Un avenir irradieux
116 pages
Français

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Description

Mais qui est cette femme dont le cadavre est découvert par un rôdeur sur la décharge d’une usine désaffectée ? Et pourquoi des prostituées venues de l’Est sont-elles séquestrées dans les sous-sols au milieu d’inquiétants bidons métalliques jaunes ?


Le capitaine de police Luc Brossard mène l’enquête. Il est loin de se douter jusqu’où celle-ci va l'entraîner. Pris en étau entre la recherche de vérité que lui dicte sa conscience et les ordres de sa hiérarchie, il devra faire des choix.


Une enquête en eaux troubles servie par une écriture efficace et un scénario diabolique. Un avenir irradieux est un roman engagé et intelligent.



Jacques Bullot, ancien directeur de recherches en physique au CNRS, est l’auteur d’une dizaine de romans. Un avenir irradieux s’inscrit dans un cycle de quatre polars consacrés aux atteintes environnementales : Les liquidateurs, Le gène du perce-neige et Du nitrate dans le cassoulet.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mars 2021
Nombre de lectures 56
EAN13 9782491996291
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION NOIRE
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
 
Distribution papier : SODIS
Distribution numérique : Immatériel
 
Composition du livre : Les éditions d’Avallon
 
ISBN papier : 9782491996284
ISBN numérique : 9782491996291
 
Dépôt légal : avril 2021
 
1 ère édition
 
© 2021 Les éditions d’Avallon
 
Imprimé en Allemagne
 
Du même auteur
 
 
Éditions Noir Délire
La Gueule de l’Emploi, 2001
La Couleur du Temps, 2001
Les Liquidateurs, 2002
 
Éditions E/Dite
Du Nitrate dans le Cassoulet , 2005
 
Edition du bout de la rue
Le Gène du Perce-Neige , 2007
Amour, Raspail, Vavin… , 2008
Le Souffle glacé du Djurdjura, 2012
L’énigme des gouttes de pluie, (roman jeunesse), 2010
Le secret de la Roue Bras de Fer (roman jeunesse), 2014
 
Un avenir irradieux
Jacques Bullot
 
 
 
 
 
 
 
 
Un avenir irradieux
 
 
R O M A N
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour Josée,
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
Hervé Liffran,
Le Canard Enchaîné, 22 janvier 2020
 
 
 
 
 
 
1
 
 
Il marche sur un chemin difficile, trébuche sur des pierres qui meurtrissent ses pieds et le déséquilibrent. Il grogne qu’il a hésité, qu’il n’aurait pas dû aller faire la manche, se reprend l’instant d’après pour protester : « J’ai besoin des deux ou trois pièces que je vais récolter, elles m’aideront à tenir encore quelques jours jusqu’à ce que j’aille mieux. »
Jeannot est loin de sa planque.
La veille, il est resté la main tendue devant la porte du supermarché, attendant la jeune femme qui lui donne une pièce d’un euro et, parfois, un billet de cinq. Elle est avenante, douce, pose des questions sur sa vie. S’il la voit il lui expliquera que depuis deux jours il se réveille le crâne en feu, la peau incendiée par des brûlures et des démangeaisons, que la migraine comprime le cerveau et les yeux, cogne, laboure sans répit, que le sang afflue aux tempes qui battent la chamade. Il dira qu’il a avalé des tubes d'aspirine bas de gamme, celle qui perfore l'estomac. En vain. Il lui dira qu’il a l’impression qu’une bête le ronge à l’intérieur.
Il attend dans le froid mais elle ne se montre pas. Le magasin ferme, il part à la nuit tombée avec seulement deux euros cinquante en poche.
Là-bas, au-delà des tours, les lumières du périph brillent, marquant les limites d’un autre monde. En temps normal, il serait déjà à l'abri au fond de son trou, protégé par un plafond en béton de plusieurs mètres mais, ce soir, il est lourd et maladroit.
Il croise un vieil homme qui le salue. Ils se connaissent. D’habitude ils s’arrêtent et parlent du quartier, du supermarché, de ce qui se passe chez les gens bien dans un ailleurs incertain. Mais, ce soir, il se contente de répondre d’un imperceptible signe de tête.
Il grommelle : « Faut que je me grouille, il est tard. Ils doivent déjà rôder. »
Le matin même, il les avait surpris au détour d'un chemin au milieu de la friche industrielle. Une bande. Deux filles musclées, arrogantes, juchées sur des baskets clignotantes et trois costauds la boule à zéro en admiration devant la cheffe au poil roux. Entre quinze et vingt ans, ils affichaient une santé insolente, couraient en agitant des barres de fer et des gourdins peints de couleurs vives. Ils étaient connus dans le quartier. Depuis des mois ils chassaient les rabzas, les blacks, les youpins et se régalaient quand ils mettaient la main sur un homo ou un SDF.
Caché derrière la carcasse d'une vieille 205, il les avait vus cogner. Coups de matraques où ça fait mal, coups de pied dans le ventre et en plein visage. La grande se contentait de les inciter à cogner plus fort. Puis elle avait crié :
— Vos gueules, tous ! Répétez à toute vitesse avec moi : crève couille, crève crouille.
Ils avaient répété en riant. L'homme à terre poussait des hurlements, eux chantaient en chœur, scandaient le refrain et se tordaient de rire quand les langues fourchaient. Ils exultaient.
— Ça me fait bander, avait ricané un jeunot en plaquant la main de la rouquine sur sa braguette.
Elle avait pouffé de rire et jeté :
— Compte pas sur moi pour te dépuceler, va aux putes !
Lasse de la mise à mort, elle avait ordonné : « On se casse » et s'était éclipsée entraînant les tueurs derrière elle.
Il avait attendu longtemps après que les rires se furent estompés et que son cœur eût repris un rythme normal. Il s'était approché et avait reconnu le cadavre de Samir, le Kabyle qui le matin avant l’ouverture promenait une machine de nettoyage dans les allées du supermarché. Un type sympa au poil dru, mince comme un crayon, qui baragouinait quelques mots de français. Son crâne ouvert laissait voir des morceaux blanchâtres ourlés de cheveux noirs.
Il aurait voulu faire quelque chose, mettre un bouquet entre ses mains, dire une phrase pour l’accompagner là où il allait. Il lui avait fermé les yeux, posé son mouchoir sur le visage, ébauché un signe de croix qu’il avait interrompu aussitôt car il n’y croyait plus depuis longtemps et s’était contenté de poser la main sur son cœur.
— Salut Samir.
Il s’était éloigné de quelques pas et avait fait demi-tour. Il avait regardé autour de lui et était retourné auprès du cadavre qu’il avait fouillé rapidement. Il n’avait trouvé qu’une pièce d’un euro et quelque trente-cinq centimes. Paralysé par la honte et la peur, il avait tenté de fuir mais son corps s’était tordu et il avait vomi l’eau qu’il venait de boire et un reste d’aspirine.
Maintenant, il hâte le pas, l’oreille tendue. Son sac lui casse le dos. Et pourtant, il ne contient que trois ou quatre fruits ramassés sur le marché juste après la fermeture quand les commerçants remballent et abandonnent toutes sortes de cageots et cartons emplis de légumes et de fruits abîmés.
Il passe au large d’une cabane en ruine où se cachent les amoureux et les gamins qui font du feu, boivent de l’alcool ou fument leur première cigarette. Il prend le chemin de terre qui mène à l'ancienne usine, au-delà du réseau de barbelés.
 
Quelques années auparavant, à l’époque du plastique triomphant on y fabriquait des barquettes en polystyrène et une ribambelle de gobelets, assiettes et boîtes en PVC de toutes tailles.
Un jour, le site avait fermé sans préavis. Une entreprise chinoise avait racheté la marque. Une centaine d’ouvriers et d’employés s’étaient retrouvés à la rue. Puis ce fut le scénario habituel : plan social, promesses des nouveaux patrons, promesse des pouvoirs publics, grèves, manifs, bagarres avec les flics. Trois mois de luttes sans soutien ou presque et puis… Rien.
 
Un homme avance dans sa direction et le salue. C’est le fou du quartier, un pauvre type qui crie dans le vide, vocifère contre un ennemi imaginaire, raconte des histoires de femmes qui l’attendent. Il part d’un éclat de rire assourdissant qui se perd dans le vide. Il fait du surplace, boxe en tous sens.
Jeannot, tout à sa douleur, lui jette un regard étonné et continue de marcher. Comme un automate.
Il franchit les barbelés, avance d’une centaine de mètres et pousse une porte métallique. Il est dans le grand hall dont les verrières brisées laissent passer une lueur jaunâtre juste suffisante pour lire l’inscription Bureaux de la direction et voir la main au doigt tendu peinte au-dessous.
Il avance au milieu de cadavres : machines complexes hors d’usage, poulies rouillées, courroies cassées.
Il passe devant la machine sur laquelle il a travaillé, celle qu’il appelait ma bécane. Usée par le temps, martyrisée par les gamins et les visiteurs, elle a perdu sa couleur rouge, les boutons, le cadran de commande ont été arrachés, il ne reste qu’une carcasse.
Il passe son chemin le regard fixé sur un trou béant. Le matin, il a laissé la trappe ouverte.
Il compte les marches à haute voix, tâtonne du pied pour éviter la dix-huitième qui est cassée. Il s'agrippe à la rampe et se laisse guider. La pile de sa lampe est moribonde, il voit à peine à un mètre. Il longe le couloir et descend encore. Là, le plafond est bas, l’air rare et il flotte une odeur étrange.
C'est à ce moment qu'il ressent le premier vertige. Il entre en titubant, allume une bougie neuve.
Son antre est sinistre mais depuis des mois, c'est chez lui. Une planche en agglo repose sur deux fûts métalliques. Sur l’un d’eux des inscriptions en anglais sont imprimées noir sur jaune. Plusieurs fûts identiques ont servi à édifier une séparation derrière laquelle il a installé son matelas de mousse. Sur la table, des boîtes de maquereaux vides sont abandonnées à côté de son attirail de pique-nique, d’une photographie et d’un tube d’aspirine.
Il s'allonge et regarde le mur. Sur la couche de plâtre il a gravé son nom à la pointe du couteau : « Jean Lavigne », comme le font les prisonniers pour laisser une trace, dire qu'on a vécu là, pour attirer l'attention d'un improbable archéologue du futur.
Soudain tout chavire, le plafond se rapproche, les murs se mettent en mouvement, se gondolent, passent du concave au convexe. Redevenus plans, ils s'éloignent à l'infini, rebondissent et reviennent à la vitesse de l'éclair. Il s'assied. Le sol s'incline à droite, à gauche, en avant, en arrière. Il est au bord d'un gouffre, se sent emporté comme s’il était à la fête foraine sur le grand huit. Son pied dérape. Il bascule, crie, appelle à l’aide mais sa voix se perd dans l'ombre des couloirs. Des ondes de chaleur lui parcourent le corps. Il vomit, hoquète, la gorge irritée comme s’il avait avalé de la toile émeri.
Vaincu, anéanti, il tombe, essaie de se rattraper à la planche qui vacille. La vaisselle, les boîtes de conserves roulent sur le sol. Sa tête rebondit sur le béton.
Il perd conscience alors que des vagues de douleur le transpercent.
 
 
 
 
 
 
2
 
 
Le téléphone sonne. Étonné, Brossard prend la ligne. Il s’attend à ce que ce soit Flor :
— Flor ? J’t'écoute.
Il y a de la friture sur l

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