Paname sniper
89 pages
Français

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Description

Mise à part une balle dans la tête en plein Paris, quel rapport entre un petit caïd de banlieue, un chauffeur de taxi, une prostituée, un lycéen de 16 ans, un avocat, une hôtesse de l’air, un chirurgien réputé, un secrétaire d’État, un papy brocanteur et un touriste russe ?L’enquête menée par le commissaire Guillaume Soler et son équipe, lancés aux trousses de celui qui a été surnommé Paname sniper par la presse, s’englue, entre vraies-fausses pistes et revendications plus ou moins crédibles. C’est une aventure amoureuse imprévue qui va mener Macha, la petite lieutenante brune, sur la piste du tireur, mais…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2010
Nombre de lectures 26
EAN13 9782738198426
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, OCTOBRE 2010
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9842-6
ISSN : 1952-2126
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Prologue

Je dois en tuer deux.
Je n’ai pas le choix.
Il n’y a pas d’autre solution.
 
Il faut bien les choisir.
Je n’ai pas droit à l’erreur.
 
Je dois en tuer deux,
Aujourd’hui.
 
Les autres suivront…
1

Khalid assura dans sa main droite le morceau de tuyau récupéré dans la décharge ; le journal censé camoufler (plutôt mal, d’ailleurs) l’arme improvisée ne facilitait pas vraiment la prise. Ce matin-là, les rayons de soleil avaient du mal à se frayer un chemin à travers les fumées du nord de Paris et l’atmosphère était poisseuse et glauque dans ce terrain vague d’Aubervilliers qui bordait le canal. La vieille palissade déglinguée lui offrait une cache de choix ; Ahmed ne le verrait qu’au tout dernier moment. Il tâta précautionneusement son nez, cassé hier soir par ce salaud d’Ahmed à la sortie du Blue Heavens. Il devait s’avouer qu’il ne se souvenait plus très bien pourquoi la bagarre avait éclaté mais, ce qu’il savait, c’est que cette ordure lui avait explosé le nez et qu’il allait lui rendre au centuple la monnaie de sa pièce !
Il connaissait bien le trajet qu’Ahmed suivait tous les matins : précisément cette petite rue déserte. Et là, cette fois-ci, cette enflure serait toute seule… Pour éviter toute mauvaise surprise, Khalid avait rameuté Dédé, dit Gros Derche et ses cent vingt-cinq kilos. D’accord, ce n’était pas que du muscle, mais ça impressionnait. Et, pour faire bonne mesure, il avait aussi récupéré Momo, dit Patte folle, depuis qu’il s’était fait renverser par une Mercedes qui avait pris la fuite et dont le conducteur n’avait jamais été retrouvé. Normalement, c’était l’heure, et Khalid commençait à s’impatienter. Qu’est-ce qu’il foutait, ce con ? Il ralluma son mégot et tendit le cou vers la ruelle.
Sa tête explosa.
Gros Derche, à vingt mètres, se tourna vers Momo :
– Ben qu’est-ce qui lui arrive, à Khalid ? T’as vu ça ? Y s’est cassé la gueule tout seul !
Tout en lorgnant en coin vers la rue, ils se dirigèrent vers leur copain. Momo se pencha sur Khalid, allongé de tout son long et qui ne bougeait plus.
– C’est quoi, ce trou de merde dans son front ?
 
Ludvina, de son vrai nom Marie-Caroline Letanchu, remonta son col en faux vison. Le type approchait d’un pas qu’il voulait assuré. Elle l’entreprit :
– Tu viens, mon chou ? Ce soir, je fais des prix !
Le monsieur ébaucha un sourire gêné, toisa Ludvina-Marie-Caroline depuis ses talons aiguilles de huit centimètres jusqu’à la perruque blonde, en s’arrêtant quelques secondes sur la minijupe en cuir fendue sur le côté, gargouilla un truc difficilement compréhensible censé signifier « Non, pas ce soir », et il s’éloigna rapidement.
Ludvina alluma une cigarette et alla rejoindre sa copine Nadia, à vingt pas.
– Tiens, je te parie que ce pékin, il va aller se récupérer une des petites Roumaines sur les quais là-bas ! Tu vois, moi, je suis vraiment pas raciste, mais les politiques qui ont des couilles et qui veulent limiter l’immigration, eh bien je vote pour ! Ces fichues gamines des pays de l’Est viennent nous faucher notre boulot !
Nadia renchérit :
– Et elles cassent les prix ! Il paraît même que certaines acceptent de travailler sans préservatifs ! Des suicidaires, en plus !
Nadia poursuivit :
– Dis, Caro, tu trouves que c’était une bonne idée, toi, de venir nous faire tapiner Porte de la Chapelle ? C’est lugubre, ici ! Je sais pas ce qu’il lui a pris, à Jojo.
– Paraîtrait que c’est justement pour pas laisser le champ libre aux Roumains ! Ils étaient en train de se coloniser le coin. Fallait faire quelque chose : la France aux Français, quand même !
Nadia ne paraissait pas convaincue :
– Peut-être bien. N’empêche que c’était plus sympa rue Saint-Denis ! Et puis y avait toutes les copines…
Ludvina acquiesça :
– Là, je suis d’accord… Bon, c’est pas tout ça, je retourne au turbin ; on se retrouve chez le gros tout à l’heure ?
Elle regagna son coin de trottoir un peu plus loin, de l’autre côté de la station-service ; Nadia avait au moins raison sur un point : de nuit, le croisement du périphérique et de l’avenue de la Porte de la Chapelle était plutôt tristounet et ne donnait pas envie de s’éterniser. Mais les messieurs qui s’arrêtaient là le soir le faisaient pour des raisons bien précises : remplir leur réservoir à la station-service, rencontrer des dames… ou bien les deux, l’étape réservoir permettant de faire son choix comme si de rien n’était, en lorgnant aux alentours l’air de pas y toucher.
Nadia regardait Marie-Caroline regagner sa place attitrée, en se demandant comment elle parvenait à tenir debout avec des talons pareils ! Elle se dit que c’était couru : Ludvina-Marie-Caroline venait de s’étaler de tout son long ! Elle s’esclaffa et marcha vers sa copine pour l’aider à se relever. Elle avait dû s’assommer sévère, elle ne se relevait même pas. Nadia se pencha sur Ludvina, allongée à plat ventre. Elle avait comme un trou au-dessus de la nuque et plein de sang sous la tête. Nadia se mit à hurler.
2

Auguste-Guillaume Soler était une vivante illustration de l’adage : « Garde-toi, tant que tu vivras, de juger les gens sur leur mine. » Un directeur de casting à la recherche d’un commissaire de police grande gueule pour le cinéma ou une série télé aurait eu toutes les chances de choisir un Roger Hanin ou un Gérard Depardieu plutôt que ce petit homme replet, à la chevelure plus que dégarnie, au visage poupin que ne parvenait pas à durcir une fine moustache grise. Auguste-Guillaume Soler avait vingt-cinq années de service au compteur à la Crim, au 36, quai des Orfèvres, et ses collègues savaient bien que ce physique ingrat cachait une intégrité sans faille, un caractère pas facile – ses colères étaient proverbiales –, et surtout une obstination qui lui avait valu le surnom de la Murène, car ce poisson d’allure peu aimable passe pour ne jamais lâcher la proie sur laquelle il a refermé ses mâchoires.
Soler dirigeait l’une des meilleures équipes de la Criminelle, et, malgré son caractère ombrageux, le mot est faible, les meilleurs éléments de la DRPJ Paris, Direction régionale de la police judiciaire de Paris pour les initiés, faisaient tout pour intégrer son groupe. Il était divorcé depuis dix ans, et gardait des contacts étroits avec un grand fils, flic comme lui, à Marseille. On ne lui connaissait aucune aventure sentimentale ; apparemment, ce n’était pas, ou plus, sa tasse de thé. Ou plutôt son verre de cognac, car le thé ne faisait pas vraiment partie de ses boissons habituelles.
– Salut la jeunesse !
Soler venait de pousser la porte de l’ open space (il avait ce mot en horreur) où officiait son équipe.
Ce matin-là, la « jeunesse » se réduisait en fait à deux personnes ; les autres étaient sur le terrain.
Le premier, celui auquel venait d’ailleurs de s’adresser directement le commissaire Soler, n’avait rejoint le groupe que depuis un an. On le surnommait la Belette à lunettes ou la Belette tout court. Ses diplômes devaient peser plus que lui. Le parcours de Lionel Roulin était relativement original.
Élève modèle au lycée, mention Très Bien au bac S, il était titulaire d’un master en informatique. À ce stade de sa carrière, il s’était senti brutalement frustré par l’absence de contacts humains que lui prédisait un face-à-face perpétuel avec un écran d’ordinateur. Dans un grand élan humanitaire, il avait alors décidé de s’inscrire en médecine. Les choses s’étaient déroulées au mieux tant qu’il s’était agi d’ingurgiter (et de recracher) des tonnes de connaissances théoriques ; son quotient intellectuel, qui avoisinait les 150, lui avait permis de se retrouver sans efforts considérables dans les meilleurs des promotions des deux premières années. Mais ça s’était gâté lors de son premier stage à l’hôpital. Il avait commencé à se sentir bizarre en entrant dans la salle d’hospitalisation. Et il avait carrément tourné de l’œil quand l’infirmière avait enfoncé son aiguille dans la veine d’une brave dame qui hurla, non de douleur, mais en voyant le frêle jeune homme s’effondrer devant elle comme une masse.
Tenace, la Belette avait insisté et demandé, afin de s’endurcir, à assister à une intervention chirurgicale.
Là, à la seconde même de l’incision de la paroi abdominale du patient, il avait vomi tripes et boyaux sur les bottes du chirurgien, ce qui fut du plus mauvais effet.
Se rendant alors compte qu’il faisait fausse route, il avait décidé de mettre ses compétences informatiques au service de la société de façon différente et avait passé sans coup férir ses examens d’inspecteur de police. Une fois nommé, il avait pris soin de prévenir ses supérieurs de ses capacités limitées à gérer la vue du sang. La chance avait voulu qu’il y ait beaucoup plus de volontaires (et de compétences) pour aller travailler sur les scènes de crime que pour analyser des données informatiques complexes et faire tourner les programmes sophistiqués dont s’était dotée la police criminelle.
Roulin-la-Belette, avec ses trois poils follets au menton qu’il ne rasait jamais, paraissait presque asexué. On ne lui connaissait ni copine, ni liaison, ni amourette, et il tournait au cramoisi chaque fois que ses collègues lançaient des

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