Un ciel de gloire
174 pages
Français

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Un ciel de gloire , livre ebook

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Description

Dans cette joyeuse histoire, il est gravement question des fins dernières de l’homme.

Le héros, jeune ingénu, est soudain confronté à son trépas accidentel. Placide, iI meuble ses ultimes minutes en envisageant la suite des événements.

Déplorant qu’après des millénaires de réflexion intense, les mystères sacrés au-delà de la tombe sont toujours inviolables, il tente de découvrir dans sa vie brève ce qui pourrait l’inciter à croire en un avenir post-mortem qui ne soit pas figé dans le marbre.

Soudain, au détour d’une pensée lourdement funèbre, il découvre la vérité, légère et jubilatoire...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334088343
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-08832-9

© Edilivre, 2016
Du même auteur :
– Jacobello Del Fiore – Privat 2006
– Histoire de José B – Golias 2009
– Aventures en Castille du jeune Miguel de Cervantès – Golias 2011
– Le livre de Canaan – Golias 2012
– Rose Claire Lacombe – Edilivre 2013 (numérique)
– Veux-tu me conter ton histoire ? – Edilivre 2014 (numérique)
– L’épissoir – Edilivre 2015 (numérique)
1 Où suis-je ?
… Une chanson de ru me trotte par la tête :
« La cascade Douvienge, qui bondissait, pieds nus, tomba de tout son haut lorsqu’un ru, frais éclos de la dernière pluie, avoua qu’il l’aimait de manière torride. Cruelle, elle lui dit : « Dis, espèce de gave, pour qui donc me prends-tu ? Pour une cascatelle ? Moi, je vaux le détour. Reparle-moi d’amour quand tu seras plus grand ! » Dans la nuit qui suivit, un gros nuage noir, aussi noir que la peste, vint crever au-dessus. Dans ses flancs, il portait toutes les eaux célestes. Gonflé d’un tel cadeau, le ru devint torrent. S’élançant aussitôt vers son amie de cœur, il entra dans son lit. Pour fuir le séducteur, la cascade, affolée, remonta vers l’amont comme font les saumons, qui recherchent leurs sources. Au milieu de sa course, des têtards, révulsés par le charivari, clamèrent son erreur. Douvienge hurla : « Où vais-je ? » mais il était trop tard pour avoir des remords. Fonctionnant à l’envers, l’univers était mort… »
Je ne vaux guère mieux. Depuis que je reprends peu à peu connaissance, je fais comme Douvienge. Je me pose sans cesse l’éternelle question que des milliards d’humains se sont déjà posée. Afin de varier, je l’habille d’un conte, je la vêts, l’illumine de multiples couleurs. Mais, pour raison garder, il serait judicieux de changer de propos. D’autres sujets voudraient une réponse idoine…
Par exemple, l’aboi qui corne à mes oreilles, est-il babil des sens ou fût de droit canon ? Si j’analyse juste, il me semble connaître cette férocité, qui ourle chaque mot. Jadis, du même ton, la Révérende Mère Bertha du Bois sacré, grande prêtresse en chef de la polyclinique baptisée Haut-les-Cœurs, me chassait hors du lit pour m’envoyer en classe. La quarantaine hurlante, elle rugit, ce jour, que son jeune neveu, superficiel en diable, sans imagination, qui, de sa courte vie, n’a produit rien de bon, ne saurait se complaire dans la torpeur profonde. Partant de ce constat, il jaillira bientôt à la barbe des birbes.
Bien que je sois plongé dans un noir délétère, l’ambiance, lentement, suggère des détails. Je me trouve, sans doute, en réanimation dans la salle d’urgence de la Polyclinique. Penché sur ma dépouille, le docteur Vermoutard, un médecin-légiste qui sent la pipe froide, me pouffe dans le nez. Malgré Tata, il dit que prolonger ma vie lui paraît inutile. Nul n’y trouve son compte et moi aucun plaisir. Dans mon dos, ses confrères approuvent le verdict. On me concède une heure pour clignoter verdâtre. Les appareils, ensuite, cesseront leur office.
A pas lents, les docteurs partent expédier les affaires courantes. Bertha ferme la marche, en frappant du talon. Sa sortie me rassure. Qu’elle me surveillât comme lait sur le feu provoquerait mes râles. En tant que moribond, j’ai droit à l’agonie. La mienne sera quiète. Une heure passe vite et la joie d’expirer dans la sérénité ne se retrouvera, sans doute, de sitôt.
M’a-t-on entrelardé de tubes sanitaires, sanglé sur un lit-cage ? Qui me dira comment je suis arrivé là ? Dans ma mémoire en perce, le dernier souvenir remonte à plus d’un siècle. Il semble qu’une nuit, aux lueurs incendiaires, je me trouvais chez Marthe-Marie de la Genestre, rue Ledormeur-Duval. En la quittant, je vis que des adolescents s’amusaient au ballon, devant son domicile. Dans un fracas d’éclair, je ressentis le choc d’une balle perdue. Attendri jusqu’aux os, je n’ai pu mettre un nom sur le fauteur de troubles…
Transformé en momie, mon corps sonne le creux. Nul besoin d’un dessin. Les chirurgiens ont mis mon absence à profit pour faire table rase d’organes triomphants. Hier, j’en serais tombé malade de dépit. Dans mon état, j’occulte. Pour cerner l’essentiel, je dois me détacher des vanités humaines.
Le choix est sans ambages. Ou bien je me rappelle aux bons soins des vivants ou bien je fais le mort. Ce dernier point m’allèche. Se faire mettre en bière, sans mousser d’une bulle, est un geste audacieux qui vaut son pétillant mais s’en mordre les doigts si le chemin, ensuite, débouche sur le flou, est du dernier grotesque.
Aux portes de l’abîme, j’observe avec mépris qu’après des millénaires de réflexion intense, les mystères sacrés au-delà de la tombe demeurent inviolables. Pas le moindre symptôme ou un début d’indice. L’avenir post-mortem est figé dans le marbre, malgré les philosophes et leurs ratios épais, les hordes religieuses avec leur papier-bible. J’avais plus d’assurance lorsque j’étais bambin. Je croyais comme Enfer que j’irais droit au Ciel. Mon premier catéchisme, un opuscule plein de contes délicieux, me le crachait-jurait. Si ses dires sont vrais, je vais bientôt paraître devant mon Créateur.
L’événement m’hébète. Il paraît impossible que, dans quelques minutes, je sois auprès de Lui, trônant parmi ses anges, dans sa splendeur glorieuse. Parce que je voudrais qu’on me fermât les yeux, je verrais Dieu vengeur, grand Maître du Big Bang, agneau immaculé à la voix de tonnerre et pater et austère et patin et couffin… selon les vieux prophètes, qui Le considéraient comme leur bien intime.
Vos bouches, les devins ! Et foin des visionnaires ! Leur toupet me contriste. Il me semble évident que Dieu n’est à personne. Partant, II est à tous et, dans ce cas, j’exige de prélever ma part. Si tel est mon plaisir, je parlerais de Lui, d’une manière digne, avec mes mots à moi qui valent ceux des prêtres. Avec tout le respect que je dois à une ombre, j’évoquerais Son nom, sans jamais me gausser d’une magnificence que nul n’a jamais vue. Quand on a les bouts froids et la nuque raidie, on n’a guère le goût de jouer les flambards.
Prenant l’initiative, j’ouvrirai ma rencontre avec le Seigneur Dieu, par un dialogue franc. Je lui crierai ma joie de Le connaître enfin. J’ai entendu son nom crié sur tous les toits. Ici-bas, de nos jours, il n’y a pas plus célèbre. Pour meubler l’entretien, je narrerai aussi mon dernier cauchemar. Dieu semblait être arabe, un jardinier énorme, aux yeux pleins de sagesse. Appuyé sur sa pelle, il riait aux éclats de mes plaisanteries. Arriva un jeune homme, au visage sémite de rabbin inspiré. Jésus-Christ, je présume. M’annonçant comme un drille, le bon Dieu me pria de bisser mes saillies. Je me raclai la tête, sans retrouver la queue d’une joyeuseté et m’éveillai soudain rouge d’humiliation, au fond de la nuit noire.
Si la Mère Bertha savait à quoi je pense, elle crierait au fou. Tatie a tant veillé dans les chambres ardentes que ses yeux, couleur feu, ont percé les ténèbres. Avec un culot monstre, elle décrit sans fard les nombreuses épreuves qui guettent le défunt. Sur le sujet, souvent, nous nous sommes heurtés comme des icebergs. Cette hâte divine à apurer les comptes me semblait déplorable. Je jugeais méprisant pour la nature humaine qu’à peine débarqués dans un lieu inconnu, tenaillés par la peur, accablés de souffrance, pleurant d’avoir quitté nos proches et nos amis, nous fussions dirigés vers le banc des Assises, pour subir un procès. Bien qu’on soit prévenu, on ne doit pas jouir d’une excellente forme pour défendre son âme d’idéale façon.
– Nous permet-on au moins d’avoir une assistance ? insistais-je, vibrant. Condamnés à perpète, pouvons-nous faire appel ? C’est notre éternité que l’on joue, nom de Dieu !
– Je me porte garante de l’équité céleste, me répliquait Bertha, emportée par la rage de me boucler le bec.
– Et, moi, ce droit m’effraie par son iniquité. Un immonde truand, qui se repent un brin à l’ultime seconde, a droit à l’amnistie alors qu’un pauvre saint, qui s’est levé la peau depuis sa tendre enfance, sombrera en enfer parce qu’il aura douté l’espace d’un instant.
– As-tu bientôt fini de dire des sottises ?
– Il y a autre chose. Imaginez que Dieu, n’ayant créé qu’un homme, ne veuille en juger qu’un, le dernier de la file qui, à la fin des temps, mettra un point final à cette expérience…
– Je ne comprends rien à tes coquecigrues. Cet homme, que tu cites, s’agit-il du Sauveur ?
– Ah ! bien, lui, parlons-en ! Autour de Tibériade, il lançait des appels à ses contemporains. « Hé, le jeune homme riche, viens, suis-moi sans tarder ! – Pour aller où, Seigneur ? – Veux-tu ne pas poser de questions indiscrètes à Jésus, fils de Dieu ? – Soit, je vous fais confiance. » Et le Christ l’emmenait comme l’Iscariote, jusqu’au bout de sa corde.
– Tu en es encore là ? s’horrifiait ma tante. Cette opinion ringarde date de dix conciles. Prends garde, enfant perdu, qu’à force de blasphèmes, un terrible verdict te condamne à jamais aux flammes de Satan !
– Dieu a les idées larges. Il ne condamne pas pour cause d’impiété.
– Au contraire, petit, et plutôt deux fois qu’une. Mais tu peux te sauver si tu aimes les hommes, si tu leur fais du bien durant toute ta vie…
– Quoi, si j’aime les hommes ? Belle mentalité ! répliquai-je, ironique.
En ce temps-là, Tatie, dont le chapelet d’os sifflait comme un lasso, provoquait mes sarcasmes. A présent, je m’inquiète. J’ai beau examiner mon sacré palmarès, rien ne me saute aux yeux, qui fut réalisé par charité chrétienne. Mon capital d’actions est d’un vide effrayant et mon amour des autres se réduit à celui pour une pécheresse nommée Marthe-Marie. Si Bertha a raison, je dois moudre d’urgence du remords par kilos. Bientôt

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