Suicide à la barbe à papa
152 pages
Français

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Suicide à la barbe à papa , livre ebook

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Description

« Inès, trentenaire tourmentée, soigne son mal-être par l'écriture du roman de sa vie. Malheureuse dans son couple, elle cherche à assouvir son besoin d'affection dans les bras de partenaires d'un soir. Lors d'une aventure libertine sous l'emprise de l'alcool, la situation dégénère... »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414078844
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-07882-0

© Edilivre, 2017
Prologue
« Défigurée par la vie, les mots ont pris sa main. Dans l’asphyxie qui la comprimait, ils sont arrivés comme un signal, se sont déversés sur le papier comme une bulle d’oxygène. L’existence prenait forme le soir, accompagnée d’un verre de vin blanc et d’une bougie allumée. Elle ouvrait alors grand les rideaux sur une myriade d’étoiles qui la poussait à écrire dans les bruits de la nuit. Le stylo prenait possession de son âme pour la conduire au cœur de ses instincts. La survie était à ce prix… Les pages se sont remplies malgré elle, lui ont donné le pouvoir de travestir les maux. Et quand la solitude l’enveloppait, elle traquait ses formes sur un coin de table, entre serveurs et clients. Une habituée illuminée qui peignait le monde la nuit, seule mais entourée de tous ses personnages. C’était arrivé comme un virus, une addiction sans laquelle elle n’aurait pu vivre. »
Jack, l’ami d’Inès.
Chapitre 1
« Il n’est point de secrets que le temps ne révèle. »
Jean Racine – extrait de Britannicus.
J’ai rendez-vous avec Nina dans ce café où j’aime me rendre quand mes forces m’abandonnent. A n’importe quel moment de la journée et de la nuit, il reste l’endroit idéal où exorciser mes angoisses griffonnées sur un coin de table. Pendant des heures entières, je peux y poser mes mots sur tout ce qui m’accable. Mes récits deviennent alors les témoins de la futilité de mon existence, seul exutoire pour retrouver la vie d’avant mes peurs. Je me souviens aussi des nombreux moments heureux passés ici avec mes amis. Se sentir dans son élément au milieu des rires et des impertinences comme dans la souffrance, représente un véritable refuge, témoin du cheminement vers l’acceptation de soi. Les serveurs me connaissent et n’hésitent jamais à me faire la conversation. Je suis, ce que l’on nomme, une habituée du lieu, une sorte de pilier de comptoir ou plutôt un coin de table, assoiffée de visions, d’idées tirées de mes observations.
Nina est en retard, comme à l’accoutumée. Affalée à ma table habituelle, la vue sur tout l’établissement m’offre tout le loisir d’observer les autres et d’imaginer quelle peut être leur vie, quel drame ils allaient vivre sans le sentir arriver… Cela viendrait pour chacun d’entre nous, tous autant que nous sommes, un matin, une nuit ou même un lendemain qui chante…
Mon anxiété augmente. Comment vais-je pouvoir révéler mon secret à Nina ? Que fout-elle bon dieu ? Pourquoi faut-il qu’elle soit encore en retard juste aujourd’hui, à un moment si crucial pour moi ? A mesure que les minutes défilent, je donnerais n’importe quoi pour postposer d’une dizaine d’années l’instant des aveux. En me levant ce matin pourtant, j’étais convaincue qu’il serait impossible de supporter le poids de ce secret une journée de plus. Inconcevable de vivre encore entre deux mondes, à sentir les parfums interdits, goûter aux poisons, et en rire sans autre forme de procès l’air de rien. Il fallait que l’épreuve cesse. Je m’étais jouée de toutes les mascarades et peu de gens me ressemblaient à part Nina, cette douce amie délicieusement déjantée à qui je confiais la quasi-totalité de mes pensées. Nous nous étions rencontrées par hasard et la magie avait opéré instantanément. En moins de deux jours, nous étions devenues complices au point de rire de tout, de partager des soirées folles et de vivre ensemble durant quelques mois comme de vraies étudiantes. Ensuite, nous avions rencontré nos hommes respectifs et notre amitié s’était transformée mais demeurait intense.
Enfin, Nina arrive, vêtue d’un tailleur noir, sobre et élégant, rayonnante comme à son habitude, et révélant son plus large sourire. Dès son entrée, je sais qu’elle lit dans mes yeux la douleur imperceptible qui les assombrit, et son sourire se fige quelque peu.
– Comment vas-tu Poulette ? t’as l’air toute rabougrie sur ta superbe banquette en simili cuir ! dit-elle en s’esclaffant. Ce salaud a encore fait des siennes ?
– Bonjour ma chérie… non, rien à voir avec Gabriel ! Enfin si quand même, mais c’est plus insidieux. Une dimension nouvelle est apparue.
– Que veux-tu dire ?
– Pff… Je ne sais pas comment t’expliquer ce qui m’arrive. Tu vas me prendre pour une folle.
– Mais folles, nous le sommes déjà ! Après tout ce que nous avons vécu, on le serait à moins… Et puis, tu peux tout me dire. Tu le sais. Je t’écoute.
Comment lui confier aussi brusquement tout ce qui m’arrive ? Il va falloir trouver rapidement la parade, choisir un détour qui n’effraie pas trop ma meilleure amie par les propos que je vais tenir.
Là-dessus, éberluée, Nina rajouta :
– Il y a quelqu’un d’autre dans ta vie !
– Mais non, pas du tout ! Que vas-tu t’imaginer ?
– Oui, tu as raison. Tu resteras maso jusqu’au bout. Tu l’as trop dans la peau ton macho ! Alors, qu’est-ce que c’est ?
– C’est plus grave. Je perds la tête !!!
– Sois plus explicite, s’il te plaît. Tu commences à me faire peur.
Le moment est venu de lui raconter sa présence, sa façon de se manifester quand tout démissionne autour de moi, sa complémentarité d’une extrême perfection avec Gabriel, le mec qui partage ma vie, ce qui me tétanise. Je voyais un fantôme. Nina écoute sans ciller, puis le silence se fait et n’est rompu que par l’apparition du garçon. On en profite alors pour commander un alcool fort et nos joues cramoisies par la brûlure du secret amplifient la luminosité de nos regards échangés.
A cet instant précis, me rendant compte de l’ironie de la situation, je jette un coup d’œil angoissé aux alentours. Je m’interroge sur sa présence, si cet être mystérieux dont je viens de lui révéler l’existence a été le témoin de ma trahison. La gêne est tellement perceptible que le serveur ne s’aventure pas à lancer une anecdote comme à l’accoutumée et s’éclipse devant nous deux qui restons retenues dans une autre dimension, toute nouvelle.
Devant l’absence de réaction de Nina, les larmes perlent inévitablement. Me sentant une nouvelle fois incomprise, je me trouve aussi stupide que lorsque je m’évertue à décrire dans mes textes un monde que personne ne comprend. Suis-je de ces femmes qui traversent la réalité du temps dans un univers que personne n’est capable de percevoir ?
Mon amie sentant ma détresse, finit par se ressaisir.
– Mais ce truc… Enfin… ce qui t’arrive… ça dure depuis combien de temps ?
– Un mois environ.
– Tu avais déjà vécu un truc pareil auparavant ?
– Non jamais !!
– C’est dingue… marmonna Nina.
– C’est évident, mais c’est ce que je suis en train de vivre.
Nina, pensive, réfléchit. Sa concentration semble extrême, lorsqu’elle me chuchote :
– Ces manifestations te dérangent ?
– Pas vraiment. J’aurais même tendance à dire que cela m’aide à vivre, me donne des forces et m’apaise parfois… mais ça fout les jetons, putain !
– Et bien, j’ai la solution !… s’écria Nina.
– Ah oui ! Et laquelle ?
– Attendre et l’écrire.
– Tu plaisantes, j’espère ?
– Certainement pas ! Si ce truc existe, c’est qu’il y a une raison. Rien n’arrive par hasard, et surtout pas ça, tu comprends ce que je veux dire ? En plus, cela fait des mois que tu cherches un sujet pour donner libre cours à ta passion pour l’écriture. Tu l’as. Ecris et fonce… C’est le moment. Et puis, tu verras bien où cela te mène. Je resterai près de toi durant toute ton aventure. Tu peux compter sur moi. Tu y arriveras, et ce sera peut-être l’occasion de te révéler… de t’offrir une nouvelle vie… celle que tu mérites enfin.
Nous nous sommes tues. Une dame âgée, ressemblant étrangement à la Madame Chapeau du théâtre des Galeries, nous épiait sans que nous puissions dire depuis combien de temps son petit jeu durait. Voyant la mine déconfite de l’octogénaire qui en dit long, nous éclatons de rire.
Pour célébrer notre retour sur la planète « brasserie du coin », le patron nous offre un cocktail. Rien ne parviendrait plus à nous arrêter désormais. Mues par cet éclat salvateur et rassurant, on fit le tour de tous nos souvenirs de virées en ce lieu qui exacerbait la magie de nos folles amitiés. On y vivait nos secrets et nos délires et c’était l’endroit idéal pour venir y écrire ces tranches de vies… les miennes, les autres, les vraies et les fausses. Cet endroit se compose du panel des émotions qui me mène doucement à travailler sur moi-même, à entrechoquer le Yin et le Yang entre deux verres. Un peu éméchée, j’aimais répéter à qui voulait l’entendre que chacun devait prendre la peine d’entrouvrir les portes de son âme pour révéler sans peur toutes ses facettes obscures. Ne rien refouler, les chercher et les connaître pour faire émerger un ensemble singulier mais entier. Jamais je n’ai pu croire à la sincérité de ceux qui cachent ce qu’ils ont de plus noir en eux. J’aime le tout chez les autres pour autant que l’hypocrisie ne les habite pas. Je fuis comme la peste les non-dits et les faux-semblants. J’ai toujours souhaité savoir de quoi je pourrais mourir plutôt que laisser les désillusions du temps avoir ma peau.
Après avoir refait le monde ensemble pour la énième fois, nous nous sommes laissées toutes les deux sur cette note positive. Tout ce qui nous unit a eu raison de l’angoisse permanente qui me tétanise.
Il est dix-huit heures lorsque je quitte Nina. Quelques courses m’attendent avant de regagner mon domicile. Puisqu’il passe ses journées à traîner dans les cafés, à remplir sa panse sans cœur, Gabriel ne serait sans doute pas encore rentré. J’ai donc tout mon temps. J’aime regarder la nuit s’immiscer dans l’ancrage des pavés sur lesquels je marche. Je jouis de ces instants en aparté où rien ni personne ne s’autorise à me dicter ma conduite. Il fait

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