Un observateur parmi nous
170 pages
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Un observateur parmi nous , livre ebook

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Description

Antoine, homme vieillissant, voûté et blanchi par les ans, erre dans un parc avec son chien Pleinevie, ébouriffé comme lui. Il observe et écoute des bribes de conversation. Tony, un petit garçon de 8 ans vient lui tenir compagnie. Antoine va réunir toutes ces personnes croisées afin qu'elles échangent leurs points de vue sur la vie. On découvre les misères que l'existence leur a infligées, les écueils rencontrés, les espoirs, les ambitions, les angoisses, et les bonheurs ainsi que les difficultés familiales et intergénérationnelles. À regarder le monde, souriant et réconfortant, il apporte beaucoup aux autres, et ces derniers le lui rendent bien. Son cœur déborde d'affection, il passe de l'état d'observateur à celui d'acteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332613349
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-61332-5

© Edilivre, 2015
Merci à tous les relecteurs, notamment à :
Gérard, Anne Sophie, Jean-Albert, Laurence, Christine, et Natalie.
Premières observations
Antoine, les cheveux blanchis par la vie et la barbe assortie, pose en permanence ses yeux verts sur tout ce qui l’entoure. Appuyé sur sa canne, il se voûte de plus en plus, comme si le poids des ans voulait le rapprocher de sa future demeure : sous terre. Gardien d’un petit immeuble situé à proximité du parc, il dort au rez-de-chaussée dans une petite loge où il rend régulièrement service aux locataires, aux copropriétaires et au voisinage. Peintre amateur, il stocke ses aquarelles là où il peut. Retraité, il a gardé son âme d’artiste bohème et a toujours plaisir à s’assoir sur le banc central du jardin où il a pris racine, comme le chêne aux feuilles caduques devant lui qui l’a vu naître. Son chevalet portatif en bois à trois pieds n’est jamais loin. Toujours assis au même endroit, Antoine recherche la magie de la vie dans les couleurs en peignant tous les jours le décor qui l’entoure et les scènes de la vie qu’il observe. Il ne compte plus le nombre de toiles peignant les couleurs chatoyantes du lever au coucher du soleil, si différentes les unes des autres selon les saisons. Sur ces toiles, on distingue le chêne au bois dur, si résistant aux insectes, aux champignons et à forte teneur en tanin. Dire que l’écorce a permis durant de nombreuses années de créer des bouchons de liège, et le tanin à préparer le cuir ! L’arbre, ainsi que la statue moulée en bronze en face de lui ornent ses aquarelles et sont tous deux ses sujets de méditation. Il a également immortalisé à de nombreuses reprises la fontaine au loin, de laquelle l’eau de source jaillit par un conduit souterrain. Son robinet est en cuivre, protégé par les arbres. Il doit être rénové prochainement.
On peut dire qu’il passe ses journées dans le triangle d’or de ce grand parc qui offre de nombreuses possibilités de loisirs. En contrebas, il est parcouru par de grandes allées ombragées. Dans un coin, on aperçoit des bosquets constitués de diverses essences, dans un autre des haies taillées, et par ci par là des jardins vallonnés qui agrémentent les pelouses. Dans le bassin, des promeneurs peuvent contempler des poissons rouges, des carpes et des canards.
Les immeubles aux alentours transforment le quartier en un petit village traversé par un petit escalier.
Outre la peinture, Antoine à d’autres plaisirs, notamment celui de réconforter les passants, de boire du pastis et de promener son chien, Pleinevie, un bichon maltais blanc, affectueux, calme et intelligent. On entend souvent « tel chien, tel maître » – à moins que ce ne soit l’inverse – et cela se confirme quand on voit le chien courir : blanc, poilu et ébouriffé, il est reconnaissable de loin et aime qu’on le caresse, que ce soit dans le sens du poil ou pas.
Un voisin nommé Marc a offert au vieil homme une canne gravée à ses initiales au cas où on la lui emprunterait par erreur. Comme s’il existait encore un homme ou une femme dans ce jardin qui ne connaisse pas Papi Antoine et son chien ! Ils appartiennent tous deux au décor près de ce banc vert qui a déteint sur le pantalon d’Antoine, devenu olivâtre avec le temps.
Antoine et Marc considèrent cet endroit comme un havre de paix. De ce lieu stratégique, ils ont une vue à 360 degrés sur le monde environnant. La carte de la table d’observation est devenue invisible ; elle a été dévissée. Le paysage du jardin, lui, ne peut pas être volé, il appartient à tous les promeneurs.
Maintenant qu’Antoine a trois pattes, c’est lui qui tend à ressembler à son bichon. Peu coiffé, le vieil homme est devenu l’observateur du quartier ; il ne se lasse pas d’errer dans le grand jardin dont il s’est approprié le banc principal. Il se déplace le plus souvent avec son chevalet, et sa canne. Orphelin depuis longtemps, son activité préférée – quand Pleinevie, qui n’est jamais loin, est essoufflé, à moins que ce soit Antoine qui s’assoit pour reprendre son air – est désormais d’observer son environnement et de le peindre.
Un peu sourd, Antoine est presque toujours muni de son appareil auditif. Afin de mieux capter les paroles du monde qui l’entoure, il enveloppe régulièrement son oreille droite de sa main, en tournant la paume vers les interlocuteurs comme s’il disposait d’un haut-parleur. Son appareil a beau faire partie de lui, ces derniers temps il l’oublie de plus en plus à son domicile. Comme il n’exerce plus depuis de nombreuses années son travail de commercial, il passe son temps sur le banc qui semble avoir déteint sur ses yeux verts. Le ciel aussi se reflète dans la flaque d’eau proche du banc.
Anthony, un petit garçon surnommé Tony ou Tonio, habite tout près de là. Quand il n’est pas à l’école, il aime regarder Antoine peindre. Aujourd’hui, il profite du soleil en jouant avec ses petites voitures. L’aire de jeux entre les haies d’arbustes n’est pas loin. Il va y faire du toboggan et de la balançoire avec d’autres enfants. Antoine utilise souvent la petite cabane de l’aire de jeu pour stocker une partie de son matériel. Tony laisse également ses jeux dans cette caverne d’Ali Baba.
Tony s’assoit face à la fontaine, devant le café, près du vieil homme et de son chien.
– J’ai huit ans.
Et alors ? Antoine a eu huit ans aussi. Ça arrive à des tas de gens, rien d’exceptionnel.
Tony ne voit pas bien quoi dire d’autre à son sujet, alors il ne dit rien. Puis, au bout d’un moment, de s’être ainsi confié au vieux monsieur, il se sent suffisamment confiant pour lui demander :
– Je peux promener Pleinevie ?
– Bien sûr, mais ne me le perds pas ! Profites-en pour me mouiller mes pinceaux à la fontaine, et me ramener de l’eau dans mon godet s’il te plaît.
Tony, content de se dégourdir les pattes, s’éloigne avec le chien – que quelqu’un ramènerait forcément s’il le perdait ; d’ailleurs Pleinevie retrouverait tout seul le chemin du banc. Il a plaisir à éclabousser les passants dans les flaques d’eau. Il vient justement de se secouer, et fait fuir ceux qui sont passés là au mauvais moment.
Usé par les années, Antoine a perdu l’énergie qui le caractérisait, ses articulations le font souffrir. Il ne se déplace plus aussi facilement que par le passé. Il conserve les idées claires, même si des souvenirs viennent parfois assombrir son humeur. Comme Antoine est toujours tourné vers les autres, les gens qui circulent autour de lui ont plaisir à se confier à lui. De bon conseil, il est toujours à l’écoute, jusque dans la vie intime.
Ce matin, il fait frais. C’est le premier jour du printemps, le jardinier municipal parcourt le jardin muni de sa brouette et tond régulièrement l’herbe sous l’œil désabusé d’Antoine. Il détruit ainsi les petits boutons d’or qui avaient juste fait leur apparition. Ils parlent tous deux des saisons qui se suivent ainsi que de la pluie et du beau temps. Les feuilles recouvrent les tilleuls et les magnolias. Le chêne, âgé de plus de cinq cents ans, et dont le feuillage a également fait son apparition, continue de croître. Sa taille est exceptionnelle. Ses fleurs, qu’on surnomme chatons, apparaissent.
Antoine a installé son chevalet, et les pinceaux se déplacent de haut en bas par touches successives sur le papier blanc. Les couleurs s’intensifient, et se diluent. Les détails et les dégradés apparaissent. Les couleurs fusionnent, les effets se fondent, les godets se vident, les tubes durcissent et sèchent.
Hommes et femmes s’asseyent régulièrement sur le banc, se confient à Antoine, puis retrouvent le sourire. Ils regardent les couches se succéder et les bâtonnets épaissir le trait. Le fond blanc n’est plus visible que sous les couleurs. L’épaisseur du grain satine finement et rigoureusement le décor. Les dépôts pigmentés sur les toiles laissent apparaître le rendu des motifs de la fontaine, du chêne et de la statue qu’il aime tant contempler et qui symbolise bien l’homme en train de méditer, semblant face à un dilemme. Antoine est fier de lui chaque fois qu’il peut réconforter les passants assis là et qui reprennent souvent goût à la vie. Son plus grand regret reste de ne pas être devenu psychologue. Sous les nuages, l’observateur au cœur d’artichaut découvre les cœurs des gens qui l’entourent.
À chacun sa façon de s’asseoir, que ce soit sur le milieu ou sur une des extrémités du banc. Certains ne posent qu’une fesse, l’autre dépassant alors dans le vide. Antoine et Tony observent ; seuls ou accompagnés, certains posent leur canne avant leur postérieur, d’autres se laissent tomber sur le banc vert avant de découvrir qu’ils ont déposé leur arrière-train sur le journal du jour. Leurs pantalons clairs donnent le change, et transforment la couleur originale. De la terrasse du café, on peut contempler le manège, non pas celui réservé aux enfants, mais celui des courbures de dos, des assises et des levées.
Du banc, bien ancré dans le sol qui peut ainsi accueillir tous les poids et toutes les morphologies, tous contemplent, dans leur ligne de mire le paysage qui les entoure. Grâce à la fontaine au fond, tout coule de source. Bercé, on peut rentrer chez soi les mains propres en oubliant la pression de la journée.
Hier, ils étaient cinq sur le banc, tous collés les uns aux autres, regardant au loin, presque dans la même direction à quelques degrés près. Certains se courbent, comme pour prier, d’autres se recroquevillent sur eux-mêmes. Antoine distingue même des personnes qui s’assoient de profil, une jambe pliée de chaque côté de la planche de bois. Les nourrices promènent les bébés en les berçant dans les poussettes avant de s’a

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