Proies
150 pages
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Description

Ils sont trois. Trois adolescents insouciants, complices depuis la petite enfance. Lorsqu’ils plantent leurs tentes près de la rivière Brûlée, Aby, Jude et Alex sont loin de se douter que la partie de plaisir qu’ils avaient imaginée tournera au drame. Ils rient, ils boivent, ils bouffent, jusqu’à ce que la menace qui plane sur leur campement les contraigne à une course effrénée à travers bois, pendant qu’au village, la fête bat son plein.
Tout comme dans son roman à succès Bondrée, Andrée A. Michaud fait monter la tension d’une main experte. Mais encore une fois, elle ne s’arrête pas là. Elle excelle tout autant à se mettre dans la peau de victimes innocentes qu’à nous plonger au cœur de la démesure, de la folie meurtrière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782764446287
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure
Tempêtes , Montréal, Québec Amérique, 2019.
• Prix Arthur-Ellis 2020 du roman policier en langue française
Routes secondaires , Québec Amérique, 2017.
Bondrée , Québec Amérique, 2014 ; 2016 ; nouvelle édition, 2020.
• Prix littéraire du Gouverneur général 2014
• Prix Saint-Pacôme du roman policier 2014
• Prix Arthur-Ellis 2015 du roman policier en langue française
• Prix du CALQ 2015 – Œuvre de l’année en Estrie
• Prix des lecteurs Quais du polar / 20 minutes 2017
• Prix Rivages des libraires 2018
• Prix SNCF du Polar 2019
Rivière Tremblante , Québec Amérique, 2011 ; nouvelle édition, 2017.
Lazy Bird , Québec Amérique, 2009 ; nouvelle édition, 2016.
Mirror Lake , Québec Amérique, 2006 ; nouvelle édition, 2013.
• Prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec 2007
Le Pendu de Trempes , Québec Amérique, 2004.
Projections (en collaboration avec la photographe Angela Grauerholz), J’ai VU, 2003, photos.
Le Ravissement , L’instant même, 2001.
• Prix littéraire du Gouverneur général 2001
• Prix littéraire des collégiennes et des collégiens 2002 (Collège de Sherbrooke)
Les derniers jours de Noah Eisenbaum , L’instant même, 1998.
Alias Charlie , Leméac, 1994.
Portraits d’après modèles , Leméac, 1991.
La Femme de Sath , Québec Amérique, 1987 ; nouvelle édition, 2012.



Projet dirigé par Danielle Laurin, éditrice

Conception graphique : Anne Tremblay
Mise en pages : Nathalie Caron
Révision linguistique : Sabrina Raymond et Isabelle Rolland
Œuvre en couverture : François Fortin
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Proies / Andrée A. Michaud.
Noms : Michaud, Andrée A., auteur.
Collections : Collection Littérature d’Amérique.
Description : Mention de collection : Littérature d’Amérique
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20220001065 | Canadiana (livre numérique) 20220001073 | ISBN 9782764446263 | ISBN 9782764446270 (PDF) | ISBN 9782764446287 (EPUB)
Classification : LCC PS8576.I217 P76 2022 | CDD C843/.54—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2022

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2022.
quebec-amerique.com



À Marie- Josée, en souvenir d’une nuit dans le Trente- Sous, et à tous mes amis et amies d’alors


I La Brûlée


Mardi 18 août
Le mardi 18 août d’une année dont on se souviendrait plus tard comme d’une année de deuil et de stupéfaction, trois adolescents de Rivière- Brûlée, un village perdu parmi les collines, avaient quitté la maison familiale sitôt après le déjeuner, aussi excités que s’ils partaient escalader l’Everest, pour aller camper près de la rivière qui avait donné son nom à leur localité, un cours d’eau ayant depuis longtemps oublié les feux qui avaient ravagé ses rives à l’époque où la région ne comptait que quelques âmes.
Jusqu’à ce mardi resplendissant, la Brûlée était un lieu qui inspirait la confiance et où on ne s’imaginait pas que le mal puisse s’inviter. Un débit paisible, des rochers qui émergeaient et vous permettaient, au plus fort de l’été, de sauter d’une rive à l’autre sans trop vous mouiller, des bandes de sable gris et des arbres, issus de la cendre de leurs ancêtres, des feuillus par dizaines, qui se courbaient sur ses eaux et offraient leur ombre à qui voulait observer le scintillement des truites entre les pierres.
Un coin de pays que les gens des environs avaient fait leur, ainsi qu’on fait sienne une maison, une montagne, une prairie dans laquelle on peut se reconnaître et avoir l’impression de toucher la matière qui nous constitue. Les seuls incidents recensés près de la Brûlée au fil des décennies concernaient des promeneurs téméraires qui avaient voulu braver ses crues, des gamins qui s’étaient entaillé les pieds sur ses caps, des pêcheurs plus ivres qu’alertes y ayant piqué du nez avant de se réveiller brusquement en battant des jambes et des bras. Des histoires qui suscitaient la moquerie, mais aucune mort tragique, aucune noyade, aucun de ces drames qui font naître les légendes et transforment les nuits en repaires d’ombres habités par les figures d’une nouvelle hantise, esprits malins ou monstres à visage humain qu’on redoute ensuite de voir apparaître à sa fenêtre.
Les abords de la Brûlée, du plus loin qu’on se souvienne, constituaient une retraite idéale pour qui voulait s’éloigner de son quotidien et goûter la fraîcheur que promettent les rivières. On y installait son camp, on y observait les lucioles et les étoiles filantes, on y cueillait des groseilles et des bleuets dans la descente à Picard, là où la déclivité du terrain créait des cascades bouillonnantes au printemps, et on retournait chez soi avec le sentiment de s’être lavé, de s’être délesté d’un fardeau qu’on ignorait peser sur ses épaules.
Or, puisque tous les coins de paradis ne sont qu’illusion et finissent, tôt ou tard, par montrer l’envers auquel ils doivent leur nom, quelques rides profondes, incrustées dans les miroirs que formaient ses bassins, étaient apparues sur la Brûlée ce jour- là.
Un nouveau frémissement, non étranger aux signes avant- coureurs de la tempête, avait brouillé la surface de la rivière lorsque Judith Lavoie, dite Jude ou Judy, Abigail Lemaire, indifféremment surnommée Abe, Aby ou Aby baby, et Alexandre Demers, dont on abrégeait le prénom en Al ou Alex, s’étaient enfoncés dans les bois en vue de rejoindre le plateau surmontant la Brûlée, à une dizaine de kilomètres du village. Ils avaient traversé le champ de Pit Saint- Cyr, que se disputaient les fleurs de la mi- août, echinops, immortelles, achillées et trèfle rouge, puis avaient pris le sentier des Ravages, qui avait conservé son nom même si, depuis les feux, depuis les arbres enflammés tombant dans des craquements évoquant de sauvages fusillades, les chevreuils étaient allés faire leurs ravages ailleurs. Ils y avaient marché sur plus ou moins deux kilomètres et, là où le sentier s’arrêtait pour descendre vers la rivière, ils avaient poussé jusqu’à une éclaircie semée de fraises à la fin juin et y avaient installé leur campement.
Après la troisième ou la quatrième nuit, l’histoire ne nous le révélerait que plus tard, ils avaient abandonné le campement à la hâte, avaient couru en direction du sentier des Ravages et s’étaient dispersés dans les bois, ainsi que l’indiquait le sol tapé et les branches cassées du côté de la rivière. Seule Abigail était demeurée près du sentier, pour des raisons qu’on s’expliquait mal, pendant que les deux autres fuyaient, et il faudrait des semaines pour comprendre, ne serait- ce qu’en partie, ce qui s’était réelle ment produit, pourquoi ils étaient partis en catastrophe, à demi vêtus, sans même se munir d’un canif.
Les spéculations iraient bon train quant à ce qui avait semé la panique près de la Brûlée en pleine nuit, quand la lune peinait à percer les nuages, ou au petit matin, dans la douceur qu’annoncent les premiers chants des oiseaux, hypothèses qui, pour la plupart, n’auraient pas plus de consistance que des commérages, avec cette pointe de mesquinerie, proche de la méchanceté, accusant la jeunesse de s’offrir aux rapaces.
*
Lorsque Jude, Abe et Alex avaient pris la route avec sur leur visage ce sourire espérant l’infini, rien ne laissait présager que la folie dont ils s’apprêtaient à croiser le chemin ferait entrer les loups des contes, avec leurs dents acérées et leurs gueules baveuses, dans une région n’ayant entendu leurs hurlements qu’aux premiers jours de la colonisation, quand des hommes aux mains noueuses abattaient des arbres qui, dans leur multitude, semblaient repousser au fur et à mesure, les empêchant de voir les ombres qui rôdaient.
Non, en ce jour d’insouciance, seuls quelques nuages s’élevaient à l’horizon, qui amèneraient peut- être un peu de pluie aux campeurs le lendemain. Le soleil bas chauffait déjà leurs nuques et pas un souffle de vent ne faisait ployer les asclépiades qui se dressaient près des immortelles dans le champ de Pit Saint- Cyr. Ils préparaient cette expédition depuis la mi- juillet et avaient tout planifié, jusqu’au nombre de cannettes de bière que le poids de leurs paquetages leur permettrait d’emporter. Ils n’avaient cependant pas prévu qu’aucune forêt n’interdit son accès aux prédateurs, que l’indifférence des arbres à l’appétit des chacals leur offre au contraire son refuge. N’ayant encore vécu aucun drame relevant de l’inconcevable, ils étaient privés de cette lucidité qui vous vient avec l’âge, avec la rencontre du mal dans ce qu’il peut avoir de plus banal ou de plus insidieux.
À l’entrée du chemin raboteux qui traversait le champ du vieux Pit, à peine un chemin, dont les ornières envahies par la végétation ne subsistaient que dans le souvenir qu’en gardaient les dénivellations du sol, ils avaient récupéré dans le coffre de la voiture de Gilbert Lavoie, le père de Jude, leurs sacs à dos remplis de vêtements et de victuailles, les avaient sanglés autour de leur taille et avaient dit au revoir à Lavoie avec cette gêne qu’éprouvent les adolescents en présence d’une figure d’autorité. Jude avait néanmoins embrassé son père, un furtif baiser sur la joue, bye, p

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