Victor
270 pages
Français

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Description

Victor est le premier volet d’une duologie, traitant de l’accomplissement de soi.
Victor est un père issu d’un milieu modeste, dont la vie est animée par une soif d’aventure et un espoir de grandeur. Ses souvenirs de jeunesse et ses amours disparues bercent ses espoirs d’un destin impossible.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 octobre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332609502
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-60948-9

© Edilivre, 2014
Dédicace

A notre enfance
Et à nos rêves

Partie 1 L’odyssée africaine
« Le voyage est une espèce de porte par où l’on sort de la réalité comme pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve. »
(Guy de Maupassant – Au soleil)
« Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine…
Elle est mortelle. »
(Paulo Coelho)
« Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! »
(Charles Baudelaire)
I
Le train filait à toute allure vers le Havre à travers la campagne normande aux bocages ceints de haies vives ou de saules et plantés de pommiers à perte de vue. Sa locomotive tout de noir vêtue laissait traîner derrière elle de longs panaches de fumée blanche qui venaient tourbillonner comme un voile de danseuse devant la fenêtre du wagon derrière laquelle Victor, pensif et légèrement assoupi, regardait défiler le paysage champêtre qu’il avait si bien connu dans sa jeunesse.
Le pays n’a guère changé, pensait-il. Il se souvenait très précisément de son départ pour la Normandie, le Calvados plus exactement, en août 14 alors qu’il n’était encore qu’un jeune garçon de dix ans, tout juste sorti de l’enfance. La soudaineté de la guerre, l’effervescence qu’elle avait provoquée autour de lui et surtout la fureur et la brutalité des passions qu’elle avait déchaînées avaient emporté cette enfance-là en même temps que l’existence tranquille passée jusqu’alors au sein du cercle familial, entre ses parents, ses sœurs et ses camarades d’école.
Victor était né dans une famille de mineurs du Borinage noir, une région marquée depuis fort longtemps par l’industrie de l’extraction du charbon, qui en était la principale ressource, et où la population vivait depuis toujours dans l’austérité. Cependant, cette âpreté qui certes caractérisait la vie quotidienne de ses parents ne les avait pas empêchés de faire montre d’une rigueur absolue dans l’éducation de leurs enfants. Malgré leur origine modeste et une évidente pauvreté, ils s’efforçaient d’afficher constamment une conduite stricte et exemplaire. La combinaison de ces deux facteurs, ascétisme et discipline, avaient fait de Victor et de ses quatre sœurs des êtres fiers et exigeants aussi bien pour eux-mêmes que vis-à-vis de tous ceux qui les entouraient ou qui les croisaient. Victor était le seul garçon de la famille et, en tant que cadet de la fratrie, il avait été choyé depuis sa plus tendre enfance par sa mère et ses quatre sœurs, toutes ces femmes qui avaient célébré avec joie l’arrivée d’un second représentant masculin dans le cercle de famille. Aussi, lorsque la guerre éclata et qu’il fut question de réfugier les jeunes enfants de sa localité en France, dans cette Normandie qui tenait bon derrière les lignes de front, ce ne fut pas sans appréhension qu’il dut se résigner à quitter sa famille. Sa plus jeune sœur, Marcelle, de sept ans son aînée, venait à peine de terminer son cycle d’études secondaires mais elle se destinait déjà avec passion au métier d’infirmière. C’était une personnalité forte, au regard dur, peu tolérante aux faiblesses d’autrui mais elle veillait sur son jeune frère depuis toujours et leur séparation n’en fut que plus pénible. Quant à ses autres sœurs, plus âgées, elles avaient déjà entamé leur vie en dehors du cercle familial. L’aînée, Marie-Louise, avait épousé un jeune ingénieur des mines qui avait eu l’opportunité de trouver un emploi au Congo et aussitôt mariés, ils s’y étaient établis si bien qu’ils y étaient installés depuis quelque temps déjà lorsque le conflit avait éclaté. Elisabeth et Jeanne, quant à elles, avaient toujours été très proches l’une de l’autre. Ces deux demoiselles, célibataires endurcies, avaient décidé d’unir leurs destins et d’ouvrir ensemble un commerce de draps. La plus âgée, Elisabeth, au caractère bien trempé et plutôt autoritaire, tenait les rênes de ce ménage féminin. La plus jeune, Jeanne, sous un dehors nettement plus doux et affable, en assurait la solidité. Beaucoup plus tard, toutes deux feraient pareillement preuve d’un courage exceptionnel en menant un combat clandestin et héroïque durant le deuxième conflit mondial.
Ainsi, malgré la modestie de leur milieu d’origine, les sœurs de Victor avaient réussi, grâce à cette force de caractère que leur père leur avait inculquée, à trouver les moyens de quitter ce monde ouvrier et de se construire une vie sensiblement meilleure. Leurs parents étaient certes des gens simples qui n’avaient pu bénéficier que d’une éducation primaire mais, malgré cela ou peut-être justement à cause de cela, ils avaient conservé un sens moral particulièrement élevé. Habitués à se contenter du seul minimum, l’objectif principal de leur vie avait été de permettre à leurs enfants de se hisser vers un niveau supérieur au leur, capable de leur offrir la sécurité qu’eux-mêmes ne connaîtraient jamais tout-à-fait.
Le père, Theo, était mineur de fond. Tout comme son père l’avait fait avant lui, il avait passé la plus grande partie de sa vie, depuis l’enfance, au fond du trou, comme l’on disait alors, dans la poussière noire du charbon, dans l’angoisse que procurent le monde souterrain et la crainte des coups de grisou. L’extraction du charbon à Wasmes avait en effet commencé tôt, dès le 14ème siècle. C’était l’une des plus anciennes exploitations charbonnières au monde. Theo travaillait depuis toujours au puits n° 6, au bout de la rue du Pont d’Arcole et c’est là également, chose étrange, qu’il avait connu jadis Vincent Van Gogh qui y avait travaillé un moment et dont le frère, comme Vincent le lui avait fait remarquer, portait le même prénom que lui. Ce vieux puits avait été l’un des derniers à utiliser des cordes de chanvre pour suspendre les cages de descente et il avait connu plusieurs drames : explosions de grisou et aussi une grève de triste mémoire en 1877 qui avait tourné à l’émeute et où plusieurs ouvriers avaient été tués par les forces de l’ordre. Theo avait survécu à tout cela. C’était un homme fier et droit, d’allure assez austère, dont le seul plaisir était, à la fin de la journée, de suçoter sa pipe en dégageant d’épais volutes de fumée odorante que sa femme dispersait de la main en faisant semblant de tousser. Cette dernière, Germaine, était une femme simple, effacée et aimante, toujours occupée à trimer. Elle passait le plus gros de ses journées à œuvrer au jardin, à préparer à manger dans la cuisine ou bien à astiquer la maison qui, bien que d’un confort rudimentaire, affichait toujours une propreté absolue.
Lorsque la rumeur se confirma que la guerre serait inévitable, que l’ennemi allait envahir le territoire et qu’il fallait craindre ses exactions, les autorités de la ville et les familles ne furent pas longues à décider de commun accord qu’il fallait en protéger les enfants et que la meilleure façon de le faire serait de les envoyer dans une zone non occupée par l’ennemi. L’exil et l’installation du gouvernement au Havre facilita les choses et un convoi fut bientôt organisé afin de réfugier ceux-ci dans des familles d’accueil en Normandie. C’est ainsi qu’un beau matin du mois d’août 1914, Victor débarqua du car, portant sa petite valise et accompagné de quelques camarades, sur la place de Vassy, un gros bourg situé près de la ville de Vire.
Tout en filant vers le Havre, Victor se souvenait de ce jour-là. Le maire du village, après les avoir accueillis, les avait accompagnés jusqu’à la petite salle des fêtes communale où on leur avait distribué du pain frais, un morceau de camembert et un verre de cidre. Ensuite, on avait procédé aux présentations avec les familles locales qui s’étaient portées volontaires pour accueillir l’un des petits réfugiés. Victor avait eu de la chance. Il avait été désigné pour habiter une petite ferme dans la proche campagne, chez des gens simples, certes un peu rudes, mais après tout ne venait-il pas lui-même d’un milieu fort semblable ? Ces braves gens avaient su trouver les mots pour le réconforter et lui faire montre de gentillesse et d’amitié. La ferme était très modeste, quelques vaches pour le lait, une basse-cour pour les alimenter en œufs et fournir la poule pour le pot-au-feu, un verger pour le cidre comme il se doit en cette belle région.
La vie y était naturellement fort austère, le confort plus que rudimentaire, mais on ne craignait pas la faim. Et très vite, le retour à l’école permit à Victor de retrouver quelques-uns des garçons réfugiés comme lui et de faire la connaissance des enfants du pays. Il ne tarda pas à se faire des amis parmi eux et tout particulièrement avec Maxime Jougay, un garçon aussi sensible que lui et qui admirait la droiture et la fierté dont son camarade venu d’ailleurs faisait preuve. Ils se racontaient leurs pays réciproques et ils comparaient leurs modes de vie. Victor parlait du pays noir avec ses montagnes sombres, les terrils, et la mine où son père disparaissait chaque jour dans la profondeur du puits. Il lui parlait des luttes sociales qui animaient ce milieu d’ouvriers, il lui parlait de sa mère et de ses sœurs, du Congo belge où l’une d’entre elles était partie s’installer et qui le faisait rêver, il lui parlait de Marcelle qui avait toujours été la plus proche et qui maintenant était loin de lui car, après avoir acquis une formation accélérée, elle avait rejoint, avec quelques autres élèves infirmières, un hôpital de la Croix-Rouge américaine situé dans le sud-ouest. Il parlait aussi à son compagnon de la saveur de

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