Paranoïa
486 pages
Français

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Description

Jozef De Boer n’aurait jamais dû vivre...


Quelques heures après sa naissance, de père et mère inconnus, il est retrouvé par un pauvre vieux fermier, suspendu à la mamelle d’une truie.


Cette naissance honteuse l’obsédera toute sa vie et nuira à sa relation aux autres. Persuadé qu’il ne mérite pas ce qui lui arrive de bien, que sa destinée est de rester un paria, il dresse un mur entre lui et les autres.


À l’adolescence, lorsqu’il est recueilli par la famille Roels, bien qu’heureux de cette chance qui lui est offerte, il ne peut s’empêcher de rester enfermé dans ce rôle de jeune garçon associable et taciturne. Pourtant, une relation particulière se nouera entre lui et la jeune fille de la famille. Et lorsqu’il se découvre un don pour le dessin, ce sera pour lui l’occasion de s’émanciper et de se construire une vie qu’il n’aurait osé espérer.


Mais comme une malédiction, toute bonne chose a une fin...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414121526
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-12150-2

© Edilivre, 2018
Dédicace

A Esmée, Brigitte, Bart avec toute mon amitié.
A Chantal
sans autre commentaire.
Et bien sûr également à Vera, mon épouse
qui a dû supporter
mes silences, mes absences
mes paroles désagréables, mon énervement lorsqu’elle me parlait pendant la rédaction… l’accouchement de ce roman .

A Michèle.
Prologue
P as vraiment grand pour notre époque, 1,80m, plutôt costaud, « heureusement » – on comprendra pourquoi plus loin – cheveux châtains souvent en broussaille, – yeux gris, nez… euh… bien « nez », dents fortes, bien plantées et bien entretenues. Si j’avais pu donner mon avis lors de ma conception, j’aurais bien amélioré certains détails, mais enfin, dans l’ensemble, j’aurais pu tomber dans un corps plus moche.
Voilà l’essentiel pour le physique.
Pour le reste, la vie depuis mon premier jour m’a forgé un caractère taciturne, très introverti et peu sympathique, du moins au premier abord… et ensuite aussi pour tout dire. Avec l’âge adulte mon caractère s’est adouci et je suis devenu plus sociable mais pendant mes vingt premières années, parler m’ennuyait et je répondais le plus souvent aux questions par un signe de la tête affirmatif ou… négatif de préférence, à une parole.
Ah oui ! Mon nom est Joseph De Boer. Plus exactement c’est le nom qui m’a été attribué à la commune de ce village des Flandres parce que je n’en ai aucun autre de connu.
Je suis sorti de prison depuis quelques jours et avant de me venger, je voudrais en expliquer les raisons profondes et aussi raconter tous les événements qui m’y poussent, depuis ma naissance.
01
M a venue sur cette terre, cette vallée de larmes, reste un mystère. Père et mère inconnus.
Dans une ferme de Flandre, un matin, le propriétaire m’a trouvé parmi les cochons, nu et demi inconscient. Je tétais une truie, mêlé aux autres porcelets.
Vraisemblablement « on » m’avait déposé dans l’enclos pour me faire dévorer par les pourceaux et effacer ainsi toutes traces de ma naissance certainement non désirée. Mais la truie venait de mettre bas et me considéra, je suppose, comme un de ses rejetons. Elle aurait mieux fait d’y regarder à deux fois d’ailleurs, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui.
Johan, le fermier, vieil homme usé par le lourd travail de la terre, très perplexe, m’emporta à l’intérieur de la masure et appela sa femme.
Le couple n’avait pas d’enfant et la vieille fermière jugea ce bébé comme une réponse à ses prières. Toutes les femmes, je crois, veulent concevoir et mettre un lardon au monde, une poupée vivante. Elles s’imaginent rarement la réalité de la vie. Leur jouet grandira vite, trop vite et très tôt elles ne pourront plus le pouponner, lui changer ses couches, l’habiller, le dorloter. Elles oublient ou veulent oublier qu’un matin proche, la chair de leur chair vivra sa propre vie, les fera passer au deuxième, au troisième plan, pour enfin s’en débarrasser dans un hospice, même s’il se nomme « seigneurie » à présent mais qui reste malgré tout un simple « mouroir ».
Néanmoins, j’ai souffert, moi, de cette absence de maman et de papa. Personne ne me dorlota jamais. Je ne suis la chair de la chair de personne. Je suis un accident. Jamais personne ne s’est réjoui de ma future naissance. Dès ma venue au monde, on se débarrassa honteusement de ce fardeau.
Johan et Mélanie, ne sachant que faire de ce bébé trouvé parmi les porcelets, attelèrent leur vieux cheval à la retraite, à une charrette d’un autre temps et se rendirent à la maison communale avec ce « gnaf » sommairement emballé dans une couverture. Le bourgmestre, aussi ébahi qu’eux, leur dit, hésitant :
– Ben, Johan… euh… je vais lancer des recherches mais en attendant, pouvez-vous vous en occuper, toi et Mélanie ?
Mélanie répondit, sans attendre la décision de son mari :
– Certainement, Frans. On se débrouillera bien, t’inquiète pas. Nous n’avons pas eu le bonheur d’avoir un enfant alors il sera notre fils… si personne ne le réclame.
– Merci, Mélanie. Allez-vous l’adopter ?
Johan se récria avec véhémence :
– Certainement pas, Frans. On est trop vieux mais puisque Mélanie le désire, on le gardera jusqu’au moment où on en saura plus. Après, on avisera.
Le bourgmestre, soulevant sa casquette, se gratta longuement le crâne chauve, puis :
– Je dois le déclarer à la commune tout de même, et en attendant mieux, quel nom veux-tu lui donner ?
Après une longue réflexion, en fin de compte, le brave paysan déclara :
– On va lui donner le prénom de mon père : Jozef. D’accord Mélanie ?
Mélanie, toute contente de pouvoir garder le bébé, même momentanément, accepta immédiatement ce vieux prénom.
– Et pour le nom de famille ?
Nouvelle longue cogitation, puis :
– Ben, Johan, puisqu’il vivra chez nous le temps que l’on découvre d’où il sort, on pourrait l’appeler : « Van De Boerderij » (de la ferme, en flamand). Ce patronyme sembla un peu long de l’avis du bourgmestre et après une nouvelle longue concertation, ils arrivèrent à un accord : « De Boer » fut adopté, un diminutif de « Van De Boerderij » mais qui signifie également « le paysan ».
Et je trimballe pour ma vie entière le prénom et nom de « Jozef De Boer », Jozef Le Paysan.
Je restai chez mes vieux fermiers jusqu’à l’âge de 8 ans. Jamais personne ne me réclama et jamais on ne découvrit mes irresponsables géniteurs.
Johan avait été un homme grand et fort à son époque mais aujourd’hui, il était voûté par l’âge et les travaux des champs, ridé par une vie passée au grand air par tous les temps. Il se déplaçait à l’aide d’une canne, un gros bâton plutôt. Toujours vêtu d’un pantalon gris avec des rayures plus foncées maintenu par des bretelles et d’un gilet d’antan, il tétait à longueur de journée une éternelle pipe, allumée ou éteinte. Je me souviens combien cette pipe puait à 10 mètres.
« Ah, Jo ! Aujourd’hui, comme je voudrais pouvoir renifler encore la puanteur de ta pipe ! »
Mélanie, elle, était une paysanne également usée par les travaux de la ferme. Femme un rien enveloppée, aussi voûtée que son homme et tout aussi ridée, marchait lourdement en se balançant d’une jambe sur l’autre.
Jamais les vieux ne m’apprirent à dire « papa et maman », ils n’y tenaient pas, je crois. Je pense également qu’ils refusaient de vraiment s’attacher à cet enfant trouvé, de peur de trop en souffrir si la Loi le leur arrachait un jour. Ne sachant prononcer « Johan », je l’appelai « Jo » que je prononçais à la flamande « io ». Incapable également d’articuler « Mélanie » et je disais « Ninie ». Ces noms leur restèrent.
Johan, homme bourru, taciturne, s’exprimait plus facilement par un geste ou par un grognement que par la parole mais il était doué d’un solide bon sens. Le « bon sens paysan ». Avec moi il se montra toujours gentil, compréhensif, juste mais sévère et exigeant.
Pour Mélanie, je restai un incroyable don du ciel, un miracle. Avec le peu qu’elle possédait, elle me chouchouta comme elle le put mais néanmoins sans faiblesse. Les gens de la terre n’ont pas de temps à gaspiller à la tendresse.
A mon tour et tout jeune, je travaillais dur.
A cinq ans, je me levais à 6 heures pour le boulot, hiver comme été. Je n’étais pas l’esclave des fermiers mais bien celui des animaux.
Dès le lever, j’allais ouvrir le poulailler fermé pour la nuit, à cause des renards ou des fouines. Je leur versais leurs graines, puis j’allais donner la nourriture aux lapins dans leur cage. On en possédait une vingtaine. Ensuite, j’ouvrais l’étable, libérais les trois vaches et les accompagnais vers le pré. Ensuite, avant de rentrer dans l’habitation, j’allais saluer le vieux cheval dans son écurie. Trop petit encore pour lui passer le licol, je lui disais chaque matin :
– Bonjour, Dwaar, tu viens dans ta prairie ?
Et Dwaar allongeait sa grosse tête, sa bouche en avant pour quémander une caresse, puis sortait de l’écurie pour me suivre. Je lui donnais aussi son picotin.
Dwaar était mon ami, mon seul ami. Nous n’avions pas de chien et un jour, je demandai à « io » :
– Pourquoi n’avons-nous pas de chien ? Tu te rends compte, « io », une ferme sans chien ?
Pour une fois, il me prit sur ses genoux et m’expliqua avec son bon sens de gens de la campagne :
– Nous avions un chien, Jef, un bâtard recueilli alors qu’il errait dans un de nos champs. Il est mort à présent. Mais un animal n’est pas un objet. Tu ne peux le jeter lorsqu’il ne t’intéresse plus ou lorsque tu ne peux plus le garder. Tu as des obligations envers lui, des devoirs, tu en es responsable comme des autres animaux de la ferme.
– Oui, « io », je sais, et alors ? Tu vois comme je soigne bien les bêtes de la ferme. Même les oies me connaissent et accourent lorsqu’elles me voient.
– Là n’est pas le problème, petit Jef, mais pense ! Si nous adoptions un chien, tu en serais responsable pour une quinzaine d’années. Moi et Ninie ne vivrons plus aussi longtemps et toi, mon pauvre Jef, que deviendras-tu le jour où nous ne serons plus là ? Es-tu certain que là où tu échoueras, on acceptera ton chien ? Malheureusement mon petit Jef, tu n’as pas le droit de prendre la responsabilité d’élever un nouvel animal. Tu comprends ?
J’avais compris. J’avais compris, surtout, que je serais un paria toute ma vie.
– Et Dwaar ? Tu gardes ce cheval tout de même ?
Je le vois encore sourire tristement.
– Dwaar, petit Jef, m’a servi pendant près de quinze ans. Il travaillait dur dans mes champs. Il tirait la charrette, la faucheuse, la moissonneuse-batteuse, la charrue, la grande herse même lorsque le sol était sec, pierreux et que le soc de la charrue refusait de pénétrer. Lorsque je devins trop vieux pour encore travaill

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