Tue, marionnettiste
352 pages
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Tue, marionnettiste , livre ebook

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Description

Le roman policier de Rachel Ferati nous plonge dans les méandres d'un esprit torturé par les forces maléfiques. Un tueur en série impitoyable et sanguinaire s'attaque aux jeunes femmes à l'arme blanche. À la fois séduit et dégoûté par la gent féminine, ce psychopathe charismatique a commis au moins une quinzaine de meurtres. Surnommé « le marionnettiste » par la presse, le criminel tient un journal dans lequel il consigne ses moindres méfaits, minutieusement orchestrés. Considérant ses victimes comme de simples « sujets », il s'amuse à mettre en scène leur exécution selon un ordre précis de « scènes » macabres. Depuis plusieurs années, l'agent spécial Patrice Collins le traque avec acharnement. Avec l'aide d'une nouvelle équipe, il parvient, au terme d'une palpitante course contre la montre, à retrouver sa trace et à percer son obscur secret.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 janvier 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334249683
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-24966-9

© Edilivre, 2017
Exergue

On ne peut être vraiment soi qu’aussi longtemps qu’on est seul ;
Qui n’aime donc pas la solitude n’aime pas la liberté,
Car on n’est libre qu’étant seul.
Arthur Schopenhauer
1
Lundi 18 janvier. 11 heures 42. Sujet 1.
La terre est sèche, dénuée de tout corps étranger, renfermant en son centre une trop grande quantité d’énergie, malheureusement inutilisable sous cette neige froide. Les plantations sont endormies, sombrant dans un sommeil inévitable, sous ce vent glacial qui mutile les terres et les endoloris.
Et pourtant, rien ne peut ternir cet instant de pureté, indissociable de la clarté et de l’épanouissement de certaines espèces hivernales. Les loups, bien que les proies viennent à manquer, ne peuvent ressentir une autre force que celle que leur procure cet émerveillement. Il suffit de peu, qu’un rongeur malheureux quitte son terrier pour partir vagabonder à la recherche de nourriture, sans savoir que bien tristement, vu sa faible rapidité, il finira lui aussi comme repas pour une autre espèce. Rien ne peut être plus fascinant que le spectacle que nous offre mère nature, si nous ne la provoquons pas. Or, je suis fasciné ; pourquoi tant de cruauté non-punissable ? Les règles, les lois, ce peuple en est régi de part et d’autre. Et pourtant, la nature semble bien s’accorder quelques bénéfices. Tant de morts, tant de vies arrachées pour se nourrir. La nature est féroce, mais bien trop intelligente pour nous.
Un bruit, des hurlements de chouettes, étrange en ce matin si ensoleillé, résonne à travers les bois, jusqu’au village, accompagnant les lève-tard qui revêtent tranquillement leur habit du week-end, bien que ce dernier soit déjà fini. Alors que les travailleurs, comme moi – car malgré les réprimandes de certaines personnes, je continue à croire que ces actions sont belles et bien les tâches d’un métier d’orfèvre – doivent se lever très tôt, parfois même, si la loi l’oblige, dès l’aurore.
Mais ce bruit de chouette m’est significatif. J’attends, caché derrière un arbre enchevêtré d’arbustes, mon Sujet . Toutes ces heures passées sur ce travail ont eu raison de moi, et j’arbore donc, non sans mécontentement, des cernes sur mon visage qui me vieillissent de plus de cinq ans. Je ne me trouve pas laid, mais je dois bien avouer que j’ai certains complexes que je trouve déplaisants. Pourtant, dans mon entourage, j’ai soi-disant un charme qui me caractérise, et je le conçois bien volontiers vu le nombre de mes dernières conquêtes.
Un mouvement dans les taillis bordant le chemin si bien entretenu attire mon attention. Mon Sujet . Son parfum si enivrant et sa beauté me font tourner la tête. Mon ventre se resserre, et un mouvement dans le bas de mon corps m’interpelle. C’est le moment.
Je ressors de derrière l’arbre, mets en place ma chemise marine, une main dans ma poche et je me mets à suivre le sentier, ne prenant pas la peine d’atténuer le son de mes pas sur cette neige craquante. Sujet ne ressent pas ma présence, et se met à chantonner, telle une hirondelle, sifflant à tout va les merveilles de la vie. Cinq minutes plus tard, Sujet entend un bruit, le craquement d’une branche. Il m’a remarqué. Il ne se retourne qu’une minute plus tard, et à ma mine réjouie et chaleureuse, il s’arrête, et se retrouve face à moi. Quelle plaisante circonstance de trouver un ami sur le chemin du retour.
Je baisse la tête, faisant mon timide comme je sais si bien le faire. Le Sujet s’approche, et arrivé enfin à mon niveau, me donne une tendre accolade qui en dit long sur le déroulement de la journée. Je respire son doux parfum qui embaume l’air d’une délicate odeur fruitée. Ses cheveux dorés qui me chatouillent le visage. Tout cela, rien que pour moi.
J’admire cette magnifique représentation théâtrale qui s’offre sous mes yeux. Je m’imagine déjà poursuivre mon texte jusqu’à la scène finale, si douce soit-elle, et tant attendue. Malheureusement, cette partie de l’histoire ne se situe pas entre mes mains, mais mon Sujet , lui , peut tout faire changer.
Nous marchons, bras-dessus, bras-dessous, admirant au passage le soleil qui approche gentiment le midi. Puis, lorsque nos chemins viennent à se séparer, je lui propose mon plan, si romantique, pour enfin en finir avec toute cette injustice. Je le vois , il hésite, puis, tout en m’embrassant, me chuchote ces quelques mots à l’oreille :
– On se retrouve ce soir.
Et sur ces paroles, il part, me laissant seul.
Cette scène était enfin finie. J’attends avec impatience l’acte suivant.
L’odeur de fleur est toujours présente, un peu partout ; sur les canapés du salon, à la cuisine, mais surtout dans sa chambre. Lieu terni de toute lumière extérieure, semblable à un cocon rose bonbon sorti des contes de fées. Nous sommes seuls, réunis. Bientôt, la scène numéro quatre va commencer. Et ma pièce à cinq actes va enfin s’achever.
Nous sommes allongés, regardant chacun le plafond rose pâle qui semble s’éloigner. Mes yeux s’éclaircissent, et ma bouche s’assèche. Je sens une fine main se balader le long de mon corps. Je ferme les yeux, et savoure chaque caresse de mon Sujet préféré. Malheureusement, je sais que cette paix sera de courte durée. J’ai appelé son père plus tôt dans la journée. Son heure de gloire va bientôt sonner. Pour que la pièce soit réussie, il faut qu’il soit là.
Cinq minutes plus tard, des bruits de pas. Mon Sujet , soudainement crispé, se relève et court s’habiller. Trop tard. Un homme imposant débarque dans la chambre, renversant poneys et peluches de couleur – drôle de hobby pour quelqu’un de si mature. Son ventre proéminant me fait face, et pourtant, d’un calme olympien, je reste couché dans ce lit, vêtu seulement d’un drap qui me couvre à peine le torse. Cette situation me fait rire, mais il joue tellement bien cette scène que cela m’émeut. Les larmes pointeraient presque au bord de mes yeux.
Il m’oblige à sortir, parlant d’une voix plus forte que celle de sa fille qui hurle juste derrière. Mon Sujet , cette douce beauté qui faisait désormais face à son père, et dont les larmes qui roulent sur ses joues ne me font penser à rien d’autre qu’à celles d’une gamine de dix ans qu’on aurait privé de dessert.
Une fois debout devant lui, il m’agrippe par l’épaule, provoquant une torsion bien agréable. Son visage crache la fureur, et ses yeux révulsés lancent des éclairs de poison. Un sourire intérieur m’illumine, mais je ne le transmets pas sur mon visage, de peur que celui-ci se retrouve entaché de sang.
Au bout de quelques minutes à me regarder dans le blanc des yeux, il me flanque dehors, revêtu d’un simple bas de jogging noir. Cette scène aurait pu paraître époustouflante aux yeux du monde extérieur, mais en réalité, elle était magnifique, et dégageait une grande force : la puissance paternelle.
Je ne devais attendre que dix minutes.
Après le temps que je lui avais imparti, je la vois descendre les escaliers, portant sur son bras un sac bleu contenant sûrement ses affaires. Elle partait de la maison, enfin. Et son père n’avait plus son mot à dire.
Nous nous sommes retrouvés au centre de mon appartement, seul lieu neutre qui se trouve à quelques centaines de mètres de chez elle ; point très stratégique. Parfois même la pensée me vient : pourquoi donc emploie-je tant de moyen pour accomplir un acte qui me paraît si bénin ?
L’heure du dernier acte est enfin annoncée.
Elle me regarde dans les yeux, tenant fermement son couteau dans la main droite, moi de même. Mon regard perce le sien, si intense, et empreint de désir. Elle saisit mon poignet, je saisis le sien. Et nous nous disons au revoir, pour une nouvelle vie d’amour dans l’Autre Monde. Je souris, même si le moment n’était pas forcément choisi pour cela.
Elle commence. Elle m’entaille légèrement le poignet gauche. Avant qu’elle s’aperçoive que sa force seule n’arriverait pas à me découper avec ce couteau si fin, je lui saisis la main, et coupe dans le vif. Petit à petit, ses forces l’abandonnent. Elle se met à tomber dans mes bras, son regard éteint, ses yeux qui se ferment doucement. L’entaille est faite proprement, sagement. C’est un véritable suicide, dont un seul survit. J’adore les pièces de théâtre revisitées.
Je regarde le sang couler lentement sur le plancher de ce qui est désormais mon ancien appartement. Je dispose les affaires de mon ancien Sujet – muni de gants – dans les armoires, pour faire croire à une dépression suite à la dispute avec son père. De toute façon, ni ce dernier, ni la police ne penserait à un meurtre et donc, personne ne me chercherait, car aucune empreinte n’a été faite, et son père sera bien trop triste pour relater ma visite chez eux juste avant le suicide de sa fille.
Je me dirige ensuite à la salle de bain, me lave les cheveux, enlève le colorant s’y trouvant, et change d’habit, pour me retrouver enfin moi-même, beau, et je dirais même « appétissant ».
2
La pièce est baignée d’une atmosphère triste, lugubre. Les projecteurs éclairent la salle d’une lumière orangée, presque imperceptible depuis le fond du théâtre. Les lourds rideaux rouges tombant sur la scène amplifient encore plus ce sentiment de renfermé. Pourtant, les spectacles qui s’y déroulent cassent cette atmosphère, pour la rendre féérique, emplie de vie et d’imagination. Peu importe la place, les moyens employés. Un bon acteur peut jouer n’importe quelle scène dans n’importe quelle circonstance. Un peu comme le pauvre, qui n’a pas besoin d’argent pour être heureux. Tout comme le riche, qui avec tout l’or du monde, n’arrive à exprimer son mécontentement de la vie que par des sourires forcés. Eux tous, n’ont pas

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