Requiem pour un Damné
226 pages
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Requiem pour un Damné , livre ebook

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Description

Dans le désert, une douzaine de corps sont exhumés. Le plus récent n'est là que depuis quelques jours, le plus ancien depuis plusieurs années. L'enquête est confiée à Harry Stemp, un inspecteur aussi talentueux qu'abîmé par la vie. Très vite, l'affaire prend de l'ampleur. Un serial killer sévit dans la ville depuis une décennie. Il n'a pas achevé sa funeste moisson. Pour triompher, Harry devra affronter ses démons. Et accepter son passé...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 septembre 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782332624062
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-62404-8

© Edilivre, 2014
Première partie
Mardi, 4 juin 2009, A.G. Premier jour
1
« On en est où, putain ! »
Il n’était pas difficile de deviner à qui appartenait cette voix, mais je fis tout de même l’effort de me retourner. Seul. Aucun des cinq autres agents présents ne firent ne serait-ce qu’un hochement de tête. Dans le même temps, il était encore très tôt, et le vent chargé de sable du désert n’incitait pas aux grands discours à l’heure où certains prenaient encore leur petit-déjeuner. Je sentais les bourrasques brûlantes parcourir mon crâne, que mes deux petits centimètres de cheveux noirs n’arrivaient pas à dévier. Quant aux millions de grains de sable qui s’insinuaient sournoisement dans tous les replis de mon imper, c’était une autre histoire. Personne n’avait envie d’être ici, et ça se voyait sur les visages des différents policiers : tendus, sombre, clairement de mauvaise humeur. Le Chef s’approcha de moi et répéta une nouvelle fois l’injonction. Je m’apprêtais à répondre que, pour ma part, je n’en savais rien, mais mon supérieur me prit de cours.
– Tu sens la bière, murmura-t-il.
Je levais ostensiblement la main près de ma bouche, afin de sentir mon haleine soi-disant alcoolisée.
– De la bière, Chef, c’est assez étonnant, d’habitude je ne bois que…
– Ta gueule.
Concis, et surtout précis. C’était la façon presque affectueuse de mon Chef de mettre fin à une discussion sans intérêt. Pour mon plus grand bonheur ; je ne souhaitais guère faire la liste de mes boissons favorites.
Un agent s’approcha finalement de nous.
– On a déterré cinq corps pour le moment et…
– Sept !
Cette fois la voix s’élevait à une dizaine de mètres devant moi, du fond d’un trou de six mètres de diamètre environ. J’étais trop loin pour en évaluer la profondeur. Je m’allumais une cigarette. Malgré l’heure matinale donc (7h30), la température commençait déjà à se faire suffocante, et les premières vagues de chaleur qui déformaient le paysage lointain n’étaient pas des mirages. Le Chef me jeta un regard en biais.
– Harry, je te charge de l’affaire. Ne prends pas beaucoup d’hommes avec toi, il faut qu’on reste discret. Qui sait combien de cadavres sont encore en train de pourrir au fond de ce putain de trou. Il faut résoudre cette enquête au plus vite, ou toute la ville va nous tomber dessus.
Cela avait le mérite d’être clair, quoiqu’un peu succinct. Je jetais un coup d’œil au profil de mon Chef, et fus surpris par ce que je découvris : les rides sur son front s’étaient creusées d’au moins trois centimètres, et la plupart de ses cheveux étaient partis au fil du temps. Autrefois plein d’énergie, ses yeux devenaient de plus en plus pâles et troubles avec le temps, comme tout le reste de son corps d’ailleurs. Le soleil n’avait jamais été son sport favori. Trop d’inaction. Voûté, mais encore taillé comme une armoire allemande, le Chef en imposait moins physiquement, mais sa voix rattrapait sa décrépitude. Il en fournit un très bon exemple à mon oreille droite, pas assez éloigné pour survivre.
– Écoutez-moi tous, bande de rigolos !, hurla-t-il à l’attention des autres officiers. Je veux un rapport au plus vite, et le premier d’entre vous qui parle de ce qu’il a vu ce matin à sa femme, son chien ou même à son cul aura à faire à MOI ! Je veux un silence complet sur cette affaire, pigé ? Harry ici présent s’occupe de tout.
Le Chef se racla la gorge, dépoussiéra tant que faire se peut sa veste, et s’en retourna vers sa voiture de fonction. Vu qu’il ne m’avait pas ré-adressé la parole, je supposais que sa tirade me concernait aussi. J’admirais le paysage triste et plat du désert qui m’entourait et aperçus au loin, vers le nord, les premiers tracés des buildings crasseux de la ville. Tous les jours, cette putain d’étendue de terre aride grignotait du terrain sur la cité des hommes, et d’ici quelques années, elle aurait complètement disparue. Vu l’état de putréfaction de l’ensemble de la ville, je pensais que ce n’était pas forcément un mal. Bien au contraire. J’écrasais ma clope et me dirigeais vers le trou.
2
Cette fois, je pus en évaluer la profondeur, d’un mètre cinquante environ. À l’intérieur se trouvaient trois agents habillés de la traditionnelle combinaison blanche, même si la couleur d’origine se faisait de plus en plus discrète. Je reconnus l’un des policiers, Pietr Sullivan. Cet immense gaillard, aux origines indistinctes, était arrivé au commissariat trois mois plus tôt, après la mort tragique d’un de nos collègues. Pietr avait les cheveux roux des gens du Proche Nord et l’accent très dur des habitants du Onzième Continent, réputé pour leur caractère ombrageux et leur carrure de molosse dopé aux stéroïdes. Sa face aplatie et taillée à la serpe pouvait dégager une impression un peu comique, mais lorsqu’on commençait à le connaître, il était évident que c’était tout l’inverse. Bourru, cynique et parfois violent (il avait quand même réussi à casser une table pour une simple histoire de repas, les détails m’échappaient encore), il fallait y aller avec des pincettes. Mais bon, c’était un excellent médecin légiste, qui ne reculait jamais devant un cadavre, peu importe l’état. De plus, il adorait (selon ses propres termes) se rendre sur les lieux d’un crime, ce qui en faisait un policier indispensable car très méticuleux. Je m’approchais de lui et remarquais au passage deux fémurs et une cage thoracique tranquillement déposés sur le bord.
– Et de huit. On est dans un véritable tombeau, lança-t-il, sans même lever la tête vers moi.
– C’est le Chef qui va être content. J’attrapais une cigarette dans ma poche et l’allumais, l’autre venant à peine de se consumer. Comment on est arrivé ici ? Coup de fil anonyme ? Découverte surprise ? Vision prémonitoire ?
Mes piètres talents humoristiques lui firent relever la tête, et je pus enfin croiser ses yeux gris si froids.
– Un mec nous a appelé vers six heures du matin, commença-t-il, pour raconter comment son clébard lui a ramené un bras pas totalement décomposé. Il ricana. Certainement le bout qui manque au premier cadavre.
– C’est comme ça que vous avez trouvé le… cet endroit ? Le chien d’un mec est venu bouffer un bout de bras qui dépassait de la terre ? J’y crois pas.
Je soupirais.
– C’est comme ça qu’on découvre des scènes de crimes maintenant… Sinon y’a des témoins dans le coin ? Et ce chien, il vient d’où ? C’est quand même pas lui l’assassin ?
Malgré le fait que je commençais à cerner mon collègue de mieux en mieux, je fus très surpris de le voir éclater de rire. Je ne me pensais pas aussi drôle en sa présence.
– Un chien assassin… Il semblait faire un réel effort pour se contenir. C’est la meilleure de la journée…
Quelques secondes furent nécessaires pour qu’il retrouve son calme.
– Enfin bref, on a repéré quatre caravanes à trois kilomètres vers le sud-est, Singh est allé faire un tour, mais y’a personne. Il a commencé les recherches pour découvrir qui y habite. Tu penses que c’est un des occupants qui faisait sa promenade matinale ?
Et il recommença à rire.
– Hum. Peut-être qu’il a flippé après avoir appelé le commissariat, avançais-je, et lui et sa petite famille ont pris leurs jambes à leurs cous. Des caravanes en plein désert, ce n’est pas banal. Moi je dis, il y a un truc louche là-dessous ou alors les choses ont beaucoup changé ces derniers temps. Franchement, ça te plairait toi de vivre au milieu de nulle part à bouffer du sable à longueur de journée ?
Sa réponse, bien que muette, fut éloquente. Ployant sous les rafales de vent, une tente vert feuille était disposée non loin de la scène de crime. Comme convenu dans le code de la police, elle contenait les ossements déjà récupérés. Un bleu faisait des allers-retours entre le trou, qui gagnait en profondeur, et la tente.
– Dans quel état sont les os ? Le labo peut en tirer quelque chose ?, continuais-je.
– Pour le premier qu’on a déterré, c’est certain. La mort remonte à moins d’une semaine. Même si le vent et le sable ont rongé les tissus humains, il restait encore un peu de peau et quelques fibres appartenant aux vêtements de la victime. Il passa une main épaisse dans ses cheveux, signe d’une intense réflexion. Pour les autres, on devrait être capable de découvrir le sexe, la cause et la date approximative de la mort. Mais c’est à peu près tout. Pas de peau sur les os.
Il ricana en silence. Je n’étais pas le seul comique présent ici.
– Dernière question. On va pouvoir trouver des indices sur le lieu de… l’enterrement ?
– Alors ça, ça m’étonnerait. Le vent a tout balayé depuis un bon moment. Si tu as les moyens de ratisser tout le désert, alors on a des chances. Dans le cas contraire, t’es dans la merde. Il leva les mains en signe d’excuse. Ce n’est que mon avis.
Je hochais la tête.
– Très bien. J’attends ton rapport d’autopsie.
Déjà deux autres voitures de police arrivaient, avec leur cohorte de photographes et de bandelette de sécurité pour protéger le périmètre. Je souris face à l’ironie de la situation : des cordons destiner à sauvegarder une scène de crime sans preuve et sans témoins, en plein milieu du désert. Pas vraiment le genre d’endroit qui rameutait les foules et les indices. Je n’avais plus grand-chose à faire ici et la température s’était mise à augmenter de façon exponentielle maintenant ; il était plus que temps de lever le camp. Sur le court chemin qui conduisait à ma voiture, une violente douleur perfora mon estomac, m’obligeant à prendre appui sur le capot. Putain de gueule de bois. Je jetais ma clope au loin et m’installais au volant.
3
Étrange endroit que ce Continent où j’étais né, le Quatrième, de son peti

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