Un secret bien gardé
256 pages
Français

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Description

Le décès inattendu du curé de la cathédrale de Ngola n'aurait pas été aussi énigmatique si son corps ne s'était pas retrouvé dans la chambre de sœur Clémence. Face à l'absence de tout indice, l'officier Christophe Pem se heurte au silence de la religieuse. Elle émet cependant le vœu de se confesser auprès du très intimidant évêque de la métropole, Mgr Bilbao. Seulement, elle est kidnappée depuis l'hôpital où elle se remet de son choc. La piste du complot se dessine, lorsqu'elle est retrouvée vadrouillant sur une route. Elle décide alors de se séparer de sa croix et de rompre le serment qu'elle avait fait quarante-sept ans plus tôt. Aidé par l'inapprivoisable Océanie Douma et l'impulsif inspecteur Luc Benji, Christophe parviendra à surmonter ses angoisses et ne se vouera plus qu'à son instinct...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414053889
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05386-5

© Edilivre, 2017
I Cataclysme chez les clercs
Le visage de Sœur Clémence se refrogna sous l’effet de la surprise. Quelqu’un avait-il ouvert la porte de son logis pendant qu’elle était dans l’oratoire ? Elle s’arrêta quelques secondes. Elle n’avait pas pu omettre de refermer après elle, tenta-t-elle de se souvenir en regardant dans toutes les directions.
Au sein des dortoirs des prêtres, il n’y avait aucun mouvement. Aucune présence n’était visible. Hormis les chants d’oiseaux dans les arbres, à cette heure de la matinée que le soleil commençait à illuminer, tout semblait encore endormi. Il était sept heures quarante. D’intrigantes traces de déplacement partaient de l’escalier jusqu’à l’intérieur de sa chambre. Capturées dans la poussière depuis peu, elles se mêlaient à celles des mocassins, qui recouvraient ses pieds. Bizarre, songea-t-elle en réajustant ses lunettes.
Chargée de diriger la prière du chapelet tous les lundis dès six heures, Clémence enrôlait avec la messe de six heures trente qui durait une heure. Il fallait que quelqu’un ignore ce programme de sa journée pour décider de lui rendre visite de si tôt, résuma-t-elle en haussant ses épaules. Elle poussa du bout de doigts le poignet, mais le battant en bois d’acajou résista à la faible pression. Un obstacle empêchait l’ouverture de la porte. D’une main ferme cette fois-ci, elle redoubla d’effort, et s’arrêta sous l’insistance de la résistance. C’était aussi immobile et lourd qu’un morceau de rocher, s’étonna-t-elle en se débarrassant des documents liturgiques qui occupaient sa deuxième main. Elle les posa par terre, sur les marques de pas qui déjà, la préoccupaient moins. Plus résolue que jamais, elle poussa de toutes ses forces, et la porte partit avant de revenir se fermer dans un bruit presque sourd. Il était nécessaire qu’elle voie ce qui retenait le passage, cogita-t-elle en cherchant sans difficulté l’interrupteur va-et-vient. Sa main passa sans heurt. Il ne lui restait plus qu’à jouer avec ses larges épaules et à tenir son ventre contracté pendant quelques secondes, ce qu’elle fit sans s’énerver.
La tête de Clémence glissa à peine dans la minuscule encolure, que sa nuque, dans un mouvement de retour hâtif, heurta le cadre par deux fois avant de se dégager. Assommée, elle crut qu’elle manquait d’air. Elle se dégagea et ne put s’empêcher de tomber sur les livres et les brochures dont elle s’était auparavant débarrassée.
« Angel ! Mon fils ! Jésus, Marie et Joseph ! » hurla-t-elle en tentant de se relever. « Le Curé est mort… Il est mort, le Recteur… » cria-t-elle à tue-tête, comme une forcenée.
Dans le scandale de sa propre voix, elle entendit une porte s’ouvrir, ensuite une autre, et puis des pas.
– Qu’est-ce qui t’arrive, Clémence ? Il est où Monseigneur Angel ? intervint l’Abbé Gérard qui le premier, sortit de sa chambre.
– Que se passe-t-il ma Sœur ? demanda l’Abbé Théophile accouru à son tour.
– Je ne sais pas… Je ne sais pas mon fils, répondit la nonne entre un sanglot et un cri étranglé. Le corps du Curé est là, ajouta-t-elle. Monseigneur Angel ne bouge pas. Il est mort… il est mort…
– Où est-il ? haleta Gérard en écrasant sous ses pas le livre des cantiques.
Derrière la porte entrebâillée de la chambre de la religieuse de soixante-un ans, le Curé gisait. Un filet de sang grumelé émanait d’une de ses narines. Sa posture, ses yeux retournés et l’absence de tout mouvement apparent indiquaient clairement qu’il était décédé.
– Comment il s’est retrouvé là ? sonda Gérard en dévoilant sa consternation. Je veux regarder s’il respire, proposa-il de façon impulsive.
– Il faut forcer le passage mon fils, avertit Clémence. Je n’ai pas réussi à rentrer là-dedans.
– C’est très étroit en effet, approuva Théophile en considérant les rondeurs de son camarade. Comment tu vas t’y prendre ?
Avant que Clémence ne se soit écartée de la paroi, Gérard se précipita. Il joua d’abord de ses mains, appuyant avec une fermeté peu constante la porte, jusqu’à ce qu’il comprenne que ça ne marchait pas.
– Vaudrait mieux ne pas utiliser les méthodes douces si nous voulons accéder, suggéra-t-il en s’arrêtant. Joignons nos forces et ensembles, poussons.
– Gérard a raison Clémence. Relève-toi et tiens-toi à l’écart, moi je vais bousculer avec lui.
– Allez-y mon fils. Je vous laisse faire. Jésus, Marie et Joseph, ne m’abandonnez pas je vous en supplie, adjura la femme.
Dès qu’ils parvinrent à l’intérieur, Gérard se baissa puis saisit instinctivement la main du Curé pour sentir son pouls. Rien, renvoyèrent comme un indicateur, les rides spontanées sur son front fuyant. Pourtant, il ne s’arrêta pas sur cette évidente conclusion. Il avait dans un passé récent suivi des cours de secourisme, peut-être, y avait-il quelque chose à faire…
Agé de soixante-huit ans, le vieux Vicaire occupait depuis peu la fonction d’administrateur apostolique. Il se mit à explorer de ses doigts pansus les points essentiels de la victime pour dénicher un quelconque signe de vie. Avec un trouble contenu. On le vit froncer ses sourcils, pincer ses lèvres, s’attarder sur certains gestes… Cet effort qui dura quelques minutes finit par s’avérer vain, admit-il en libérant ses genoux qui l’avaient soutenus tout au cours de cette inquisition. Il recula de deux pas, poussa en dehors de ses poumons une bouffée qui était restée comprimée, afin de retrouver le rythme de sa respiration. Résigné, il secoua la tête comme pour confirmer ce qui se savait déjà. Mais tout d’un coup, une voix émergea de la foule animée qui s’était dès lors agglutinée autour de la chambre.
– Eloignez-vous du corps, ordonna un homme qui vit tous les regards converger vers lui.
– Etes-vous de la police ? demanda Théophile qui n’avait aucune idée de qui était le donneur d’ordre.
– Non, infirma l’intrus.
L’individu d’une trentaine d’année se tenait maintenant à quelques pas du corps du défunt. Il était vêtu d’un pantalon jeans bleu qu’il avait souvent dû laver à la brosse. La pâleur et la ruine du tissu donnaient cette impression. Un tee-shirt marron, une casquette noire et des tennis de course donnaient à cet homme une apparence de travailleur de chantier. Pourtant, à l’écouter, on croyait entendre un homme de loi ou même un académique qui savait exactement ce qu’il disait.
– Vous n’êtes pas sans ignorer, poursuivit-il, que certains détails pourraient attirer une certaine attention, si une enquête devait être faite.
– Une enquête… réalisa brusquement Gérard en regardant s’éloigner l’homme.
Cette idée n’avait à aucun instant effleuré ses pensées. Les histoires de l’église avaient toujours été traitées au sein de l’église qui avait la décision d’informer ou non la communauté. Mais là, qu’allait-il se passer à présent que comme une trainée de poudre, la nouvelle allait se répandre ? Monseigneur Bilbao, l’Evêque en charge du diocèse, allait-il informer les médias avant la police ?
– Jésus, Marie et Joseph… continuait de beugler Clémence. Le Curé ne respire plus. Il est mort. Il est mort le Curé…
La voix de Clémence que l’on connaissait très forte d’ordinaire, commençait à perdre de son tonus. Ses lamentations se mêlèrent vite à celles des autres capucines présentes sur les lieux, les Sœurs de la Confrérie des Filles de Marie. De véritables crieuses, avec cet aplomb spectaculaire qui caractérise les pleureuses de Ngola.
L’émotion qui restait très vive laissait peu à peu sa place à la consternation générale. La consistance de la nouvelle qui s’était abattue sur la Cathédrale des Saints Trophées de Ngola était aussi écrasante qu’inaccoutumée. La mort avait frappé chez les clercs. Cela n’avait rien de particulier, mais une chose restait quand même biscornue autour des circonstances de cette passade.
Comment le corps sans vie du Recteur se retrouvait-il, non pas dans sa chambre, mais plutôt dans celle de Sœur Clémence ? Ça, c’était le genre d’évènement qui ouvrait les interprétations de tout genre. Les fidèles arrivés pour la première messe de la journée étaient tous là, dans une attitude de sinistrés. Ils semblaient réellement décontenancés. Ils furent vite rejoints par une foule de curieux qui venait d’un peu partout.
La Cathédrale était située au cœur de la ville de Ngola. On pouvait l’apercevoir de loin en fonction de sa position dans la cité. Sur une circonférence de mille mètres, malgré le fait qu’elle avait avec les développements urbains, été plongée dans l’ombre des hauts immeubles. Aussi, comme elle restait juchée sur un axe principal, tout le monde passait par là. Ceux qui n’y étaient jamais entrés avaient décidé de faire une exception ce matin. Comme des mouches attirées par la puanteur, ils continuaient d’arriver par dizaines. Chacun y mettait un peu de sa logique, pour parvenir à une approche de ce qui se serait passé. On avait tendance à dire à Ngola, que les gens avaient la capacité de lire le courrier dans son enveloppe. En d’autres termes, tout le monde analysait ce que tout le monde faisait, et tirait ses propres conclusions.
– Je vais prévenir l’Evêque tout de suite avant toute autre implication, suggéra tout d’un coup Théophile.
Il semblait sortir enfin de son engourdissement. Il réfléchit un moment avant de filer vers le secrétariat.
– Mes enfants, le moment est venu de s’éloigner de la dépouille de notre cher Curé, annonça Gérard en accompagnant ses propos d’un mouvement répétitif de ses bras. Je vous prie de ne plus vous en approcher, jusqu’à ce que Monseigneur Bilbao vous l’autorise. Ecartez-vous s’il vous plait, ajouta-t-il en essayant de repousser les personnes agglutinées. Gardez votre foi intacte, les encouragea-t

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