Un corbeau au 36
159 pages
Français

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Un corbeau au 36 , livre ebook

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Description

Aurélie Benattar Un corbeau au 36 Policier Coup de cœur d’Eliette Abecassis, polar de l’été Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-2-8195-03248 À mon père, mon arbre de vie À ma mère, mon meilleur public, qui m’a transmis son goût des lettres Prologue Le temps lui était compté. Elle était consciente de prendre un risque important, mais elle n’avait pas le choix. Il fallait qu’elle le fasse, elle ne pouvait plus vivre dans le secret. Elle en souffrait trop.   Au début, elle avait encore eu l’espoir de pouvoir s’en sortir. Elle en avait aussi eu l’envie. Mais aujourd’hui, après les années de cauchemar, d’anxiété et de douleur, elle était épuisée physiquement et moralement. Sursauter au moindre bruit, être sur le qui-vive vingt-quatre heures sur vingt-quatre, cohabiter avec la peur, ou plutôt survivre entre un antidépresseur, deux calmants et un barbiturique, voilà de quoi était faite son existence.   Elle écrivit rapidement les mots à l’encre indélébile. Telle une empreinte qu’on laisse dans ce monde pour rappeler aux générations à venir qu’un jour, on a existé. Une marque au fer rouge qu’elle imposerait aux autres comme on la lui avait infligée de force.

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Informations

Publié par
Date de parution 23 mai 2013
Nombre de lectures 19
EAN13 9782819503248
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aurélie Benattar
Un corbeau au 36
Policier
Coup de cœur d’Eliette Abecassis, polar de l’été
Éditions Les Nouveaux Auteurs
16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com
Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs — Prisma Média Tous droits réservés
ISBN : 978-2-8195-03248
À mon père, mon arbre de vie
À ma mère, mon meilleur public,
qui m’a transmis son goût des lettres
Prologue
Le temps lui était compté. Elle était consciente de prendre un risque important, mais elle n’avait pas le choix. Il fallait qu’elle le fasse, elle ne pouvait plus vivre dans le secret. Elle en souffrait trop.
 
Au début, elle avait encore eu l’espoir de pouvoir s’en sortir. Elle en avait aussi eu l’envie. Mais aujourd’hui, après les années de cauchemar, d’anxiété et de douleur, elle était épuisée physiquement et moralement. Sursauter au moindre bruit, être sur le qui-vive vingt-quatre heures sur vingt-quatre, cohabiter avec la peur, ou plutôt survivre entre un antidépresseur, deux calmants et un barbiturique, voilà de quoi était faite son existence.
 
Elle écrivit rapidement les mots à l’encre indélébile. Telle une empreinte qu’on laisse dans ce monde pour rappeler aux générations à venir qu’un jour, on a existé. Une marque au fer rouge qu’elle imposerait aux autres comme on la lui avait infligée de force.
 
Alors peut-être, se rapprocherait-elle d’eux pour, l’espace d’un instant, se sentir moins seule. Elle ne voulait pas qu’on oublie. Elle-même ne le pouvait pas. Elle ne le pourrait jamais.
Première lettre
1
Le commissaire Stéphane Fontaine étendit ses jambes. Sa cuisse droite était ankylosée et son genou le lançait. Il ne connaissait que trop cette sensation désagréable de tiraillement au niveau de la rotule. Il massa machinalement le muscle en soupirant : Tu vieillis mon vieux Fontaine ! Il serait peut-être temps que tu réalises que tu n’as plus vingt ans. Il sourit immédiatement de sa vaine tentative de persuasion. Il savait qu’il n’en croyait rien et se souvint du surnom donné par ses amis de l’ENSP (1)  : « Garde à vous De Jouvence ! Il est fan de cette fontaine le Steph… »
À trente-six ans, il faisait beaucoup plus jeune et ce n’était pas pour lui déplaire. Malgré son visage hors du commun avec des lèvres charnues et un nez épais, il avait beaucoup de charme avec ses cheveux châtains coiffés à la James Dean et ses yeux bleus. Tombant parfaitement sur sa silhouette spaghetti, les costumes foncés avec pantalon resserré au bas qu’il accompagnait d’une chemise blanche et d’une fine cravate noire, lui donnaient un air de chanteur britannique.
L’homme avait besoin de clarté pour réfléchir et se concentrer. Son ordinateur était disposé face à lui, les bacs contenant les dossiers en cours placés sur sa gauche et classés par ordre d’importance. Une lampe en forme de champignon posée de l’autre côté éclairait la table d’une lumière jaune. En cette matinée d’hiver, la petite pièce était sombre. Située sous les toits, elle offrait une vue sur le ciel nuageux grâce à un Velux. Entrouvert, celui-ci permettait à l’air frais du dehors de s’engouffrer dans le bureau surchauffé. Son radiateur en fonte était bloqué en position maximale et le froid qui sévissait à l’extérieur ne laissait guère le choix quant au dosage du chauffage central. Au Quai des Orfèvres, les grands espaces et les couloirs à n’en plus finir contrastaient avec l’exiguïté des locaux réservés aux policiers qui étaient parfois à l’étroit ; par conséquent, la température était difficilement homogène.
 
Le commissaire reçut un bref appel téléphonique. Après avoir raccroché, il composa le numéro du commandant Legrand, tout en préparant sa sacoche et en enfilant sa veste. C’est alors qu’il bougea son clavier du coude par inadvertance.
— Allô ?
— C’est Stéphane. On nous demande de nous dépêcher sur le Quartier latin… Une femme qui aurait reçu plusieurs coups de couteau dans le cœur. Apparemment décédée… On y va pour apprécier la situation ?… Vous me récupérez ?… Ah, une nouvelle stagiaire ?… D’accord, envoyez-moi le lieutenant Simon. On se retrouve sur place.
Il était sur le point de sortir et s’apprêtait à remettre machinalement son clavier en place sous l’écran, quand son regard fut attiré par une forme noire. Intrigué, il se rapprocha et découvrit que, ce qu’il avait pris pour une tache d’encre, était en réalité un assemblage de petites lettres formant le mot bête. Extrêmement surpris, il tira sur le fil pour donner du mou au clavier et le déplaça. Il découvrit alors les phrases ressemblant à des pattes de mouche, écrites à même le bois de son bureau :
Cher Salopard,
Je me demande ce que tu as ressenti quand tu as posé ton couteau sur ma gorge et que de l’autre main, tu as empoigné mes cheveux pour me faire plier comme une bête. Est-ce que ton cœur battait la chamade quand je me suis agenouillée, dos à toi, en te suppliant de m’épargner ? À ce moment-là, je pouvais encore parler.
Tu m’as retournée et tu as collé ma tête contre tes poils pubiens en la frottant et en la pressant fort. Tu étais excité quand tu as fourré ta bite dans ma bouche qui criait « Au secours ». Quel effet ça t’a fait de me défoncer le gosier jusqu’à ce que j’en vomisse ?
M’as-tu alors cognée parce que j’étais « une sale pute dégueulasse avec sa puanteur de déjection », ou m’aurais-tu frappée de toute façon ? Mon visage tuméfié et sanguinolent ne t’a pas empêché de me regarder droit dans les yeux quand tu as fourré ton poing dans ma vulve ecchymosée.
Est-ce que tu as pris du plaisir dès que tu as braillé « Gueule, salope ! Hein que c’est bon ? Ah oui, c’est bon ! Tiens, t’en veux encore ? Attends, j’écarte encore plus les doigts à l’intérieur. Tiens ! T’inquiète pas, t’auras du rab… C’est qu’elle aime ça la garce. Ah t’en redemandes ? Plus fort ? Tiens, tiens, tiens ! » ?
Ou seulement quand tu as joui en déversant ta pourriture en moi après avoir laminé mes seins de tes mains de glace, et ravagé mon vagin de ta queue dure, encore, encore et encore ?
Qu’est-ce que ça t’a fait ? Dis-moi, je t’en prie ! Que je cesse de me culpabiliser, que je comprenne l’incompréhensible, que je me rapproche de toi pour apprivoiser ma peur, que je guérisse de ce traumatisme incurable…
P. S.

Note
(1) ENSP : École nationale supérieure de police.
2
Moins de cinq minutes plus tard, le commissaire Fontaine se retrouva submergé par le bruit de la sirène du gyrophare retentissant dans les embouteillages de Paris. Benjamin Simon était au volant. Il adorait conduire et ses réflexes étaient excellents. Le véhicule de service se faufila aussi rapidement que possible, attirant sur son passage le regard de quelques curieux. Les deux hommes ne se parlaient pas. Le lieutenant, très concentré, ne quittait pas la route des yeux.
— Allez, allez ! Bouge, merde ! Non, mais je rêve, dégage la voie ! Allez !
Stéphane s’agrippa à la poignée au-dessus de la vitre tout en essayant de ne pas paraître trop raide. Malgré les années d’expérience, c’était un moment de tension inévitable. Rien n’était plus déstabilisant que l’inconnu et tant qu’il n’aurait pas mis une image sur la découverte macabre, son cerveau de flic imaginerait le pire.
Cependant, l’urgence de la situation n’était rien en comparaison de l’état d’anxiété dans lequel l’avait plongé la lettre de cette femme. Il était encore sous le choc de l’impact de ses mots. Les questions fusaient dans son esprit : qui est-elle ? Est-ce que je la connais ? Ou s’adresse-t-elle à moi en tant que flic ? Et comment diable a-t-elle fait pour pénétrer dans mon bureau, faire sa petite affaire, puis ressortir sans que personne ne s’en aperçoive ? C’est ahurissant.
Parallèlement, il ne pouvait pas s’empêcher de penser également à lui. Qu’allaient penser ses supérieurs ? La victime incriminait directement son agresseur et les mots semblaient lui être destinés. N’allait-on pas en tirer des conclusions hâtives ?
— Ben alors, Steph, ça va pas ?
— Si, si, pourquoi ?
— T’es tout crispé. Tu me fais confiance d’habitude quand je conduis.
— Non, c’est pas toi, Benjamin. Des emmerdes sur une autre affaire.
— Laquelle ?
— Laisse tomber, c’est pas le moment.
 
Dès son arrivée à la Crim, le commissaire s’était pris d’amitié pour Benjamin Simon. Il appréciait ses discours philosophiques et aimait échanger avec lui. Le jeune lieutenant de vingt-neuf ans dévorait les livres et lui avait avoué écrire des poèmes. Ne les ayant jamais fait lire à personne, il lui avait demandé de garder le secret sur cette confidence faite lors d’une soirée trop arrosée. Benjamin avait tendance à forcer sur la bouteille quand ils sortaient. Sa sensibilité à fleur de peau le poussait dans ses retranchements et il était en perpétuel questionnement face aux situations délicates rencontrées sur le terrain.
Cet aspect de son caractère contrastait avec un certain égocentrisme portant sur son apparence physique. Il était focalisé sur son corps qu’il trouvait toujours trop maigre. Il passait tout son temps libre à la salle de musculation et suivait un régime enrichi en protéines. Mince, il avait le physique d’un mannequin avec des pectoraux et des abdominaux parfaitement dessinés, alors que lui, aurait souhaité ressembler à King Kong. Son dos long, fin à la taille, s’élargissait au niveau des épaules et son visage était très beau. On lui avait demandé de poser pour le calendrier « La police et le sport » de l’année précédente. À la fois flatté et gêné, il avait accepté, représentant Monsieur Mai torse nu pour la rubrique musculation. Sur la photographie en noir et blanc, il regardait au loin tout en tirant derrière sa tête une barre de métal reliée à des poids en fonte. Son air rêveur, associé à son visage pâle aux grands yeux et cheveux noirs, produisait un effet romantique. Très photogénique, sa beauté paraissait presque irréelle. Fair-play, il avait essuyé les plaisanteries de ses collègues, ju

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