Amérique, 1997.
Les Bourgeois de Minerve roman, Québec Amérique, 1999.
Mary l’Irlandaise roman, Québec Amérique, 2001.
Pour la jeunesse
Une Terrifiante Halloween roman, Québec Amérique Jeunesse, 1997.
Jordan apprenti chevalier roman, Hurtubise HMH, 1999.
Prisonniers dans l’espace roman, Québec Amérique Jeunesse, 2000.
La Revanche de Jordan roman, Hurtubise HMH, 2000.
Jordan et la forteresse assiégée roman, Hurtubise HMH, 2001.
Données de catalogage avant publication (Canada)
Rouy, Maryse
Azalaïs La Vie courtoise
(Collection QA compact ; 6)
Publ. à l’origine dans la coll. : Collection Deux continents. 1995.
Comprend des réf. bibliogr.
9782764420041
I. Titre. II. Titre : Vie courtoise.
PS8585.O892A92 2002 C843’.54 C2001-941873-6 PS9585.O892A92 2002 PQ3919.2.R68A92 2002
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
Il est interdit de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Dépôt légal : 1 er trimestre 2002
Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
©2002 ÉDITIONS QUÉBEC AMÉRIQUE INC.
ww.quebec-amerique.com
Sommaire
Du même auteur Page de titre Page de Copyright Avertissement Dedicace Première partie - Suivante à Poitiers
CHAPITRE CHAPITRE II CHAPITRE III CHAPITRE IV CHAPITRE V CHAPITRE VI CHAPITRE VII CHAPITRE VIII CHAPITRE IX
Deuxième partie - Châtelaine en Comminges
CHAPITRE CHAPITRE II CHAPITRE III CHAPITRE IV CHAPITRE V CHAPITRE VI CHAPITRE VII
Troisième partie - Le pèlerinage
CHAPITRE CHAPITRE II CHAPITRE III CHAPITRE IV CHAPITRE CHAPITRE VI CHAPITRE VII CHAPITRE VIII
OUVRAGES CITÉS Azalaïs La Vie courtoise - Tome I
Avertissement
Les événements historiques cités ainsi que les faits se rapportant à des personnages ayant existé sont exacts ; les autres appartiennent au domaine de la fiction.
Les poèmes occitans sont d’authentiques textes de troubadours composés entre le XI e et le XIII e siècle. Ils sont le plus souvent (c’est aussi le cas de la légende de Tristan et Iseut) postérieurs de quelques dizaines d’années à la période où se déroule ce roman. Sauf indication contraire, les traductions sont de l’auteure.
à ma mère ma première lectrice
Première partie
Suivante à Poitiers
CHAPITRE
A chantar m’er de so qu’ieu non volria tant me rancur de lui cui sui amia... « Je dois chanter ce que je ne voudrais pas tellement j’ai de rancune contre celui dont je suis l’amie…»
Comtessa de Dia.
Mahaut pépiait avec entrain, et Azalaïs, qui avait relâché son attention, l’entendit tout à coup déclarer d’une voix excitée : « Sais-tu qu’il s’intéresse à toi? Il sait qui tu es, d’où tu viens, et dit que tu es très belle.» «Vraiment!» grinça Azalaïs d’un ton ulcéré et, sous les yeux ébahis de son amie, elle poussa son cheval et partit à vive allure. Elle était tremblante de rage, en proie à une de ces colères violentes et incontrôlables qui la prenaient parfois. Comment osait-il ! Sachant qu’elle était pauvre, il se plaisait à la troubler par ses regards et à la compromettre par ses propos! Car, s’il avait parlé d’elle à Mahaut, on pouvait imaginer qu’il en avait parlé à d’autres. Et elle… assez sotte pour rêver… Mais cela ne se passerait pas ainsi ! D’abord, elle allait cesser de penser à lui et éviter ses regards. Elle allait même oublier son existence. Il imaginait peut-être faire d’elle sa maîtresse? Quelle prétention ! Et quelle insolence! S’il croyait qu’elle était assez bête pour risquer de se faire engrosser, et honteusement renvoyer par la duchesse, il se trompait bien. L’amour n’était pas pour elle. D’ailleurs elle ne l’aimait pas. Il ne lui plaisait même pas. Ce n’était qu’un monstre. Un monstre d’égoïsme et de fatuité… Elle chevaucha longtemps, le long de la rivière, en continuant son véhément monologue intérieur, et ce n’est que peu à peu qu’elle se calma, retrouva une respiration normale, et commença de regretter son comportement vis-à-vis de Mahaut : il était difficilement justifiable. Comment pourrait-elle s’excuser sans donner les raisons de sa réaction coléreuse ?
Alors qu’elle se retournait pour tenter d’apercevoir la jeune fille, elle fut prise par la beauté du lieu. Dans la lumière crue du matin, plantée sur son éperon rocheux, Poitiers se découpait sur le bleu froid du ciel. Au contraire des autres cités, uniformément couvertes de tuiles ou d’ardoises, elle alliait les deux matériaux, et ce damier de rouge et de gris, ceinturé par le blanc éclatant des pierres calcaires des nouvelles fortifications, formait un ensemble pimpant. Poitiers avait l’air joyeuse, et son comte, assurément, faisait en sorte qu’elle le soit. Les pentes menant à la rivière étaient couvertes de bruyères, et ce fond violet ajoutait à la gaieté du paysage, qui composait une riche enluminure devant les yeux émerveillés de l’ancienne élève des religieuses formée à aimer les belles choses. Les dernières traces de colère disparurent, et elle rendit grâces à Dieu d’avoir permis tant d’harmonie.
En ramenant son cheval vers la chasse dont elle s’était inconsidérément éloignée, Azalaïs songeait que l’époque où elle était au couvent sans espoir d’en sortir était encore très proche : à peine une saison. Depuis le jour où on était venu l’enlever à son existence lente et monotone, la vie s’était transformée en une course effrénée. N’ayant eu que quelques heures pour passer d’un monde à l’autre, elle en était encore un peu étourdie. Bien qu’elle eût poussé son cheval assez loin, elle se rendit compte qu’elle n’aurait aucun mal à rejoindre la troupe retardée par le passage du gué. Elle ne se pressa donc pas et, pour tenter de comprendre comment elle avait abouti à ce désarroi, au bord de cette rivière, ce matin-là, elle repensa aux événements des trois derniers mois.
Elle s’était sentie à la fois heureuse et inquiète quand la nonne l’avait envoyée préparer son bagage, lui disant sans autre précision – peut-être elle-même n’en savait-elle rien – qu’un envoyé de son père venait la chercher : elle ressentait ce vague malaise, à la fois douleur et plaisir, qui précède la plongée dans l’inconnu. Car c’était une aventure, pour cette fille de treize ans, que de quitter l’enceinte du couvent où, six ans plus tôt, son père l’avait oubliée. Six ans déjà, que tout endolorie de la perte de sa mère, elle était arrivée, farouche et silencieuse, décidée à haïr tout le monde, et à partir au plus tôt. Et depuis, rien. Ou plutôt, tout : les friandises de la sœur converse, données en cachette; les leçons de lecture dans les beaux manuscrits illustrés; les chants des moniales qui glorifient si bellement le seigneur qu’on aspire à devenir meilleur; les bavardages de la sœur tourière, donnant de loin en loin des nouvelles des siens, du remariage de son père, de la naissance d’un frère... et puis, les rêveries, le long de la Houytère, dans le jardin, si parfumé en été. Le soin des plantes laisse une telle vacuité à l’esprit que le moins rêveur bat volontiers la campagne, et les personnages des légendes racontées par les pèlerins, le soir, dans l’hôtellerie du couvent deviennent, insidieusement, étonnamment proches et réels.
Elle s’était, croyait-elle, doucement résignée à passer sa vie entre ces murs, la volonté endormie par l’atmosphère l&