Un archange passe
404 pages
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Un archange passe , livre ebook

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Description

2089. Les MV (les mondes virtuels) prolifèrent permettant à tout un chacun d’habiter l’univers de ses rêves. Ou de ses cauchemars...
Tout devient possible dans ces MV modulables à souhait. Les distractions les plus frivoles. Les désirs les plus secrets.
Paradis artificiels et plaisir des sens se marient pour le meilleur ou pour le pire. Car là aussi le crime est apparu.
Le capitaine Claire Lussan et son nouveau coéquipier, le lieutenant Raphaël Guyenne, enquêtent sur une série de meurtres survenus dans ces mondes virtuels. Les victimes semblent toutes avoir des penchants assez particuliers. Quelles sont les intentions du ou des criminels ? Se sentent-ils chargés d’une mission divine pour purifier la Terre de toutes ces dépravations ?
Mais s’agit-il de meurtres réels ou de meurtres virtuels ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334180832
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Certains éléments qui composent ce récit sont scientifiquement impossibles.
Alors pourquoi ne pas les envisager ?
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-18081-8

© Edilivre, 2017
Première partie
I
Pas l’air commode, le vieux !
« Asseyez-vous, Capitaine. »
Oui, mais juste un petit bout de fesse alors. Sur l’extrémité du fauteuil Louis XV.
Le vieux à la mine sévère n’avait même pas daigné lever la tête pour m’accueillir, gardant obstinément les yeux baissés, plongé dans une lecture particulièrement captivante.
Captivante ? Non ! Cette indifférence volontairement affichée révélait plutôt une forme de sadisme. Certainement il se délectait à imaginer la souffrance de mon malheureux postérieur martyrisé sur ce siège d’un autre âge.
Classique pour déstabiliser l’adversaire. La torture physique avant de lui offrir la torture mentale. Mais je n’étais pas du genre à me laisser malmener sans réagir et j’ai tenté de trouver une position un peu moins inconfortable, glissant imperceptiblement jusqu’au fond de l’antiquité chargée de faciliter la conversation.
Tu parles ! Le silence devenait pesant. Face au mutisme de mon interlocuteur, mon regard l’a abandonné pour s’offrir quelques secondes d’exploration.
Une pièce plutôt spacieuse et un peu trop rococo pour mon goût. Surtout les dorures. Mais cela avait dû plaire. À une autre époque. J’aimais bien le bureau du vieux en face de moi avec ses pieds galbés.
Le bureau. Pas le vieux.
Mon esprit est parti à la dérive imaginant un mobilier farfelu. Je me suis sentie esquisser un sourire. Surtout pas ! Ce n’était pas le moment.
« Je suppose, Capitaine, que vous connaissez les raisons de votre présence dans ce lieu. »
Enfin, il s’était décoincé. Adieu les enfantillages avec le quatrième âge. Les choses sérieuses commençaient. J’allais en prendre pour mon grade. C’était le cas de le dire…
Quand on est convoqué au Ministère de l’Intérieur pour aller dire bonjour à un sous-sous-secrétaire d’État, c’est qu’on s’attend à recevoir des félicitations ou un blâme.
À moins d’avoir besoin d’une poire pour une mission confidentielle et dangereuse…
Non. Ces quelques mots proférés ne me laissaient guère le choix parmi toutes ces hypothèses. Je penchais inexorablement pour la deuxième. Mais franchement je ne m’imaginais pas une telle mise en scène. Que de solennité pour me désigner le chemin de la sortie ! Un réduit poussiéreux aurait suffi. Ou même une simple lettre. D’habitude nos responsables ne mettaient pas tant de gants pour expulser une brebis galeuse…
La brebis galeuse, c’était moi.
« Je suppose, en effet. »
Un peu trop discret le son de ma voix. J’ai eu l’impression qu’il se perdait dans la pluie de cristal suspendue au milieu de la pièce. Un énorme lustre en bronze doré presque aussi suranné et glacial que le vieillard rabougri assis en face de moi. Quand je pense que des centenaires se prenaient encore pour des jeunes premiers ! Lui n’avait pas abusé des cures de jouvence…
« Samedi dernier, le 16 avril vous avez agressé votre collègue de travail. Résultat : deux bras cassés et… »
Il s’est penché vers un document posé devant lui.
« Une lésion traumatique du testicule gauche avec rupture de l’albuginée… »
Son regard a plongé dans le mien. Je n’y ai découvert que de la froideur. L’issue de notre rencontre n’était que trop prévisible.
« Il est dangereux de travailler avec vous, Capitaine… »
Même pas un minuscule soupçon d’ironie. Juste un coup d’œil sur sa feuille pour vérifier mon nom qu’il devait connaître par cœur.
« … Claire Lussan. Or vous êtes ce qu’on appelle une récidiviste. La première fois, à cause d’un geste déplacé, un de vos anciens coéquipiers s’est déjà retrouvé à l’hôpital. Il serait intéressant de connaître les causes de cette deuxième agression. »
Pourquoi m’obliger à les reformuler alors qu’elles étaient écrites sur le rapport qui devait se trouver sous ses yeux ? Étaient-ils trop usés par le temps ? Je croyais qu’il y avait une limite d’âge dans les ministères.
Interdiction de dépasser les trois chiffres !
J’avais l’air, comme cela, sûre de moi. En réalité, je n’en menais pas large, les fesses coincées dans ce fauteuil Louis XV…
« Comme je l’ai déjà expliqué, mon collègue s’est approché de moi et je me suis sentie menacée…
– Comment cela menacée ? Pointait-il une arme contre vous ?
– C’est une histoire assez complexe…
– Je vous écoute. »
II
Méfie-toi des hommes, ma fille. Méfie-toi…
« Il est sept heures, Madame, voici votre petit déjeuner. »
Écoute ta maman, Claire. Méfie-toi des hommes…
« Votre petit déjeuner, Madame. »
Méfie-toi.
« Votre petit déjeuner… »
La voix suave et insistante d’Alain éclipsait doucement celle de ma mère.
La première pensée qui m’est venue à l’esprit en ouvrant les yeux a été vraiment loufoque. Pourquoi devrais-je prendre garde à mon petit déjeuner ? L’un des meilleurs moments de la journée quand Alain Delon, la trentaine resplendissante de sensualité, regard de velours teinté de froideur malicieuse, costume impeccable Pierre Balmain, entrait dans ma chambre. Il portait un plateau d’où émergeait une rose rouge.
« Merci, vous êtes gentil Alain, posez ça là. »
J’ai bâillé et je me suis étirée tout en repoussant les draps à côté de moi pour offrir un peu de place. Alain Delon a écarté les voiles qui entouraient mon lit. Un jus d’orange, une tasse de café, trois biscottes et un pot de confiture à la myrtille accompagnaient la rose rouge.
La phrase prononcée par ma mère dans mon rêve juste avant mon réveil s’est incrustée une dernière fois dans mon esprit.
Ne t’inquiète pas, maman, j’avais eu ma dose avec les hommes. Je ne risquais pas de commettre les mêmes erreurs.
« Madame désire-t-elle autre chose ?
– Oui, mon petit Alain, pourriez-vous mettre un peu de confiture sur mes biscottes ? Je me sens particulièrement maladroite ce matin. »
Alain Delon s’est assis en bordure de mon lit monumental, parfaite réplique, tout comme ma chambre d’ailleurs, de celui de Cléopâtre dans un vieux film de Mankiewicz 1 , un réalisateur américain du siècle dernier, et s’est exécuté avec un doigté qui m’a émerveillée. Puis il m’a regardée malicieusement dévorer mon petit déjeuner.
« J’adore votre façon d’ouvrir la bouche, a-t-il commenté d’une voix débordante de sensualité, on dirait que vous allez mordre, moi peut-être.
– Merci Alain, c’est tout pour l’instant. Appelez-moi Darry.
– Madame est donc satisfaite ? Ses désirs sont des ordres. » 2
Alain Delon s’est éloigné de sa démarche féline, m’a saluée et a disparu.
Quelques instants plus tard se faufilait dans ma chambre Darry Cowl. Il était habillé comme dans le Triporteur avec son T-shirt blanc à rayures bleues.
Encore un film d’un autre âge, mais français celui-là.
« Me voici, petit canaillou, va. »
J’avais toujours eu un faible pour sa voix zozotante.
« Quelles sont les nouvelles ?
– Tu me demandes les nouvelles ? Comme c’est original ! Alors là, franchement tu ne vas pas être tellement surprise, ma petite Claire. Figure-toi que nous sommes le vendredi 1 er avril 2089. Hilarant, non ? Il est sept heures dix. La température extérieure dans le monde réel ne doit pas dépasser dix degrés. Un peu frisquet, tu ne trouves pas ?
– Je resterais bien ici… »
Il s’est empêtré dans les courtines et j’ai craint le pire en assistant au spectacle de ses gesticulations désordonnées mais il a quand même réussi à franchir ce premier obstacle sans trop de dégât et s’est assis à son tour sur le lit en le tapotant.
« Allons, allons. Ce n’est pas sérieux, tout ça. Dois-je te rappeler que… »
Il s’est arrêté brusquement pour s’emparer d’une biscotte que j’avais délaissée.
« Quelle honte ! Qui a tartiné cette confiture ? Qui a osé commettre une telle ignominie ? Encore un travail d’amateur ! C’est terrible cette époque, on ne peut plus avoir confiance. Non, mais c’est un comble ! Quand on n’est pas capable de réaliser un travail correctement, on appelle un professionnel ! Heureusement que je suis là pour te sauver tout comme j’ai sauvé notre équipe de Vauxbrelles quand Dabeck, notre gardien de but, a découvert qu’il était cocu. Allez Vauxbrelles ! »
Darry Cowl a levé les bras au ciel et la biscotte lui a échappé des mains. Il a tenté avec de grands gestes de la rattraper mais elle a explosé entre ses doigts.
Inénarrable moment de jonglerie clownesque que j’ai apprécié moyennement. Surtout les miettes sur les draps tachés…
« Ouh là ! Plutôt capricieuse la petite ! Défaut de fabrication sans doute… »
Il a enfourné les restes brisés dans sa bouche et a poursuivi en postillonnant :
« Dois-je te rappeler que tu as rendez-vous avec ton patron adoré à huit heures et que ce n’est pas un poisson d’avril ! »
Rien de pire pour activer ma mauvaise humeur.
« Va-t-en !
– Allons, petit canaillou, calme toi…
– Disparais !
– Tu sais que je vais finir par renoncer à te faire rire, toi !
– Dégage !
– Oh ! Comme tu as tort de le prendre comme ça ! Oh ! Comme tu as tort, petit phénomène ! » 3
Darry Cowl, s’emberlificotant une nouvelle fois dans les voiles, est parti en bafouillant quelques drôleries qui se voulaient impertinentes sur les femmes mais qui étaient surtout incompréhensibles.
Et dire que c’était moi qui l’avais programmé…
Sept heures vingt. Juste le temps d’un brin de toilette.
« Cary ? »
Le mètre quatre-vingt-sept de Cary Grant est apparu, affublé d’un négligé froufroutant de femme, très hollywoodien. Même cet accoutrement ridicule pour un homme, ne pouvait atteindre son charme insolent.
« Je n’ai que cinq minutes pour une douche », lui ai-je annoncé dans un soupir.
– Alors pas de temps à perdre ! »
Il a dégagé le drap et m’a arrachée du lit

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