Train d enfer et vieilles taties
182 pages
Français

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Train d'enfer et vieilles taties , livre ebook

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Description

Trois vieilles demoiselles propriétaires d’un château voient leur tranquille vie bouleversée par le progrès, on veut tracer une ligne de chemin de fer au beau milieu de leur propriété.
Refusant le projet ferroviaire, elles vont alors entrer dans une folie meurtrière pour empêcher le bon déroulement des travaux, multipliant les meurtres, mais comment pourront-elles échapper à la justice des hommes ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334081382
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-08136-8

© Edilivre, 2017
Chapitre 1
La catapulte attendait au bord du gouffre, telle une énorme sauterelle prête à bondir. Une carcasse de voiture posée sur l’engin reposait sur une sorte de plate-forme, l’homme qui en était le créateur s’assura qu’elle était bien positionnée, afin que sa trajectoire ne subisse aucune déviation durant son vol plané. Ayant vérifié une ultime fois que tout était en ordre, il vint se placer derrière l’engin, tout près du levier qui permettait de libérer la formidable puissance de sa machine.
Il s’en saisit d’une main puissante, puis afin de mieux jouir du spectacle leva les yeux vers le ciel, d’un coup sec il tira le manche vers lui, la bête se détendit d’un seul coup, expédiant dans les airs sa misérable proie. Celle-ci sembla s’immobiliser au plus haut de sa folle envolée, puis tel un scarabée cherchant désespérément son équilibre dans le vide, elle finit par retomber au centre du trou, percutant violemment la surface de l’eau dans un geyser qui la fit disparaître momentanément aux yeux de son propulseur, elle surnagea un instant, puis commença à couler en piquant du nez comme l’avait fait bien avant elle le TITANIC, libérant une multitude de bulles qui vinrent éclore à la surface, puis tout à coup elle coula à pic.
Ce trou d’eau était insondable, l’œuvre du diable en personne selon les anciens, de tout temps il avait englouti toutes sortes de déchets, choses ou êtres dont on voulait se débarrasser discrètement de façon définitive, bêtes mortes, braconniers, voleurs, manants, possédés du démon, sorciers, pestiférés, femmes infidèles ou du moins supposées comme telles, etc. etc.
L’homme ne put contenir un sourire de satisfaction qui se traduisait chez lui par une horrible grimace, maintenant il en était sûr sa machine était au point, se retournant, il siffla pour rappeler à lui Méphisto, un chien de race incertaine où pointait cependant une prédominance pour être sans doute issu du croisement entre un dogue allemand et une autre espèce assez difficile à déterminer, ce qui lui donnait une allure mi-chien mi-girafe, c’est sans doute ce qui avait poussé ses anciens maîtres à l’abandonner dans ce vaste domaine loin de tout. C’est là qu’Hector, le machiniste de la catapulte l’avait trouvé par une froide soirée d’hiver et avait décidé de le recueillir.
Hector était au service de trois vieilles demoiselles héritières d’un château entouré d’un vaste domaine de près d’un millier d’hectares hérité de leur père, le comte de saint Augustin, il était le fils du dernier garde-chasse mort accidentellement d’un coup de fusil lors d’une battue au renard alors qu’il n’avait pas dix ans, d’un commun accord il fut décidé de garder le garçon déjà orphelin de sa mère sous leur protection, puis les années passant, il était toujours resté à leur service assurant, notamment l’entretien courant du château et du domaine.
Amandine était l’aînée des trois demoiselles, née avec le siècle, Améline avait deux ans de moins, Amarante la troisième était un peu plus jeune puisque dix ans la séparait d’Améline.
Arrivé aux abords de la propriété, Hector aperçut Amandine qui le héla du haut de l’ancien donjon, une paire de jumelles à la main.
– Alors Hector cette fois ça marche ?
– A la perfection mademoiselle !
– Ah tant mieux, je cours annoncer la bonne nouvelle à mes sœurs, et n’oubliez pas de remercier le garagiste pour ces vieilles épaves de voitures, surtout ne lui dites rien sur l’utilisation que vous en faites, cela doit rester secret.
– Dieu m’en est témoin, je ne dirai rien.
Jusqu’à présent tout n’avait été que calme et volupté dans ce petit monde, jusqu’au jour où……
Quelques semaines auparavant, un courrier de l’administration leur signifia la venue prochaine d’un représentant de l’Etat, afin de leur exposer un projet de voie ferrée à grande vitesse qui passerait par le beau milieu de leur domaine, ce n’était qu’un avant-projet, mais tout de même, il était hors de question de laisser leur bien-être saccagé par quoi ou qui que ce soit, c’était un serment fait à leur père sur son lit de mort par les trois sœurs, un devoir sacré, une promesse irréversible, la chose était entendue d’avance.
Un matin, ce fut un véhicule qui débarqua dans la cour, deux messieurs en descendirent, costume cravate ce qui ne laissa rien augurer de bon à Hector qui les épiait à l’écart. Après s’être présenté à Amandine qui avait toujours la charge de recevoir les visiteurs, ils lui exposèrent le but de leur visite.
Ayant déplié une carte de la région sur la table du salon, l’un des deux expliqua :
– Voilà ! La compagnie ferroviaire nationale que nous représentons envisage de créer une nouvelle ligne à grande vitesse reliant Paris à Turin, l’idéal étant de trouver le chemin le plus court, il se trouve que le tracé retenu passe sur une partie de vos terres, regardez.
Amandine jeta un coup d’œil sur le plan et faillit s’étrangler d’indignation.
– Votre ligne va singulièrement défigurer le domaine, un peu comme une balafre sur un visage, de plus le tracé passe en plein milieu de la partie où se trouvent le plus de chênes séculaires. Je ne vois vraiment pas l’utilité de faire une ligne à grande vitesse, sachant que de nos jours, en moyenne un train sur trois est en retard, vos trains malgré tout n’arriveront pas plus vite de toute façon.
Améline qui était restée un peu à l’écart, crut bon d’en remettre une couche.
– Mais, Amandine cette ligne permettra sans doute aux voyageurs d’arriver plus vite en retard qu’actuellement !
Les deux sœurs éclatèrent de rire, ce qui eut pour effet d’agacer leur interlocuteur.
Prenant sur lui, il ne se départit pas de son calme
– Evidemment je comprends votre réticence, mais vos chênes restent votre propriété, vous en obtiendrez un très bon prix, un bois d’une telle qualité est très prisé chez les ébénistes, sans compter que vous serez généreusement dédommagées pour ce chantier.
Décidément cet homme n’avait que l’argent en tête.
– Oh vous savez à notre âge nous nous contentons de peu, heureusement que le projet ne passe pas carrément sur le château, vous seriez bien capable de le démolir et de nous ensevelir vivantes ou de nous mettre en maison de retraite, répondit Amandine d’un air pincé.
– Je sais combien cela peut vous paraître triste, mais que voulez vous rien ne peut arrêter le progrès, et puis une fois le tracé définitivement arrêté, et afin de ne plus défigurer votre propriété, toute nouvelle ligne passera par là, vous voyez nous aussi nous tenons compte de l’environnement.
– Comment ça toute nouvelle ligne ? S’offusqua Amandine.
– Eh bien un tel train utilise l’énergie électrique, aussi électricité de France a pensé profiter de ces travaux pour renforcer son réseau de distribution, mais là ce n’est plus de notre ressort, vous serez contactées par leurs services le moment venu.
Cette fois c’était sûr, ces deux hommes étaient fous à lier, il devenait urgent de prendre les choses en main, aussi c’est d’une voix faussement résignée qu’elle s’adressa à eux.
– Puis je vous offrir un thé messieurs ?
Les deux hommes se regardèrent, un peu surpris de ce changement de comportement, mais voyant là une occasion d’arrondir les angles, ils s’empressèrent d’accepter.
Amandine se rendit dans la pièce voisine qui servait de cuisine, puis ayant mis de l’eau à chauffer, elle descendit prestement à la cave où Hector était occupé à réparer un piège à renards.
Elle lui demanda de lui procurer un poison violent et à action rapide, Hector fouilla parmi un tas de boites et de récipients sur une étagère de bois, et lui tendit un paquet. Elle en lut rapidement la composition, puis voyant le mot – arsenic – elle remonta à la cuisine, l’eau bouillait déjà, le mélange fut vite expédié, pas mal de thé et beaucoup de poudre du sachet, elle espéra que le goût du thé couvrirait celui du poison, la théière remplie, elle prit deux tasses et revint au salon.
– Vous m’excuserez de ne pas trinquer avec vous, mais je venais d’en boire un peu avant votre arrivée, et je dois vous avouer que si j’en prends trop je n’arrête pas d’aller faire pipi, dit-elle en prenant soin de rire comme le ferait une mamie gâteuse.
Les deux hommes comprirent fort bien, car ils sourirent trouvant cette vieille fille un peu froide d’abord, mais finalement si gentille.
– A votre santé mademoiselle, dit le plus âgé en levant sa tasse.
– Je vous remercie, répondit Amandine avec gratitude.
Puis les deux hommes burent leur breuvage, il sembla à leur hôte qu’une légère grimace déformait leur bouche, pressés sans doute d’en finir avec cette affaire, ils avalèrent leur mortelle mixture d’un trait.
Les tasses vides, ils refusèrent poliment d’en reprendre, Amandine légèrement inquiète et soucieuse de laisser sa boisson agir reprit la parole.
– Quand pensez vous que ces messieurs d’électricité de France passeront ?
– Oh sans doute très pas longtemps bientôt, prononça avec difficulté l’un des deux buveurs de thé, son collègue sembla ne même pas se rendre compte du désordre verbal de son confrère, puis d’un seul coup les deux visiteurs tombèrent la tête en avant, les yeux exorbités, leur destin à jamais scellé dans l’éternité.
Les fixant, le regard aussi froid que les glaces de l’Antarctique.
– Papa avait raison quand il disait que le progrès tuerait l’homme, je viens de vous en faire une brillante démonstration !
Elle trouva que c’était là un bel éloge funèbre.
Amandine fit venir ses sœurs, puis toutes les trois récitèrent quelques prières pour le repos de l’âme de leurs victimes, après tout ils étaient des hommes, et avaient quand même droit à un semblant de

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