On assassine aussi dans les vignes de Pasteur
87 pages
Français

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On assassine aussi dans les vignes de Pasteur , livre ebook

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Description

On se gèle pour tailler la vigne,








On se gèle encore à la voir se geler,








On pleure sous les caméras des médias,








La récolte est foutue,








On implore Bacchus,








Et les vendanges sont superbes,








Alors on fait la fête,








On mange, on boit,








On danse,








Et pour bien terminer la saison, on assassine !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juillet 2021
Nombre de lectures 3
EAN13 9782342355567
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Du même auteur

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Le temps des doryphores (Mon petit éditeur)
Six ans pour six balles (Edilivre) le 20/11/2019.
La vache cul des jatte (Mon petit éditeur) le 17/11/2020
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Mon Petit Éditeur
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
www.monpetitediteur.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35555-0

© Mon Petit Éditeur, 2022
On assassine aussi dans les vignes de Pasteur
 
Malgré la froidure, toute la population des viticulteurs, enfin presque toute, s’affairait dans le vignoble. On avait allumé, çà et là, des braseros au beau milieu des vignes. On les alimentait en bois sec, et en charbon de bois. Quand les braises rougissaient la tôle, on brûlait les sarments fraîchement coupés.
Hé oui, on était déjà fin janvier. Après les fêtes et les abus en tout genre, on devait s’aérer un peu, et aérer principalement les pieds de vigne.
Il avait gelé pendant la nuit, et, ce matin, avec la bise qui se levait, la température ressentie frigorifiait les premiers travailleurs matinaux. On avait commencé par allumer ces poêles de fortune dont la chaleur pouvait, éventuellement, dans quelques mois, préserver les premiers bourgeons du gel.
C’était le début de la taille des ceps. Les hommes, malgré le froid, coupaient avec un sécateur acéré, le bois mort et les tiges indésirables qui pourraient nuire au bon développement du pied et, de ce fait, au rendement de la récolte.
On coupait en chantant, alors que « la vigne pleurait ». On taillait, on allait souvent couver le brasero. La taille ne réchauffait pas trop, même pas du tout. Malgré les gants, le bout des doigts blanchissait et le nez rougissait.
Ils étaient une bonne dizaine, employés au domaine des Chênes. Raoul le chef tailleur, coupait en surveillant, du coin de l’œil, François, Jules, et Mathieu. Coupeurs avertis, ils avaient pourtant tendance à s’arrêter souvent, pour griller une cigarette. Comme le François la roulait ça pouvait durer un certain temp ! Pendant qu’on roulait, on « bavassait ». Néanmoins, lui quand il taillait, il taillait ! Il maniait le sécateur, comme un coiffeur ses ciseaux !
Raoul surveillait plus particulièrement, les deux arpètes, employés au domaine, pour apprendre le métier de vigneron. Sans grande conviction, ils taillaient un peu au hasard, et notre Raoul préférait les voir alimenter le brasero en sarments, ou en rondins de corde, que les voir massacrer la vigne.
Une belle invention que ce poêle de fortune, mais terriblement efficace. C’était un fût en tôle de deux cents litres, bien sûr sans opercule, installé par le domaine. On se souciait du bien-être, si on peut dire ainsi, des travailleurs de la vigne ! Nom d’une pipe, n’oublions pas les femmes, qui œuvraient entre les ceps par cette froidure ! Les pauvres qui, à n’en pas douter, seraient mieux sous la couette, à se gratter le croupion.
Elles étaient trois, Marie-Louise, une grande femme sèche comme un sarment au mois d’août, Berthe la plus vieille, mais encore désirable, « encore mettable » comme disait le Raoul, et bien sûr la troisième, la boute-en-train, Josiane, la plus petite, qui pourtant ne passait pas inaperçue. Bien en chair, aussi large que haute, et musclée comme un déménageur. Fallait éviter de la chatouiller la Josiane !
Dans son quartier, on l’aimait bien. Costaude la gaillarde, elle rendait des services aux vieux ou aux handicapés. Mais quand elle était mal lunée… ? On prétendait, qu’un dimanche matin, après le petit-déjeuner, elle avait collé une mandale à son homme, à lui décrocher la mâchoire. Il faut dire que le mari, un peu pompette, l’avait emmerdée toute la nuit. Ma petite caille par-ci, mon petit bout par-là, entre deux hoquets, « j’ai envie de toi… ». À force d’écouter ses jérémiades elle n’avait pas très bien dormi, même pas bien du tout. Le matin, quand l’aube blanchissait les fenêtres, énervée comme un pou sur la tête d’un chauve, elle lui avait, bel et bien, décroché la mâchoire d’un uppercut. Le pauvre homme, avec la mandibule pendante, ne pouvait plus dégoiser. Sa petite femme ne s’en occupait pas ! Heureusement son voisin compatissant, mais qui avait des arrière-pensées, (il aimait bien les petites boulottes), l’avait chargé dans sa voiture, agonisant, et l’avait conduit à grande vitesse à l’hôpital. Le champ libre, le bougre pourrait baratiner un peu la Josiane. On ne sait jamais ?
Bref ! L’Antoine s’en était remis. Grâce au chirurgien, un spécialiste des mâchoires défaillantes. Son épouse, revenue à de meilleurs sentiments, l’aidait à manger la purée. Par contre, seul, il pouvait sans gêne l’Antoine, boire un petit canon avec une paille.
Les hommes chantaient pour oublier « Madame la bise » qui leur frisait les oreilles, des chansons paillardes bien entendu. On était hilare, on coupait. Josiane deux fois plus vite que les hommes et, quand elle riait, elle avait tendance à faire quelques gouttes dans sa culotte. Alors là, le froid aidant, elle ne pouvait plus retenir le pipi. Elle remontait la vigne dare-dare pour s’accroupir derrière un cep sans feuilles… Mais attention, pour s’asseoir sur les talons, elle devait, tenir le pied de vigne de la main gauche, pendant que la droite tentait de baisser son pantalon. La scène était cocasse, à faire rire un dépressif au bout d’une corde. Par pudeur envers une collègue, on baissait la tête ou, plus discrètement, on « chouffait » entre les doigts de la main. Quelques fois un ancien, comme Raoul le chef tailleur, qui la connaissait depuis longtemps, la brocardait avec l’espoir de réchauffer les coupeurs :
— Josiane, tu vas faire griller le pied !
— Tais-toi donc vieux con. Quand tu veux faire pipi, il te faut deux heures avant de sortir ton bout de peau, pour finalement pisser sur tes pompes !
On n’avait rien à répondre. On recoupait. On attendait que la Josiane remonte en haut de la vigne. Car elle pissait assez souvent la bougresse.
Les hommes guignaient les femmes uriner, et les belles en cuisse que croyez-vous qu’elles faisaient ? Elles aussi mataient ! Mine de rien pour un mâle, il est très difficile de pisser dans une vigne effeuillée ! Pour ne pas montrer son bijou de famille, la pudeur voudrait que vous tourniez le dos, surtout aux nanas, le temps de farfouiller dans votre froc. Enfin quand vous faites prendre l’air à la mignonne, et pour éviter les voyeuristes, vous tournez autour du cep et vous vous pissez sur vos sabots !
Malgré ce travail rébarbatif, mais très important, les jeunes n’étaient pas venus pour rien. En premier lieu, ils apprenaient un beau métier avec de temps à autre, une attraction qui sortait de l’ordinaire. Tailler la vigne au mois de janvier aurait rebuté les apprentis en herbe, plutôt en vin. Mais, il faut le savoir, que d’une bonne taille dépendait la qualité des grains, et surtout du rendement de la récolte.
On ne faisait pas que pisser dans les vignes ! On taillait, on parlait, on se posait des questions…
— Au fait, Josiane tu vas à la « percée du vin jaune », la semaine prochaine ?
— Sûrement pas ! L’année dernière avec l’Antoine, elle nous a coûté cher cette connerie !
— Raconte !
On ne taillait plus. On écoutait, ou on faisait semblant.
— On a déjà payé en arrivant pour avoir droit à un verre en plastique. Normalement on pouvait boire un peu partout ce qu’on voulait. Mais « tintin » quand on goûtait le pinard d’un vigneron, il faisait un cran sur le verre. Au dixième cran, « coucou » plus rien ! L’Antoine avait dû tricher, il était revenu rond comme une bille ! Mais ce n’est pas tout ! Tu ne vois pas ! Les flics nous mataient avec des jumelles. Les enfoirés, ils ont attendu que l’Antoine se mette au volant, et avant qu’il ait pu faire cent mètres ils nous sont tombés dessus !
— Les enculés, c’est du vice ma pauvre Josiane !
— Attends la fin, ce n’est pas triste ! J’ai soufflé dans le ballon, naturellement ça puait la vinasse. J’ai failli leur dégueuler sur les « bottes ».
— Ils l’auraient mérité ces connards !
— Mais le plus beau, c’était l’Antoine. Encore un gorgeon, et le ballon leur pétait à la gueule.
On ne coupait plus, on riait si fort qu’on apeurait un couple de merles à la recherche des derniers grains pourris.
— Et après ?
— Après ! Ils lui ont piqué son permis et les clés de la bagnole. L’Antoine, il a vu rouge, pourtant il n’avait bu que du blanc ! Il les a traités de fainéants, de bons à rien, d’emmerdeurs publics… Enfin, tout son répertoire ! Tu vois Raoul, il a écopé fort le gars. Plus de permis, plus de voiture, une amende qui a bouffé nos économies, tout ça pour un mauvais pinard qui nous a flingué l’estomac ! Heureusement on a pu, quand même, se payer une voiturette ! Gaffe ! Voilà le Victor… Le responsable du chai.
Après une journée debout, en plein air, avec cette bise qui vous ratatinait les « roubignoles », on n’avait pas très envie de courir le guilledou. On apprécierait plutôt, la douce chaleur du foyer. La Josiane ne dirait pas le contraire, et au moment d’aller gentiment sous la couette, son compagnon n’aurait qu’une alternative, aller roupiller dans la chambre d’ami.
Le vent du nord s’était cassé le cou, et ce début de février semblait être de bon augure pour l’épanouissement de la vigne ! La prédiction venait de Victor, le maître de chai, le cousin de Bacchus. Il était venu pour se rendre compte de l’avancement de la taille. C’était un gaillard haut comme deux ceps de vigne, avec une tête large et des cheveux frisottés. Ses mains étaient grosses comme des battoirs.
Il fallait faire vite, le travail dans la vigne demandait toujours de se surpasser, connaissance du travail, et vitesse d’exécution. Les aléas du climat et les maladies étaient les pires ennemis du raisin ! Il faut aimer ce rude boulot, mais combien satisfaisant, quand vous versez dans un beau verre à pied, le travail de toute une année.
Au mois de février, on taillait encore, mais pas que ça. On prélevait les b

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