Vies croisées
394 pages
Français

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Description

La vie est un chemin recouvert de galets doux et de pierres acérées, mais ces dernières finissent par se polir au fil du temps.

Trois solitudes se rencontrent.

Sur un palier, deux jeunes femmes emménagent le même jour. Elles vont découvrir que leur rencontre est due à une cause commune : l'absence de l'enfant tant désiré.
Elles auront pour voisin un « vieil ours solitaire ». Il dira un jour : « Vivre seul, c'est partager la vie avec soi-même. Être solitaire, c'est ne la partager avec personne. »
Cependant, derrière tout drame se cache l’espérance. Derrière toute espérance se tapit l'avènement salvateur. À leur manière, tous les trois se rejoindront et formeront une famille.

« Les liens du cœur valent bien ceux du sang ! »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332840813
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-84079-0

© Edilivre, 2015
Dédicace

À ma famille,
pour tout ce qu’elle m’offre
et qui a fait de moi
ce que modestement je suis.
Citation

« Nous sommes de telle nature, qu’il n’y a rien au monde qui se fasse admirer qu’un homme qui sait être malheureux avec courage »
Sénèque
1
Ouf !… cette interjection était partie du plus profond des poumons de Laetitia, les vidant en partie de leur air résiduel. Elle venait pour la première fois de gravir les trois étages, au total soixante-trois marches, lestée d’un carton pesant et volumineux. Et dire qu’il y en avait encore sept du même acabit à acheminer.
Le bonheur d’emménager est un instant qui se mérite.
Ses bras étaient tétanisés. Elle posa le lourd colis sur le palier afin de reprendre souffle et soulager momentanément la douleur due à la contracture. Il ne lui restait plus qu’à parcourir une dizaine de mètres pour arriver enfin à la porte de son nouvel appartement. Force et volonté recouvrées, elle souleva à nouveau la lourde charge et s’avança sur le palier.
Quelle ne fut pas sa surprise de constater que le long couloir était encombré par de multiples colis, valises, sacs et pièces d’ameublement. Le troisième et dernier étage de ce petit immeuble récemment restauré était lieu de grande immigration. Elle aurait donc pour vis-à-vis un nouvel arrivant ou une nouvelle venue.
Laetitia posa une nouvelle fois son lourd fardeau et s’avança en se frayant un chemin dans ce capharnaüm avec la volonté d’ouvrir sa future porte. Cause perdue d’avance, les panneaux d’une armoire et un sommier métallique en empêchaient l’accès. Désappointée, elle alla sonner à la porte derrière elle. Après quelques secondes d’attente, le huis s’ouvrit rapidement et dans toute sa largeur. La main qui avait saisi la poignée était manifestement ferme et énergique. Apparut une jeune femme de taille moyenne aux cheveux châtains clairs en profond désordre. Avec un sourire qui illumina son visage et fit pétiller ses yeux noisette elle dit :
– Bonjour, c’est gentil de venir m’aider à m’installer !
Laetitia à la fois surprise et amusée par une telle spontanéité, répondit simplement :
– En fait je voulais uniquement vous demander de me permettre d’entrer chez moi !
– Heureuse voisine, je me présente, Stéphanie la squatteuse.
– Laetitia, répondit plus sobrement la nouvelle arrivante.
Stéphanie franchissant son seuil et s’avançant dans le peu d’espace libre qu’elle avait laissé dans le couloir, tourna la tête sur sa gauche et vit le carton déposé par Laetitia.
– Est-ce là tout votre bien ? s’exclama-t-elle incrédule.
– Non, j’ai encore sept colis qui attendent dans la voiture et les quelques meubles que j’ai commandés devraient m’être livrés en début d’après-midi.
– Et bien je ne vois qu’une solution. Tu m’aides à entrer tout ce bazar et après je t’aide à monter tes affaires. L’union fait la force et puisque nous n’avons pas la gent masculine pour nous suppléer, nos petits muscles suffiront à la tâche.
Ainsi dit ; ainsi fait.
Le tutoiement était venu naturellement à Stéphanie. À peu de choses près, elles étaient du même âge et se trouvaient dans la même situation, au fond comme deux sœurs de circonstance.
Stéphanie, suivant sa nature enjouée et spontanée, avait formulé cette proposition qui pour elle ne pouvait que se réaliser. Aussi quand Laetitia poussa, ne parvenant pas à le soulever, un sac en toile renforcée, l’entente et la coopération étaient une règle admise. Le va et vient entre le couloir et l’habitat dura une heure et lorsque le sommier fut posé à plat dans la chambre, a même le sol, les deux voisines, exténuées, s’assirent sur des chaises près de la table de la cuisine. Il n’était que dix heures et déjà la fatigue les gagnait. Pourtant il restait tant à faire.
Stéphanie ouvrit le réfrigérateur et versa dans deux grands verres un jus de fruits composé d’un assortiment de divers agrumes.
– Tu as le choix entre agrumes polyvitaminés ou agrumes polyvitaminés.
– Je prendrai alors agrumes polyvitaminés dit Laetitia, impressionnée par l’intérieur du froid réceptacle regorgeant de victuailles.
– Mais tu es ici depuis quand ?
– J’ai commencé à apporter les meubles hier après-midi.
– Et tu as déjà prévu l’intendance !
– Regarde, répondit Stéphanie en ouvrant le seul placard de la cuisine, j’ai de quoi soutenir un siège. Je ne supporte pas l’idée qu’il puisse me manquer quoi que ce soit. Je mange peu mais j’ai besoin de savoir qu’au cas où, j’ai ce qu’il faut.
La pause jus de fruits ce prolongea une dizaine de minutes. Ce fut encore Stéphanie qui prit l’initiative de la reprise du travail.
– Maintenant occupons-nous de toi.
– Bien mais qu’ai-je fait de mes clés ? Laetitia fouilla dans son sac Lancaster qu’elle avait posé sur la table. Après une recherche minutieuse et infructueuse, elle se dit qu’elle avait dû les laisser dans la voiture.
Les deux jeunes femmes descendirent ensemble afin de vider le véhicule et par la même d’emplir l’appartement. Les clés étaient posées sur le siège passager.
Pour porter les sept colis elles firent six allers-retours. Le premier enlevant chacune un carton et les cinq suivants portant ensemble le même emballage.
Ayant déposé le dernier fardeau dans le couloir, Stéphanie s’adressa à Laetitia :
– C’est la première fois que tu déménages ?
– Oui !
– Je le savais. Tu vois, en ce qui me concerne, c’est la troisième et j’ai appris à mes dépens qu’il vaut mieux plusieurs petits cartons qu’un gros. Souviens-toi de ce conseil amical. Dans les deux derniers qu’as-tu mis ?
– L’avant-dernier contient des livres, le dernier des vêtements.
– Ah ! tu es bien une femme ! Ce carton doit faire au bas mot trente kilogrammes. Pourtant je suis certaine que tu n’as rien à te mettre !
– Comme toi sans doute répondit Laetitia.
– C’est juste conclut Stéphanie.
Toutes deux éclatèrent de rire. Leur entente était belle à voir. Les lourds colis alignés le long du mur du couloir, de part et d’autre de la porte de l’appartement de Laetitia, il ne restait plus qu’à les pousser dans le logis. Les deux jeunes femmes, ayant retrouvé un souffle régulier, allaient se remettre à leur labeur lorsque retentit dans la montée d’escalier le bruit d’un pas pesant. Le son devenant de plus en plus fort elles en déduisirent qu’un visiteur parvenait sur leur palier. La silhouette d’un homme corpulent apparue enfin au bout du couloir. Le visiteur posa un lourd cabas visiblement empli de nourriture et s’écria :
– Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?, regardant d’un œil sombre les paquets qui en réalité ne pouvaient gêner son cheminement.
– Bonjour Monsieur lui répondit avec emphase Stéphanie, ce sont nos petites affaires !
– Ah ! mais il ne faut pas les laisser ici, j’ai besoin de passer !
Puis, décontenancé par le salut clairement prononcé par la jeune fille :
– Jour ! bougonna le nouveau venu et se frayant aisément un passage, il alla ouvrir la porte du fond du couloir, pénétra dans son appartement et claqua plus qu’il ne ferma ce vantail par lequel ne passerait plus en écho sa mauvaise humeur.
– Et bien ! dit Laetitia encore interloquée par cette intrusion, il semblerait que nous ayons pour voisin un misanthrope à la stature prodigieuse !…
– Nous finirons bien par l’amadouer, rétorqua Stéphanie en femme qui ne doute de rien.
– Vaste programme !…, répondit en conclusion Laetitia.
Les deux jeunes femmes se remirent à leur dur labeur ; travail qui fut rondement mené.
L’absence de mobilier limitait naturellement toutes velléités de rangement. Dans la chambre il y avait un placard mural scindé en deux parties. À droite une penderie, à gauche cinq étagères. Heureusement une barre pour recevoir les cintres était en place.
– Mon Dieu, je n’ai pas pensé à acheter un produit nettoyant, je ne vais pas poser mes affaires avant de faire le ménage, je ne sais pas qui a occupé cet appartement avant moi. Tu sais je suis obsédée par la propreté, par une recherche maniaque de la netteté et j’en connais je crois la raison.
Et dans la continuité, avant même que Stéphanie ne lui en demanda la cause, Laetitia poursuivit :
– J’avais seize ans, mes parents étaient partis quelques jours à La Rochelle chez des amis. J’étais seule dans l’appartement, c’était la première fois que j’avais l’impression d’avoir un « chez-moi ». J’étais la maîtresse de maison. Le soir du premier jour, c’était un samedi ; l’après-midi j’étais allée me promener en ville ; je suis rentrée vers dix-huit heures, j’ai constaté qu’en mon absence, l’appartement avait été cambriolé. La porte n’avait pas été forcée, je l’ai ouverte naturellement, constatant pourtant qu’elle n’était pas verrouillée. Mais je suis tellement distraite que j’ai pensé que j’avais oublié à mon départ de la fermer à clé. En poussant la porte je me souviens aussi m’être dit, « heureusement que mon père n’est pas là ! », s’il avait constaté cette triste situation, il en aurait fait tout un drame. Mon père est un moralisateur qui se sert toujours du pire pour pouvoir expliquer le meilleur. L’appartement était un champ de manœuvre. Dans le couloir, dans le salon et les chambres, le sol était jonché de vêtements épars ; un abat-jour avait été cassé. Dans le bureau paternel, la bibliothèque avait été mise à bas. Les livres et les cadres portant les photographies familiales étaient pêle-mêle par terre, formant un amoncellement immonde. Si mon père avait découvert ce carnage il en aurait fait un infarctus, à coup sûr. Quand, au téléphone, je lui ai fait part du cambriolage, je lui ai caché l’agression commise sur les objets de sa passion. C’est je crois de ce jour qu’est né chez m

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