Unlimited memory
276 pages
Français

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Description

Dans ce second tome qui fait suite à l’ouvrage Un lourd secret, nous retrouvons les époux Delage qui tentent de se reconstruire après l’éprouvant procès qu’a subi Nathalie, ainsi que leur fils Adrien, atteint du syndrome d’Asperger. L’adolescent, surdoué, a dessiné avec une exactitude plus que troublante des scènes de la vie de sa mère alors qu’il ne pouvait y avoir assisté et a surtout dressé une liste de quatre noms, désignant les membres de la famille Zimmerman, tous déportés en 1944 à la suite d’une dénonciation. Sur la demande expresse d’Alice, la mère de Nathalie, le détective Michel Raincourt mène l’enquête avec son collègue Thierry, mais sans toutefois lui révéler le secret que lui a confié Alice. Parallèlement, le capitaine Pieroni, qui collabore avec un centre de recherche étudiant les cerveaux présentant des aptitudes extraordinaires, tente de convaincre les parents d’Adrien de le faire participer à leur programme de recherche. Mais leur première réaction est de refuser en bloc que leur fils soit réduit à ce qu’ils considèrent comme un cobaye de laboratoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782414188086
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-18806-2

© Edilivre, 2018
Chapitre 1 Colère sourde d’Alice
« Vous m’aviez pourtant promis… ! »
Alice fusille du regard le détective. Lui seul, encore abasourdi par ce qu’il vient de lire, décrypte les yeux pleins de reproches et l’étrange pli qui déforme la bouche de la vieille dame. Il faut dire que le secret qui lie ces deux personnages empêche toute explication à voix haute et l’oblige à une mimique d’impuissance : « Non, je n’ai pas divulgué l’existence de cette liste. » Nathalie, témoin de cet échange muet, demande d’une voix lasse :
— Maman ! C’est une liste de noms… Ces gens-là… Tu les connais ?
Alice cherche ses mots :
— Mon Dieu, cette liste de noms… les Zimmerman… Oui, je la connais ! Pourquoi Adrien l’a écrite ! Il n’a que quinze ans, et ces gens que mon père a… ! Tu sais, ma fille, que ton grand-père a aidé beaucoup de juifs pendant la guerre et…
Elle s’arrête essoufflée, car sa poitrine se soulève plus que de raison. Les noms si clairement inscrits par Adrien, son petit-fils, sont comme un flash qui la ramène plus de soixante ans en arrière. Comment a-t-il pu avoir connaissance du nom de cette famille ? Seul le détective à qui elle s’était confiée peu de temps auparavant eut connaissance de cette histoire tragique. Elle regrette déjà ce moment de faiblesse !
Nathalie, abasourdie par le désarroi inhabituel de sa mère, s’exclame :
— Je t’en prie maman, dis-nous quelque chose !
Alice reste muette. Elle reconnaît pourtant ces noms si mal écrits ! C’est son écriture, celui d’une autre époque, celui d’une petite fille terrorisée. Elle tente de réfléchir à toute vitesse. Impossible qu’Adrien ait pu transcrire cette peur à travers ce graphisme si troublant de ressemblance ! Elle se retranche alors derrière une seule idée rationnelle :
« Ce ne peut être que Raincourt qui m’a vendue ! »
Ce dernier mot, à la sinistre résonance, ne fait qu’accentuer son angoisse. Pourtant, elle doit une explication à sa fille. L’octogénaire, si fière habituellement d’évoquer les activités courageuses de son père pendant la dernière guerre, balbutie ces mots en baissant la tête :
— Tu sais bien que mon père cachait des juifs pendant la guerre… et ces Zimmerman en faisaient partie… !
— Mais comment Adrien a-t-il eu connaissance de ces gens ? rétorque Nathalie.
— Je ne sais vraiment pas !
C’est pourtant vrai. Ses gros yeux de myope cachés derrière ses épaisses lunettes continuent de fixer Michel Raincourt. Mais ce dernier oscille insensiblement la tête comme pour lui dire :
« Mais non, je n’ai rien dit à votre petit-fils ! »
Inexorablement, les souvenirs d’Alice remontent à la surface. Elle a si longtemps refoulé les évènements de ce fameux dimanche d’août 44. Mais maintenant… Le son strident de la sonnette retentit avec brutalité dans ses oreilles, le goût métallique du pistolet remonte au fond de sa gorge… et puis… l’image du nazi aux bottes rutilantes… cette feuille blanche… son père si rayonnant d’habitude qui se décompose littéralement devant elle face à la menace et l’horrible chantage… !
Dans le salon, le silence se prolonge. Il est seulement interrompu par le tic-tac trop régulier de la vieille horloge, seul vestige d’un autre temps. Mais la douleur trop forte au fond d’elle l’oblige à tenter d’arrêter le cours de ses pensées et à revenir à la réalité. Dans un sursaut d’orgueil, elle tente de redresser son corps malmené. Une réflexion s’impose à nouveau à elle :
« Il est impossible qu’Adrien soit au courant ! »
Le couple Delage scrute Alice.
— Maman, si c’est trop dur pour toi… !
Pas de réponse… De toute façon, Nathalie ne sait plus si c’est trop dur pour elle ou sa mère. Elle voudrait que cette interminable soirée se termine. C’est trop d’émotions ! De si longues heures passées depuis le matin au tribunal, toutes ces palabres judiciaires, ces regards curieux ou accusateurs portés sur elle ! Elle n’en peut plus :
— Allons ! Tu dois être fatiguée maman, moi aussi d’ailleurs ! reprend-elle.
Fatiguée à ne plus vouloir rien entendre de toute cette vieille histoire de meurtre, fatiguée de voir sur la table du salon ces étranges dessins d’Adrien si inexplicables mais qui sont pourtant si criants de vérité, fatiguée de voir sa mère si obstinément mutique devant cette liste de noms qui semblait l’effrayer.
— T’as raison ! murmure Alice soulagée de cette porte de sortie.
Elle tente à tout prix de fuir toute conversation sur cette famille. À quoi auraient servi toutes ces années de silence, de mensonge, de culpabilité refoulée pour en arriver là ! Elle jette un bref coup d’œil à sa montre :
— Et puis, il est tard, non ?
Marc Delage sent qu’il est temps de donner le signal de la fin de cette journée :
— Vous avez raison belle-maman ! La journée nous a tous secoués et ces dessins… ils doivent avoir une explication. Une bonne nuit de sommeil est nécessaire. On essaiera de comprendre quand Adrien sera disposé à nous parler !
Nathalie, le visage levé vers la chambre où s’était réfugié Adrien, rétorque d’une voix véhémente :
— Marc, j’ai déjà essayé ! Tu sais bien qu’il s’enferme dans son mutisme et que ça le met dans tous ses états !
Elle se souvient encore de ses cris gutturaux lorsqu’elle a voulu l’interroger sur l’origine du dessin accusateur.
— Eh bien… Laissons tout cela de côté pour le moment. On verra plus tard ! repend Marc, sentant sa femme encore très fragile.
Il repose son verre de champagne tiédi et se lève.
Michel Raincourt, pourtant, n’est pas dans le même état de lassitude. Son organisme est en ébullition, son esprit encore plus affûté et les longues années passées dans la police n’ont fait qu’exacerber son flair qu’il a toujours suivi d’instinct. Et en cette fin d’après midi, le champagne fait le reste car les fines bulles émoustillent encore plus sa curiosité. Pourtant, ces dessins n’ont toujours pas révélé leur explication. Et voilà que ce patronyme ZIMMERMAN apparaissait en lettres capitales ! Pourtant, la journée au tribunal ne s’était pas si mal terminée. Bien sûr, Nathalie n’a pas écopé d’une peine de prison et le couple, déstabilisé par toute cette triste histoire, semble s’accorder à reprendre le cours normal des choses, mais… voilà maintenant que tout se gâte devant l’inimaginable inscription de ces noms au destin si dramatique !
— Je peux garder ce papier ? demande-t-il, pris d’une inspiration subite.
D’un commun accord, Nathalie et Marc acquiescent d’un léger mouvement de tête. Après tout, ce ne sont que des noms ! Le détective n’interroge même pas Alice du regard. Il sait qu’elle approuve. Il imagine sa pensée : « Cette liste de noms ne doit pas tomber dans d’autres mains. » Il semble même deviner une lueur de soulagement dans ses yeux. Il se lève, prend son imperméable posé négligemment sur le dossier du canapé et s’incline devant elle en effleurant de ses lèvres une main flétrie veinée de bleu. Elle lui adresse un rictus qui se veut être un sourire et s’extirpe avec difficultés de son fauteuil :
— Voulez-vous bien m’accompagner jusque chez moi, monsieur Raincourt ?
— Naturellement, madame Moncoutier !
Même si l’ancien officier de police aurait préféré éviter cette confrontation, il s’exécute et l’aide à enfiler son manteau. Le couple Delage s’empresse d’embrasser Alice et de serrer la main au détective.
— On reste en contact, Michel ! Merci encore pour ton soutien et… si Adrien se décide à nous donner des explications, on t’en fera évidemment part !
Marc Delage connaît depuis bien longtemps la ténacité du policier qui ne lâchait pas une affaire sans l’avoir résolue.
— Je l’espère bien ! répond le détective en fendant son visage d’un large sourire.
— Bon, monsieur Raincourt, vous venez ?
L’assurance retrouvée de la vieille dame ne laisse aucune échappatoire à son interlocuteur.
— Bien entendu, madame Moncoutier, je vous suis !
Nathalie et Marc Delage les accompagnent sur le perron. Le jour commence à baisser. On peut apercevoir dans l’enceinte du parc, à demi cachée par les arbres, la petite maison où réside Alice depuis le mariage de sa fille.
— Tu as remarqué la drôle de tête de ta mère lorsqu’elle a vu les noms ? demande Marc.
Nathalie répond d’un air las :
— Oui c’est vrai. Mais je t’en prie, Marc, n’embrouille pas plus mes idées !
— Pardon ma chérie, tu as raison. Mais que ta mère est épuisante !
— À qui le dis-tu !
Ils se contemplent enfin avec douceur. Pour la première fois depuis bien longtemps, Marc se fait tendre. Il soulève avec délicatesse la chevelure opulente de Nathalie, lui caresse la nuque et de l’autre enserre sa silhouette fragile. Nathalie se laisse aller. Elle ferme les yeux, reconnaissante :
— Oh Marc ! dit-elle avec une voix qui se brise…
Trop d’émotions la submergent.
— La journée a été dure, mais maintenant, c’est fini. Oublions tout cela. Maintenant, on va repartir du bon pied et nous allons recommencer comme avant. Même mieux, tu verras. D’abord… Allons nous coucher ! chuchote-t-il.
— Oui, je n’en peux plus… Mais je ne sais pas si je vais arriver à dormir… tous ces dessins… ! s’inquiète Nathalie.
— Écoute, notre fils est bien étrange, mais ce ne sont que des dessins !
— Oui mais… c’est comme s’il photographiait des moments de ma vie… c’est comme s’il était moi… Et puis maman… j’avais l’impression qu’elle était elle aussi apeurée devant cette liste de noms. Ce n’est pas dans ses habitudes d’être effrayée ! Marc… Ça me fait peur tout ça !
Marc prolonge ses caresses. Il sait que Nathalie en a besoin. Lui aussi est déstabilisé. Lui aussi ne veut plus revivre ces dernières semaines précédant le procès, quand il refusait de lui parler, de la toucher, même de

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