Une vie de mensonges
179 pages
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Une vie de mensonges , livre ebook

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Description

Roger Ferris est à la CIA l’un des responsables de la lutte contre le terrorisme. Il revient d’Irak avec une jambe blessée et une mission en forme de défi : infiltrer le réseau d’un des grands chefs terroristes, connu sous le nom de Suleiman. Son plan reprend l’un des chefs- d’œuvre mis au point par les services secrets britanniques durant la Seconde Guerre mondiale : inventer un faux officier qui aurait réussi à recruter un agent dans les rangs de l’ennemi pour semer la discorde. Mensonges, faux-semblants, doubles et légendes : Ferris se retrouve embarqué dans un dédale inextricable. Il ne trouvera de soutien qu’auprès du si charmant chef des services secrets jordaniens. Mais peut-il lui faire confiance ? Qui trompe qui ? Qui tire les ficelles ?« Une fiction plus vraie que nature. Les agents de la CIA admirent Ignatius parce qu’il est l’auteur qui comprend le mieux les subtilités de leur métier. Fascinant ! » George Tenet, ancien directeur de la CIA. Éditorialiste au Washington Post, David Ignatius a longtemps couvert l’actualité liée à la CIA et au Moyen-Orient comme reporter ou correspondant. Il a publié plusieurs thrillers remarqués dont Nom de code SIRO, Le Scoop, La Banque de la peur, Le Magnat.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2007
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738179227
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cet ouvrage a été publié originellement par W. W. Norton & Compagny sous le titre Body of Lies © David Ignatius, 2007
© O DILE J ACOB , 2007, MAI  2008
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7922-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Eve
« Mystifier l’ennemi en l’induisant en erreur a toujours été l’un des principes cardinaux de la guerre. Des ruses de guerre de différentes sortes ont donc toujours joué un rôle dans la quasi-totalité des campagnes militaires depuis l’épisode du cheval de Troie, voire depuis une époque antérieure. Ce jeu se pratique depuis si longtemps qu’il n’est pas facile de concevoir de nouvelles méthodes pour dissimuler ses forces ou ses intentions. Il est par ailleurs indispensable de se montrer très prudent et très méticuleux dans la préparation et dans l’exécution de telles opérations, sans quoi, loin de tromper l’ennemi, elles ne font que vendre la mèche. »
Lord Ismay,
préface à L’Homme qui n’existait pas, 1953.
Il fallut presque un mois pour trouver le cadavre idéal. Roger Ferris avait posé des exigences très particulières : il voulait un homme d’une trentaine d’années, en bonne condition physique, blond de préférence, mais surtout de race blanche. Il ne devait présenter aucun signe évident de maladie ou de traumatisme physique. Aucune blessure par balle non plus. Cela aurait trop compliqué les choses par la suite.
Ferris se trouvait au Moyen-Orient la plupart du temps ; c’est donc son supérieur, Ed Hoffman, qui eut à s’occuper des détails. Hoffman était sûr qu’aux yeux de ses collègues il était impensable de s’occuper d’une telle mission sans en référer à une commission parlementaire. Mais il se trouvait aujourd’hui dans l’armée des gens auxquels on pouvait demander quasiment n’importe quoi : Hoffman contacta donc un ambitieux colonel de la section J2 du commandement des opérations spéciales sur la base aérienne de MacDill, en Floride, qui lui avait déjà été utile au cours de précédentes affaires. Il lui expliqua qu’il avait un service à lui demander, un service peu banal, qui plus est. Il fallait qu’on lui trouve un homme de race blanche, d’environ un mètre quatre-vingts, d’âge moyen, suffisamment musclé pour donner l’impression d’être un officier traitant, mais pas non plus au point de ressembler à un mercenaire. Le candidat idéal ne devait pas être circoncis. Et surtout, il fallait qu’il soit mort.
Trois semaines plus tard, le colonel dénicha un corps dans une morgue du sud de la Floride. Il avait fait appel à un réseau d’officiers en retraite, désormais employés par des entreprises de sécurité privée, qui ne l’avaient jamais déçu. Le cadavre était celui d’un homme qui s’était noyé en faisant de la planche à voile au large de Naples, en Floride. C’était un avocat de Chicago en vacances. Il était en bonne condition physique, les cheveux châtains, ne présentait aucune maladie et possédait un prépuce. Son nom était James Borden, il était âgé de 36 ans au moment du décès. Le corps convenait parfaitement, à l’exception d’un seul détail : dans deux jours, il allait être incinéré dans un funérarium de Highland Park, dans l’Illinois. Il fallait trouver une solution à ce problème. Hoffman demanda au colonel s’il avait déjà monté une opération en sous-main et celui-ci lui répondit que non, mais qu’il ne reculerait devant rien si nécessaire. Hoffman entendait rarement ce genre de déclarations à la CIA.
Ils se livrèrent donc à un jeu de bonneteau à deux cartes où les cartes étaient remplacées par des cadavres. L’un des corps fut chargé dans la soute d’un avion à Fort Myers et un autre en sortit à O’Hare. Le cercueil était identique. Mais l’homme qui se trouvait à l’intérieur était désormais un vieux monsieur de 78 ans, ancien cadre des assurances mort d’une crise cardiaque. Le colonel dépêcha un sous-officier au funérarium de Highland Park afin de s’assurer que personne ne décide au dernier moment d’exposer le corps au public. Ils avaient préparé une histoire au cas où un incident se produirait : une terrible erreur avait été commise par la compagnie aérienne, qui avait confondu les deux cercueils pendant leur transfert, mais à présent il était trop tard, car l’autre corps avait déjà été incinéré à Milwaukee. Ils n’eurent jamais à s’en servir.
Le corps de James Borden n’était pas la perfection, mais il s’en rapprochait. Le haut était musclé, même si le ventre commençait un peu à s’affaisser, et il présentait une légère calvitie au sommet du crâne. Il apparut qu’un de ses testicules n’était pas descendu. Plus Hoffman réfléchissait à ces imperfections, plus elles lui plaisaient. Elles constituaient la part de réalisme humain qui rendrait crédible l’ensemble de la supercherie. Un stratagème parfait comporte toujours quelques erreurs.
À ce corps, Hoffman rattacha ensuite une légende. James Borden disparut au profit de Harry Meeker. Ils louèrent à ce dernier un appartement à Alexandria, en Virginie, et le munirent d’une ligne de téléphone fixe et d’un mobile. En utilisant la photographie qui figurait sur le permis de conduire de Borden, établi dans l’Illinois, ils obtinrent un permis en Virginie, puis un passeport ; un employé des services administratifs se chargea d’imiter les cachets et les visas officiels. Pour la photo du passeport, Sami Azhar, un collègue de Hoffman, s’introduisit dans le site Internet du cabinet de Borden et obtint d’autres photos de lui qui avaient servi aux envois publicitaires.
Harry Meeker était censé travailler à l’Agence américaine pour le développement international, ils lui obtinrent donc une carte professionnelle de l’USAID. Ils lui firent également fabriquer des cartes de visite portant son numéro de poste personnel. L’indicatif qui y figurait était correct – le 712 –, cependant lorsqu’on appelait ce numéro, on n’entendait pas la voix d’une véritable secrétaire mais celle de quelqu’un qui était chargé de couvrir Meeker. Ils attribuèrent à Meeker une place de parking sous le Ronald Reagan Building, sur Pennsylvania Avenue, et glissèrent dans son portefeuille une carte sur laquelle figurait le numéro de la place au cas où il l’aurait oublié. Jusque-là, rien de bien compliqué : c’était le travail habituel auquel se livrait la CIA lorsqu’elle élaborait une couverture. À présent, ils devaient faire de Harry Meeker une vraie personne.
Tout d’abord, il fallait lui trouver des vêtements. Hoffman se souciait peu de la mode et portait ce que sa femme lui choisissait chez Target ; ce n’est donc pas lui qui se chargea du shopping. On envoya Azhar chez Nordstrom : la marque, élégante mais aussi confortable et pratique, semblait bien correspondre au profil de l’homme ambitieux du nord de la Virginie qu’ils avaient créé. L’image mentale qu’ils s’étaient formée de Harry Meeker était celle d’un agent de la CIA plein d’avenir employé à la section antiterroriste du quartier général, un homme en milieu de carrière qui aspirait à se faire remarquer sur un gros coup, un homme intelligent qui avait d’assez bonnes connaissances en arabe et assez de jugeote pour traiter une affaire délicate. Ils ne savaient pas encore exactement où finirait le corps, mais ils pensaient à un endroit situé le long de la frontière du Pakistan, où il pouvait faire froid. Azhar acheta donc une veste de mi-saison, un pantalon en laine à pinces de marque Dockers, une chemise blanche, mais pas de cravate, une paire de chaussures à semelles caoutchoutées pouvant être portées en ville et pour la marche. Il fit nettoyer plusieurs fois les vêtements au pressing de manière à faire disparaître l’apprêt du neuf, mais les chaussures posaient problème. Elles paraissaient trop neuves, même après avoir été délibérément éraflées. Il fallait qu’on ait l’impression que de vrais pieds avaient transpiré dans ces chaussures. Azhar les porta pendant une semaine, avec une seconde paire de chaussettes pour ne pas attraper d’ampoules.
Quant à la vie privée de Harry Meeker, à quoi ressemblerait-elle ? Ferris avait déjà décrété qu’il devait être divorcé : selon l’opinion générale, un agent de la CIA devait forcément être un type qui avait quitté sa première femme et qui maintenant baisouillait à droite à gauche. Pour faire accroire le divorce, Azhar rédigea une lettre signée d’un avocat représentant l’ex-femme imaginaire de Meeker, « Amy », qui lui demandait d’envoyer désormais sa pension à une nouvelle adresse et lui recommandait de ne pas contacter Amy personnellement. Meeker était-il un salopard ou bien sa femme était-elle partie avec quelqu’un d’autre ? Les deux versions étaient crédibles.
À présent, Harry Meeker avait besoin d’une petite amie. Elle devait être jolie, sexy même. Tout le monde avait vu des films de James Bond, y compris les djihadistes ; il ne faisait donc pas de doute qu’un véritable espion américain devait se taper un canon. Hoffman voulait que Meeker porte sur lui la photo d’une blonde à gros seins en bikini, mais Azhar objecta que le genre Pamela Anderson sentirait trop le coup monté. Il fallait qu’elle soit sexy, mais il fallait aussi qu’elle puisse travailler pour l’Agence. Ferris eut soudain une idée de génie : il fallait que la fille soit une Afro-Américaine. C’était suffisamment improbable pour être entièrement crédible. Hoffman proposa sa secrétaire, une beauté à la peau chocolat et au sou

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