Vague à l âme
234 pages
Français

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Description

Ce roman met en scène Romain, dont la vie a été récemment marquée par deux drames : la perte de sa femme et de sa fille dans un accident de voiture. L’histoire raconte cette période d’état de choc et la remontée progressive vers une vie nouvelle, grâce aux différentes lectures de la Vague d'Hokusaï, ainsi que la reprise et la création de liens sociaux et amicaux.
Sont mises en parallèle les vies professionnelle et personnelle du héros. Les souvenirs s’éclairent d’un jour nouveau grâce aux retrouvailles avec une amie d’enfance et une tante vivant aux USA.
Il s’agit d’un roman psychologique, intimiste et porteur d’espoir, fondé sur la prise de conscience de l’être humain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414020003
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-01998-4

© Edilivre, 2017
Chapitre 1 Creux de la Vague
Jamais, peut-être, il n’avait ainsi regardé la Vague , l’estampe d’Hokusaï, qui illustrait un pan du mur. Elle venait de loin. Une de ses arrière-grands-tantes, déjà, l’admirait au début du XIX e siècle.
Brutalement, il prit conscience de la vie ou de la mort à travers la représentation de ce tableau qui depuis toujours faisait partie des meubles. Comme si un jour, un objet surgit, souvenir oublié que l’on rend vivant, porteur de sens, d’images, et incarne ce qui vit au plus profond de soi dans l’intimité d’un soir.
23 heures 30. Romain entrait dans cette vague puissante, soulevant ses flots crochetés d’écume en un arc défensif, vers la droite, laissant dans le creux un camaïeu de bleus – baltique, marine et ciel-, et des barques semi-englouties, beiges, piquetées de têtes d’hommes en perdition. À l’arrière-plan, une montagne au sommet poudré de neige, indiquait le seul point stable. Il ignorait que c’était le mont Fuji. Les pointillés d’écumes qui envahissaient l’atmosphère pleuvaient, tels des résidus de la houle violente qui impulsait le mouvement général.
C’était un peu de sa vie actuelle, cette montée en puissance des événements jusqu’à la retombée dont il ignorait la véritable chute. Cette estampe datait de 1830… Aujourd’hui, elle prenait toute sa dimension.
Où se trouvait-il là-dedans ? Au creux de la vague ou dans le mouvement majestueux qui tirait les éléments vers le haut ? La confusion l’habitait. Entre 1830 et 2012, des époques, des circonstances pouvaient séparer l’interprétation de cette œuvre, mais jamais son symbole.
Il était 24 heures. Vague à l’âme. Les faits vécus de cette journée arrivaient à la surface de ses pensées. Un whisky à la main, le quatrième. Il se rassurait par ce geste pour se donner une contenance. Il tenait debout. Encore. Avec quinze kilos de dépression vissés au corps, il se sentait lesté. Il avait fait illusion aujourd’hui. Alors qu’il suivait un stage sur la « prise de parole en public », il avait amusé la galerie. Le gars sympa, intelligent de surcroît, la tête, c’était lui. Personne n’aurait su déceler, derrière sa prestation, les angoisses, les souffrances contenues, le mal-être qui, insidieusement creusait une fêlure intime. Il avait simplement signalé qu’il avait eu du mal à se décontracter pour parler en public : « Ma chemise est trempée », avait-il confié à la fin sur le ton de la plaisanterie. « On n’aurait jamais cru. Tu masques bien. Tu as juste paru moins souriant qu’à l’habitude ».
Ce soir ? Après avoir consulté ses mails, la rumination des idées noires refaisait un tour. Sa femme qui avait demandé le divorce, sa fille dont elle voulait le priver de visite, la pension alimentaire qui allait amputer largement sa paie, les batailles d’avocat sur des faits inventés… et puis, le drame… l’accident de voiture, la mort… le chaos… cela faisait un an.
Il se versa un cinquième whisky, bien tassé, puis se carra dans son fauteuil, le meuble-pilier qui supporte tous les états d’âme. Il regardait fixement la vague, fasciné. Elle propulsait tous ses problèmes qui émergeaient à chaque crochet d’écume. Il aurait voulu, comme dans une bande dessinée, découvrir la vignette suivante. La vague allait-elle retomber, flasque, ou bien éclabousser violemment, cassant tout sur son passage ? Allait-elle remonter aussitôt pour s’écraser de nouveau ? Ce qui se passait dans la nature pouvait-il ressembler à ce qu’il allait vivre ? En tout cas, cela l’aidait à imaginer la suite, car il ignorait où il allait. Un médium aurait pu lui prédire son futur qu’il ne l’aurait cru. La ronde des idées reprit, telle une houle interminable…
4 heures du matin. C’était la première fois que cela lui arrivait. À force de cogiter, il s’était assoupi dans le fauteuil. Un sixième verre de whisky vide dans sa main droite entrouverte, prêt à tomber. Mini-gueule de bois. Membres engourdis par cette position assise, peu propice à la détente complète du corps.
In extremis, il rattrapa son verre pour le poser. Son esprit embrouillé s’était mis en veilleuse quelques heures. Il manquait de ressort, une lourdeur inhabituelle le clouait au sol. Il s’étira, gêné aux entournures par ses vêtements qu’ils avaient oublié d’ôter. Un bref coup d’œil à sa pendulette digitale lui indiqua qu’il manquait de sommeil. Tout cotonneux, il regagna son lit ; il retira ses vêtements en les tordant maladroitement et compléta de deux heures le repos de ses tourments. Son réveil musical le réveilla avec un joyeux air de Vivaldi.
6 heures 30. Il fallait y aller. Le travail, son tuteur, le tira de ses « sombreries » ensommeillées.
Seules les habitudes, lorsqu’on va à la dérive, restent des points de repère sécurisants : les ablutions matinales et le café serré. Il mit en route la cafetière et resta longtemps sous la douche, pour se laver de tout. L’odeur du café, en sortant, le stimula. Plaisir du matin que personne n’avait dérobé. La radio annonçait les nouvelles du jour sur fond de crise économique. Il sortit une chemise finement rayée et un complet bleu-gris, d’une taille élargie depuis qu’il avait forci : une touche de coquetterie pour rester vivant.
Quelques biscottes où il étala hâtivement une sorte de marmelade accompagnèrent promptement un bol de café corsé. De l’arabica, il y tenait. Les rites du matin, ils les respectaient encore.
Un peu groggy, toutefois, il faillit oublier ses clés à l’intérieur. De justesse, il récupéra son trousseau.
Dehors, un concert de pépiements d’oiseaux l’accueillit. Les forsythias en fleurs l’éblouissaient de jaune tout au long de la rue qui le conduisait à la station de métro. Les cerisiers japonais, tout de soies rose et blanche ornés, et les magnolias, aux pétales satinés, avaient sorti leur tenue printanière. Lui seul arrivait difficilement, cette année, à une telle légèreté. Il essayait de mettre fin à un chapitre de sa vie.
Après trente-cinq minutes passées dans le métro, il émergea aux Gobelins. En remontant la rue, il avisa deux titres de films : Le dernier château et Rendez-vous avec la mort . Un peu ma vie, se dit-il.
La réunion de la matinée le tint éveillé. Il se donna, oublia, exista. L’enjeu était de taille. L’entreprise allait gagner le marché sud-américain des livres pour la jeunesse traduits en langue étrangère. Il avait dégagé le plus de marge possible. Il s’était donné avec énergie dans les appels d’offres aux imprimeurs… Un travail énorme justement récompensé. Il arbora le sourire final de satisfaction et se mit à rire avec son équipe. Il sauvait la face.
– Et, Romain, tu viendras ce soir à l’anniversaire d’Olga ?
Bien qu’il n’en eût guère envie, il se laissa faire.
– OK.
Il acceptait uniquement pour faire croire qu’il restait comme tout le monde. Histoire de se rassurer. Il aurait voulu anesthésier sa mémoire, éloigner les tourments qu’il repoussait inlassablement quand ceux-ci revenaient en force. Insidieusement, ils lui arrachaient sa vie, sa joie, tentaient de s’installer en première ligne de sa pensée.
« Ensemble », voilà un mot qu’il emploierait encore avec son équipe, mais plus avec sa femme. Florence, il prononçait son prénom, mais l’être qui le portait avait disparu. L’histoire était trop lourde. Elle avait remis en question ses points de repère, les valeurs qui l’avaient construit, ses croyances profondes. Il écoutait enfin une petite voix qu’il avait souvent chassée. Cette vie ou cette fille (les mots se confondaient dans une sorte de paronymie) n’était pas faite pour toi. Oui, mais…
Chapitre 2 « Les impressions de l’enfance marquent les couleurs de l’âme. »
Ambiance chaleureuse au 10 de la Croulebarbe, dans ce havre naturel du 13 e arrondissement, à Paris. Olga y fêtait ses trente-cinq ans. Le bel âge. Il s’y retrouva une heure après que la fête eut commencé. Le printemps enveloppait l’atmosphère de douceur. Les fleurs envahissaient le salon et le balcon de son appartement du 3 e étage. Les bouteilles en plastique avaient pris le relais des vases, insuffisants en nombre. Tout le monde lui en avait offert. Olga était si féminine. Elle n’avait pas lésiné sur sa tenue rouge et jaune d’or. Nul ne pouvait la manquer.
Il y avait là un artiste peintre et sa femme, un paysagiste, une jeune coiffeuse, une psychologue, trois collègues de l’édition, en couple, qu’il salua et une bonne vingtaine d’autres personnes dont peu à peu il fit connaissance. La musique trop forte, empêchait qu’on s’entendît distinctement. Après avoir picoré quelques amuse-gueules et but la sangria particulièrement réussie qui lui était tendue, il papota avec une collègue sympa qui lui proposa de danser. Il déclina, faute d’envie et parce qu’il se sentait lourd. Les autres le rassuraient par leurs rires, la vie facile qui se jouait ce soir-là. À cet instant, il se sentait intégré au monde d’en face. Celui qui va bien. Jusqu’à présent, il se sentait citoyen d’un monde en destruction, étranger encore aux nouvelles fondations d’une vie qu’il peinait à imaginer.
Vers 11 heures 30, lors d’un pic descendant de la fête, Olga vint le rejoindre. Il sourit à cette vieille copine, lui donna de ses nouvelles. Brièvement, il lui confia qu’il ne se sentait « pas trop bien », mais lui cacha l’essentiel. Avec elle, il révélait peu le dessous des cartes. Il évitait de se plaindre. Coup de tonnerre : elle avoua qu’elle aussi était au bord de la rupture. Loin de s’imaginer que cela pût lui arriver, à elle, si équilibrée, il poussa fortement un « Ô ! ». Olga et Christophe, le couple modèle aux deux petites filles si pétillantes et si jolies ! Cela arrivait donc à tout le monde. « Alors,

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