Villa Louise
116 pages
Français

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Description

1984. Paul Roches, à qui tout semble réussir, se suicide dans sa maison de campagne, cette Villa Louise qui exige de ses occupants leur asservissement ou leur vie. Quelqu'un connaît le mobile de cette mort, mais se taira. À la vente de la Villa, ses proches parlent de Paul, mais en filigrane, c'est eux-mêmes qu'ils décrivent, avec leurs passions, leurs frustrations, leurs réussites et leur égoïsme. Tous ont leur version, ni vraie, ni fausse. Ce n'est qu'à la toute fin du roman qu'un dernier coup de théâtre complétera le puzzle. L'auteure évoque avec cruauté, mais non sans tendresse, la franc-maçonnerie, les expositions canines, les enseignants d'antan, la politique, les us et coutumes de la bourgeoisie aisée d'une petite ville du Nord de la France, des milieux qu'elle connaît bien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 août 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414110186
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-11016-2

© Edilivre, 2017
Exergue

… Cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée…
(Boris Vian)
pour toi……
Chapitre I – 2006 –
Le promeneur qui voudrait connaître l’année de construction de cette maison n’aurait qu’à lever les yeux pour lire, dans un cartouche au-dessus de la porte : 1871.
Un peu agacé par la profusion d’ornements de pierre, les œils-de-bœuf prétentieux, les balcons de fer ouvragés, par la marquise protégeant le perron de son vitrail granité, il se dira que le Second Empire était vraiment le règne du mauvais goût.
Pourtant, il aurait tort de se fier à cette impression, car dans cette façade, des lignes douces de la pierre de tuffeau aux fenêtres symétriques, et même les courbes des ornements, tout est d’une remarquable harmonie.
S’il poursuit sa promenade, le visiteur découvrira la façade Est, et tombera, comme tout le monde, sous le charme du jardin d’hiver victorien, réservé aujourd’hui à la collection d’agrumes de la propriétaire.
L’arrière de la maison est plus sobre, mais, exposé plein sud, il s’agrémente d’une terrasse superbe dont quatre statues représentant les saisons délimitent les angles. L’été, on y prend le soleil. On y déjeune parfois. On n’y dîne pas : les moustiques y sont rois.
Mais l’automne, cette année, est précoce, et le salon de rotin des dînettes estivales déjà remisé.
La devise latine qui enrubanne l’immense cadran solaire de cette façade rappelle que les heures de la vie sont cruelles : vulnerant omnes, ultima necat.
Quelques degrés de pierre descendent vers la pelouse encadrée de cèdres gigantesques, semblables à ceux de l’allée d’entrée.
Et puis des fleurs à profusion : roses, lys, glaïeuls, marguerites, fushias, geraniums, bien d’autres encore.
Selon les ordres de la propriétaire, toutes ces fleurs sont blanches, et curieusement, ces parterres de mariée, s’ils mettent en valeur le vert émeraude des pelouses, le vert bleu des cèdres, le bleu sombre des ardoises, donnent à ce jardin un caractère mélancolique.
Ah ! Si vous étiez passé hier, vous auriez vu les orangers sur la terrasse, et respiré leur fragance douce-amère. Leurs fleurs aussi, sont blanches.
Mais la fin Septembre dans le Nord de la France est parfois cruelle pour des arbustes aussi délicats, et ils ont déjà regagné le jardin d’hiver.
Tout près, la forêt, interdite désormais aux chasseurs, mais où l’on entendait encore, il y a peu, les abois enroués de la meute.
Voici qu’en sortent au galop cinq ou six grands lévriers.
N’ayez crainte. S’ils sont impressionnants, les greyhounds ne s’intéresseront pas longtemps à vous et allongeront bientôt leur corps musclé sur les dalles encore tièdes.
Disséminés ici et là, voici d’autres bâtiments : des écuries, des chenils, des communs. Très bien entretenus, d’ailleurs, même si les chenils ne servent plus, même si la sellerie est maintenant trop grande. Une présence animale s’y respire, et les trois chevaux, dans leur box, henniront au passage de l’étranger qui sursautera, surpris.
On pourrait croire que la vie se tient dans cette partie de la propriété.
Mais son cœur est ailleurs.
Les hirondelles grésillent leur chanson aigrelette. Dans quelques jours, elles auront disparu, abandonnant le jardin aux tourterelles turques, aux merles et aux mésanges.
Et puis viendront les pies, les corbeaux, oiseaux de deuil, avec leurs cris désagréables, et ce sera l’hiver.
Mais, pour le moment, rien ne trouble la perfection de cette toute fin d’été.
Peut-être soupçonnerez-vous, visiteur perspicace, qu’autre chose se tient ici, au-delà des apparences. Quelque chose qui se cache dans le bassin rond, avec sa Diane et sa fontaine scellée, à l’ombre noire des cèdres, derrière ce banc, dans ces bois épais peut-être…
Votre pas fait crisser le gravier de l’allée où couraient autrefois des enfants. Mais leurs balançoires sont immobiles entre les haies de troènes, leurs chaînes rouillées.
Vous ne saurez rien de ce jardin, et un léger frisson vous venant, vous aurez hâte de regagner la maison. Mais la maison non plus ne se livrera pas.
Et celà même si la dame qui vit ici vous invite à entrer.
Elle vous offrira sans doute du thé, avec un nuage de lait, dans de fines tasses de porcelaine anglaise, avec de petits cakes aux fruits, légers comme des rêves.
Elle vous parlera des bois, des gens d’ici, du soleil qui se couche déjà.
Ses beaux lévriers seront venus étendre leur splendeur devant la grande cheminée, certains que dans quelques instants quelqu’un viendra y allumer les bûches préparées pour la flambée du soir.
La dame ne vous dira rien d’elle, ni pourquoi elle ne porte que du noir.
Elle ne vous parlera pas des tableaux dont les personnages vous observent de leurs yeux peints, ni de cette femme splendide dont le portrait grandeur nature, au-dessus de la cheminée semble se moquer de vous, avec sa pose alanguie et ses dentelles chiffonnées.
Pas plus que vous ne saurez qui est cet homme dont la photo est partout, sur les cheminées, les guéridons, les commodes, dans de petits cadres d’or chantourné.
Peu à peu se glissera en vous l’impression d’être un intrus. Peut-être à cause de ces rideaux de velours rouge, précieux et lourds, qui assombrissent la pièce bien plus que le soleil couchant.
Mal à l’aise, vous prendrez congé, et la silhouette mince de la dame restera un instant en haut du perron, regardant bien au-delà de vous, pensive et indifférente.
Il est à elle, ce moment où, pour quelques instants encore, elle est seule, cette heure indécise de la fin de la journée, où la maison lui appartient, avec ses souvenirs, ses objets précieux et son temps arrêté.
Cette heure, cette maison, ce jardin, ne vous concernent pas.
Le gardien a refermé sur vous l’immense grille de fer, et son claquement, dans votre dos, a longuement résonné dans le silence du soir.
Le brouillard efface doucement les perspectives. Frissonnante, la dame est rentrée, mais la lumière ne sera pas allumée.
Pas avant d’avoir effacé cette larme qui se fraie un chemin parmi ses rides, contourne son menton, et finit par tomber.
Pas avant l’heure marquée à la pendule du bureau, arrêtée depuis longtemps, mais qui donne cependant l’heure exacte deux fois par jour : l’heure à laquelle un homme s’est tué.
Il faudra attendre la nuit pour que revienne la vie. La vie qu’amènent avec eux des hommes jeunes et bruyants : ses fils.
Ils auront laissé la fabrique et leurs ouvriers pour revenir près d’elle, dans cette maison qui est aussi la leur, cette maison qu’ils n’aiment pas, mais qu’ils ne quitteront que lorsque leur mère n’y sera plus.
Tout à l’heure, ils allumeront les grands lustres, leurs voix résonneront dans les pièces, brisant l’enchantement, et la vie réelle, comme un sang frais, circulera à nouveau.
Mais vous ne le saurez pas.
Entretemps, vous aurez retrouvé la tiédeur d’un foyer rassurant, et la dame et sa maison s’effaceront de votre esprit.
Pourtant, avant de remonter en voiture, quelque chose vous aura fait lever la tête vers le pilier du portail. Plissant les paupières, car le soir est tombé, vous aurez pu déchiffrer sur une plaque de porcelaine pâlie par les intempéries le nom de cette maison ;
VILLA LOUISE
22 ans plus tôt
Chapitre II – 1984 – Procès-verbal de gendarmerie
Ce jour, 28 Septembre 1984 à 19heures45, nous sommes avisés téléphoniquement de la mort violente d’un homme dans sa résidence secondaire d’Armanville (62).
L’appelante, Madame Roches Sylvie, née Porquet le 14 Août 1947 à Armanville, sans profession, demeurant 94 Avenue de la Plage à Saint-Pierre (62) explique de façon peu cohérente qu’elle vient d’arriver dans sa maison de campagne Villa Louise à Armanville et d’y découvrir le corps de son mari Paul Roches. Il se serait suicidé d’un coup de fusil.
Accompagné des gendarmes Deleau et Garret de notre service, nous nous transportons immédiatement sur les lieux où nous arrivons à 2Oheures15. Nous sommes accueillis par monsieur Roger Vandaele, né le 23 Octobre 1927 à Armanville, gardien, domicilié à la Villa Louise.
Madame Roches se trouve dans le salon. Visiblement très impressionnée, elle sera prise en charge par son médecin traitant qui arrive à la Villa alors que nous la quittons.
Les faits se sont passés dans un bureau situé au premier étage de la maison. La porte en bois donnant accès à cette pièce est fracturée. Elle a été enfoncée par un coup violent depuis l’extérieur. Le pène est en position fermée et les clefs sont dans la serrure, côté intérieur. Les fenêtres de la pièce sont toutes fermées et aucun désordre n’apparait.
Face à l’entrée, un bureau barre la pièce et derrière lui, un homme est assis. La tête partiellement arrachée, le tronc basculé en arrière, il a entre les genoux, la crosse posant sur l’assise du siège, un fusil pointé vers le plafond. Il s’agit d’un fusil de chasse spécialement fabriqué pour la chasse au sanglier, un Winchester ZZ Pigeon de calibre 12 à canon court. Il contient une cartouche percutée et l’odeur forte de poudre qui émane du canon démontre qu’il vient d’être utilisé. Au plafond, dans le prolongement de l’arme et du corps, des plombs de 7,5 millimètres, chevrotine conforme à la munition restant dans le fusil, sont découverts parmi les traces de sang et d’éclats crâniens.
Vu la position de la personne et de l’arme, l’homme a pu lui-même actionner la queue de détente pour faire partir le coup.
La visite de la pièce permet d’écarter l’hypothèse d’un cambriolage. Aucune fouille n’est apparente. De nombreux objets de valeur (œuvres d’art entre autres) n’ont pas été dérobés. Le coffre-fort ouvert contient encore des papiers de famille ainsi qu’une envelop

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