Old Jeep et Marcassin - L Intégrale
555 pages
Français

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Old Jeep et Marcassin - L'Intégrale , livre ebook

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Description

Intégrale regroupant les 10 titres de la série initialement parue en 1945.


Old Jeep, de son vrai nom Gordon Periwinkle, est un jeune policier américain d'une trentaine d'années, souple, élégant, beau gosse, ancien acrobate, dont la renommée n'est déjà plus à faire.


Marcassin est commissaire de police en France. C'est un cinquantenaire mafflu, à la moustache grisonnante, charpenté et rustique, à l'intelligence et la perspicacité qui ne sont plus à démontrer.


Les deux hommes se sont connus lors de la libération de Paris et partagent les mêmes valeurs et le même don pour les affaires de polices. Ils vont collaborer après la guerre pour résoudre des enquêtes de plus ou moins grandes envergures.


Contient les épisodes :


- Le crime est pour demain


- Le fantôme au rire de femme


- La rose de verre


- À l'enseigne du « Gai Pendu »


- L'empreinte fourchue


- Cauchemar en quatre nuits


- Douze...et un treizième


- Le mort en croupe


- La mère aux chats


- Les millions du borgne

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070039007
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLD JEEP
et
MARCASSIN
- 1 -

LE CRIME EST POUR DEMAIN

De
Marcel PRIOLLET
I

— Voici les journaux, monsieur le commissaire ! annonça la secrétaire en entrant dans la pièce.
— Intéressants ?
— Excitants !... Il n'est question que de vous. Un peu aussi de Mr. Gordon Periwinkle, bien sûr... Quel bruit autour de la fameuse idée de Lord Pelman !... Deux colonnes en première page dans le Yorkshire Post . Un article important du Daily Sketch . Et des entrefilets un peu partout. Je traduis ?
— Inutile, miss Dorothy.
— Là encore, sur la couverture du Harper's Magazine , votre portrait. Très ressemblant, indeed . Voyez plutôt...
Le commissaire Marcassin dédaigna cette invite, haussa les épaules et, tournant le dos, alla regarder par la fenêtre.
C'était un jour triste, sale et gris. Bien qu'il fût neuf heures du matin et qu'on touchât au cœur du printemps, le ciel restait bouché. Brumes et fumées. La plupart des magasins avaient leurs vitrines allumées. Les voitures circulaient avec leurs feux de position. Le sol ruisselait et l'humidité collait aux vitres.
— Et vous appelez ça un pays ? grogna le policier en se retournant.
— Oh ! ici, à Liverpool, ce n'est rien. Le fog, le vrai fog, the pea-soup , c'est à Londres qu'il faut le voir. Ne visiterez-vous pas Londres, avant de rentrer en France ?
— Grand merci !
Miss Dorothy observa :
— Monsieur le commissaire ne semble pas de bonne humeur, aujourd'hui !
Il se hérissa :
— Et pourquoi serais-je de bonne humeur, mademoiselle ?... Ridicule, vous entendez, cette histoire est absolument ridicule !... J'aurai une drôle de mine, moi, devant mon chef et mes collègues du Quai, quand ils sauront...
— Quel quai ?
— Quai des Orfèvres, police judiciaire... Ah ! on ne se gênera pas pour me mettre en boîte...
— Mettre en boîte ?...
— Pouvez pas comprendre. Intraduisible en anglais. Mais ce qui ne saurait vous échapper, encore une fois, c'est le grotesque de l'aventure. Et moi, comme un idiot, j'ai marché, marché à fond. Je me disais : « Liverpool. Près d'un million d'habitants. Des chantiers, des docks, des bassins. Population très mélangée, avec des gaillards venus de tous les pays. Bas-fonds et quais sinistres sur les rives de la Mersey. Bref, un terrain favorable à l'éclosion des beaux crimes. Dans ce grouillement, il doit y avoir un ou deux assassinats par vingt-quatre heures. » Or, depuis trois jours et trois nuits, rien... absolument rien ! Pas la plus petite tentative de meurtre. Et vous verrez qu'il en sera de même jusqu'à demain midi, heure à laquelle expirent les délais qui nous ont été accordés. On dira que nous l'avons fait exprès, c'est sûr ! Et vous voudriez que je sois de bonne humeur ?
— Ce que vous attendez peut venir encore. Ne vous fâchez pas, monsieur Marcassin !
Il répéta, imitant la jeune Anglaise et son accent :
— Monsieur Mâcassine ! Elle a bien dit ça !...
Le policier, après avoir laissé crever son courroux, s'humanisait un peu. Il souriait à cette grande fille lymphatique et blonde, aux yeux mauves et au teint de porcelaine, qu'on avait mise à sa disposition dès son arrivée à Liverpool, afin qu'elle lui servît à la fois de secrétaire et d'interprète. Car il ne parlait pas un traître mot d'anglais...
C'est même pourquoi il avait tiqué quand, trois semaines auparavant, son directeur, à la P. J., lui avait dit :
— Un congrès international de police va s'ouvrir à Liverpool. Nous sommes conviés à nous y faire représenter. Je compte sur vous, Marcassin.
Évidemment, le chef n'avait pas manqué d'envelopper cette annonce de considérations flatteuses. À la brigade criminelle, Marcassin avait conquis un légitime renom. Il s'était illustré en maintes affaires qui resteraient célèbres dans les annales policières. Il lui revenait donc de prendre part aux travaux de ce « Police World Congress » qui réunirait les meilleurs détectives et policiers, tous les « as » des deux continents.
Impossible de refuser, quoi ! Et voilà comment le commissaire, depuis près d'une semaine, était l'hôte du North Western Palace , à Liverpool.
Les organisateurs du congrès — nos amis anglais sont maîtres dans l'art de recevoir l'étranger — avaient bien fait les choses. Dans ce palace, le représentant de la police française disposait non seulement de miss Dorothy, sténodactylo experte et excellente traductrice, mais aussi d'un véritable appartement où le luxe le disputait au confort. Le côté pratique n'avait pas été négligé. Le salon était transformé en bureau : une machine à écrire, des classeurs, deux téléphones et même un dictaphone, pour le cas où M. le commissaire voudrait enregistrer sur disque des propos qui ne regardaient nullement la secrétaire. Au mur, des cartes, des graphiques, un immense plan de la ville et de sa banlieue. Devant la porte du North Western , enfin, deux policemen et une voiture étaient, jour et nuit, aux ordres de Marcassin.
— C'est trop... c'est beaucoup trop ! avait-il dit, lui qui, à Paris, se satisfaisait d'un très modeste bureau et de son petit logement de la rue Saint-Louis-en-l'Îsle qu'il partageait, célibataire endurci, avec sa vieille servante, Noémie.
Toutefois, il s'était déclaré enchanté. Il l'était beaucoup moins aujourd'hui...
Certes, les travaux du « Police World Congress » , auxquels il avait assisté avec miss Dorothy à ses côtés, l'avaient intéressée. Gros succès pour la lecture de la traduction du rapport qu'il avait adressé au président. Et lors de la clôture, au dîner de gala offert par le mayor , le commissaire Marcassin avait eu droit à une place d'honneur.
Mais c'est ce dîner, précisément, qui avait tout gâté. Là, à l'heure des toasts, un certain Lord Pelman, richissime et féru d'aventures policières, avait eu l'inspiration la plus saugrenue qui se puisse imaginer.
Notre Marcassin, tout d'abord, n'en avait pas jugé ainsi. Il s'était même laissé séduire, comme tous les autres convives, par l'originalité de la proposition. Il avait accepté. C'est par la suite qu'il n'avait pas trouvé d'épithètes assez méprisantes pour blâmer la chose.
Ce Lord Pelman ! Un détraqué, un maniaque de l'enquête, un intoxiqué du crime !... Marcassin le revoyait, debout et face au maire, avec son visage couleur de brique et son frac constellé d'innombrables décorations.
— Ladies and gentlemen...
D'un bout à l'autre de son speech, Pelman s'était exprimé dans sa langue natale. Tout ce que le commissaire avait pu comprendre, c'est qu'il était beaucoup question de lui, dans ce discours dont la péroraison avait soulevé une tempête d'applaudissements.
— Qu'est-ce qu'il a dit ?
Le commissaire, ce soir-là, n'avait pas auprès de lui la précieuse Dorothy. Son voisin de table, par bonheur, avait pu le renseigner.
— Très drôle !... Et pourquoi pas ?...
Ah ! la malheureuse parole qui s'était échappée là des lèvres de Marcassin ! Ç'avait été le petit doigt dans l'engrenage. Tout le reste y était passé. Et, au lendemain du banquet, miss Dorothy recevait les confidences de son patron occasionnel :
— J'aurais dû refuser. À la réflexion, cette histoire ne fait pas très sérieux. Mais tout le monde semblait y tenir. Il n'y a plus qu'à attendre...
— Attendre... quoi ? avait réclamé la pâle enfant.
Elle avait été vite édifiée et n'avait pas manqué de trouver cela très « excitant ». Elle avait su ce que les journaux allaient colporter le jour même, sous des titres ronflants : « Un match sensationnel. » — « Une compétition sans précédent. » — « Du sport policier. » — « France contre Amérique. » — « Alliés et rivaux. » — « Messieurs les assassins, vous avez la parole ! » , etc., etc...
De quoi s'agissait-il, au juste ?... Il s'agissait — Lord Pelman l'avait nettement précisé — d'une prime de cinq cents livres sterling, pas moins, offerte à qui découvrirait et ferait arrêter l'auteur — ou les auteurs — du premier crime commis à Liverpool ou dans sa périphérie, à dater de la présente minute.
Les conditions du match, puisque match il y avait, étaient définies en un règlement comportant cinq articles principaux et s'exprimant ainsi :
« 1° Deux policiers seulement, les deux plus célèbres qu'aient révélés les travaux mêmes du congrès, sont autorisés à prendre part à l'épreuve. À savoir : le commissaire français Marcassin et le détective américain Gordon Periwinkle, plus communément appelé Old Jeep . Les autres s'interdisent toute action directe ou indirecte. Ils composeront le jury et désigneront le vainqueur.
« 2° Old Jeep, possédant sur son concurrent l'indiscutable avantage de la langue du pays, consent à un handicap de douze heures. Autrement dit, il laissera s'écouler une demi-journée entre la découverte du meurtre et le moment où il se mettra lui-même en campagne.
« 3° Le vainqueur, à la demande conjointe et formelle des deux rivaux qui témoignent ainsi du plus grand désintéressement, reversera la prime de cinq cents livres aux caisses de secours du « War Orphans' fund » (Œuvre des orphelins de guerre).
« 4° Le commissaire Marcassin et Old Jeep sont, dès à présent, investis des mêmes droits, pouvoirs et prérogatives que les policiers officiels de Scotland Yard. Toutes les autorités civiles et militaires leur doivent assistance,
« 5° L'épreuve est limitée dans le temps. Quel qu'en soit le résultat, elle sera close le samedi 5 mai, à midi, étant entendu que les recherches, enquêtes, filatures pourront être poursuivies au-delà de ces délais. »
Séance tenante, un procès-verbal avait été rédigé et signé. Et, comme l'avait dit le commissaire, il ne restait plus qu'à attendre.
Attendre !... C'est bien là ce qui l'enrageait. Il avait horreur de l'oisiveté. Elle était contraire à son tempérament. Pour se distraire, Marcassin eût pu visiter la ville, répondre à quelques-unes des nombreuses invitations qu'il avait reçues ou bien commencer d'écrire ses mémoires, qu'un éditeur londonien lui avait commandées. Mais il n'avait de goût à rien. Et il guettait, avec une impatience qu'il n'osait s'avouer à lui-même, l'annonce qui lui ferait prendre le dépar

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