Rencontre posthume
184 pages
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Rencontre posthume , livre ebook

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Description

Thomas a vingt ans. Son père vient de mourir assassiné. Tout au long de l’enquête, il part à la découverte de celui-ci, et se construit en même temps qu’il le découvre et se découvre. Il nous fait voyager entre passé, présent et futur, entre lui et son père. Dans ce roman à clefs multiples, on suit Thomas dans sa quête, son enquête, dans leur rencontre posthume.

En même temps que la rencontre avec son père, Thomas va trouver l’amour, devenir un adulte en accéléré. Plus on avance dans le roman, plus le mystère s’épaissit.

À ce roman dans le roman, à ce roman à quatre mains, à ce roman à tiroirs, on est suspendu. On ne le quitte plus jusqu’à l’épilogue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 novembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414141159
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-14113-5

© Edilivre, 2017
Exergue

“Children begin by loving their parents; as they grow older they judge them; sometimes they forgive them” Oscar Wilde. “The picture of Dorian Gray” 1890
« Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands ils les jugent ; quelques fois ils leur pardonnent » Oscar Wilde « Le portrait de Dorian Gray » 1890
Dédicaces

À Catherine, Charlotte et Bastien
Sans eux, ce roman n’aurait sans doute jamais vu le jour.
À mes parents.
« Papa, Non… », Je hurlais ce cri d’effroi, de terreur, mais aucun son ne sortait de ma bouche, il était cinq heures du matin, je venais de me réveiller en sursaut. Je tremblais, j’étais assis raidi par la douleur, la terreur, l’incompréhension de ce que je venais de voir. J’avais peur, peur d’ouvrir les yeux, peur de moi.
Chapitre 1
Cette nuit du 21 juin, je dormais profondément. J’avais été malade toute la journée, et je crois que c’était la première fois que je ne sortais pas dans Paris pour fêter le retour de l’été en errant d’orchestres improvisés en groupes de chanteurs et musiciens encore inconnus. Ce jour avait toujours été signe de liberté d’expression, liberté tout court. Tout devenait subitement possible, nous quittions une saison intermédiaire, pour pénétrer dans la chaleur de l’été, les corps allaient se libérer de leurs chauds vêtements pour enfin les offrir aux regards, faire respirer leur peau, s’exprimer, danser, bouger, courir, aimer.
Mais cette année, l’été avait un goût amer. Cet hiver, alors que le froid nous saisissait, que nous avions besoin de chaleur, mon père, au lendemain de Noël nous avait quittés. Il était parti pour six mois à Singapour afin de mettre en place un chantier. Il était enfermé sur une plateforme offshore et nous ne pouvions pas aller le voir. J’en avais beaucoup souffert et attendais avec un mélange d’angoisse inexpliquée, et d’impatience le retour de l’été qui coïnciderait avec le retour de mon père. Je ne sais comment expliquer ce malaise, ce sentiment d’abandon, cette crainte du futur, cette appréhension du présent qui défile sans moi. Je ne savais pas encore à quoi l’attribuer, mais je stressais de détresse.
Maman avait vu dans ce départ précipité comme une fuite en avant, une dernière tentative de mon père d’avoir une bouffée d’oxygène, de faire le point sur sa vie. Le malaise, le mal-être de ma mère étaient palpables. Mais ce n’était pas mon angoisse, c’était celle d’une femme aimante qui a peur de perdre l’homme qu’elle aime, le voir la quitter pour une autre. Mais je sentais derrière nos frayeurs respectives comme un parfum de mystère, de secret. Ma mère et moi, nous avions toujours refusé de discuter de ce départ, de nos doutes. Nous avions chacun tué nos craintes, nos douleurs de peur de faire souffrir l’autre. Un voile de mystère, une chape de silence s’étaient abattus sur nous.
Cette nuit-là, j’avais eu du mal à m’endormir, à trouver le sommeil, le calme, le repos. J’avais tourné de longues heures dans mon lit, assailli de peur, d’inquiétudes. Je ne savais pas ce qui m’angoissait, j’avais beau chercher, retourner la question, fouiller au fond de moi, aucune réponse ne venait mettre fin à mon angoisse. Enfin, à deux heures du matin, je trouvais le sommeil. Mon sommeil était sans rêves, non habités, vide de sens, chargé de noir, effrayant. Habituellement, je rêvais beaucoup, j’avais pris l’habitude de me réveiller avant que mes rêves ne disparaissent pour en garder la trace. Mes nuits étaient souvent plus belles que mes jours, elles m’offraient des espaces d’évasion, de liberté totale. Parfois, je me réveillais au milieu de la nuit pour coucher sur le papier le rêve que je faisais. J’avais toujours un bloc de papier et un crayon au pied de mon lit, au cas où. Souvent, au petit matin, quand je relisais mes rêves je les trouvais insignifiants, alors qu’ils m’avaient tenu en haleine toute la nuit. Parfois, la nuit et mes rêves étaient l’occasion de résoudre un exercice de maths particulièrement complexe dont je n’avais pu trouver la solution dans la journée. Les équations étaient souvent moins complexes la nuit. Je me levais alors et couchais mon devoir en un temps record. Le matin, ma copie était couverte d’équations et leurs résolutions étaient exactes.
Mais cette nuit-là, j’étais désespérément sec, atrocement seul, vide.
Enfin, à cinq heures du matin, je crus rêver. Je transpirais à grosses gouttes, j’avais chaud, mes mains et mes pieds étaient moites. Je ne voulais pas de ce rêve. J’avais l’impression de vivre la scène et non pas de la rêver. D’ailleurs, ce n’était pas véritablement un rêve, mais plutôt une sensation venue de l’au-delà, un message. J’ai senti mon père mourir, j’ai senti qu’il m’envoyait un signal, qu’il voulait me dire quelque chose, qu’il voulait que je sois serein. Lui, curieusement semblait l’être. Il n’était pas inquiet, il était enfin libre. Plus je transpirais, plus mon cœur battait fort, plus je sentais son pouls disparaître. Plus j’avais chaud, plus je le sentais devenir froid. Et puis, je me suis réveillé en sursaut, mon cœur s’était accéléré, en même temps que le sien s’était arrêté. Je ne sais pourquoi, mais j’ai immédiatement sombré dans le sommeil. J’avais la certitude que mon père était mort. Mon angoisse avait mystérieusement disparu avec mon rêve, avec mon père. Je semblais me préparer à être fort, à aider ma mère.
Une heure plus tard, le téléphone sonna. Je n’étais pas surpris, j’en connaissais la raison. J’entendis ma mère décrocher, je sentais son stress envahir l’espace. Jamais, le téléphone ne sonnait à pareille heure. Puis, ce fut un long silence, un silence d’outre-tombe. Enfin, ma porte s’ouvrit, je vis ma mère entrer, et je ne sais pourquoi, je lui dis : « Papa est mort ? ».
Elle ne comprit pas, elle s’effondra, il était mort.
Je ne lui ai jamais dit qu’il me l’avait dit, que je l’avais vécu. Ces dernières pensées avaient été pour moi, son ultime message, comme un appel à une rencontre posthume.
Au premier jour de l’été, mon père était mort, il était mort assassiné, à Paris, alors qu’il devait être à Singapour. Le mystère n’avait pas disparu avec lui, il s’épaississait. Que faisait-il à Paris ?
J’avais vingt ans et j’étais orphelin.
Chapitre 2
Ce « 21 Juin » allait sonner mon épitaphe
Ce soir, il faisait doux, j’avais envie de profiter de Paris. Je voulais errer, m’évader, oublier ma douleur.
Je sortis de l’appartement que j’occupais depuis six mois pour aller vagabonder. J’aurais tant aimé pouvoir me promener avec Thomas. Je savais qu’il ne ratait jamais une fête de la musique. Jamais, je n’avais partagé ses instants. J’aurais tant aimé être un père confident, un père ami. Je n’avais pas su l’être. J’avais trop de retenue, de pudeur pour lui exprimer mon amour, mes sentiments. Aujourd’hui, je partais à sa découverte. J’avais besoin de découvrir ce qu’il aimait, j’avais l’envie de me fondre en lui, faire le chemin qu’il aurait fait, essayer de ressentir les émotions qu’il aurait ressenties.
À chaque fois que je croisais un jeune homme d’une vingtaine d’années, je pensais à mon fils ; à Thomas. J’essayais de lire dans ses yeux ses pensées pour mieux découvrir mon fils. Qu’aimait-il ? Que voulait-il faire de sa vie ? Ces questions m’obsédaient. Je prenais conscience que mon fils m’était inconnu, il était cet inconnu que j’avais connu tous les jours durant ces vingt années. Il s’était probablement construit de moi, sans moi.
J’étais maintenant sur la place Saint-Michel. Je remontais vers la rue Gay Lussac et me dirigeais vers la rue Mouffetard. C’était toute mon adolescence qui subitement me revenait à l’esprit. Je me voyais jeune, arpentant ce quartier allant de cinémas, en cafés, de parcs en jardins. Je me revoyais jeune et insouciant avec un avenir prometteur. Je me voyais amoureux séchant les cours pour aller me promener dans le jardin du Luxembourg. Je repassais devant ces porches que j’avais tant fréquentés pour aller rejoindre le corps d’une femme dans une de ces nombreuses chambres de bonnes. J’en avais monté des escaliers, des étages afin d’atteindre l’extase dans les bras d’une fille qui ne faisait que passer dans ma vie sans vraiment laisser de traces. En revoyant ces portes, je voyais les lumières derrières les mansardes, j’imaginais des couples faisant l’amour avec passion et insouciance, sûrs que demain serait radieux. Mon demain avait disparu, j’essayais néanmoins d’être radieux, mais déjà je me sentais extérieur à ce monde.
Je pensais à Thomas, j’espérais qu’il connaissait les mêmes portes cochères, qu’il brûlait sa jeunesse en même temps qu’il brûlait nos oripeaux, qu’il se construisait sur les ruines de nos rêves désenchantés. J’espérais qu’il ferait de ce monde, de sa vie ce que je n’avais pas réussi, qu’il serait heureux, épanoui, qu’il serait porteur de bonheur et de joie.
Mais quels étaient ses combats ? Etait-il amoureux ? À quoi rêvait-il ?
Je m’arrêtais à la terrasse d’un café sur la place Saint-Sulpice. Un orchestre jouait du Jazz à l’extérieur. Quelle musique, Thomas pouvait-il aimer ? Aimait-il le Jazz ? Autour de moi, il y avait plein de jeunes attablés. Ils souriaient, ils rigolaient, ils s’embrassaient, ils étaient heureux. J’étais seul. J’avais toujours détesté la solitude au milieu de la foule. Ma solitude, dans ces moments, me renvoyait toujours la peur de l’abandon qui avait si souvent habitée mon enfance. J’avais passé ma vie à fuir cette angoisse, plutôt que de l’affronter, de la combattre, de la tuer. J’avais vécu avec et m’étais constamment entouré de monde. J’avais généré un univers superficiel, je n’étais jamais allé au

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