À l ombre d un ange
72 pages
Français

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À l'ombre d'un ange , livre ebook

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Description

Nous sommes dans une époque imaginaire, où la Russie est prisonnière de la folie d'un Tsar et de ses services secrets. C'est dans cette période de misère et de famine qu'une mystérieuse armée va voir le jour. Au même moment, dans un hôpital d'Odessa, Kalina se meurt d'un cancer. Elle va alors confier à sa fille l'existence d'un homme qu'elle a aimé en secrets pendant des années. L'adolescente décide de partir à la recherche de cet inconnu, persuadée qu'il est l'ange gardien de sa mère. L'histoire de la Russie va alors se mêler à cette quête d'un autre temps pour qu'au jour de la guerre des Ombres naisse l'espoir d'un nouveau monde.

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312007984
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

À l’ombre d’un Ange

Christophe Coudert
À l’ombre d’un ange









LES ÉDITIONS DU NET 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux

Pour Charlotte et Nathan
Pour toi


























© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-00798-4
Frôlé par la nuit
Le jour se lève sur les plaines de Russie, il y a bien longtemps, dans une époque incertaine, pleine de légendes et de peines. Odessa se réveille doucement au son des échoppes du marché. C’est ici que Kalina et Marina aiment se perdre chaque samedi. D’étals en étals, elles entassent dans leurs paniers, de quoi embellir au mieux leur quotidien. Les sirènes d’alertes retentissent soudain et les cœurs se figent. Au loin, des bombardiers de l’armée arrivent par centaines. Ils déversent sur la ville des milliers de tracts de propagande, à l’encre empoisonnée.
« Ne touchez à rien ! hurle Kalina aux badauds qui cherchent à s’en saisir. » De partout des gens accourent dans un tourbillon sans fin. Elle a beau serrer ses mains sur ses oreilles, le vacarme des réacteurs transperce son corps hurle de douleurs. Sa vue se trouble étrangement. Son cœur tambourine. Son visage se raidit. Et puis soudain, le silence. Marina perd quelques instants sa mère du regard et quand enfin elle se retourne, il est déjà trop tard ! Le squelette de Kalina gît sans vie au milieu de la place de l’industrie. Un militaire tente par tous les moyens de la ranimer. Comme si la survie de cette femme était liée à la sienne. Kalina reprend enfin sa respiration dans un spasme violent. Il y a l’urgence et la peur. Les hommes la portent encore inconsciente dans l’ambulance. Marina sert la main de sa mère comme si elle tenait entre ses doigts les ailes d’un ange.

Kalina dort sur un lit de métal, un masque à oxygène posé sur la bouche. Son corps est transpercé de seringues d’apothicaires, de gouttes à gouttes aux sérums inconnus. Son visage est creusé, d’avoir puisé au plus profond d’elle-même l’énergie des ailleurs. Elle ouvre lentement les paupières. Seule. Perdue au milieu d’un tremblement de terre intérieur d’une violence inouïe.
« Ce jour-là devait bien finir par arriver, se dit-elle. »
Des prières enveloppent son esprit. Elle voudrait s’évader, retrouver l’horizon, demander pardon. Kalina se met soudain à suffoquer sans réussir à reprendre son souffle ! Elle finit par vomir du sang dans une vieille timbale en métal. Des cris de douleurs terrassent la nuit. La souffrance est bien trop forte. Une infirmière et son jeune apprenti accourent à son chevet, au moment où Marina s’approche de la chambre, un bouquet d’amaryllis à la main. Kalina se redresse, le regard perdu. L’infirmière essaie de la faire boire mais chaque goutte d’eau est comme une lame de rasoir. Elle tend la main vers sa fille au moment où la porte se referme brutalement.
Le professeur Saltoza fixe l’adolescente avec une douceur paternelle qui la rassure.
– Elle est très malade jeune Langbaya. Il va falloir beaucoup prier pour elle tu sais. Ta mère a un cancer généralisé, un crabe dans son corps qui la ronge sans fin. Je ne sais pas combien de temps il lui reste à vivre, une semaine, peut-être deux, un mois au maximum.
– Ce n’est pas possible, vous devez vous tromper. Quelque part il doit bien y avoir un remède, un élixir, je ne sais pas ?
Le jeune infirmier ressort de la chambre avec des nouvelles plutôt rassurantes. Kalina a besoin de repos et de calme. Marina insiste pour l’embrasser une dernière fois. Elle lève ses grands yeux verts vers ce garçon aux cheveux blonds. Leurs regards s’aimantent dans une fraction de seconde, une lueur égarée. Baustelle la laisse passer en baissant la tête et son cœur souffle quelques poussières d’étoiles.

Marina sert tendrement sa mère dans ses bras. Peu importe où la morphine emporte son esprit. Elle sourit.
– Pourquoi ne m’as-tu rien dit maman ?
– Je voulais te protéger mon trésor. Je pensais être bien plus forte que ça, tu sais. Mon ange gardien s’est enfui loin de moi, bien trop loin.
Marina sent des non-dits dans la voix de sa mère. L’ancienne espionne connaît les secrets. Les aveux aussi. Mais elle n’a plus le temps d’hésiter, plus maintenant, non.
– Il y a une chose dont j’aurais dû te parler, il y a bien longtemps.
Soudain le père de Marina pénètre dans la chambre, interrompant les deux femmes sur l’autel des confidences ! Paré du costume sombre de l’armée impériale, sa seule présence dévore l’espace. Il marche comme un ours affamé, un étrange meurtrier. A l’extérieur, son escorte referme la porte avec une froideur effrayante. Marceau jette sa chapka sur le sol et s’agenouille au chevet de sa femme. Presque en larmes, le chef suprême de l’Okhrana se laisse aller aux sentiments. Pourtant ses habits sentent la mort et la poudre à canon. A peine a-t-il ravalé ses sanglots qu’il tente de la convaincre de reprendre les traitements du professeur Saltoza. Mais elle n’a plus peur de son regard noir. Ni de la puissance de ces mains qui menacent de la contraindre, de l’étouffer.
– J’ai porté la vie plus haut que quiconque et crois moi, je partirai d’ici aussi libre que je le suis aujourd’hui.
– Tu ne peux pas baisser les bras ainsi face à la maladie, renchérit-il d’une voix grave ! Tu n’as pas le droit de nous abandonner ainsi.
Kalina le regarde en souriant. Depuis dix ans que Kalina est malade, il ne s’est jamais occupé d’elle ou de Marina. Toute ses absences auront laissé des traces assassines dans le cœur de sa femme. Souffler la terreur aura vidé son âme de toutes ses émotions, jusqu’à en mépriser la vie.
– Où est l’homme que j’ai connu à Vladivostok ?
– Je suis là maintenant.
– Pour combien de temps, rétorque Marina !
– Ne te mêle pas de ça jeune fille !
Elle a pourtant mille fois raison. Même elle n’a plus aucune illusion dans son père.
– Le Tsar est en danger. La situation est compliquée. C’est l’avenir de la Russie qui se joue aujourd’hui !
– L’armée des ombres est plus forte que toi Marceau, bien plus forte ! Tu n’arriveras jamais à t’en saisir.
Kalina se met à tousser. Impossible de respirer. Son pouls se fige. Marceau se fige en statut de pierre. Va-t-elle mourir ? Baustelle accourt avec une infirmière. Dans son combat face à la mort, elle se débat comme une guerrière. Le personnel médical repousse la famille hors des lieux. Marina regarde la porte se fermer sur elle, comme une grille de prison, une cage de raison.

Et si l’amour n’existe pas
Marceau rentre dans son appartement comme un héros de retour des croisades, épuisé. Les battements de son cœur se calment lentement, comme si l’aigle du Tsar retrouvait petit à petit la paix au creux de son nid. Ses lèvres tremblent de mille souvenirs. Sauver l’empire ne ramènera pas les sourires. Ni l’amour de Kalina. « Il faudra bien se choisir un destin, à un moment donné ou à un autre, se dit Marina en s’asseyant près de la fenêtre, une tasse de thé à la main. Peu importe les lendemains, les matins et les nuits incertaines, seul l’instant présent compte dans cette vie. »
Marceau sourit en regardant son enfant. Comme elle a grandi.
« Que deviendra-t-elle pendant mon absence ? La guerre est partout. Et personne ne sait jusqu’où peut aller la folie des hommes. »
Deux coups secs raisonnent sur la porte d’entrée et puis plus rien, juste un silence où durant quelques secondes ils n’osent à peine respirer.
– Va te cacher dans le placard, ne pose pas de question mon enfant, je t’en supplie. Et surtout n’en ressors que quand je te le dirai.
Marina acquiesce d’un signe de tête et se faufile dans la grande armoire du salon. Marceau jette un œil à travers le judas. Il fait glisser au creux de sa main une dague empoisonnée. L’heure est venue de défier le malin, l’assassin.
– Tu en as mis du temps pour ouvrir ?!
– Excuse-moi, Je m’étais assoupi.
Marina est transie de peur à chaque mot que prononce cet inconnu. Elle l’observe bouger à travers les lamelles de la porte. Elle n’aperçoit qu’un uniforme sombre et des bottes noires sur lesquelles un aigle rouge est tatoué au niveau du talon.
– L’armée des ombres s’est engouffrée au cœur

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