Parfum de désirs
114 pages
Français

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Description

Jeanne est en plein émoi. Nouvellement éprise d'Adrien et d'Alexandra, elle voit ressurgir dans sa vie son ancien compagnon laissé pour mort. Elle tente de « redonner un sens à sa vie » depuis qu'elle a découvert grâce à ses amis artistes le pouvoir libérateur de l'écriture. Il lui faut également veiller sur Jeff, son petit frère, un peintre torturé, persuadé d'être le fils de Salvador Dali. Forcée à dire la vérité, leur mère reconnaît avoir eu une brève et passionnelle aventure avec le célèbre peintre. Grisé par le succès de ses toiles, Jeff comprend finalement qu'il est le frère du maître. Alors que la fine équipe d'esthètes s'est réunie pour célébrer son œuvre, Dali en personne vient se joindre à la fête. Miracle, il a retrouvé la vie grâce à la cryogénisation ! Le roman de Jean-Luc Alban Fabre met à l'honneur une galerie de personnages hauts en couleur ayant pour idéal commun l'art sous toutes ses formes. La figure tutélaire de Salvador Dali plane sur cette fiction farfelue, s'inscrivant dans la lignée des romans affranchis du cadre purement réaliste. L'évocation de l'univers original du peintre et des célébrités qui l'entouraient résonne comme un vibrant hommage. L'auteur est particulièrement inspiré lorsqu'il s'agit d'exprimer le débordement des sens, la tempête des émotions et la sensualité des corps. Avec son imagination débordante et son sens inédit du drame psychologique, il réjouira tous les amateurs de l'esprit surréaliste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 décembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342059168
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Parfum de désirs
Jean-Luc Alban Fabre
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Parfum de désirs
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://jean-luc-alban-fabre.societedesecrivains.com
 
Adrien,
 
Depuis ton départ, je ne sais plus où j’en suis ni où je vais. Vide de sens, trop pleine d’émotions et de sentiments ! Adrien, ton absence me torture, ta présence me bouleverse. Pourquoi t’ai-je rencontré, seule, face à la mer ? Tu étais parvenu à me faire oublier Jacques, cet amour débordant qui parfois me détruisait. Oublier ? Non ! Estomper, peut-être ! Je ne sais plus. Quinze jours loin de toi ! J’ai l’impression que Jacques va revenir ; il est là, il m’empêche de vivre.
Souvenirs de cette passion, cannibale, de la tyrannie de cet amour destructeur de ma liberté. Un an qu’il a disparu !
Disparu ! Mais pas mort ?
Adrien, toi aussi tu étais en errance et nous avons dérivé ensemble dans les eaux du cap Camarat. Tu me disais que j’étais ton huître sauvage, tu m’as désirée, dégustée, savourée lentement, avec gourmandise. J’étais si bien contre toi, je n’avais plus peur de l’eau, plus peur de me perdre dans l’étendue immense et sombre où repose peut-être Jacques pour l’éternité, tu m’as libérée de toutes mes entraves, tu m’as aidée à briser mes chaînes. Un an déjà qu’il a disparu là-bas au loin, il me semble encore si proche, avec son amour menaçant, passionnel et toxique, son amour en « vrac ». Il me harcèle toujours. Adrien, ne m’abandonne pas à mes tourments ! J’ai encore tellement besoin de toi.
Trop d’angoisse, trop de solitude. En t’attendant, il faut que j’aille voir Vladimir et Jeff sur le bateau.
 
Direction Saint-Tropez, au bout du port, côté sombre, non loin de l’exhibitionnisme clinquant, des paillettes, du bling-bling et des excès de la jet set .
Tout au bout du quai : la Désirade , ce yacht si étrange qui me sert bien souvent de refuge. Vladimir installé devant son grand piano blanc voyage entre Chopin et Ray Charles, tout près de Jeff debout devant son chevalet, absorbé par la réalisation d’une représentation grandeur nature de Jacques ; on dirait qu’il lui parle, comme s’il était présent, vivant, là, mais avec quelques années de plus.
Je m’assois sur le grand canapé violet. Je retrouve l’ambiance surréaliste de ces jours de galère et de création de l’époque où je venais m’y ressourcer. Vladimir et Jeff ne m’ont pas vue m’installer. Ils semblent perdus dans leurs rêves, dans leur voyage poétique. Je m’assois près d’une grande lampe en bois flotté et je t’écris, je t’envoie un mail comme un SOS. Le liras-tu à temps toi qui n’aimes pas trop ce mode de communication ? Non, un SMS serait plus sûr ! « viens vite Adrien ! tendres baisers ». Je t’écris aussi cette lettre que je posterai au petit matin, tu pourras ainsi la toucher, la sentir, la relire à ta guise. J’ai cru comprendre que tu préfères lire sur du papier, « c’est plus chaud, plus vivant et humain », m’avais-tu dit. Cette lettre terminée, j’éprouve le besoin d’écrire, de retrouver mon roman, mes personnages, mes fantasmes avec un plaisir gourmand… Voyage délicieux entre réel et imaginaire, dans les remous tumultueux de mes angoisses et de mes désirs. Les mots viennent tout seuls puis s’échappent aussi vite. Soudain, ton visage m’apparaît. Au fond de tes yeux, je me plonge de nouveau, je désire tant m’y retrouver, m’y perdre en même temps, pouvoir chanter encore avec toi ce blues mélancolique et envoûtant :
 
Je t’aimerai toujours si
Tu chasses le blues de mon lit
Au fond de tes yeux, j’existe, je revis.
Je suis un violon, tu es l’archet qui me fait vibrer.
 
Du fond de mon mal-être, je t’écris cette lettre, je te l’envoie comme un cri sauvage, un cri primal, un feu d’artifice de peurs et de désirs, un message, l’ancêtre des SMS, dans une bouteille jetée à la mer. Encore et toujours la mer !
 
Tu me manques tellement ! Je t’attendrai, seule sur la plage. Viens vite, Adrien ! Notre histoire commence à peine, tu le sais bien, ce n’était que la mise en bouche d’un repas succulent. Viens vite, viens te plonger dans mes rêves et respirer avec moi ce parfum de désir qui ne me quitte plus depuis notre rencontre !
Je t’attends,
Jeanne
 
Sa lettre est arrivée en même temps que le soleil sur son lit. Adrien en rêvait depuis si longtemps. Il la caresse, la relit, la sent, le parfum de Jeanne sur l’enveloppe le pénètre. Une émotion brûlante le submerge et le pousse à partir au plus vite la rejoindre. Son parfum envoûtant, sa sensualité, sa force, sa fragilité, sa douceur, sa tendresse, son mystère, il désire tout ça et tant d’autres choses encore.
 
Sur la plage, le soir même il s’approche et va s’asseoir près d’elle sur le sable encore tiède, face à la mer, comme la première fois.
Jeanne sent sa présence. Sans même se retourner, elle lui dit : — Adrien, te voilà enfin ! Prends-moi vite dans tes bras, serre-moi très fort et ne me lâche plus. Protège-moi ! J’ai si peur ! Jacques n’est pas mort, j’en suis persuadée à présent ! J’ai peur qu’il revienne et en même temps j’attends là sur la plage ! Ça me rend folle !
Adrien pose ses mains sur ses épaules, doucement, avec délicatesse. Il lui caresse le cou, lui embrasse le creux de l’oreille et murmure :
— Mais que me racontes-tu, Jeanne ?
— Je le vois partout : là, il sort de l’eau, il rode dans mon jardin, sur le bateau de Vladimir, dans mes rêves les plus tourmentés, et même dans mon roman.
 
— Comment ça dans ton roman ?
— Eh bien ! figure-toi que j’ai écrit lundi toute la journée sur mon ordinateur portable et mardi matin, en relisant mon texte, qu’est ce que je vois ? Une phrase avait été rajoutée à la fin : « sur le visage de Jack coulaient des larmes de feu. » Cette phrase a été rajoutée à mon insu, je l’ai vécue comme un viol.
— Il était très tard, tu étais sans doute très fatiguée, tu as dû écrire ces mots à moitié endormie, tu ne t’en es plus souvenue.
— Non ! Impossible ! D’ailleurs, je ne l’ai jamais appelé Jack ! c’est Vladimir et Jeff qui l’appelaient ainsi ; de plus, il n’y a pas de Jack, ni même de Jacques dans mon roman. Je ne risquais pas de donner ce prénom à l’un de mes personnages !
— Eh bien ! c’est peut-être toi qui l’as rajouté, dit Adrien. Si, tu l’as écrit de façon inconsciente et automatique.
— Je savais, Adrien, que tu allais me dire que je me faisais des idées. On dit si facilement d’une femme qu’elle est folle ou hystérique ! C’est une manière de ne pas entendre sa vérité et sa souffrance…
— Je n’ai pas dit, ni même pensé, que tu es folle ou hystérique !
— Non, il s’en est fallu de peu ! Tu as dit, avec diplomatie, que je me faisais des idées, eh bien ! justement, les idées j’ai besoin de me les changer. Si nous allions déguster une bonne soupe au pistou au « Cap Sauvage », propose Jeanne.
— Excellente idée, je meurs de faim tout à coup !
Quelques minutes plus tard, les voilà installés à leur table habituelle du « Cap Sauvage », les pieds dans le sable encore tiède, la main dans sa main ferme et douce, Jeanne savoure cette rencontre merveilleuse. Envie que cet instant dure une éternité. Désir de s’abandonner dans ses bras. Son corps tremble comme une feuille de platane caressée par la brise marine. Un trouble vertigineux les submerge tous les deux.
 
Un parfum subtil d’ail et de basilic leur effleure les narines et les pénètre délicieusement.
 
Sur la plage presque déserte, la mer a déposé un alignement de bois flotté : exposition sauvage de sculptures naturelles originales, corps tordus et polis par la houle, blanchis par le sel, ballet figé, étrange et surréaliste.
Sous la table, deux pieds couverts de sable humide se retrouvent et se disent leur désir. Jeanne regarde Adrien avec une émotion mal contenue et lui demande :
 
— Et toi, Adrien, tu as peint depuis mon départ ?
— Oui, j’ai fait deux toiles, dont un portrait de toi ; j’ai terminé celui que j’avais commencé lorsque tu es venue chez moi. Depuis il parade face à mon lit, je ne te quitte plus. Souvent, je te regarde, chamboulé d’émotion, je te parle ! Plusieurs fois, il m’a semblé que tu me répondais ! Tu vois, Jeanne, moi aussi j’entends des voix ! Moi aussi je me fais des idées ! Suis-je fou à mon tour ? Entre mes rêves et la réalité, je me laisse transporter. Je navigue sans boussole, juste avec mes intuitions. C’est peut-être mon côté féminin qui ressort ?
— Adrien, ce tableau, tu l’as amené ici ?
— Bien sûr, puisque je ne te quitte plus ! Tiens, viens le voir !
Il va vers sa voiture, ouvre le coffre. Jeanne est là, allongée sur la toile, entourée d’un cadre bleu, vêtue d’un paréo multicolore, cheveux mouillés, regard débordant d’amour et de désir, vivante, sublime, plus vraie que nature, ses lèvres tremblent sa bouche semble respirer et dire tout ce qu’elle n’avait pas su lui exprimer lors de leur première rencontre, il y a quinze jours.
Jeanne murmure alors :
— Adrien, je me reconnais mieux là, dans ce tableau que dans un miroir, je me retrouve pleinement, je suis vivante, désirée et désirante. Nourris-moi encore de ta sensualité, embellis-moi de ton amour. Tu as su mettre dans mon regard et sur mon visage tout ce que je ressentais, j’ai de plus en plus envie de m’enivrer de tes désirs, de laisser exploser mes fantasmes les plus délirants. Avec toi, je m’envole,

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