Rendez-vous avec la Parque
42 pages
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Rendez-vous avec la Parque , livre ebook

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Description

Le jeu et la cupidité sont de vilains défauts.


William Costovain en a fait la cruelle expérience... cruelle pour son épouse qu’il assassinât pour hériter de sa fortune et se renflouer de ses pertes aux dés, aux cartes ou sur les champs de courses.


Mais si l’adage admet qu’un bien mal acquis ne profite jamais, il aurait dû ajouter que la vénalité est un danger, surtout, quand un être supérieur se charge de manipuler le hasard pour obtenir vengeance...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385010829
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RENDEZ-VOUS AVEC LA PARQUE
Récit policier

par Claude ODET
I

Sans que ses traits laissassent rien paraître des sentiments qui l'agitaient, Costovain jeta son dernier billet de cent dollars sur la table de jeu.
— Deux fois six : les Douze Apôtres ! fit-il, et son visage se détendit. Messieurs, j'ai gagné. Par ici la monnaie !
Les autres joueurs lui tendirent leurs enjeux à contrecœur. Il empocha les billets sans les regarder, car il n'arrivait pas à quitter des yeux les deux six retournés sur la table qui semblaient le fixer.
Il se passa les mains dans les cheveux et ricana :
— Toujours la même chose. Je perds, je perds, et au dernier moment, je gagne en retournant comme par enchantement le double-six. Le douze est décidément mon chiffre porte-bonheur. Je sais que, si je rejouais, je perdrais tout. Au lieu de deux six, je ferais deux fois un. Chaque fois que j'ai joué, cela n'a pas raté.
« Il doit y avoir quelque chose dans ces dés qui me porte successivement la chance ou la guigne et je finirai bien par me rendre compte de quoi il s'agit...
Costovain saisit les dés entre ses doigts longs et énergiques et les éleva à la hauteur de son regard. Après les avoir examinés et retournés en tous sens, il fit flamber une allumette et approcha la flamme des deux petits bouts d'ivoire qui brunirent légèrement et restèrent opaques. Il ne lâcha l'allumette que quand il sentit le bout de ses doigts brûler.
Tandis que les témoins de cette scène le considéraient avec curiosité, le jeune homme empoigna brusquement les petits cubes et les lança de toutes ses forces contre le mur. Le choc les fit rebondir sur le tapis qui amortit la chute.
Costovain se baissa.
— Deux fois un : les Yeux du Serpent ! s'écria-t-il haineusement. Je le savais.
Un petit homme chauve et trapu, qui fumait un cigare, s'approcha de lui.
— Vous voyez bien, monsieur Costovain, dit-il. Les Yeux du Serpent vous regardent comme si la bête allait vous mordre la face. Et chaque fois, c'est la même chose. Croyez-moi, ne jouez plus. Vous avez de l'éducation, de l'intelligence et de la volonté. Vous avez même de la chance, le plus souvent. Et vous pourriez être le maître du monde, si ce n'étaient les dés ; jamais ils ne vous donneront ce que vous attendez d'eux, ils ne vous apporteront que la ruine. C'est comme s'ils ne vous aimaient pas et voulaient chaque fois vous jouer un sale tour. Ce doit être le destin...
— Je me refuse d'y croire, Albert, interrompit le jeune homme. Au diable le destin ! Et au diable les Douze Apôtres, les Yeux du Serpent, et toute la séquelle ! Je serai le maître du monde en dépit d'eux !
Il ramassa son trench-coat et son chapeau, qu'il avait posés sur une chaise, et, après un bref signe d'adieu aux autres joueurs, quitta la salle.
II
 
Costovain continuait à marcher dans l'obscurité, poussé par une force irrésistible.
Il savait que, si les dés persistaient à vouloir sa ruine, le seul moyen de gagner la partie était de ne plus jouer.
Il serra les lèvres.
« Au diable les dés  ! pensa-t-il. Je saurai m'en passer... »
Cependant, il ne comprenait pas la raison des malchances successives qui l'accablaient au jeu. C'est pourquoi il était allé une dernière fois chez Albert tenter le sort : on verrait bien qu'il saurait se rendre maître des dés !
Contrairement à son espérance, à chaque coup, sauf au dernier — le douzième — il avait perdu sa mise, soit cent dollars.
À présent, il sentait qu'il allait devenir fou s'il restait encore quelque temps sans argent. Aucune idée ne germait plus dans son esprit, ordinairement plein de ressources.
« Lachesis connaît à l'avance votre nombre, et la chance ne vous sourira plus », lui avait dit le vieux Leming.
Un gamin passa avec une pile de journaux. Costovain remarqua la date : douze décembre. Le douzième jour, du douzième mois...
Il maudit le mauvais sort qui l'empêchait d'être en ce moment en Floride. Pas à Miami, bien sûr ; en tout cas, pas encore cette année ; non pas qu'on y puisse lui reprocher quoi que ce soit de positif, mais il n'avait guère aimé, l'hiver dernier, l'insistance de ce petit lieutenant de police à la suite de la disparition des émeraudes Jermison. Ils avaient même poussé le toupet, il en était sûr, jusqu'à fouiller sa chambre d'hôtel en son absence ; ils n'avaient seulement pas pensé à découper les gros havanes qui étaient dans son tiroir !...
...

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