Par le sang de l ombre
292 pages
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Description

« Son supérieur au bureau de la gare maritime de Champlain à Québec, François De Hautecour, savait de quoi il retournait. De la part des Soviétiques et de leurs acolytes, rien ne le surprenait plus. Tout en lui rappelant qu'il le couvrirait quoi qu'il survînt, il lui avait recommandé à maintes reprises la plus grande prudence : — Carlos, lui avait-il dit, même si la Yougoslavie socialiste fait preuve d'un semblant de neutralité, ses politiciens ont une nette préférence pour tout ce qui vient du bloc de l'Est. Ce pays fourmille d'agents expérimentés du KGB encore plus zélés et plus audacieux, du fait de la pseudo-neutralité affichée du gouvernement de Tito. Tu ne dois en aucun cas risquer ta vie pour cette mission. Elle n'en vaut absolument pas la peine. De la routine sans aucun véritable intérêt, tout simplement ! Est-ce clair ? » 1966, en pleins championnats du monde de hockey, la Yougoslavie va être le théâtre de l'affrontement entre espions de l'Ouest et de l'Est. Pour Carlos, l'agent du Service canadien de renseignement et de sécurité, cette mission de routine va devenir une opération délicate ayant pour enjeu Montréal. Plus réaliste que Ian Fleming, plus glamour que John Le Carré , J. R. Valéro signe, après "L'Aube des vaincus", un nouveau volet des aventures de son héros barcelonais. Un thriller d'espionnage sur fond de romantisme aussi documenté que divertissant qui ravira les inconditionnels de la guerre froide.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2016
Nombre de lectures 23
EAN13 9782342051186
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Par le sang de l'ombre
J.R Valéro
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Par le sang de l'ombre
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
I. L’inconnu à la tuque rouge
 
 
 
Vers 18 h 30, Carlos – alias Miguel de Vegas – l’agent Triple-Cents, comme l’avait surnommé S., son patron, se pencha furtivement par la fenêtre de la chambre que le Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS) lui avait réservée dans un hôtel trois étoiles de Ljubljana , capitale de la République socialiste de la Slovénie et partie intégrante de la Yougoslavie. D’un seul coup d’œil, l’agent secret admira la magnifique cathédrale Saint-Nicolas dont, sur la gauche, le dôme vert et les deux tours jumelles pointaient fièrement, à proximité du triple pont qui surplombe avec une rare élégance la rivière Ljubljanica .
La ville, hôte des championnats mondiaux de hockey junior qui se tenaient du 3 au 13 mars de l’année 1966, était en effervescence et pour cause. Dix-neuf nations participaient à cette compétition. L’équipe soviétique était favorite pour empocher l’or. Mais, bien qu’il soit devenu depuis peu un fan de ce sport, Carlos avait bien d’autres soucis que celui de pronostiquer un vainqueur même si, conformément au titre officiel de préposé auxiliaire aux équipements dont il avait été temporairement affublé, il devait accompagner l’équipe junior canadienne dans tous ses déplacements, ou presque. Les parties éliminatoires, pour les phases finales, se jouant dans différentes villes du pays.
Le quartier, qui avait été assez agité durant la journée, se vidait rapidement. Les habitants, comme s’ils avaient la peur au ventre, se hâtaient pour regagner leur domicile et s’y terrer, ce qui étonnait grandement Carlos : lui qui vivait à Québec la truculente et qui avait connu les soirées chaudes et animées de Barcelone ne pouvait en croire ses yeux :
— Dans moins d’une heure, il n’y aura plus un seul chat dans les rues. Le désert !
Carlos se pencha un peu plus en direction de la cathédrale. Il remarqua un individu adossé contre l’édifice et tenant à la main droite une tuque rouge :
— C’est l’heure ! conclut le Néo-Canadien.
Il referma promptement la fenêtre qui grinça lamentablement. Il devait agir. Il prit son manteau, vérifia que son revolver placé sur sa poitrine gauche était chargé et partit en direction de l’église. L’inconnu avait quitté son poste. Carlos entra dans la cathédrale par une des portes sur le côté. Il avait à peine posé les pieds à l’intérieur qu’il entendit un gémissement, un râle prolongé, puis plus rien. Trois pas de plus et il faillit trébucher sur un homme gisant au sol. Inquiet, il sortit son arme et se pencha tout en respectant la prudence de rigueur en de semblables circonstances. Son intuition ne l’avait pas induit en erreur. Ce n’était pas l’homme devant l’enceinte de l’église qu’il avait aperçu du haut de sa chambre. L’individu était étalé à plat ventre et portait deux petites marques de sang en arrière du cou, juste en dessous du bulbe rachidien. On lui avait probablement injecté un poison mortel : « Comme le ferait la bungarotoxine ? » se dit Carlos.
Il regarda aux alentours, puis se pencha sur la victime : « Cet homme a au moins cinquante ans. Selon le patron, celui qui doit me contacter n’aurait pas plus de vingt-cinq ans, se dit-il. L’affaire est sérieuse. »
 
Son supérieur au bureau de la gare maritime de Champlain à Québec, François De Hautecour, savait de quoi il retournait. De la part des Soviétiques et de leurs acolytes, rien ne le surprenait plus. Tout en lui rappelant qu’il le couvrirait quoi qu’il survînt, il lui avait recommandé à maintes reprises la plus grande prudence :
— Carlos, lui avait-il dit, même si la Yougoslavie socialiste fait preuve d’un semblant de neutralité, ses politiciens ont une nette préférence pour tout ce qui vient du bloc de l’Est. Ce pays fourmille d’agents expérimentés du KGB encore plus zélés et plus audacieux, du fait de la pseudo-neutralité affichée du gouvernement de Tito. Tu ne dois en aucun cas risquer ta vie pour cette mission. Elle n’en vaut absolument pas la peine. De la routine sans aucun véritable intérêt, tout simplement ! Est-ce clair ?
Quant à Hélène De Hautecour, tout en beauté et vêtue d’une magnifique robe bleue, l’élue de son âme, la fille de son mentor, elle avait été plus directe, plus insistante :
— Mon amour, Papa m’a assuré qu’il s’agit d’une mission de routine. Alors, tu ne prends aucun risque et surtout pas d’initiative qui pourrait envenimer tes démarches et t’exposer à des dangers superflus et inutiles. Je ne peux vivre sans toi ! avait-elle ajouté en le serrant contre son cœur.
— Mais oui, mon amour, tout ira bien. Sois sans crainte. Je dois simplement établir un premier contact avec des Slovènes avides de démocratie, c’est tout. Aucune bagarre en perspective !
— N’empêche. Et s’il te plaît, ne regarde pas les femmes. À ce qu’on m’a dit, les Slaves reluquent volontiers les Occidentaux !
— Mais tu sais bien que tu es mon seul amour ! Comment pourrais-je regarder les autres femmes ? la rassura-t-il.
Il l’embrassa passionnément dans l’aéroport de Québec avant de prendre l’avion devant le déposer à Montréal, puis l’envol vers Rome où un délégué de l’ambassade canadienne en Italie devait lui fournir une camionnette Suburban GMC à quatre roues motrices, remplie de vêtements aux couleurs du pays, de bâtons et d’autres accessoires de hockey… Il fallait bien donner le change et avoir l’air authentique.
 
Carlos, qui avait pris deux centimètres depuis sa dernière aventure, avait vingt-et-un ans. Il mesurait un mètre quatre-vingt-sept et sa carrure était des plus imposantes. De larges épaules et un torse remarquable : un véritable athlète ! Tant d’événements s’étaient déroulés depuis son entrée illicite et dangereuse au Canada. La mort des assassins de son père, son admission au SCRS, les cours à l’université Laval à Québec. Deux sessions et demie de plus et il obtiendrait un baccalauréat ès sciences. Par ailleurs, grâce à des immersions successives, il parlait maintenant couramment, ou peu s’en faut, le français et l’anglais en plus de sa langue maternelle, l’espagnol. Il adorait les entraînements intensifs qui étaient prodigués au sein du Service secret, tant dans les différents arts martiaux, la connaissance et le maniement des armes lourdes et légères les plus sophistiquées, qu’en langage informatique et dans les procédés de résolution des énigmes et des messages codés. Intellectuellement surdoué, il était doté d’un sang-froid exceptionnel et quand la situation l’exigeait, il ne laissait rien transparaître de ses sentiments. C’était déjà un agent secret de haut calibre.
 
Après s’être ganté, il fouilla rapidement les poches de l’homme étendu dans la cathédrale. Celui-ci n’avait aucun papier, aucun document sur lui : « Rien. Évidemment, je m’en doutais, se dit Carlos. Celui qui l’a assassiné est passé par là. »
Il se releva. Un léger bruit venait de se faire entendre sur la droite en arrière, au fond de la salle. Il pointa son revolver dans cette direction. Un jeune homme lui faisait discrètement signe de venir le rencontrer. Il s’approcha :
— Bonjour, lui dit ce dernier avec un anglais aux accents slaves. Le temps est à l’orage en Orient.
— Bonjour. Que pourrions-nous faire pour votre église, pour vous venir en aide, à part des prières ?
Ils se serrèrent la main. Carlos le dévisagea longuement, droit dans les yeux. Son interlocuteur aux yeux bruns, sourire aux lèvres, qui mesurait environ un mètre soixante-cinq, lui parut franc et affable. L’individu ne manifesta aucune crainte, aucun mouvement de recul. L’agent secret apprécia.
— Venez en arrière avec moi, si vous le voulez bien, dit le Yougoslave. Nous serons plus à l’aise pour échanger nos besoins en soins liturgiques.
Les signes de reconnaissance avaient été correctement exprimés, sans aucune hésitation. Il s’agissait bien du contact que Carlos devait rencontrer. Mais bien qu’il en fût assuré, il se tenait sur ses gardes. Avec les gens de l’Est, on ne pouvait jurer de rien…
— Je m’appelle Hans Ovenick.
— Moi, Miguel De Vegas.
Il devait utiliser son pseudonyme pour le bien de l’opération.
Ils pénétrèrent dans la sacristie. Un pope les attendait et avait préparé un peu de café. Après les présentations d’usage, le curé prit la parole :
— Nous n’avons guère de temps. Il y a des espions partout. Celui qui est étendu et que vous avez examiné en est la preuve. Alors qu’il allait entrer ici en début d’après-midi, pour vous accueillir, deux étrangers l’ont attaqué par-derrière, l’un d’entre eux avait une seringue à la main.
— Qui a vu la scène ?
— C’est moi, d’assez loin, dit l’ecclésiastique. Je venais pour m’assurer que la rencontre se déroulerait normalement. Mais hélas…
— Avez-vous pu distinguer les assassins ?
— Non, je ne pouvais pas m’en approcher. Vous savez, ici, l’Église et ses serviteurs ne sont pas en odeur de sainteté, loin de là. Je risquais ma vie ainsi que celle de toute ma famille. Les meurtriers sont repartis aussitôt après leur coup dans une voiture noire et imposante.
— Noire et imposante, dites-vous ?
— Oui, genre automobiles officielles dans lesquelles voyagent les autorités du Parti communiste.
— Est-ce vous qui avez tiré le corps à l’intéri

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