Victor-Tome 1
144 pages
Français

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Description

Ambroise Wal, écrivain puissamment établi, coule des jours heureux dans son domaine de Céans jusqu'à l'arrivée d'un importun : Victor, un inspecteur des impôts. Dès lors, Victor commence une enquête auprès de monsieur Wal, soupçonné par la direction des impôts de percevoir des dividendes de manière occulte.
Une enquête est alors menée contre vents et marées, au péril de sa vie, qui fera de lui la proie de singuliers sentiments et occasionnera la rencontre avec le grand personnage sensible qu'est le poète et écrivain Wal ; un des princes du royaume des lettres, près d'être couronné pour la première fois par l'Académie française.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334092333
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-09231-9

© Edilivre, 2016
Partie I
 
 
Ambroise Wal travaillait dans le grand bureau silencieux de son château du domaine de Céans, comme d’ordinaire élégamment habillé, planant au-dessus d’un espace luxueux et moderne à la fois ; le bureau mesurait dans les 46m2, situé au grenier du château, aménagé pour sa paix, sa solitude, et le travail de son esprit. Devant lui, la grande pièce était, à gauche, tapissée des rayonnages d’une bibliothèque, allant de mi-sol au plafond, où rutilait l’éventail des livres accompagnant sa carrière. A droite, un sofa de velours vert, dentelé de jaune aux bouts, antiquité du lieu ; devant lequel, sur une peau de bête gris blanche, à la fourrure épaisse, une table basse, entièrement de verre – verre fumé – s’allongeait d’un mètre cinquante, et y reposait à un bout, un plateau d’argent, garni d’une cafetière, et de tasses à café. Le sofa était couvert de coussins tous en accord avec le décor ambiant ; en face une verrière circulaire, refaite et moderne, donnait cette impression d’être au ciel dans un vaisseau spatial, et couvrait, d’un trait, toute la largeur du mur de façade, à ce niveau. Au fond, trônait l’écrivain, assis à un bureau magistral, massif et large, sur sa gauche un ensemble ordinateur – imprimante dans un cache métallique, arrangement de coin d’espace ; une table à dépliant, et sa chaise dactylo, ultramoderne. Il y avait un pupitre sur le bout de table, et de la place pour travailler.
A droite de la pièce, un local ignoré, qui ne comportait pas de porte, contenait secret un mini-cabinet de toilette, avec un minuscule évier et un micro-robinet à pompe, un support de serviettes, une petite table à ranger, et, dans le fond, un WC ; et à l’extérieur du local, sur son mur, était collé un photocopieur de grosse taille, super-performant.
Ambroise travaillait tous les jours ou à peu près ; excepté lors de ses sorties habituelles pour sa profession et ses amis.
Il était seul cet après-midi là, sa gouvernante étant partie aux courses, et pour la journée, et travaillait sagement à son bureau, sans penser à rien d’autre, lorsqu’il reçut, ma foi, un personnage fort aimable. Le valet, exceptionnellement, s’était absenté pour quelques heures. Ce fut donc lui qui s’en fut ouvrir la porte.
C’était un inconnu. Il se présentait à la porte, dans un habit de ville, bleu foncé, la cravate fine, et vêtu d’un beau loden de serge. Un homme sommes toutes ordinaire, et osons le dire, souriant. On le devinait patient et calme ; il tenait à la main, contre lui, une serviette bien pliée, et avait tout d’un agent administratif. C’est pourquoi, malgré son apparence un peu laide, long et maigre, le teint vaguement olive ; avec ce sourire béat ou faussement angélique qui l’ornait, ce visage étroit encadré de cheveux mi-longs et plats, qui lui faisaient une drôle de tête, dans un vague négligé, Ambroise en eut le pressentiment…
– « Monsieur Wal, du domaine de Céans ? » demanda-t-il. Ambroise se redressa, confortable dans son costume de luxe tellement classique :
– « C’est moi-même. »
L’homme le regardait, la tête penchée sur l’épaule, bercé de ce sourire angélique, et avec un regard marron, posé, si condescendant qu’Ambroise en fut flatté :
– « J’aimerais beaucoup discuter avec vous, monsieur Wal », lui dit-il, la tête penchée, et avec une voix si douce qu’Ambroise parut étonné. Après un silence, considérant son appareil modeste, et cet individu plutôt grand, qui avait l’air vaguement, comme ça, d’un loup paumé, il eut le regard froid, et demanda :
– « Et c’est à quel sujet, monsieur ? »
Le sourire de l’homme s’agrandit, et il eut un peu plus cet air béat, qui le fit vaguement ressembler à une grenouille, en inclinant à nouveau la tête de côté ; par-dessus un œil qui sursauta de lueurs :
– « … Au sujet de vos impôts. »
L’homme prononça sans se troubler : « Je me nomme Victor Trévus, inspecteur des comptes publics. »
Il avait dit ça d’une lèvre tombée ; et prenait à présent sa serviette des deux mains, enlacées dessous, comme d’une prière ; si calme, si posé, si sûr de lui, dans sa douceur obligeante qui lui demandait une entrevue, qu’Ambroise recula avec une moue sévère, qui le raidissait, d’une expression hostile ; il fit un pas en arrière ; se reculant, lui fit comprendre d’entrer ; et le regarda passer devant lui, d’une froideur de glace, dont l’homme fripa la paupière sous quelques cils, en passant.
– « Enchanté. »
Ambroise referme la porte, et conduit monsieur Trévus dans le hall ; le hall bordé de miroirs à cadres dorés et fleurs d’acanthes et de tableaux anciens, ce hall paré d’un très long tapis vert, à motifs baroques, au poil si profond… Le long des meubles, commodes antiques, chaises de château, monsieur Trévus suit monsieur Wal, dont il remarque l’élégance puissante et souple, costume gris acier, cravate bleu ciel… de petite taille, monsieur Wal est large d’épaules, et ne s’en laisse pas conter : d’un doigt il lui désigne l’un des divans du salon où il vient de l’introduire, pièce principale du château. Il parle d’une voix claire, qui à ce moment, tremble ; mais Trévus ne sait pas si c’est de sa visite, ou de la timidité naturelle de l’écrivain.
Le salon est constitué d’une grande pièce, et se continue d’une pièce plus sombre, longeant le hall, à droite – depuis le fond – où l’on a installé une salle à manger : un gros buffet de campagne en plaque le fond ; en part une énorme table longue, de chêne massif, ornementée de ses moulures d’histoire, et parée, comme ses hautes chaises, de tissus aristocratiques, de soie verte, dentelés de jaune, qui allonge une nappe dessus, et couvre étroitement les dossiers à barreaux. L’atmosphère est austère, de cette salle, entourée sur deux autres plans de buffets à gros coffre et étagères à vaisselle, et de placards. Le centre du salon est entièrement encerclé d’un sofa à triple rang, formant un fer à cheval, le dossard sur des rayonnages allant au plafond, haussés sur des buffets modernes, laqués miroir, noir, contenant des objets de plaisir, disques et livres, et soutenant chaîne hi-fi et télévision sur écran géant. Ce fer à cheval est fait de trois divans de cuir marron foncé, aux gros oreillers rectangulaires aux têtes rondes, renforcées, épais, cossus ; il entoure une vaste table basse pour la réception et la discussion. C’est une pièce de vie, la principale, sur un grand tapis de toutes les couleurs, aussi moelleux que les autres, où monsieur Wal peut faire asseoir ses interlocuteurs et ses amis, ne fut-ce qu’en face de lui, sur l’un des gros fauteuils placés sans ordre pour le vis-à-vis des discussions sérieuses, comme il en a avec ses employés. Passé le plat d’une cloison bouchant le couloir, et décoré d’un seul tableau de maître sur tapisserie d’étoffe verte – la porte d’entrée du salon étant à droite, dans le cours latéral de la salle à manger, près du bout – sur la gauche, depuis le fond, discrètement, s’en va un escalier de grand âge, en bois, large et tournant, dont on aperçoit à peine la base des marches, large et brune, et qui semble s’enfoncer dans un mur le cachant depuis les sièges.
Victor regarde s’asseoir ce géant bourgeois des lettres françaises, un peu impressionné ; qui lui fait un signe de la main pour qu’il prenne place dans l’un des fauteuils. Victor tourne la tête, hésitant, et trouve le fauteuil, qu’il ramène, et s’y assoit en toussotant du sentiment d’être peu, face lui, qui l’attend au centre de la table basse, les coudes posés dessus, pour y parler, devant la serviette jetée là. Un éclat fauve s’est jeté de son œil quand, engoncé un peu – se sentant bas assis – il lève sur Ambroise le même visage aimable – et reprend, prestement, sa serviette de ses mains, pour y fouiller, en parlant ; les cheveux balançant d’un côté sur l’autre, comme des fouets, et le sourire rance :
– « Eh bien, monsieur Wal, je suis venu pour inspecter vos impôts. L’administration des comptes publics m’envoie auprès de vous ; et nous en avons pour longtemps », déclare-t-il, acide ; et, sans le quitter des yeux – ses yeux qui luisent, tout à coup, sur lui – il lui montre par-devant : « J’ai un mandat. »
Ses lèvres s’écartent à dévorer les mots, tant il en baverait, à cette heure, de se sentir petit, devant lui ; le diplodocus se rehausse dans les parfums droits de son luxe discret, et, posé de toute sa puissance, le regarde avec ironie – comme une étincelle, en fond, de l’idée de torturer comme un chien. Un chien aux cheveux grands, et pas encore fou, a posé une feuille sous son nez, que Wal arrache. Qu’il lit. Les yeux levés, hauts et froids, des yeux verts, comme allumés d’une sorte d’ambiguïté de feu, et qui le rit, en lui, ont l’intention, à leur pointe, de ne pas cesser de le torturer, comme de tout faire, de lui-même, peser sur lui.
Angelo a bien grandi, n’est-ce pas ? en dirait une fée… si les pensées traversaient, encore, à cette époque-là. « Plutôt bien… c’est du bon côté », en répondrait le temps. Et si l’on comptait sur Victor, qui est encore si jeune… Monsieur Wal a quelque chose d’ordinaire, lui aussi, qui fait qu’il ne l’impressionne pas davantage : sa coiffure pose une chevelure noire et bien coupée, de raisonnable longueur, et suffit, au grisonnement des tempes, à le rendre un rien séduisant. De même que sa personne, tout à fait classique, habillée si bien, le fait imposant, de couleurs claires, et avenant à regarder, dans une sorte de visage d’enfant. Il n’est ni ridicule ni petit ; et son importance lui va bien, si bien que l’on ne se demande pas s’il l’a volée, ou si elle est à lui. Monsieur Trévus en sourit comme d’une vague aux lèvres, et ferme

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