Vanera - Le mystère de Landévennec
354 pages
Français

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Vanera - Le mystère de Landévennec , livre ebook

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Description

« C'était une question humaine : dans toute ma carrière, j'avais beau essayer de me souvenir, je ne voyais que peu de tueurs à gages acceptant de liquider une femme. Par contre, je n'en voyais aucun descendre en plus deux petites filles... Le temps d'y penser et je réalisai qu'il y avait une autre interrogation fondamentale dans cette histoire. Et apparemment personne ne s'était penché sur cette hypothèse. Quand bien même un type aurait pris ce genre de contrat, quel prix exorbitant aurait-il demandé pour le faire ? Quel commanditaire pouvait financièrement se permettre ça... ? » Une famille de quatre personnes abattue. Cinq ans d'enquête. Zéro piste, ni mobile, ni suspect. Le commissaire Franck Vanera, du quai des Orfèvres, se retrouve parachuté à la pointe du Finistère pour reprendre le dossier. Ce petit-fils d'émigrés italiens, au tempérament méditerranéen, devra tout d'abord comprendre la Bretagne. Puis ce sera le début d'un voyage dans le temps, de l'Afrique au Cambodge, à la recherche d'un tueur improbable... Anse Lazio orchestre avec maestria un puzzle policier fascinant, peuplé de personnages aussi pittoresques qu'énigmatiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342048506
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vanera - Le mystère de Landévennec
Anse Lazio
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Vanera - Le mystère de Landévennec
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
 
I. Le ministère
 
 
 
Février 2012
Déjà neuf heures… J’étais assis dans un long couloir sur cette chaise Louis XVI depuis une bonne demi-heure déjà. J’attendais, je ne faisais que ça depuis un an, attendre… La déco était clinquante au possible, des dorures, encore des dorures, et sur les murs des tableaux abstraits tentaient de faire croire à la modernité des lieux. Peine perdue… J’avais fait l’effort d’être à l’heure pour ce rendez-vous au ministère de l’intérieur, place Beauvau ; je portais même un beau costume cravate que j’avais emprunté à un ami, y compris la cravate. Moi qui n’en avais jamais porté, j’avais juste l’impression d’aller à un mariage. Deux ans s’étaient écoulés depuis mon accident et j’espérais bien revenir au quai des orfèvres ; j’étais sûr de pouvoir le faire mais quelque chose me disait que passer par ici était loin d’être normal.
Ce long couloir était plein de portes, à se demander s’il y avait vraiment autant de travail derrière pour autant de portes devant… Une d’entre elles finit par s’ouvrir et un homme au teint gris s’adressa enfin à moi :
 
— Mr Vanera ?
— Oui.
— Le chef de cabinet du ministre vous attend.
 
En fait, j’avais surtout l’impression que c’était moi qui l’attendais, depuis un bon moment déjà. Il me fit entrer dans un espace dont la somptuosité ne me laissa aucun doute : j’étais au bon endroit. Au centre de cette très grande pièce, une large estrade portait un grand bureau en bois ancien, relié de cuir, qui semblait volontairement destiné à dominer les personnes qui se trouveraient assises devant. Et c’était mon cas. Le long des fenêtres de luxueuses tentures tombaient, symbole d’un état victime de son passé glorieux ; sur le sol un vieux parquet en chevrons perdait son dessin, brisé par des tapis persans très déplacés en ses lieux de hautes instances républicaines.
À l’avant de ce meuble, on distinguait une petite plaque qui indiquait le nom du chef de cabinet : Philippe Lénor De Beaurecourt. Rien que ça… Le type qui m’avait fait entrer m’apporta un café que je n’avais pas demandé, ni sucre, ni cuiller. Restriction budgétaire sans doute.
C’est à ce moment-là que le chef de cabinet fit son entrée magistrale, des dossiers sous le bras comme s’il était débordé de tâches urgentes dont je ne faisais pas partie. Il avait la bonne cinquantaine et portait la moustache ; il était de petite taille et grassouillet, presque chauve, les cheveux ne subsistant que sur une couronne grisonnante. On aurait pu dire qu’il était poivre et sel mais le poivre avait, à coup sûr, perdu depuis longtemps la bataille. Une fois dans son fauteuil, il daigna me regarder comme la corvée du jour à expédier.
 
— Bien… Mr Vanera, j’ai lu le rapport des experts médicaux à votre sujet. J’ai reçu également le rapport de l’expertise psychiatrique vous concernant. J’ai une bonne nouvelle : rien n’empêche que vous repreniez du service.
— Au quai des orfèvres ?
— Euh… Non.
 
Je ne pus contenir ma surprise. Je baissai la tête, malgré moi, comme un boxeur qui vient d’en prendre une bonne. KO debout en restant assis…
Je réalisai tout d’un coup que mon intuition s’imposait comme étant la bonne. Son silence était de plus la meilleure des réponses.
 
— Quelle est mon affectation Monsieur ?
 
Il me regarda comme un pêcheur qui vient de sortir un poisson que personne ne connaît : faut-il le remettre à l’eau, le manger ou l’amener à la criée ? Même s’il était sûr que ce type était du genre à ne rien comprendre à la pêche. La nature, le silence et l’eau… Je sentis venir, gros comme une maison, une nouvelle fonction à l’autre bout de la France.
 
— Mr Vanera, j’ai une proposition à vous faire. Nous créons un nouveau poste dans la police nationale et je souhaiterais que vous l’occupiez.
— Un nouveau poste ?
— Oui. Nous avons besoin d’un bon enquêteur pour reprendre des dossiers sensibles avec un nouveau regard ; les dossiers dont je vous parle ont fait l’objet d’une couverture médiatique optimale. Ces affaires non résolues doivent être reprises avant d’être classées, et il nous faut un œil nouveau sous un autre angle d’approche. Au vu de vos états de service, j’ai pensé à vous. Ça vous intéresse ?
 
Il y a des moments dans la vie où le passé vous revient sans crier gare. À cet instant l’écho de la voix de ma grand-mère s’imposa : « Tu sais Franck, quand les questions sont très cons, les réponses peuvent pas être intelligentes ! » Sauf que je me trouvais dans le bureau du chef de cabinet du ministre de l’intérieur, et que c’est lui qui posait les questions… Il me regarda du fond de son fauteuil, espérant que je refuse sa proposition. Je ne répondis rien et il en profita pour ouvrir une fenêtre et allumer un cigare, bien conscient de mon désarroi.
 
— Excusez-moi monsieur, mais je suis un homme de terrain. Je bosse à la criminelle depuis vingt-trois ans ! L’investigation est certes une de mes prérogatives, mais elle ne peut pas être dissociée de l’action, des arrestations, des interrogatoires. Je ne suis pas sûr d’être votre homme…
 
C’est le moment où il se décida à me sortir le numéro qu’il avait de toute façon choisi de me faire. Il mit ses coudes en appui sur son bureau, les mains jointes, et porta son buste bien en avant pour se pencher vers moi. Il haussa le ton :
 
— Écoutez Vanera, personne ne veut plus de vous, ni à la criminelle, ni ailleurs ! Et vous savez très bien pourquoi ! Je dois pas être le premier à vous le dire ! J’ai dû créer ce job uniquement pour vous en trouver un… On va arrêter les faux-semblants vous et moi. Vous n’êtes pas sans ignorer que j’ai une grande dette envers votre oncle, et j’ai bien l’intention de m’en acquitter aujourd’hui dans ce bureau ! Vous n’en connaissez peut-être pas les détails mais je sais que vous savez ! Alors ça vous intéresse ou pas !!
 
Dans ses yeux se mêlaient la colère et la jouissance, il réglait visiblement de vieux comptes avec son passé mais il ignorait une chose : je ne savais absolument pas de quoi il parlait… Il ne me laissa pas le temps de réfléchir et renchérit :
 
— Vous prenez ou pas ??
— J’ai combien de temps pour prendre une décision ?
— Vous n’avez pas le temps ! Je vous demande de vous décider ici et maintenant. Vous prenez cette nouvelle fonction ; je vous réintègre dans votre grade de commissaire, solde rétroactive depuis deux ans, et je vous rends votre insigne et votre arme. Soyez lucide Vanera, personne après moi ne vous fera une telle proposition !
— Et si je refuse ?
— Alors vous ne ferez plus partie de nos effectifs et vous resterez pensionné comme actuellement, pour accident du travail.
 
« Accident du travail », comme si j’étais juste tombé d’un échafaudage en peignant une corniche… Je n’étais pas prêt pour lui répondre mais je n’avais pas le choix. Il le savait très bien d’ailleurs, le ciel me tombait sur la tête ce matin et je ne l’avais pas vu descendre. Des images du passé me revinrent tout à coup : mon bureau au quai des orfèvres, mon équipe, les véhicules avec les sirènes et les interventions vêtu d’un gilet pare-balles ; cette adrénaline permanente qui constitue l’addiction de tous les flics.
Je n’y retournerais jamais. À cet instant je l’ai su. Je finis par lui répondre, la mort dans l’âme.
 
— Je dépendrai de qui ?
 
Il se remit au fond de son fauteuil, affichant ce sourire arrogant des gens qui ont le pouvoir.
 
— De moi…
 
Un court silence s’en suivit, comme si je cherchais encore à gagner un peu de temps, mais je savais que c’était inutile.
 
— OK, je prends… Je n’ai pas d’autres solutions n’est-ce pas ?
— Je crois effectivement que non.
 
Son visage changea du tout au tout, il était soudain très détendu et il sembla savourer une sorte de victoire que je ne discernais pas très bien. Pour un peu il aurait pu passer pour un personnage sympathique. Il me faisait penser à cette araignée appelée « veuve noire » qui attire son partenaire mâle pour copuler, et qui le bouffe juste après quand l’essentiel a été fait. Ce mec était un enfoiré de première et il fallait que je l’appelle Monsieur. Une nouveauté pour moi, plus connu pour mon franc-parler que pour les ronds de jambe. Mais j’en étais là… Il arbora un petit sourire hypocrite et reprit de plus belle :
 
— Je suis très content que vous acceptiez. Voilà comment les choses vont se passer. Vous allez vous rendre à la préfecture de police pour récupérer votre insigne et votre arme. Au fait, depuis votre absence on a remplacé dans les services le revolver Manurhin F1 par un pistolet semi-automatique Sig Sauer SP 2022. Voulez-vous conserver votre arme, sinon je vous attribue un Sig Sauer ?
— Je préfère récupérer mon arme, question d’habitude. Je n’aime pas les semi-automatiques, ils s’enrayent.
— Très bien, pas de problème. Je vais maintenant vous briefer sur votre toute première mission. Avez-vous entendu parler du massacre de Landévennec, comme l’a surnommé la presse ? La famille Tan, ça vous dit quelque chose ?
 
Je savais très bien ce qu’il était en train de faire. Il testait ma mémoire… Je ne doutais pas que c’était le seul point de l’expertise médicale

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