Rideaux rouges
224 pages
Français

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Description

Mansfield Scott (1897-1950)



"– En résumé, mes chers amis, toute notre discussion se ramène à cette question : Un homme peut-il commettre un meurtre sans le savoir ?


... C’est ainsi que M. Henry Copeland, notre hôte, essaya de préciser le sujet de la conversation.


– Il ne me semble pas, objecta son fils Arthur, que la question posée sous cette forme renferme bien tous les éléments du problème... Je dirais plutôt : Un homme en état d’hypnose, peut-il être dominé par une volonté étrangère au point de tuer quelqu’un, tout en se rendant compte de la gravité de son acte ?


– Je répondrais nettement par la négative, déclara Fred Aldridge. Si le sujet a la moindre conscience de ce qu’il fait, il échappe à l’influence de son hypnotiseur.


– C’est aussi mon avis, dit alors M. Endicott. Dès l’instant qu’un esprit normal comprendrait ce qu’on exige de lui, il retrouverait assez de force pour ne pas l’accomplir.


L’avocat Endicott prononça ces derniers mots avec conviction et regarda successivement toutes les personnes présentes comme pour les défier de s’inscrire en faux contre son assertion.


M. Copeland et son fils, assis côte à côte près de la cheminée, demeurèrent silencieux. Le premier ne semblait pas avoir d’opinion bien arrêtée sur la question débattue, mais témoignait d’un grand intérêt pour les étonnantes expériences d’hypnotisme que Norton Osgood venait de faire devant nous. Arthur Copeland, par contre, dans son enthousiasme juvénile, ne voyait pas de limite au mystérieux pouvoir que cet étranger avait paru capable d’exercer sur les autres invités. Grand, fort et robuste comme son père, le jeune Arthur était plus impressionnable ; il se laissait emporter par son imagination sans tenir assez compte des faits et de la logique"



Une enquête de Malcolme Steele.


Les Copeland s'apprêtent à marier leur fille. Les convives sont tous présents dans la propriété des Copeland ; ce sont tous des gens distingués à l'exception d'un seul : un certain Kirke, personnage peu recommandable... La veille du mariage, celui-ci est retrouvé assassiné dans la chambre qu'il occupe. Qui est le meurtrier ? Toutes les personnes présentes ont une raison pour avoir perpétré ce crime ? Quelles sont les limites de l'hypnose ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 décembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782384421664
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rideaux rouges


Mansfield Scott

Traduit de l'américain par Michel Epuy


Décembre 2022
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-166-4
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 1164
I

– En résumé, mes chers amis, toute notre discussion se ramène à cette question : Un homme peut-il commettre un meurtre sans le savoir ?
... C’est ainsi que M. Henry Copeland, notre hôte, essaya de préciser le sujet de la conversation.
– Il ne me semble pas, objecta son fils Arthur, que la question posée sous cette forme renferme bien tous les éléments du problème... Je dirais plutôt : Un homme en état d’hypnose, peut-il être dominé par une volonté étrangère au point de tuer quelqu’un, tout en se rendant compte de la gravité de son acte ?
– Je répondrais nettement par la négative, déclara Fred Aldridge. Si le sujet a la moindre conscience de ce qu’il fait, il échappe à l’influence de son hypnotiseur.
– C’est aussi mon avis, dit alors M. Endicott. Dès l’instant qu’un esprit normal comprendrait ce qu’on exige de lui, il retrouverait assez de force pour ne pas l’accomplir.
L’avocat Endicott prononça ces derniers mots avec conviction et regarda successivement toutes les personnes présentes comme pour les défier de s’inscrire en faux contre son assertion.
M. Copeland et son fils, assis côte à côte près de la cheminée, demeurèrent silencieux. Le premier ne semblait pas avoir d’opinion bien arrêtée sur la question débattue, mais témoignait d’un grand intérêt pour les étonnantes expériences d’hypnotisme que Norton Osgood venait de faire devant nous. Arthur Copeland, par contre, dans son enthousiasme juvénile, ne voyait pas de limite au mystérieux pouvoir que cet étranger avait paru capable d’exercer sur les autres invités. Grand, fort et robuste comme son père, le jeune Arthur était plus impressionnable ; il se laissait emporter par son imagination sans tenir assez compte des faits et de la logique.
Voyant que ni le banquier ni son fils ne se disposaient à le contredire, David Endicott se retourna du côté du groupe où je me trouvais, à l’autre bout du salon. La physionomie de cet homme, âgé de plus de cinquante ans déjà, était alerte, souriante et pleine d’indulgence. Il regarda Norton Osgood d’un air un peu sceptique.
– M. Osgood, lui dit-il, c’est à vous que nous devons cette intéressante discussion. Vous êtes ici la personne la mieux qualifiée pour répondre. Voyons, dites-nous sincèrement jusqu’où s’étend votre pouvoir sur un sujet hypnotisé.
– La réponse à cette question, répondit lentement Norton Osgood, dépend entièrement des circonstances, variables et multiples. Cependant, ce que je puis affirmer nettement, c’est que lorsque celles-ci sont les plus favorables, mon pouvoir n’a pas de limites.
Il prononça ces derniers mots du ton tranquille et net d’un homme sûr de son fait. De nouveau tous les regards se portèrent vers lui. Il avait le don, dès qu’il parlait, d’attirer l’attention, soit qu’il émît des réflexions graves, soit qu’il se bornât à discourir de la pluie ou du beau temps. Il n’y avait que deux jours que j’avais fait sa connaissance, mais j’étais déjà sous le charme de cette captivante personnalité. Il y avait je ne sais quelle séduction impérieuse et dominatrice dans ses yeux sombres et dans la rigidité même de ses traits.
À vrai dire, je n’avais pas été médiocrement étonné de le rencontrer parmi les invités au prochain mariage de Miss Copeland. Je ne crois pas être exagérément superstitieux, mais j’avoue que s’il se fût agi de ma sœur, par exemple, je n’aurais pas envisagé sans une certaine appréhension le séjour de cet homme sous mon toit, huit jours avant la cérémonie. J’aurais vécu dans la crainte constante que sa présence ne jetât quelque sort sur le jeune couple.
Cependant, les remarquables facultés que possédaient Norton Osgood n’avaient pas paru alarmer Henry Copeland. Il semblait enchanté de la présence de ce personnage énigmatique au mariage de sa fille Grâce avec Fred Aldridge. D’ailleurs c’était ce dernier qui l’avait amené et présenté comme son ami et futur garçon d’honneur. Osgood était arrivé de Détroit avec le fiancé et ses deux sœurs, Ellen et Lucy Aldridge. Moi-même, j’avais cédé aux instances de mon ami Robert Manning qui était fiancé à Ellen Aldridge. Ce n’est pas sans une certaine gêne que j’avais accepté de passer huit jours chez des gens que je connaissais fort peu, mais je n’avais rien à refuser à Manning – je dirai tout à l’heure pourquoi.
Ce fut mon ami lui-même qui releva l’extraordinaire affirmation d’Osgood.
– Permettez, M. Osgood, dit-il. Il y a des limites ! Tous les savants sont unanimes là-dessus. Sans doute, jusqu’à un certain point, un hypnotiseur habile peut annihiler la volonté et la conscience d’un sujet, mais dans chaque cas particulier il se heurte – et se heurtera toujours – plus ou moins tôt à des limites au-delà desquelles son pouvoir cesse absolument.
Un léger sourire erra sur les lèvres d’Osgood. Il secoua la tête, mais ne répondit pas.
– Je suis entièrement d’accord avec vous, Robert, dit Fred Aldridge. Nous avons tous été témoins des choses surprenantes que M. Osgood peut faire exécuter à autrui ; personnellement je l’ai vu en provoquer de plus extraordinaires encore, mais je crois comme vous qu’il serait impuissant dès qu’il s’agirait d’obtenir de son sujet, même le plus malléable, certains actes d’une gravité exceptionnelle.
– Je l’espère bien ! s’écria Arthur Copeland. Mais tout de même, Fred, vous avez été témoin, comme nous tous, de ce que M. Osgood nous a fait faire, à moi, à M. Endicott... C’est prodigieux !
– Oh... prodigieux... Après tout, il ne s’agit peut-être que d’une habile mise en scène, observa Harrison Kirke, resté jusqu’alors silencieux dans un coin.
Norton Osgood se tourna vivement vers l’interrupteur, et d’une voix où vibrait une indignation contenue :
– Expliquez-vous mieux, M. Kirke !
– Volontiers, répondit le gros garçon en se redressant. Je suppose que tous ces tours de magnétisme ou d’hypnotisme sont combinés à l’avance... avec un bon compère, cela doit s’expliquer...
Mais Arthur Copeland protesta vivement.
– M. Kirke, s’écria-t-il, je vous en prie ! Ne croyez pas un seul instant que j’aie pu être de connivence avec M. Osgood dans l’expérience qu’il a faite sur moi. Non, non, je vous affirme sur l’honneur qu’il n’y avait rien de préparé et que j’étais entièrement sous sa domination. Lorsque je suis rentré dans ce salon, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’on attendait de moi. Néanmoins, poussé par une force intérieure inconnue, je suis allé droit à ce tapis, l’ai soulevé et ai pris les ciseaux que l’on avait cachés dessous.
– Certes, affirma M. Endicott à son tour, il n’y a là aucun truquage. Pour ma part, vous avez vu que j’ai été prendre dans la bibliothèque un livre que vous veniez de désigner librement pendant mon absence. J’ignorais même la présence de ce volume ici...
– Vous vous trompez, Kirke, dit encore Henry Copeland... Rien de tout cela n’était combiné à l’avance.
– Je vous remercie, déclara alors gravement Norton Osgood, et j’ajoute qu’il me serait désagréable d’être pris pour un charlatan...
Vaincu, mais non peut-être bien convaincu, Kirke se renfonça dans son fauteuil en baissant la tête.
– Je suis bien certain pour ma part que M. Osgood possède en effet un don merveilleux, reprit Endicott pour calmer l’irritation visible de l’hypnotiseur ; mais je ne puis m’empêcher de croire qu’il n’est pas absolument tout puissant... Par exemple, pour en revenir à la question que nous débattions tout à l’heure, je ne puis admettre qu’il parvienne à dominer son sujet au point de lui faire commettre un assassinat.
– Cela serait énorme, évidemment, objecta Arthur Copeland, mais en somme, du moment que M. Osgood peut choisir ce qu’il fait faire aux gens qu’il hypnotise, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait, par exemple, suggérer de viser un homme avec une arme à feu, au lieu d’une planche ou d’un arbre... Voyons, conclut-il en se tournant vivement vers moi, vous êtes un savant, me dit votre ami Manning, qu’en pensez-vous ?
– Je ne suis qu’un chimiste, répondis-je, et je n’entends rien à la psychologie – même expérimentale – mais j’incline à penser comme vous. La capacité d’obéissance d’un sujet hypnotisé me paraît n’avoir pas de limite et peut s’étendre à tout...
– À tout ce que vous voudrez, mais pas jusqu’au crime ! s’écria Endicott.
Mon ami Manning intervint alors pour moi.
– La raison pour laquelle Clayton est si affirmatif est bien simple, expliqua-t-il. Il a été témoin dans sa propre famille d’une expérience étonnante... Racontez-nous donc la chose, Georges !
– Oui, oui, appuya Osgood.
– Eh bien, dis-je, il s’agit de mon frère. Il était fort curieux de ces questions de magnétisme et d’hypnotisme et me pria de l’accompagner chez un spécialiste dont il avait entendu vanter l’habileté. Le savant me prit à part et me demanda ce que je désirais qu’il suggérât à mon frère. Par plaisanterie, je lui proposai d’obliger Will à sortir de table le lendemain au moment du dîner, à monter dans sa chambre, de se raser d’un côté seulement et à venir reprendre sa place parmi nous. Cela dit, je surveillai très attentivement l’opération des passes, et je suis absolument sûr qu’ils n’échangèrent pas un seul mot.
– Qu’arriva-t-il ? demanda Arthur Copeland.
– Cela réussit de point en point, répondis-je. Au milieu du repas, mon frère se leva, et sans donner aucun prétexte, monta jusqu’à sa chambre, se rasa une joue et la moitié du menton puis revint tranquillement s’asseoir à table.
– Se rendait-il compte auparavant de ce qu’il allait faire ? demanda Endicott.
– Pas le moins du monde ! affirmai-je.
– Si j’en juge d’après cette expérience, observa Norton Osgood, les membres de votre famille sont particulièrement sensibles aux suggestions hypnotiques. A-t-on essayé sur vous-même, M. Clayton ?
– Oh, non ! répondis-je vivement. Je redoute ces choses... oui,... j’ai toujours eu une a

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