Un goût d inachevé
228 pages
Français

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Un goût d'inachevé , livre ebook

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Description

A cette heure tardive dans le sous-sol parisien, Benoît fut tellement surpris de se
rencontrer lui-même, avec trente ans de moins, qu’il laissa partir son double sans
chercher à le suivre. Et le métro poursuivit son parcours.

Parmi ses souvenirs, celui d’Alix s’imposa immédiatement car aucun n’eut l’intensité de
leur histoire d’amour. D’autres viendraient sans doute et Benoît savait qu’ils ne
seraient pas tous agréables. Il revivrait nécessairement des scènes pathétiques,
volontairement occultées car il ne parvenait pas à les interpréter.

Le souvenir d’Alix, en revanche, lui parut reposant mais empreint d’un goût d’inachevé et
d’un certain mystère, celui du jour où, il en était persuadé, il la reverrait.
L’apparition de son double en constituait peut-être la clé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mai 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332596833
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-55065-1

© Edilivre, 2013
Dédicace
A ma mère
Citation


On ne se refait pas.
Mais chaque jour de la vie offre l’occasion de prendre son destin en main.
Chapitre 1
Pour la troisième fois, Benoit regarda discrètement la pendule posée sur la cheminée Louis XV du bureau du directeur général. 22 h 00. Cela faisait maintenant deux heures que la réunion avait commencé et il n’en voyait pas la fin. En début de soirée, ce vendredi, pensant que sa semaine était terminée, après avoir éteint son ordinateur, mis de l’ordre dans ses dossiers et enfourné le tout dans l’armoire forte de son bureau, il se préparait à partir quand son chef avait surgi pour le prier de l’accompagner à une réunion de dernière minute dont le sujet ne rentrait pas dans le champ de ses compétences. Une fois de plus, il s’agissait d’une lubie de M. Gauthier qui ne voulait pas s’y rendre sans collaborateur, sous le prétexte fallacieux que les autres directeurs ne venaient jamais seuls. De toute façon, comme d’habitude à cette heure-ci, il ne restait plus que lui dans les couloirs, donc son chef n’avait pas le choix… et lui non plus.
22 h 15 : chez lui, ses invités en étaient sans doute au dessert et Aurélie, son épouse, devait ronger son frein. Au lieu d’être parmi eux, Benoit assistait à une réunion interminable, faisant une nouvelle fois la potiche et constatant que Gauthier ne faisait décidément pas le poids devant ses homologues. Ce qu’il craignait le plus était de devoir répondre à sa place comme il avait déjà dû le faire à la suite d’une de ses incompréhensibles mais mémorables déficiences. Ce jour-là, s’emberlificotant dans ses réponses, Gauthier avait montré à tout l’aréopage présent, s’il en était encore besoin, qu’il était incapable d’appréhender l’ensemble des dossiers sensibles de son service – on ne fait pas longtemps illusion face à des Polytechniciens ou des diplômés d’HEC dirigés par un major de l’Ecole nationale d’administration. Le directeur général, comprenant que Gauthier n’avait rien de concret à proposer, s’était retourné contre toute attente vers le jeune ingénieur qu’il savait capable d’idées novatrices et lui avait demandé son avis. Bien que surpris, Benoit ne s’était pas démonté et avait émis l’idée d’une approche différente du sujet traité qui avait plu et sauvé la mise de son service… et de son chef en même temps.
Mais ce soir, Benoit était bien incapable de répondre à une seule question. Deux soucis le préoccupaient : le premier était qu’il lui serait impossible, en cas de nouvelle sollicitation, de proposer quoi que ce soit sur un sujet qui lui était totalement étranger, avouant ainsi implicitement que sa présence n’avait pour objectif que de faire nombre, au risque de compromettre Gauthier ; le second était qu’Aurélie allait inévitablement lui tenir rigueur d’une nouvelle absence à un dîner à la maison. Il décida qu’il n’accepterait plus de lancer ou d’accepter des invitations le vendredi soir, étant donné le manque de visibilité sur ses soirées dans de telles conditions.
Un mois auparavant, encore un autre vendredi, le directeur général l’avait convoqué avec son chef à une réunion à 16 h 30. Repoussée à cinq reprises, celle-ci avait débuté à 21 h 45 pour se terminer à 23 h 30. Et il avait fallu synthétiser les débats par un document nécessitant encore deux heures de travail. En partant, son chef lui avait dit un superbe « à demain ! » et Benoit avait compris que son week-end allait de nouveau être amputé du samedi. In fine , il était rentré en taxi, à ses frais, et avait trouvé la maison silencieuse et son épouse couchée. Le plus dur avait été de se lever tôt le lendemain matin, sans pouvoir prévenir qui que ce soit de cette nouvelle journée de travail autrement qu’avec un mot sur la table du salon. Evidemment, le résultat ne s’était pas fait attendre : le soir, en rentrant, il avait trouvé un mot lui annonçant que son épouse était sortie avec des amis… Ce genre de communication conjugale tendant à se multiplier, il entrevoyait de futures grosses difficultés au sein de son couple si une telle situation perdurait. Et Aurélie ne comprenait pas que ces samedis perdus étaient une vraie galère pour lui, tant le rythme était soutenu, avec pour seule consolation l’autorisation bienveillante de n’avoir pas à porter de costume-cravate ce jour-là. De surcroît, pour éviter de revenir le dimanche, tout le monde s’animait tant et si bien que le samedi s’avérait souvent non stop, personne n’ayant une minute à consacrer aux repas. Benoit se demandait alors si ses interlocuteurs savaient qu’un corps humain a besoin d’être alimenté pour produire du travail de qualité…
Tout en feignant de s’intéresser aux propos tenus ça et là, Benoit songea que son poste, tout en étant particulièrement enrichissant, commençait à lui peser et il sentit qu’il ne devait pas faire de vieux os dans cette direction ô combien exigeante. D’une part, ces longues soirées passées au bureau menaçaient l’équilibre de son ménage, d’autre part son destin lui échappait, et il ne le supportait pas. Sa carrière valait-elle une rupture conjugale ? Il disposait beaucoup de marge de manœuvre dans le cadre de ses activités professionnelles mais aucune au sein de son couple. Au bureau, il croyait dur comme fer qu’il pouvait influer sur le cours des travaux et orienter les décisions. Il avait à sa charge plusieurs projets ambitieux en attente et ne perdait pas une occasion de faire passer des messages concrets quand on lui demandait son avis. Son métier le passionnait, il y consacrait l’essentiel de son temps et ne comptait pas ses heures, maîtrisant particulièrement bien les dossiers qui lui étaient confiés et ayant des notions saines sur ceux que son service traitait, hormis certains très spécifiques dont celui à l’ordre du jour de la présente réunion. Mais tout cela valait-il d’y perdre femme et enfants ? Ainsi, s’il avait une vision claire de son univers professionnel, celui de son foyer avait tendance à lui échapper, tant ses absences et ses coups de fatigue à la maison autorisaient son épouse à prendre nombre de décisions importantes. Certes, elle avait la tête sur les épaules et comme ils partageaient les mêmes conceptions, notamment en matière d’éducation des enfants, Benoit lui faisait une entière confiance. Cependant, il arrivait à Aurélie d’oublier de le consulter ; pour éviter de rappeler son trop-plein d’activité et laisser croire à une supposée désaffection des choses familiales, il laissait passer. Finalement, il se trouvait de fait mis à l’écart. Etait-ce dès lors un phénomène passager ou une orientation ferme modifiant durablement l’équilibre de son foyer ? Cela, il ne pourrait le vérifier qu’en changeant de mode de vie mais ce n’était pas à l’ordre du jour.
22 h 30. L’heure tournait et il n’avait toujours pas ouvert la bouche. Tant mieux car il aurait été bien embarrassé de dire quoi que ce soit ! Subitement, il entrevit un piège, un piège grossier tendu par ses collègues ! Certes, il avait remarqué qu’ils se montraient parfois jaloux d’une certaine préférence affichée par Gauthier mais il n’avait pas cherché à s’en défaire, d’autant qu’il était le seul à rester tard le soir au bureau. Aussi, il savait pourquoi ils se cachaient quand les échéances approchaient, en particulier les réunions de calage. Ils n’espéraient peut-être qu’une chose, qu’il chute ! Mais il ne les contenterait pas sans réagir. Il ne se laisserait pas faire. Pour éviter d’être pris à défaut, Benoit mit alors toute son énergie à saisir ce qui se disait autour de la table pour être capable, le moment opportun, de glisser éventuellement une idée et le piège se retournerait contre ses détracteurs… jusqu’à la prochaine réunion. Las, il se rendit surtout compte qu’à suivre cette ligne, il allait rapidement faire le travail des autres et qu’à la longue, il ne parviendrait qu’à repousser l’échéance. Encore fallait-il trouver cette idée… Et puis tout cela n’était-il pas un fantasme ou tout au moins une crainte injustifiée ?
Dès son arrivée dans sa nouvelle direction générale, en raison de sa formation – elle plaisait à Gauthier puisqu’il avait suivi la même, il s’était fait abuser comme un enfant de chœur mais s’en était plutôt bien sorti. Immédiatement sollicité pour reformuler une étude effectuée par deux des collaborateurs les plus anciens de sa division, il y avait apporté une touche personnelle en modifiant la forme du document, en remplaçant un terme par un autre, de telle sorte qu’elle s’était avérée moins technique, plus claire, in fine plus convaincante. A sa lecture, un proche conseiller du directeur général, surpris du niveau de qualité atteint cette fois-ci par un service dont il connaissait la valeur très moyenne, avait demandé de qui elle émanait. Et Gauthier avait donné le nom de Benoit, un sourire aux lèvres car heureux de montrer les qualités de sa nouvelle recrue. Les collègues de Benoit en avaient pris ombrage et avait dénoncé le principe, en sa présence, dans le bureau du chef. Ce dernier n’avait pas pris ses responsabilités, essayant de noyer le poisson, n’indiquant pas clairement qu’il était à l’origine de la décision et Benoit avait dû s’expliquer seul. Identifiant très vite la duperie dont il avait été l’objet et comprenant que l’humilité plus que l’affrontement règlerait l’affaire, il avait tenu des propos apaisants qui avaient calmé les esprits, les rédacteurs de la note sachant pertinemment d’où venait l’ordre. Ils s’étaient donc quittés fâchés mais pas brouillés. Benoit avait su, plus tard, que tous les débutants étaient soumis à un travail de rédaction, sorte d’examen d’entrée dans le service fait pour jauge

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