Piège boréal
190 pages
Français

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Piège boréal , livre ebook

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190 pages
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Description

David Moitet Piège boréal   Thriller   Auteur lauréat Prix du polar 2011   Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com     ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com     Copyright © 2011 Editions Les Nouveaux Auteurs - Prisma Presse Tous droits réservés ISBN : 978-2-81950-186-2 « Notre jeunesse […] est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui […] ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans la pièce, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais. » Socrate (470-399 av. J.-C.) À Virginie, Eléa, Inès et Pierre… PROLOGUE Legrand ne pouvait détacher son regard de son compagnon de cellule. Ils avaient partagé cette minuscule pièce insalubre pendant près d’un an. Un mois , se dit-il. Trente malheureux jours, et moi aussi, je pourrai faire mes valises… — N’oublie pas d’emporter Marion Cotillard ! fit-il, scrutant le poster qui ornait le mur, juste au-dessus de la couchette de Nicolas. — Non, je te la laisse. Ça te réconfortera, quand tu penseras trop à moi, ou quand le gros balèze obsédé qu’on va te coller dans la cellule viendra te faire un câlin avant de dormir. — Petit con… lâcha Legrand d’une voix où perçait une certaine tendresse. Nicolas avait l’âge de son fils… Ce fils qui ne voulait plus entendre parler de lui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 octobre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782819501862
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

David Moitet
Piège boréal
 
Thriller
 
Auteur lauréat

Prix du polar 2011
 
Éditions Les Nouveaux Auteurs
16, rue d’Orchampt 75018 Paris
www.lesnouveauxauteurs.com
 
 
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex
www.editions-prisma.com
 
 
Copyright © 2011 Editions Les Nouveaux Auteurs - Prisma Presse
Tous droits réservés
ISBN : 978-2-81950-186-2
« Notre jeunesse […] est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui […] ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans la pièce, ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler. Ils sont tout simplement mauvais. »
Socrate (470-399 av. J.-C.)
À Virginie, Eléa, Inès et Pierre…
PROLOGUE

Legrand ne pouvait détacher son regard de son compagnon de cellule. Ils avaient partagé cette minuscule pièce insalubre pendant près d’un an.
Un mois , se dit-il. Trente malheureux jours, et moi aussi, je pourrai faire mes valises…
— N’oublie pas d’emporter Marion Cotillard ! fit-il, scrutant le poster qui ornait le mur, juste au-dessus de la couchette de Nicolas.
— Non, je te la laisse. Ça te réconfortera, quand tu penseras trop à moi, ou quand le gros balèze obsédé qu’on va te coller dans la cellule viendra te faire un câlin avant de dormir.
— Petit con… lâcha Legrand d’une voix où perçait une certaine tendresse.
Nicolas avait l’âge de son fils… Ce fils qui ne voulait plus entendre parler de lui.
Le pas lourd d’un gardien le tira de ses réflexions. Il ferma les yeux. Le cliquetis des clés, ce léger décalage dans les ondes sonores qui se répercutaient avec régularité sur les murs de béton…
— Je mise sur le gros René, fit le prisonnier.
— Mmmh… Allez, je n’ai plus grand-chose à perdre. Je tiens le pari. C’est pas René. Si tu gagnes, je te laisse ma cartouche de clopes.
Les paumes des deux hommes s’entrechoquèrent dans un bruit sec, scellant leur pari à la manière d’adolescents. Rituel un rien puéril, peut-être, mais tout était bon pour tuer le temps…
Lorsque la face rondouillarde de René se dessina à travers le petit carré creusé dans la porte de la cellule, le visage de Legrand s’illumina.
— Merci René, dit-il.
— Ah, encore votre jeu débile… répondit le gardien. Faudra que tu me files un pourcentage, mon vieux. Alors Nicolas, prêt à retrouver le soleil ?
— Un peu, oui ! Tu me laisses cinq minutes, que je dise au revoir ?
— Je peux même te laisser un an de plus, si tu veux… grommela le gros René en s’éloignant.
Nicolas fit face à Legrand.
— Bon, je crois que c’est le moment…
— Ouais.
— Tu ne m’as jamais demandé pourquoi j’étais tombé…
— Chacun ses petits secrets, rétorqua Legrand, le regard vide.
— Tu sais, les mecs parlent… À ce qu’on dit, tu as pris dix ans pour le meurtre de ton voisin.
Legrand se contenta d’opiner, la mine sombre.
— Je voulais juste te dire que je suis persuadé que tu es innocent…
— Dommage que le jury ait pensé autrement.
Nicolas, ne trouvant rien à ajouter, préféra changer de sujet.
— Tu sors d’ici un mois, ça va venir vite.
— Oui. Peut-être qu’on se croisera ?
— Peut-être… Mais je compte bien me promener un peu… fit Nicolas.
Legrand esquissa un sourire, puis alla se poster devant la minuscule fenêtre. Il ferma les paupières pour ne plus voir les barreaux et tenta de s’imaginer parcourant le monde… En vain. Trop longtemps qu’il croupissait ici, constatant chaque jour qu’aucune lumière, si intense soit-elle, ne parviendrait jamais à égayer les murs décrépis de son cachot. Sans se retourner, il répondit :
— Fais pas le con, hein ? Parce que j’ai jamais mis le nez dans le tas de paperasse que tu as sous le bras, mais je suis sûr que toutes les infos que tu as dégotées en passant ton BTS tourisme n’ont pas grand-chose à voir avec la préparation d’un voyage d’agrément.
Nicolas étouffa un petit rire :
— Tu sais, Legrand, je t’aime bien. Mais je suis un grand garçon… Et je pourrais te retourner mot pour mot le couplet que tu viens de me débiter : un mec qui garde sous son oreiller la liste complète des gens responsables de sa condamnation, tu ne vas pas me faire avaler que c’est pour leur refiler des fleurs à sa sortie !
Legrand accusa le coup. Il ouvrit la bouche, mais aucun son ne sembla vouloir s’en extraire. Un sourire énigmatique effaça peu à peu l’étonnement qui se lisait sur son visage.
— T’as raison, souffla-t-il. Trêve de bonnes résolutions. Quoi que tu prépares, bon vent, et te fais pas piquer…
Nicolas fit deux pas vers Legrand et l’étreignit brièvement. Il franchit ensuite les quelques mètres qui le séparaient du premier sas vers la liberté.
— René ? C’est OK pour moi…
Lorsque la lourde porte se referma sur l’ombre de Nicolas, Legrand se laissa tomber sur son lit. Un grincement désagréable, malheureusement habituel, déchira le silence. Délicatement, il sortit les fiches cachées sous son oreiller. Il s’appliqua à les réduire en miettes. Si Nicolas avait compris son manège, d’autres personnes moins bien intentionnées le pouvaient aussi. Et il n’était pas question que le moindre grain de sable vienne enrayer le plan qu’il avait mis cinq ans à concevoir.
Il se leva et, d’un geste théâtral, envoya virevolter une pluie de confettis vengeurs au-dessus des toilettes. Le papier n’était rien. Les informations qu’il avait patiemment accumulées sur les responsables de son incarcération n’étaient pas près de le quitter. Elles continueraient à hanter ses nuits d’insomnie. Au moins durant trente jours…
Sans une once de regret, il tira la chasse. Un détail attira soudain son attention. Un prospectus était coincé sous la porte de la cellule. Tombé des affaires de Nicolas, sans doute… Il se pencha et le ramassa. Il s’agissait d’un dépliant publicitaire.
Finalement, Nicolas projetait peut-être réellement de faire un long voyage…
Legrand replia soigneusement le prospectus et le glissa dans son livre de chevet. Le destin venait de lui fournir le dernier élément qui manquait à sa vengeance.
LOU
10, 9…
Chapitre 1
Samedi 23 novembre

Lou se gara sur la place des Jacobins. Elle se dirigea vers le parcmètre et consulta sa montre. Une pièce de deux euros devrait suffire… Quoique ses grands-parents avaient la fâcheuse habitude de la retenir plus que de raison. Étant la seule de la famille à continuer à leur rendre visite, elle ne pouvait leur en tenir rigueur.
Le ticket anti-nain-bleu-pourvoyeur-d’amendes en place, elle fit face à la cathédrale Saint-Julien. Une splendeur. Imposante, forte de ses multiples arches de pierre, elle s’élevait au-dessus de la ville sur environ cinq mille mètres carrés, rappelant à tous ce dont les hommes sont capables. Selon une légende locale, la construction de sa charpente avait nécessité près de mille chênes… Lou se retourna brièvement : les vitres rutilantes du palais de justice renvoyaient une image ternie du monument. Elle s’était toujours demandé ce qui avait pu pousser les architectes à opposer avec tant de force le modernisme cubique de ce bâtiment à la grâce de la cathédrale.
Sans trouver de réponse, elle s’éloigna rapidement de sa petite voiture et pénétra dans son jardin secret : le vieux Mans. Les gens de passage ne pouvaient se douter que la ville dissimulait un tel quartier : des maisons toutes plus anciennes les unes que les autres se succédaient, affichant fièrement boiseries d’un temps reculé, gargouilles et façades moyenâgeuses… Les piliers travaillés de ces demeures sans âge rivalisaient de sculptures variées, et sur le sol, les pavés irréguliers incitaient le promeneur à ralentir l’allure, comme si l’histoire qui suintait des vieilles pierres avait le pouvoir de freiner le rythme frénétique de l’homme moderne. Lou s’imprégna de l’ambiance et s’engouffra dans les ruelles. Elle flâna quelques instants devant Bulle, sa librairie BD préférée, puis déboucha dans la Grande-Rue. Les restaurants n’étaient pas encore ouverts et tout était calme. En quelques enjambées, elle rejoignit la rue Saint-Pavin-de-la-Cité. Avant de s’en rendre compte, elle était devant la maison de ses grands-parents. Elle composa le code secret, sonna vigoureusement pour les prévenir de son arrivée. Après un moment, elle sortit sa clé, entra, et se dirigea droit vers le jardinet qu’ils possédaient dans une petite cour intérieure. À cette heure de l’après-midi, ils ne pouvaient être ailleurs…
Elle s’arrêta net. Les rosiers jetaient leurs dernières fleurs de l’année à l’assaut de la grisaille, et les camélias d’hiver diffusaient dans l’espace clos un parfum subtil, mais leurs bienfaiteurs manquaient à l’appel. Un petit sourire teinté de surprise illumina les traits de la jeune femme. Elle fit un tour sur elle-même pour tenter de retrouver les fugueurs…
Dans la salle à manger, un repas non terminé offrait aux mouches un festin inhabituel. Le nombre d’insectes l’était tout autant. Surtout à cette période de l’année… D’où sortaient ces foutues bestioles ? En y prêtant attention, Lou discerna une odeur étrange. Elle détailla le contenu des assiettes, puis secoua la tête. Non, c’était autre chose… Dans la pièce suivante, des objets étaient renversés. La jeune femme commença à s’inquiéter. Évidemment, son grand-père, du haut de ses soixante-neuf ans, n’était plus aussi agile que dans sa jeunesse et avait pu faire une chute… Mais où était Nanie ?
À mesure que Lou progressait vers l’étage, l’odeur emplissait ses narines. Soudain, elle se rappela où elle avait déjà senti ces effluves : gamine, elle avait trouvé un animal en décomposition dans un fossé… Des larmes perlèrent au bord de ses grands yeux bleus et sa gorge se noua. Elle se précipita dans le petit escalier en pierre brute et arriva sur le palier. Son grand-père avait transformé l’étage en salle de cinéma. Tout était plongé dans le noir. Lou ne put s’empêcher de protéger ses narines de l’odeur omniprésente. Avec son autre main, elle alluma le plafonnier. Lorsque les ampoules donnèrent vie à la pièce, elle ne put retenir un cri.
Elle aura

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