Yama
216 pages
Français

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Description

Janet Danton et son équipe enquêtent sur une série de meurtres particulièrement sordides. La résolution de l'affaire éloignera Janet de Londres, entraînant le lecteur dans quelques pays européens et en Inde, accompagnant ainsi l'héroïne dans un nouveau cycle de sa vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2016
Nombre de lectures 4
EAN13 9782342057027
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yama
Olivier Thérond
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Yama
 
 
 
« Les dieux de la vengeance exercent en silence. »
J.-P. Richter
 
 
 
« Nous ne savons plus du tout ce que c’est que les dieux. »
J. Lacan
 
1. Kalianon
Calcutta, janvier 1970
L’atmosphère était lourde. 28 °C en ce début d’après-midi. Autant dire que la température allait encore grimper de quelques degrés d’ici le début de la cérémonie prévue pour 17 heures.
Dans la maison d’Udayan Yarin son ami d’enfance, Balwant Tapan se préparait pour le grand moment de sa vie. Balwant avait trente ans, c’était un garçon courageux qui travaillait depuis dix ans maintenant comme « Rickshaw », du nom de ce véhicule tricycle destiné au transport de personnes ou de marchandises. Il travaillait maintenant à son compte, il avait réussi à racheter un des rickshaws de son ancien patron. Ce dernier n’avait pas su faire fructifier son entreprise faute de courage mais surtout à cause d’un penchant immodéré pour l’alcool. Balwant ne comptait plus les courses manquées, les clients insatisfaits et il ne comprenait que trop bien qu’à force de tirer sur la corde, le petit commerce de son patron, Indivar Omkar, allait prendre sous peu un bouillon dont il ne se relèverait pas. Un jour, le ciel, du moins le croyait-il, lui offrirait l’occasion de voler de ses propres ailes. Ce don du ciel arriva quand un de ses oncles mourut et lui offrit quelques roupies qui le firent passer pour le roi de la ville. Balwant décida d’acheter ce fameux rickshaw et se lança dans l’aventure au prix d’un travail acharné. En effet, il ne comptait pas ses heures et travaillait d’arrache-pied en prenant bien soin de ne vivre que du strict nécessaire et en économisant roupies après roupies pour se constituer peu à peu un véritable petit magot.
 
Balwant était à la fois heureux et inquiet. Heureux car il allait unir sa destinée à un joli brin de fille et inquiet car il ne connaissait pour ainsi dire rien d’elle. Il s’agissait en fait d’un mariage arrangé. Badal Madan, un vieux propriétaire de rickshaw concurrent de l’ancien patron de Balwant sentait que sa santé déclinait petit à petit. Il n’avait qu’une fille et sentait que seul un mariage d’intérêt pouvait permettre à sa fille de continuer à vivre à peu près dignement dans un monde où on réfléchissait plus à la possibilité de survivre qu’à la manière de vivre. Il avait sollicité Balwant car il le connaissait bien, il l’avait vu travailler dur, progresser, entreprendre, se démener pour arriver à maintenir son activité à flot. Ce garçon était décidément courageux et motivé. Il ferait bien l’affaire pour épouser sa fille. Badal craignait en effet que cette dernière ne s’amourache d’un quelconque garçon de peu d’intérêt et ne gâche non seulement sa vie mais aussi la réputation de la famille Madan. Il fallait donc prendre le taureau par les cornes, rencontrer cet homme responsable, lui présenter le projet, lui parler avec enthousiasme de sa fille et arranger un mariage où toutes les parties y trouveraient leur compte.
 
Kajri Madan avait dix-huit ans. Elle se sentait un peu seule. Pourtant, elle était entourée d’une dizaine de femmes toutes affairées à lui arranger sa robe, à la maquiller. Kajri ne parlait pas, elle préférait rester repliée un peu sur elle-même. Elle allait faire un saut dans l’inconnu. On l’avait prévenue il y avait quatre mois environ de ce projet de mariage. Son père lui avait présenté la chose comme l’unique solution pour pérenniser l’entreprise familiale et pour permettre à la famille de continuer à marcher la tête haute surtout que Badal se savait malade, qu’il n’aurait pas, comme bon nombre de ses concitoyens, les moyens de se soigner et qu’il ne voulait pas laisser sa fille unique sans rien à sa mort. Jaisudha, sa mère, était morte à sa naissance. L’accouchement, qui se présentait sous les meilleurs auspices connut quelques difficultés imprévues. Jaisudha perdit beaucoup de sang alors qu’elle donnait la vie et faute de soins assez rapides, mourut quelques heures après la naissance de Kajri. Badal lui avait donné ce prénom pour être certain de se rappeler à chaque instant de son existence de la gentillesse, du dévouement et de la beauté de son épouse adorée. Kajri signifiait ; « légère comme un nuage ». À chaque fois que Badal regardait le ciel, qu’un nuage se laissait transporter par le vent, il ne pouvait s’empêcher de penser à la douceur de Jaisudha.
 
Le Makjidham , la rencontre entre les enfants qui vont se marier avait eu lieu il y a un mois environ. Badal était arrivé accompagné de Kajri au domicile de Balwant mais surtout avec le don de soixante-quinze pour cent de l’entreprise de rickshaw en guise de dot. L’affaire se fit rapidement. Kajri avait à peine levé les yeux vers Balwant qui, pour sa part, fût d’emblée attiré par la jeunesse et la beauté de cette dernière.
 
Le Thirumanam , la cérémonie de mariage devait durer trois jours. Cette durée n’avait rien d’exceptionnelle et traduisait plutôt les origines modestes des mariés. En effet, une cérémonie pouvait facilement durer d’un à douze jours pour les familles les plus aisées.
 
Comme Kajri n’avait pas de frère, c’est, pour respecter au mieux la tradition, un ami proche de son père, Gagan Lal, restaurateur de son état qui alla chercher Balwant chez lui. À son arrivée, Balwant lui offrit une bague en or. Ils se parèrent tous deux de leurs colliers de fleurs de couleurs blanches. Balwant portait un élégant habit blanc surmonté d’un chandail de la même couleur. Il avait choisi un chapeau de mariage bicolore noir et blanc.
 
Arrivés sur le Mannavarai , le lieu de la cérémonie, le prêtre la commença, elle pouvait durer quelques heures. Après quelques minutes la mariée arriva accompagnée d’une amie de la famille de Balwant, ce dernier n’ayant pas de sœur, membre généralement désigné de la famille pour accomplir ce rituel. Cette amie offrit un nouveau collier de fleur à Balwant. Il ne put s’empêcher de réprimer un sourire quand il vit Kajri s’approcher. Elle était vêtue d’un sari rouge et portait les bijoux traditionnels que la situation exigeait. Comme elle était belle et gracieuse.
 
Le prêtre prononça l’ Arimna , la bénédiction orale et participa au Poomanam Iduthai, le lancer traditionnel de fleurs. Balwant avait acheté pour l’occasion un collier jaune, le Thâli , orné d’une pièce d’or qui était censée représenter le patrimoine des deux familles. Il porta le collier au cou de Kajri. À cet instant, la vingtaine de personnes présentes lança à l’unisson des pétales de fleurs sur les mariés. Pour marquer officiellement leur union, Balwant marqua le front de sa femme d’un Poddu , un point rouge en lui offrant des objets de toilette et un nouveau collier de fleurs.
 
Ils s’approchèrent du Saptaphaty , le feu sacré et tournèrent sept fois autour. Une première pour invoquer les dieux et avoir une vie noble et respectable. Une seconde pour réclamer la force physique et morale pour bien mener leur vie commune. Une troisième pour l’accomplissement des engagements spirituels et la bénédiction du couple. Une quatrième pour prier une vie longue et heureuse. Une cinquième pour le bien-être de tous les êtres vivants de l’univers. Une sixième pour prier les saisons et enfin une septième pour invoquer la paix et la fidélité.
 
Le moment était alors venu pour Balwant de passer la Minji , une fine bague, autour de l’orteil de Kajri. Cette dernière fit la même chose avec une bague appelée Metti . Auparavant ces deux bagues avaient été plongées dans une grande bassine d’eau dans laquelle les deux époux devaient les retrouver en plongeant les mains à l’aveuglette. Cette coutume avait pour but de créer un lien entre les époux.
 
La cérémonie touchait à sa fin. C’était l’heure du Thiru Pootuthal , la bénédiction de chaque invité avec du riz. Les deux familles offrirent ensuite des cadeaux aux époux pour respecter le kalyana Vevu et le Mama Vevu . Vint ensuite le moment attendu de tous du Kaichi Utrrudal , le repas offert à tous les invités.
 
Après une fête qui n’en finissait plus, les mariés entrèrent dans le petit appartement de Balwant sans avoir oublié de se rendre au Temple pour prier. Ils y pénétrèrent tous deux en avançant tout d’abord le pied droit.
 
La première nuit passée ensemble ne leur laissera pas un grand souvenir. Balwant se montrera bien maladroit, inquiet qu’il était de contenter Kajri et d’être à la hauteur de l’événement. Kajri, pour sa part, ne se souviendra que de la peur qui l’assaillit quand elle sentit les mains glacées de Balwant caresser sa peau douce, et s’aventurer sur sa poitrine. Elle devait se rappeler à tout jamais la confusion de ses sentiments entre une appréhension bien évidente et la chaleur qui lui venait d’abord aux joues et perturbait l’ensemble de son corps quand il lui pressait délicatement le bout des seins entre deux doigts qu’elle imaginait experts. Il s’aventura avec rudesse jusqu’à son clitoris, ne passa guère de temps à cet endroit et choisit, tant par méconnaissance que précipitation, et la pénétrer sans autre cérémonie. Kajri se souviendrait de ce moment. Elle ressentirait longtemps la honte et la douleur. La honte de n’être réduite qu’au statut de pauvre chose et la douleur qu’elle ressenti quand il s’introduit en elle alors que finalement, elle ne l’attendait pas, elle ne le voulait pas.
 
Ils s’endormirent côte à côte. Balwant ronfla très rapidement. Kajri se retourna, elle avait mal et ne put ré

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