Un été en Albanie
112 pages
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Un été en Albanie , livre ebook

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Description

Caroline s'apprête à passer de longues vacances dans sa seconde résidence, en Ombrie, en compagnie de sa fille, Lola. Ensemble, elles redécouvrent, comme chaque été, les lieux et les sentiers qui leur sont chers, dont une vieille maison en ruine qu'elles ont baptisé « leur maison ».

Sur place, une mauvaise surprise les attend. Elles ne sont pas les seules à avoir occupé les lieux, et les nouveaux locataires ont laissé des traces perturbantes de leur passage.

De fil en aiguille, les vieux murs livreront une partie de leur mystère. Un bien lourd secret qui va amener la mère et la fille à suivre les traces d'un inconnu, jusqu'en Albanie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414160518
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-16049-5

© Edilivre, 2017
Chapitre I


Les yeux mi-clos, Caroline savourait les dernières bouchées de sa salade d’artichauts tout en écoutant d’une oreille distraite le babillage incessant de sa fille.
Le long trajet en voiture depuis Genève l’avait fatiguée, et le copieux déjeuner préparé par Rosa, leur bienveillante voisine, n’avait fait qu’alourdir ses paupières davantage.
Elle aurait volontiers succombé à la tentation d’une sieste mais savait pertinemment que sa fille ne l’entendrait pas de cette oreille. Agée de dix ans Lola, trente quatre kilos d’énergie à l’état pur, rêvait sans doute à une après-midi d’activités sans relâche. Avec la béate insouciance si caractéristique de son âge elle s’était endormie sur la banquette arrière peu après leur départ et n’avait ouvert les yeux qu’au moment où la Volkswagen Break amorçait la longue et sinueuse montée vers le hameau où se nichait leur seconde résidence au cœur de l’Ombrie.
« Maman, on y est ! » s’était-elle écriée en serrant convulsivement l’épaule de sa mère. Celle-ci, malgré les heures de route, ne pouvait revoir sans émoi les doux paysages environnants, la courbe apaisante et presque maternelle des collines, les silhouettes familières des cyprès qui semblaient s’incliner cérémonieusement sur leur passage.
Elle avait eu un véritable coup de foudre pour ce coin d’Italie lorsque, onze ans auparavant, elle y avait passé trois semaines de vacances en compagnie de Jérôme, son mari. A l’issue des trois semaines, la veille de leur départ, elle avait déclaré en sanglotant que jamais elle n’aurait pu être heureuse si elle ne possédait pas de maison dans ce hameau ; et pas n’importe quelle maison, il lui fallait absolument cette vielle bâtisse en pierre un peu austère, la dernière du village, celle qui nécessiterait de lourds travaux d’aménagement tout en présentant, indéniablement, une position et une vue à couper le souffle.
Son mari avait attribué cette crise de larmes à un probable déséquilibre hormonal, ce en quoi il n’avait pas tout à fait tort puisque Caroline avait découvert peu de jours après leur retour qu’elle était enceinte.
La nouvelle de sa grossesse avait, comme il se doit, balayé toute autre considération au sein du couple. Jérôme considérait la question de la seconde résidence en Ombrie comme bel et bien ensevelie lorsque sa femme se tourna vers lui, radieuse, le bébé au sein, quelques jours après l’accouchement.
« Chéri, on passera les vacances d’été dans notre village en Italie n’est-ce pas ? Peut-être que la maison est toujours à vendre ? »
Il avait espéré de tout son cœur qu’elle ne le fut pas. Non pas qu’il détestasse l’Italie ou la région en soi. C’était un homme raffiné et il savait reconnaître la beauté lorsqu’il la regardait en face. Simplement, il ne tenait pas à se compliquer la vie avec des contraintes inutiles. Il tenait le fait d’être père d’un bébé de quelques mois comme une contrainte, certes, mais une contrainte nécessaire. Par contre, celle de retaper une vieille bâtisse pour faire plaisir à sa femme lui semblait une contrainte absurde voire inadmissible.
Caroline, toutefois, avait avancé une multitude d’arguments en apparence irréfutables pour le convaincre. Ses grands-parents maternels étaient d’origine italienne. Par amour pour lui elle avait accepté de vivre en ville, à Genève, alors que son cœur, à la base, ne battait que pour la campagne. Surtout, et c’était là sa carte maîtresse, elle était écrivaine (donc libre de disposer de son temps) et entendait bien se dévouer à l’éducation de leur fille en lui procurant une vie saine au grand air le plus souvent possible.
Il était impensable qu’elle passe deux mois dans la chaleur étouffante de leur appartement dans le centre-ville, aussi spacieux qu’il puisse être. Et deux mois à l’hôtel ou en chambre d’hôte, cela risquait de grever le portefeuille du ménage.
Ecrasé par le poids de tous ces arguments, son mari avait fini par céder. Il fixa un budget pour l’achat de la fameuse maison en Ombrie qui fut plus ou moins respecté. Les travaux, bien entendu, coûtèrent nettement plus que prévu mais ses beaux-parents, dont Caroline était la fille unique, s’empressèrent de combler le trou. Il ne lui resta plus qu’à admirer l’efficacité de sa femme lors des formalités d’achat, sa maîtrise de la langue italienne lorsqu’il fallut négocier avec la commune pour agrandir la terrasse, sa fermeté enfin dans les pourparlers avec les ouvriers et les maîtres d’ouvrage.
Un permis d’urbanisme fut octroyé pour abattre un mur par-ci, en rehausser un autre par-là et surtout pour créer une véranda de toutes pièces avec vue plongeante à 360° sur les vertes collines environnantes. Une fois les travaux finis, parents et amis défilèrent et furent unanimement ravis par la beauté naturelle des lieux ainsi que par le charme de la maison enfin achevée.
Avec le temps, Caroline et sa fille prirent l’habitude de partir le dernier jour d’école pour revenir sur Genève la veille de la rentrée des classes. Jérôme, quant à lui, venait les rejoindre pour une période de trois semaines vers la fin du mois de juillet. Il n’avait jamais appris l’italien, mais se contentait de sourire chaleureusement à quiconque lui adressait la parole.
Comme il arrivait fort fatigué et qu’il était peu bavard de nature, il était somme toute content d’avoir un prétexte pour fuir la société et jouir pleinement de la nature ainsi que de la compagnie de sa petite famille adorée.
Vers la fin du mois d’août, selon un rituel bien établi, Lola s’impatientait au téléphone avec son père, lui demandait pour la énième fois s’il avait acheté toutes les fournitures scolaires requises par la maîtresse, s’énervant si les marqueurs parfumés n’étaient pas de la même marque que celle de ses copines.
L’hiver, ce fut tout autre chose. Lorsque Caroline fit part à son mari de son intention de passer les vacances de Noël en Ombrie, celui-ci s’opposa formellement à son projet.
Il n’y avait, lui fit-il remarquer, aucune station de sport d’hiver dans les parages, donc aucune possibilité de faire du ski et même la pratique de la luge se serait révélée difficile avec tous ces oliviers millénaires au tronc noueux qui trouaient le terrain tout autour. De plus, la vieille bâtisse aux murs si épais serait impossible à chauffer correctement.
Caroline s’était entêtée. Elle avait évoqué de longues promenades en raquettes dans la neige étincelante, des veillées paisibles au coin du feu lors desquelles une Rosa particulièrement inspirée aurait raconté les légendes appartenant au folklore local. Finalement la mère et la fille étaient parties seules un vingt-six décembre, le coffre chargé d’un sapin en plastique recyclable et de guirlandes multicolores.
Plusieurs heures plus tard, agenouillée au bord de la route, luttant pour installer les chaînes à neige sous une pluie givrante qui glaçait jusqu’aux os et subissant les plaintes agacées de Lola, Caroline avait bien dû admettre en son for intérieur que son mari avait parfois raison.
Le hameau, si accueillant l’été, n’était presque plus habité d’octobre à mars. Seule une poignée de familles résistait vaillamment à l’assaut de l’hiver, beaucoup plus rude que Caroline ne l’avait imaginé.
Il n’y avait rien à faire et Lola, exaspérée, tournait en rond en lui tapant sur les nerfs. Le supermarché le plus proche était à sept kilomètres, sept kilomètres d’une petite route cabossée qui devenait vite impraticable en cas de neige ou de verglas.
Caroline en était arrivée à maudire les vieux murs en pierre à force de se fendre les doigts dans ses tentatives infructueuses de récolter du bois de chauffage. Le vieux poêle, pourtant centenaire et infaillible d’après les dires du vendeur, lui résistait sournoisement au point qu’elle passait plus de temps à essayer d’y allumer un feu qu’à s’y chauffer réellement. Pour combler le tout son portable prenait mal, et à force d’entendre Jérôme lui répéter : « Je te l’avais bien dit » Caroline finit par ne plus prendre la peine de le brancher.
Ce furent ses seules et uniques vacances en Ombrie en période hivernale.
Chapitre II
Perdue dans ses pensées, Caroline n’avait pas tout de suite réagi à une suggestion qui en toute autre occasion l’aurait mise en état d’alerte maximale.
« Maman, si on allait à Aqualand ? »
Aqualand, le paradis pour sa fille Lola : des toboggans aquatiques de toutes les dimensions, un bar bien fourni en glaces et sodas – boissons que Caroline refusait de lui acheter par ailleurs.
Aqualand, le cauchemar de Caroline : des tarifs prohibitifs, des files à n’en plus finir, les cris hystériques de parents et enfants mêlés, des éclaboussures chlorées, bref tout ce qu’elle détestait.
« Non chérie. Maman est fatiguée. »
Elle avait pourtant horreur de cet emploi de la troisième personne qu’elle ne pouvait s’empêcher d’utiliser chaque fois qu’elle avait à se justifier de quelque manquement imaginaire vis-à-vis de Lola. Pourquoi ne pas dire simplement : « Je suis fatiguée » ?
Les mères italiennes faisaient pire dans le genre, elles qui adressaient bizarrement leurs enfants déjà grands en les appelant ‘maman’. Cela donnait des remarques du genre :
« Ne grimpe pas sur l’arbre maman » ou « ne te salis pas les mains maman », et ce quel que soit le sexe de leur progéniture.
Lola fronça les sourcils. Ses yeux gris, qu’elle tenait de son père, prirent cet air accusateur que sa mère connaissait bien.
« Papa m’aurait amenée à Aqualand, lui. »
Caroline refréna l’envie de lui répondre sèchement quelque chose comme :
« Et bien papa n’est pas là, alors tant pis pour toi. »
Après avoir été cette gamine affectueuse

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