Un, deux, trois, soleil ! La Vie...
146 pages
Français

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Un, deux, trois, soleil ! La Vie... , livre ebook

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Description

« Alors qu'ils étaient seuls devant un bon feu de cheminée, petit punch à la main, les deux petites jouaient dehors à : Un, deux, trois, soleil !

Paul prit l'ardoise qu'il avait sur les genoux et écrivit, en effaçant au fur et à mesure qu'Aubin lisait :
" Lorsque tu recevras de moi la phrase suivante : Pense à moi ; je serai parti... Je te remets toutes ces notes, c'est l'histoire de notre vie à Juliette et moi, tu en découvriras toutes les coulisses... »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 mars 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414005925
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-00590-1

© Edilivre, 2017
Du même auteur
Du même auteur :
• La Guadeloupe jusqu’au bout. Cavaliers aux dame s
(Essai Politique) – 2004
Collection Alizés
• Un poil de mangouste
Roman – 2015
Edilivre
Exergue


Les souvenirs sont une espèce de point d’arrivée ; et peut-être sont-ils aussi la seule chose qui nous appartient vraiment.
Marcello Mastroianni
« Je me souviens, oui je me souviens »
Dédicaces


A Georges et Odette Roubaud
A mon frère Jean-Pierre François
A ma famille, ma richesse.
Remerciements complices et tendres à mon épouse Chantal.
(Elle a tenu une des aiguilles de ce tricot de mots.)
Un Le temps des cerises et de la vie en rose
Juliette avait eu une enfance simple et lisse comme la blouse d’écolière couleur bleu nuit qu’elle portait.
Fille d’immigrés italiens, son père travaillait aux cuisines dans un grand hôtel parisien, ce qui permettait à toute la famille de bénéficier des restes confortables qu’il ramenait quotidiennement à la maison dans une gamelle de chantier métallique à étages.
Dès qu’il avait franchi la porte, après s’être consciencieusement essuyé les pieds sur le tapis, il annonçait ce qu’il avait rapporté, comme dans un grand restaurant : « Sauté de veau Marengo avec ses petits légumes, écrasé de pommes de terre à l’huile d’olive. Bonsoir mes amours ! »
Parfois, il ramenait une carte de menu complète, qu’il déposait délicatement sur la table pour exciter l’appétit de toute la famille.
Il baragouinait un français rocailleux, agrémenté de la gestuelle vive de ses longues mains fines, les bras levés comme s’il voulait attraper les nuages. Il parlait en rafale, par grosses giclées. Les mots faisaient dans sa bouche le bruit d’une rivière sur un lit de cailloux.
C’était un homme confit dans la tendresse et l’attention de ses proches. Il irradiait en permanence une expression d’amour et de chaleur. Son horizon était d’une simplicité basique : pour lui, la modernité s’était arrêtée aux tubes d’éclairage au néon ! Il y en avait dans toute la maison !
La mère de Juliette, femme douce et silencieuse, travaillait chez un tailleur de la rue Paulin-Enfert dans le 13 ème Arrondissement. Elle cousait à longueur de journée et parfois la nuit, pour ses enfants, ses nièces, et ses voisins.
Quand elle évoluait dans l’appartement, un dé à coudre fiché dans un doigt, elle était très souvent précédée d’une petite casserole en étain où elle faisait régulièrement cuire ses aromates et sa sauce pour les pâtes, son sésame pour circuler dans l’appartement. Tous s’écartaient sur son passage lorsqu’elle l’avait dans les mains, et même lorsqu’elle était vide.
C’était une femme d’une douceur et d’une discrétion de feutrine.
Le frère aîné, Sergio, avait toujours eu une santé fragile : les poumons. Les épaules rétrécies, le teint perpétuellement blême, les yeux profonds, creux et tristes, une voix de soufflet, il passait le plus clair de son temps dans sa chambre à toussoter, en traduisant de l’italien en français pour une maison d’édition. Il n’avait hélas, jamais pu traduire l’abattement qu’il portait en lui.
Si l’aîné portait le prénom italien du grand-père, la fille cadette s’appelait Juliette première clé, selon les parents, d’une insertion incolore dans la société française de l’époque. Cela lui avait peut-être réussi, puisqu’après une formation en comptabilité, elle avait été embauchée dans une société d’intérim dirigée par deux homosexuels avec qui elle était très complice, ils lui faisaient une totale confiance, et ne juraient que par elle.
Juliette avait une façon très spéciale de prononcer les s, les c et les z qui faisait incruster malgré elle, une tendresse à tous les mots qu’elle prononçait. Par ailleurs, la paume de ses mains était d’une exceptionnelle douceur, du velouté de peau. Une femme potelée, douce et gaie, très gaie. Elle éclaboussait de vie tous ceux qu’elle croisait. Son visage exprimait en permanence la douceur, la joie de vivre du moment, mais aussi celle des jours à venir.
Telle était la famille Montana.
Ils menaient une vie simple, parcellée de douceur et de prévenances. Un quatuor affectueux et tendre où les seuls éclats de rire étaient ceux de Juliette qui était d’un naturel enjoué et taquin. Les paroles échangées en italien par les parents, dégageaient une sérénité méridionale qui calfeutrait leur quotidien.
Dans ce modeste appartement parisien, leur existence de petite monnaie ordinaire, recelait un gisement considérable de solides valeurs d’affection familiale. Cette maison sentait le simple, le propre, les bons sentiments, l’ordre et l’harmonie. Le tout bien rangé comme le linge de maison.
Juliette avait toujours connu René Fernal son voisin de palier. Il avait été son premier camarade de jeux, son premier baiser, sa première rougeur, et naturellement son premier fiancé. René était une habitude d’enfance sur laquelle elle ne se posait pas de questions, comme aller à la messe le dimanche, et toujours dire bonjour et merci à l’épicière du coin.
Paul Roulin élevé seul par sa mère, avait eu une enfance brigande dans le Jura à Poligny, et une adolescence polissonne au Maroc où il avait été déniaisé par la belle Messaouda, la servante de la maison. Son petit accent lui venait de « là-bas dit ! »
Il avait effectué un bref service militaire de pétochard pendant la guerre d’Algérie où il avait plus cherché quotidiennement de quoi « becqueter » pour améliorer l’ordinaire, que de poursuivre un quelconque ennemi. Et puis cette guerre n’était définitivement pas la sienne, lui qui avait vécu une partie de son enfance au Maroc. Il se sentait déserteur de cœur, et savait que le peuple algérien était dans le sens de l’histoire. Une fois démobilisé, il avait abordé le retour à la vie civile avec une légère claudication due à une blessure tout à fait occasionnelle à la fesse gauche, accompagnée d’une petite pension militaire qui, selon ses propres termes, ne pouvait pas payer l’apéro tous les jours. Sa carte d’ancien combattant il ne l’exhibait que quand il avait bu un coup de trop sous le feu roulant d’apéritifs trop chargés !
De retour sur le pavé parisien, il avait conforté son antimilitarisme dans la délectation vorace de la philosophie que déployait à l’époque au quartier latin, André Dupont, dit Mouna Aguigui, un clochard-philosophe, libertaire, pacifiste, écologiste, dont la devise était : « Les temps sont durs, vive le mou ». Et qui déclamait, juché sur la fontaine Saint-Michel, face à une foule conquise d’avance, des slogans, tels que : « J’irai cracher sur vos bombes ! A bas toutes les armées ! Battons-nous à coups d’éclats de rire ! Aimez-vous les uns sur les autres ! »
Son existence était maintenant calfeutrée elle aussi, dans un célibat égoïste et frivole avec sa vieille mère dont il avait la charge. La moitié de l’année il l’expédiait régulièrement à Vichy, ce qui lui permettait de faire exactement ce qu’il voulait, sans avoir à répondre à ses questions et échapper ainsi à la passion envahissante qu’elle avait pour son unique fils vivant. Depuis qu’il était rentré d’Algérie elle était d’une attention vampirisante pour son Paul qu’elle couvait d’un regard de louve. Il était revenu sain et sauf de cette guerre, et elle en rendait tous les jours grâce à Dieu. Son premier fils, Eugène, l’aîné de Paul, avait été fusillé par les Allemands durant la deuxième guerre mondiale à 17 ans. Résistant de la première heure, il avait été dénoncé par les habitants du village. Elle avait un héros dans sa progéniture, c’était suffisant pour cette patrie vorace qui avait déjà emporté plusieurs membres de sa famille pendant la première guerre.
Le monde lui avait paru définitivement compliqué lorsqu’elle avait entendu que l’agriculture – l’une des mamelles de la France ! – devait être, elle aussi raisonnée ! – Où allions-nous ? Pouvait-on raisonner une mamelle ?
Juriste de formation avec une capacité en droit, Paul avait exercé différents métiers. D’abord, dès son retour de l’armée, sa passion pour le cheval héritée du Maroc l’avait conduit à monter un club hippique à Savigny-sur-Orge, passion quelque peu bridée par sa blessure et qui se clôtura par une faillite ! Il n’avait acheté que des Pur-sang, et faisait un tri militaire des clients dignes d’enfourcher ses chevaux, considérant tous les autres comme des « gougnafiers » !
Ensuite, la vente de dessous féminins l’avait beaucoup plus amusé.
– « Ce monde des dessous, une vaste contrée ! » disait-il avec une fausse emphase.
Il lui en était resté une bonne connaissance du corps des femmes, avec de plantureux souvenirs. Rien qu’en croisant l’une d’entre elles, il pouvait décliner sans erreur toutes ses mensurations.
Ce savoir lui était très utile pour établir rapidement une complicité intime avec la gente féminine. Cette connivence lui permettait, selon ses propres termes, d’aller plus vite en besogne.
Il avait aussi manifesté un intérêt soutenu pour la vente des premières couvertures chauffantes. Intérêt rapidement contrarié par les divers accidents corporels provoqués par ce produit qui s’avéra dangereux avant d’être supprimé.
La vente de matériel bureautique l’avait en revanche singulièrement ennuyé. Durant cette période les mots « connard », « pignouf » et « sagouin » faisaient beaucoup partie de son vocabulaire.
Enfin, il avait terminé sa carrière comme syndic d’immeubles, ce qui lui permettait d’épiloguer longuement sur la petitesse et les mesquineries du genre humain.
C’était un homme curieux de tout, avec une bonne intelligence pratique, une culture générale éclectique et riche, mais surtout une grande générosité d’âme. Il affichait une froi

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