Un crime au Palais d Hiver
120 pages
Français

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Un crime au Palais d'Hiver , livre ebook

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Description

Lorsque Ranch se leva au son du gong annonçant la seconde reprise, la victoire ne semblait pas pouvoir lui échapper.


Son adversaire, l’Anglais Tom Beeck, après avoir pris deux fois le compte de neuf, était de nouveau par terre quand le round avait pris fin.


Lorsque le gong retentit, il se mit debout, avec cette souplesse qui le faisait ressembler à un tigre, mais, aussitôt, il retomba sur sa chaise, et, basculant en avant, il s’étala la face contre terre.


Les tenants de Ranch l’avaient saisi par les épaules pour le relever, mais c’était une masse inerte qu’ils soulevaient. Les yeux du champion étaient fermés. De sa poitrine s’écoulait un ruisseau de sang.


Il était mort...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9782385010508
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN CRIME AU PALAIS D'HIVER
Roman policier

par George TROMBERT
À HENRI BÉRAUD
Hommage d’affectueuse admiration
G.T.
CHAPITRE PREMIER

Lorsque Ranch se leva au son du gong annonçant la seconde reprise, la victoire ne semblait pas pouvoir lui échapper.
Son adversaire, l'Anglais Tom Beeck, après avoir pris deux fois le compte de neuf, était de nouveau par terre quand le round avait pris fin.
Dans l'immense nef du Palais d'Hiver, pas une place libre. Autour du ring, une quintuple rangée de plastrons blancs et d'épaules nues. Et, jusqu'au cintre, une foule entassée, vivante, passionnée...
C'était la première et ce devait être la dernière fois que Ranch boxait en Europe. Le pugiliste multimillionnaire, fils d'un des plus grands industriels des États-Unis, avait débuté sur le ring il y avait deux ans, après avoir gagné en se jouant le championnat universitaire. Depuis lors, il avait disputé six matches, tous gagnés par knock-out et jamais aucun des plus célèbres professionnels n'avait réussi à le mettre à l'ouvrage.
Les journaux, qui avaient consacré à son entraînement et à ses moindres faits et gestes des colonnes entières, donnaient à entendre que, venu en Europe pour son plaisir, Ranch avait rencontré une jeune Française qui avait fait sa conquête, mais qui était restée insensible à ses avances. Pour tâcher de lui plaire, Ranch avait décidé de paraître en public contre le meilleur poids moyen d'Europe, l'Anglais Tom Beeck.
De nombreux sportsmen britanniques avaient traversé le Channel pour appuyer la chance de leur homme et ils avaient conclu des paris importants. La victoire de Ranch ne faisait guère de doute, mais les « supporters » anglais escomptaient de la part de Beeck une résistance sérieuse et ils appuyaient sa chance avec d'épaisses liasses de bank notes. Cependant, dès le début, ils virent combien le champion américain surclassait leur compatriote. Ranch ridiculisait son adversaire et les coups qu'il lui décochait, comme en se jouant, étaient d'une terrible efficacité.
Pendant la minute de repos, l'Américain, repoussant ses soigneurs, s'était assis tranquillement à sa place et considérait d'un œil amusé le coin de l'Anglais que ses seconds s'efforçaient de mettre en mesure de reprendre le combat.
Lorsque le gong retentit, il se mit debout, avec cette souplesse qui le faisait ressembler à un tigre, mais, aussitôt, il retomba sur sa chaise, et, basculant en avant, il s'étala la face contre terre.
Pendant que les seconds de Tom Beeck le poussaient titubant vers le centre du ring, l'arbitre, scandant les secondes, se mit à compter... 1... 2... 3... 4...
Un silence de mort planait sur l'assistance... 5... 6... 7...
Ranch ne bougeait pas.
...8... 9... 10... out !
Puis, allant vers Beeck, il lui prit la main droite qu'il éleva, au milieu des clameurs.
Soudain, tout se tut comme par enchantement.
Les tenants de Ranch l'avaient saisi par les épaules pour le relever, mais c'était une masse inerte qu'ils soulevaient. Les yeux du champion étaient fermés. De sa poitrine s'écoulait un ruisseau de sang.
Il était mort.
Le speaker ne perdit pas son sang-froid. Il sauta sur le ring, les deux bras levés :
On a tiré sur Ranch... s'écria-t-il... Les personnes qui ont vu le coupable... arrêtez-le...
Il se pencha pour écouter ce que lui disait un homme en smoking, debout près du ring, et il reprit :
M. Johnston, ambassadeur des États-Unis, offre cent mille francs à la personne qui désignera l'assassin.
Le silence avait fait place à un brouhaha de conversations et de commentaires... Les spectateurs s'interrogeaient les uns les autres... on formulait les hypothèses les plus variées et les plus baroques...
Finalement, un commissaire de police flanqué de quelques agents apparut et se fit conduire au vestiaire où avait été transporté le corps de Ranch.
La foule s'écoulait avec lenteur.
CHAPITRE II

Un quart d'heure à peine après le drame que nous venons de raconter, le préfet de Police, M. Labaume, arrivait sur les lieux pour commencer l'enquête qu'il entendait diriger en personne.
Le médecin de service se trouvait encore là.
La blessure est due à une arme à feu, probablement une carabine, dit-il... Le coup a été tiré de très haut. Au moment où Ranch fut atteint, il était debout. Or, le sondage de la blessure indique que le trajet du projectile est presque vertical...
Qu'on fasse transporter le corps à l'Institut médico-légal et qu'on prescrive l'autopsie, dit le préfet de Police... Les minutes sont précieuses, si nous voulons retrouver le coupable.
Puis se tournant vers le commissaire de police :
Qu'avez-vous fait, demanda-t-il ?
Je me suis posté avec deux de mes hommes à la sortie principale et, pendant que les spectateurs sortaient, je n'ai pas cessé de demander à haute voix si quelqu'un avait des renseignements à donner à la police... Personne ne s'est présenté... Les agents, qui ont opéré de même aux deux autres sorties, n'ont pas eu plus de succès. C'est le crime le plus incompréhensible que j'aie vu dans ma carrière. Un homme est tué d'un coup de feu devant dix mille personnes, et pas une d'entre elles n'a vu ou entendu quoi que ce soit.
Attendons à demain, dit le préfet de Police... Dès qu'il fera jour, nous reviendrons examiner les lieux... Pour le moment, faites garder sévèrement toutes les issues. Toute personne qui chercherait à entrer ou à sortir devra être immédiatement arrêtée.
M. Labaume quitta le Palais d'Hiver pour se rendre à l'Institut médico-légal où le cadavre de la victime venait d'être transporté. Quand il arriva, le docteur Brunet, médecin légiste, se trouvait là.
Pourrez-vous avoir déterminé le trajet du projectile avant sept heures du matin, demanda-t-il au praticien ?
Sans aucun doute, quoique l'autopsie complète ne puisse avoir lieu avant vingt-quatre heures.
Et puis-je vous demander de me faire connaître d'urgence le résultat ?
J'irai vous le porter moi-même où vous voudrez.
Au Palais d'Hiver, alors, si vous le voulez bien. Il fait jour à six heures et demie. Je m'y rendrai à cette heure-là.
Le préfet de Police alla prendre quelques heures de repos, non sans avoir commandé de service, pour le lendemain matin, ses deux inspecteurs préférés et son secrétaire.
Le Parquet, alerté par téléphone, avait désigné un juge d'instruction : M. Duchamp. Ce magistrat, réputé pour une extraordinaire subtilité qu'il dissimulait sous une apparence de bonhomie devait à ces deux qualités de nombreux et retentissants succès, aussi bien dans ses constatations que dans ses interrogatoires.
Le docteur Brunet se trouvait déjà là et faisait les cent pas devant la porte principale du Palais d'Hiver lorsque M. Labaume et ses collaborateurs arrivèrent.
Il remit au préfet de Police le rapport qu'il avait rédigé.
Entrons, dit M. Labaume.
Le ring était encore en place... Le jour blafard du matin éclairait d'une façon assez sinistre l'immense salle. Le Palais d'Hiver était bâti d'un seul corps affectant la forme d'un cylindre surmonté d'une coupole sphérique. L'armature et les parois étaient en acier. Les arcs-boutants étaient réunis entre eux par des poutrelles plus minces, dans l'intervalle desquelles s'encastraient des plaques de verre épais. À l'intérieur, des rangées de gradins superposés s'élevaient jusqu'aux deux tiers des parois verticales. À l'extérieur, quatre échelles fixes munies de crampons permettaient d'accéder au dôme, mais leur partie inférieure était encore à six mètres du sol. Il fallait une longue échelle mobile pour y accéder.
M. Labaume avait déjà remarqué tout cela d'un coup d'œil lorsqu'il prit connaissance du rapport établi par le docteur Brunet. Ce rapport était ainsi conçu :

« La blessure qui a occasionné la mort est due à une balle tirée de haut en bas, suivant une trajectoire de 25 degrés environ par rapport à la verticale.
Elle est entrée un peu au-dessous de la clavicule gauche, faisant dans la deuxième côte une entaille nette. Elle a traversé le cœur droit de part en part, a été déviée par la crête du pubis et a continué son trajet à l'intérieur de la cuisse où elle s'est arrêtée après avoir sectionné l'artère fémorale. La mort a été instantanée. Le projectile est une balle blindée de 9 millimètres de diamètre. Il a été lancé par une arme rayée, probablement une carabine. La vitesse initiale, certainement inférieure à celle d'une arme de guerre, était cependant assez considérable, à en juger par la force de pénétration. »

Après avoir lu attentivement le rapport du docteur, M. Labaume se dirigea vers le ring.
Montez avec moi, Durieux, dit-il à un de ses aides. Vous êtes à peu près de la même taille que la victime. Placez-vous là où Ranch se trouvait au moment de l'attentat. Bien... ne bougez plus. Vous, Hergeric, vous allez grimper dans les charpentes là-bas...
Son bras étendu désignait un endroit dans la partie supérieure du dôme, le point approximatif d'où le coup de feu devait provenir, d'après les indications fournies par le rapport du médecin légiste. L'inspecteur Hergeric, un Basque maigre et musclé, avait mis bas son veston et s'élançait déjà vers les gradins supérieurs. Puis, faisant preuve de qualités gymnastiques dignes d'un acrobate, il s'éleva lentement le long d'un des portants.
Quelques minutes se passèrent. L'homme, agrippé des pieds et des mains à l'énorme ferrure, montait.
Tout à coup, sa voix résonna dans le silence.
Il y a une carabine, cria-t-il... Elle est attachée.
Bien, redescendez, ordonna M. Labaume...
Puis il ajouta, en s'adressant à son secrétaire :
Téléphonez aux pompiers d'amener une échelle. En attendant, Messieurs, dit-il au juge d'instruction et au substitut qui l'accompagnaient, nous allons, si vous le voulez bien, nous diviser la besogne... Vous, monsieur Duchamp, je vous propose de faire une enquête sur toutes les personnes ayant été en rapport avec Ranch. Vous, monsieur le substitut, vous voudrez bien rendre visite à l'ambassadeur des États-Unis. Il s'intéresse personnellement à cette

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