274
pages
Français
Ebooks
2014
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Ebook
2014
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Publié par
Date de parution
04 mars 2014
Nombre de lectures
19
EAN13
9782764426883
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
04 mars 2014
Nombre de lectures
19
EAN13
9782764426883
Langue
Français
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TOME 1 – La Terre agonisante
Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron
Mise en page : Andréa Joseph [ pagexpress@videotron.ca ]
Révision linguistique : Eve Patenaude et Élyse-Andrée Héroux
En couverture : © Patricia Watwood : Pandora , 2011, huile sur toile, 26 x 30 pouces.
Conversion au format ePub : Studio C1C4
Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Ar chives Canada
Fontaine, M. V.
Amblystome
(Tous continents)
ISBN 978-2-7644-2565-7 (vol. 1) (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2687-6 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2688-3 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Tous continents.
PS8611.O567A61 2014 C843’.6 C2013-942237-4
PS9611.O567A61 2014
Dépôt légal : 1 er trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2014.
quebec-amerique.com
M. V. FONTAINE
TOME 1 – La Terre agonisante
Je n’ai pas peur des ordinateurs. J’ai peur qu’ils viennent à nous manquer.
Isaac Asimov
Nous aurons le destin que nous aurons mérité.
Albert Einstein
La genèse de la fin
Il y avait des heures déjà qu’ils avaient quitté la base située au pied du mont Athabasca sur le bord du lac Sunwapta pour gravir ce qui jadis avait constitué un des plus imposants glaciers de l’Amérique du Nord. Du champ de glace Columbia ne subsistaient que quelques restes épars suspendus aux montagnes. Plus bas, on apercevait des moraines, amas de débris rocheux laissés par le retrait du glacier. Incroyable de penser que sur ce terrain accidenté, parsemé de touffes d’herbe sèche, avaient autrefois reposé plusieurs centaines de mètres de glace millénaire.
Le peloton serpentait sur le flanc des Rocheuses, bâtons de marche en main, sacs au dos et appréhension dans l’estomac. Cette ascension représentait l’aboutissement de plusieurs années de tergiversations et de recherche. Ils allaient enfin pouvoir observer de près la structure inexplicable qui avait émergé au cours du temps, puis provoqué l’émoi des milieux universitaires du monde entier. Cette découverte avait échauffé les esprits dans les facultés de sciences pures comme dans celles de sciences humaines. Et le débat ne serait pas clos avant que cette voûte soit explorée de fond en comble.
Qui ou qu’est-ce qui avait bien pu implanter une telle chose au cœur de ces montagnes presque inaccessibles, sous une croûte de glace dont l’origine remontait à plus de cent mille ans ?
Ils étaient six avec des spécialités diverses pour tenter de répondre à cette question.
En tant que membre junior du groupe de recherche, Tom, qui fermait la marche, se demandait si son expertise était réellement pertinente ; son champ d’études était le plus marginal de la bande. Il venait de terminer une maîtrise en astrobiologie. Dans son mémoire, il s’était penché sur l’examen de microorganismes rapportés par la sonde Prospector lors de son exploration d’Europe, la sixième lune de Jupiter. Il s’agissait d’une forme de vie adaptée à des conditions extrêmes, toutes de glace et d’eau. Le comité chargé de sélectionner les candidats qui prendraient part à l’étude de la voûte avait jugé que les compétences de Tom pourraient s’avérer utiles s’il orientait sa thèse de doctorat sur les formes de vie présentes autour et à l’intérieur de la structure. Pour l’instant cependant, les données et les échantillons recueillis n’avaient pas permis de découvrir une flore particulière à proximité. Mais bon, personne ne savait vraiment ce qui se trouvait au-delà des parois. Formation naturelle ou fabrication de l’homme ? À moins que ce ne soit autre chose.
Comme ses collègues, Tom était impatient de le découvrir.
D’ailleurs, peu importait l’issue de cette expédition, qu’elle n’explique rien du tout ou qu’elle change le monde, il était heureux de prendre part à l’expérience. C’était un réel privilège pour un jeune scientifique comme lui. Il imaginait son père, qui avait rejoint le camp de base situé dans la vallée pour suivre le déroulement de l’excursion, raconter avec fierté à tous les journalistes que son fils faisait partie du groupe. Tom ne pouvait le blâmer ; son père, glaciologue à l’Université de la Colombie-Britannique, avait passé une grande partie de sa vie professionnelle à étudier cette structure. Il avait été le premier à la dévoiler au public, quand un de ses élèves avait repéré une anomalie sur une photo satellite du champ de glace aminci. Au début, la plaque noire révélée par la fonte du glacier avait peu fait sourciller à cause de sa haute teneur en iridium, un métal de nature sidérophile qui l’avait associée à un probable impact météoritique. Mais la suite avait donné raison à Theodore Kerwick, qui s’était maintes fois rendu sur place pour évaluer sa trouvaille : ce n’était pas une formation rocheuse quelconque.
Hélas, les problèmes cardiaques dont souffrait le professeur l’avaient empêché de se joindre à l’expédition qui permettrait enfin de pénétrer dans la voûte. Son fils lui avait alors promis d’être ses yeux, ses oreilles et le reste de ses sens.
Sous un ciel de plomb en ce matin du 3 juillet 2053, Tom anticipait chacun des tournants, chacune des saillies et des buttes du sentier, anxieux à l’idée de poser le regard sur cet objet de toutes les spéculations. La chose, la vraie. Dans les crevasses de la roche quasi stérile, il appréhendait presque de trouver un terrain vide et de devoir conclure à un canular. Ça semblait trop extraordinaire pour être réel.
Tom leva les yeux et observa, au milieu de la caravane, Sarah qui gardait la cadence, sa longue tresse brune se balançant sur sa parka vert lime. Elle avait toujours eu une prédilection pour cette couleur qui lui seyait à merveille. Et à l’aube, juste avant le départ, elle rayonnait particulièrement.
Comme si la jeune femme avait senti son regard se promener dans son dos, Sarah se tourna et lui sourit, complice. Ils se connaissaient depuis l’enfance et, à présent, ils étaient liés par cette fabuleuse aventure, à l’instar de celles qu’ils s’inventaient plus jeunes. Parfois le destin faisait drôlement les choses.
Tous deux avaient pourtant étudié dans des domaines complètement différents, à des milliers de kilomètres de distance. Sarah, elle, avait choisi la géologie, plus précisément la géochimie. Et c’était sa connaissance des météorites, en particulier celles contenant des alliages métalliques, qui avait fait d’elle une candidate idéale ; les analyses d’images de la surface externe de la voûte, obtenues par une sonde équipée d’un système de microscopie électronique par balayage, avaient clairement montré des traits communs avec des astéroïdes tombés sur la Terre. Effectivement, après comparaison, il était devenu évident que le matériau exact dont la structure était façonnée n’était présent nulle part ailleurs sur la planète.
D’ailleurs, selon les photographies, les parois des conduits menant à l’intérieur présentaient des traces énigmatiques qui auraient pu être associées à une forme de calligraphie. C’était là qu’intervenait la femme qui marchait devant Sarah, Carolyn Matthews, rattachée à une chaire de recherche en anthropologie de l’Université Carleton à Ottawa. Encore là, il fallait être certain que ce n’était pas l’œuvre de bactéries qui avaient rongé le métal au fil du temps, même si les résultats préliminaires de tests visant à appuyer cette théorie n’avaient pas été concluants.
À la tête du groupe, Paul Eisner, docteur en géologie, expert spéléologue et clown de service, beuglait des chansons de camp de vacances pour fouetter la troupe.
— La ferme, Eisner, avant que je te précipite en bas de la montagne ! grommela Vincent Farley, l’ingénieur en robotique, chargé des nombreuses sondes d’analyse.
— Allez ! Au pas, bande d’andouilles ! rétorqua Paul, sur le ton d’un général d’armée.
Jack pouffa. Celui-ci était le doyen de l’équipe, mais aussi expert en mines et chercheur pour une division de Ressources naturelles Canada.
— Change de registre avant de provoquer un éboulis ! s’écria-t-il.
— Quand je suis en avant, je décide des chansons ! les provoqua Paul. Si vous n’êtes pas contents, venez prendre ma place !
— Ne nous tente pas ! renchérit Tom.
Sourire aux lèvres, celui-ci secoua la tête. Au moins, leur leader avait le mérite de détendre l’atmosphère.
Tom jeta un œil derrière lui et s’assura que les quatre sondes robotiques les suivaient bel et bien avec l’équipement d’analyse. Si ça n’avait pas été le cas, elles auraient cependant émis un signal pour les avertir d’un retard ou d’un malfonctionnement. Mais jusqu’ici, tout se déroulait comme prévu, dans les meilleures conditions.
C’est dans cette ambiance bon enfant que se poursuivit la randonnée, portée par les échos des conversations enjouées qui se réverbéraient sur les dômes imposants s’élevant autour des marcheurs. À leur gauche veillaient les monts Athabasca et Andromeda, placides et majestueux. À droite, le Snow Dome, désormais dépourvu de neige, puis, droit devant, le mont Columbia, un des plus hauts sommets du pays, qui culminait à plus de trois mille sept cents mètres et sur lequel trônaient les restes du glacier, spectaculaire dans la lumière matinale.
Étrangement, dans ce paysage escarpé jonché de till et