Stay alive
206 pages
Français

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Description

À mes filles, Amy et Rachel. 1 21 jours plus tôt Amanda Rowan venait de franchir le seuil de sa maison, un sac contenant sa nouvelle paire d’escarpins dans une main, et ses clés dans l’autre, lorsqu’elle entendit un son qui la figea sur place. Une exhalaison, soudaine, étouffée. Comme un petit souffle d’air s’échappant d’un pneu crevé. Qui provenait de l’étage. Amanda écouta, se concentra, mais ne décela plus rien qu’un silence profond, seulement rompu par le tic-tac de la pendule ancienne, dans le couloir ; et, l’espace de quelques secondes, elle se demanda si elle n’avait pas rêvé. Les lumières étaient allumées, dans toute la maison, et la Porsche de son mari était garée dehors, ce qui signifiait qu’il était là. Il n’aurait pas dû. Il était censé être en voyage d’affaires, à Manchester, jusqu’au lendemain après-midi. Tôt ce matin-là, Amanda l’avait vu partir au volant de sa voiture et elle l’avait même eu au téléphone depuis, en début de soirée, alors qu’il s’apprêtait à sortir dîner avec un client. Sauf qu’il n’y avait pas de client, pas plus que de dîner, comme le prouvait la présence de sa voiture trois heures après cet appel, à plus de trois cent vingt kilomètres de Manchester. Quelque chose l’avait poussé à rentrer plus tôt. Et Amanda savait pertinemment de quoi il s’agissait. Depuis des mois, George avait une maîtresse. Elle l’avait découvert, tout à fait fortuitement, quelques semaines plus tôt.

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Informations

Publié par
Date de parution 29 janvier 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782810414086
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À mes filles, Amy et Rachel.
1

21 jours plus tôt
Amanda Rowan venait de franchir le seuil de sa maison, un sac contenant sa nouvelle paire d’escarpins dans une main, et ses clés dans l’autre, lorsqu’elle entendit un son qui la figea sur place.
Une exhalaison, soudaine, étouffée. Comme un petit souffle d’air s’échappant d’un pneu crevé. Qui provenait de l’étage.
Amanda écouta, se concentra, mais ne décela plus rien qu’un silence profond, seulement rompu par le tic-tac de la pendule ancienne, dans le couloir ; et, l’espace de quelques secondes, elle se demanda si elle n’avait pas rêvé.
Les lumières étaient allumées, dans toute la maison, et la Porsche de son mari était garée dehors, ce qui signifiait qu’il était là. Il n’aurait pas dû. Il était censé être en voyage d’affaires, à Manchester, jusqu’au lendemain après-midi. Tôt ce matin-là, Amanda l’avait vu partir au volant de sa voiture et elle l’avait même eu au téléphone depuis, en début de soirée, alors qu’il s’apprêtait à sortir dîner avec un client. Sauf qu’il n’y avait pas de client, pas plus que de dîner, comme le prouvait la présence de sa voiture trois heures après cet appel, à plus de trois cent vingt kilomètres de Manchester.
Quelque chose l’avait poussé à rentrer plus tôt. Et Amanda savait pertinemment de quoi il s’agissait.
Depuis des mois, George avait une maîtresse. Elle l’avait découvert, tout à fait fortuitement, quelques semaines plus tôt. Un soir, il avait oublié de se déconnecter de son compte de messagerie, sur l’un des deux iPads utilisés par le couple. Et lorsqu’Amanda avait allumé la tablette pour consulter son propre compte Hotmail, une longue liste de messages adressés à George par une certaine Annie Mac – dont Amanda n’avait jamais entendu parler – s’était affichée, chacun ayant pour objet des « Chéri, j’ai besoin de toi », et autres « Tu me manques tellement ». Sonnée, mais au fond pas réellement surprise, Amanda avait ouvert le premier e-mail et l’avait lu jusqu’au bout. Elle n’avait pas ressenti le besoin de lire les autres. Elle avait compris l’essentiel.
Pourtant, elle ne put s’empêcher d’en vouloir à son mari d’être assez blasé pour oser ramener sa maîtresse au domicile conjugal. Peut-être cette femme était-elle à l’origine du bruit étrange surpris par Amanda ? Cela dit, ce son ne ressemblait ni de près ni de loin aux diverses exclamations pouvant être produites lors d’ébats sexuels.
Amanda posa son sac et referma la porte sans faire de bruit. Elle n’était pas supposée rentrer, ce soir-là, pas plus que George. Elle avait prévu de passer la nuit à Londres, chez son père ; mais c’était un vieil acariâtre et, comme toujours, ils avaient fini par se disputer. Cette fois, au lieu de laisser ses attaques fielleuses glisser sur elle comme elle le faisait toujours lors de ses rares visites chez lui, Amanda était partie d’une colère terrible, finissant par s’en aller comme une furie, avec pour seul au revoir une insulte lâchée en franchissant la porte. Elle avait sauté dans sa voiture et était rentrée tout droit chez elle.
C’était étrange, tout de même. Elle n’entendait pas de musique et le téléviseur était éteint. Or, ça ne ressemblait pas du tout à George : il avait toujours besoin d’un bruit de fond.
À l’étage, une lame de parquet craqua. Quelqu’un se déplaçait discrètement et, même si elle savait de qui il s’agissait, Amanda se crispa. Voilà ce qui arrive, quand on vit dans un cottage trois fois centenaire au milieu des bois , songea-t-elle. Elle adorait cette maison. Une vraie belle demeure de caractère, qui prodiguait la solitude dont Amanda avait tant besoin, bien qu’elle ne se trouvât qu’à quelques kilomètres de l’autoroute M3, et donc à une heure à peine des lumières de Londres. Pourtant, la nuit, lorsqu’il n’y avait d’autre son dans les ténèbres que les hululements des chouettes et, parfois, le lointain bourdonnement d’un avion survolant la zone, il arrivait à Amanda de se sentir vulnérable. En particulier sans le bruit de fond que George adorait.
Le parquet craqua de nouveau. Cela venait de l’une des chambres. Amanda fronça les sourcils, perplexe. George n’avait rien d’un poids plume et en général, à cette heure, il avait déjà descendu une bouteille de vin rouge. Qu’il fût seul ou accompagné. Et il avait plutôt tendance à faire beaucoup de bruit lorsqu’il se déplaçait, même quand il s’efforçait de se montrer discret. Il avait également l’habitude très pénible de se racler bruyamment la gorge, en particulier lorsqu’il avait bu.
Mais le silence, total, régnait de nouveau à l’étage.
La conclusion était évidente : George essayait de se cacher, car il savait qu’il avait fait quelque chose de mal. Comme ramener sa maîtresse chez lui à la faveur de l’absence de sa femme.
Amanda se tint, immobile, dans le couloir. Elle sentait son cœur battre fort et constata qu’elle avait la bouche sèche. Elle n’était pas du style à apprécier les confrontations violentes. Elle préférait tourner le dos et s’en aller lorsque la situation dégénérait. Et elle s’était déjà énervée une fois, ce soir-là.
Reprends-toi , se dit-elle. Tu es chez toi, ici .
Elle respira un grand coup, avant d’appeler George d’une voix forte, mais teintée d’un soupçon de nervosité, qui fendit le silence.
Pas de réponse.
– George ? Tu es là-haut ? C’est moi, Amanda.
Toujours pas de réponse.
– Écoute, je sais que tu es là. Ta voiture est garée devant la maison.
Dans un long soupir, Amanda ôta ses escarpins et monta lentement l’escalier, avant de longer le palier étroit qui occupait toute la longueur de la demeure. Les lampes y étaient allumées, bien qu’Amanda n’y vît personne. Sur sa gauche se trouvait la porte menant à la suite parentale qu’elle partageait avec George. Du moins, quand il ne ronflait pas comme une tronçonneuse. La porte était grand ouverte. Il y faisait sombre, mais elle vit clairement que le lit était défait : les draps étaient froissés, en boule. Aucun doute, le lit avait été utilisé récemment.
Amanda tourna la tête et constata qu’il y avait de la lumière dans la chambre d’amis, à l’autre bout du palier, et que la porte était entrouverte.
Elle fit un pas dans cette direction, puis un autre, avant de marquer un temps d’arrêt pour respirer à fond. Son souffle lui parut assourdissant. Une chape de silence écrasait la maison. Amanda reprit sa progression vers la chambre d’amis, ses pieds nus ne faisant pas le moindre bruit sur le parquet lustré. Elle s’arrêta, à un pas à peine de la porte.
Aucun son ne lui parvenait. Pas même celui d’une respiration. C’était comme si l’univers tout entier s’était figé.
Elle tendit une main légèrement tremblante et poussa la porte ; celle-ci pivota de quelques centimètres, dans un grincement. Une puissante odeur de sang et d’excréments assaillit aussitôt Amanda, et elle aperçut un pied, nu, ensanglanté, sur le tapis. Un pied de femme : fin, délicat, et aux ongles soignés, arborant un vernis d’un rouge vif arrogant, de quelques tons plus clair que l’épaisse mare de sang qui se formait, non loin de la porte.
Était-ce le son qu’elle avait entendu en arrivant ? Le dernier souffle d’une femme au moment de mourir ?
Si c’était le cas, cela ne pouvait signifier qu’une chose. Le tueur était encore dans la maison.
Dans son dos, Amanda entendit craquer le parquet. Des doigts glacés coururent le long de son dos.
Elle se retourna vivement, au moment même où un homme, plus grand et plus élancé que George, vêtu de noir et le visage dissimulé par un passe-montagne, apparaissait à la porte de leur chambre. À cinq ou six mètres d’Amanda, tout au plus.
Pendant une interminable seconde, elle resta paralysée, le regard rivé au couteau de chasse qu’il tenait à la main. Du sang, du sang frais coulait le long de la gouttière au centre de la lame, et formait à sa pointe des perles écarlates qui allaient s’écraser au sol.
Elle déglutit péniblement. Jamais elle n’atteindrait l’escalier avant lui, c’était impossible.
Et soudain, l’intrus se dirigea vers elle, sûr de lui ; ses bottes martelaient le parquet, dans un rythme implacable.
L’instinct d’Amanda prit le dessus. Elle enjamba avec difficulté la rambarde, sauta et atterrit sur le palier intermédiaire, un peu moins de deux mètres plus bas, tombant douloureusement sur les fesses avant de se relever d’un bond pour dévaler les marches restantes, en avalant les cinq dernières d’un coup. Dans son dos, elle l’entendait approcher, aussi rapide qu’elle dans sa fuite.
Lorsque les pieds d’Amanda touchèrent le sol, elle dérapa et chuta lourdement sur le flanc, perdant de précieuses secondes, tandis que l’intrus se ruait bruyamment dans l’escalier, juste derrière elle.
Elle se remit debout en un mouvement rapide, alors qu’il sautait à son tour les dernières marches pour atterrir à un mètre d’elle.
Amanda avait le choix entre deux issues : l’arrière de la maison, ou la porte d’entrée. Et elle n’avait qu’une fraction de seconde pour trancher. Sachant que, contrairement à ses habitudes, elle n’avait pas verrouillé la porte à double tour derrière elle, elle se précipita vers le couloir menant à l’entrée, s’efforçant tant bien que mal de ne pas glisser à nouveau avec ses pieds nus. Son poursuivant était si proche qu’elle entendait ses halètements, et elle dut mobiliser toute sa volonté pour s’obliger à ralentir, juste ce qu’il fallait pour se saisir des poignées de la porte et ouvrir les deux battants en grand, avant de s’élancer dehors, dans la fraîcheur nocturne.
Mais elle avait à peine parcouru deux mètres qu’une main l’attrapa par la veste pour la tirer en arrière. Elle se trouva happée dans l’étreinte brutale de l’intrus qui passa son bras autour de son cou. Aussitôt, il commença à serrer. Amanda hurla à pleins poumons et se débattit furieusement, avec toute la force procurée par l’adrénaline. Elle essaya de se libérer de l’étreinte suffocante, et ses bras fendaient l’air en tous sens. Soudain, l’un d’eux heurta le couteau, et elle sentit une douleur pure, pénétrante, lorsque

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