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Première Guerre mondiale !
À la gare de Petit-Croix, Thérèse ARNAUD alias C. 25, la célèbre espionne française et son Lieutenant Languille, déguisés en vieux couple, sont à la recherche d’une voiture pour rallier Pontarlier.
Languille se rend dans la rue, s’approche d’un véhicule, est agressé, kidnappé et transporté dans une salle d’où il ressort quelques minutes plus tard pour accompagner Thérèse ARNAUD dans l’auto.
Une demi-heure après, Languille sort de la même pièce pour rejoindre Thérèse ARNAUD qui l’attend sagement au Buffet.
Deux Languille, deux Thérèse ARNAUD, sans nul doute, forcément, un exemplaire de chaque est de trop, mais lequel ?...
AVIS AU LECTEUR
***
Nous commençons, aujourd’hui, la publication des :
EXPLOITS EXTRAORDINAIRES DE THÉRÈSE ARNAUD
Le meilleur agent du Service de contre-espionnage français.
*
Les espions sont généralement des êtres vils, des êtres décriés qui pratiquent la délation dans le but unique de servir leurs appétits de lucre et de débauche.
Il n’en est pas de même de THÉRÈSE ARNAUD dont la conduite pourrait servir d’exemple à bien des hommes et des plus courageux.
Au début de la guerre, ayant assisté au meurtre de son père commis par les Allemands, elle avait, tout naturellement, comme elle le dit, « pris du service ».
Trop vaillante pour jouer le rôle effacé d’infirmière, le cœur gonflé d’un trop profond amour pour la France, elle avait consacré son intelligence, sa connaissance des langues, sa beauté, sa force, son dévouement, son courage et, il faut le dire, son génie à une besogne plus directe.
THÉRÈSE ARNAUD NE PEUT ÊTRE COMPARÉE À AUCUN AUTRE AGENT SECRET.
Toujours sur la brèche, toujours en plein danger, son cœur jamais ne faiblit, même durant les interrogatoires les plus dangereux. Bien au contraire, elle ne cessa de se jeter audacieusement au plus fort du péril. Cent fois, elle se trouva en pleine bataille ; non pas dans des batailles d’où l’on ressort chargé d’honneurs et de gloire, mais dans des batailles anonymes, contre des ennemis invisibles, inconnus et, par là même, d’autant plus à craindre.
THÉRÈSE ARNAUD est la plus noble figure de la Grande Guerre. NOUS DEVONS À SA BRAVOURE, À SON HÉROÏSME, PLUSIEURS MILLIERS DE VIES HUMAINES.
D’une modestie aussi grande que son courage, elle n’a pas voulu que ses exploits fussent publiés de son vivant.
« Plus tard, disait-elle, plus tard... quand, dans ma Terre de France, je dormirai mon dernier sommeil, il sera bien temps... »
THÉRÈSE ARNAUD repose, maintenant, dans le cimetière d’un minuscule village de l’Est. Tous ceux pour qui elle s’est sacrifiée sans compter doivent, désormais, savoir comment et dans quelles épouvantables conditions, cette grande Française a magnifiquement combattu pour sa Patrie.
Puissent les EXPLOITS DE THÉRÈSE ARNAUD trouver un écho attendri dans l’âme de ce Peuple de France à qui elle avait voué son plus fervent Amour et son incomparable Loyauté !
THERESE ARNAUD
- 29 -
M LLE DOKTOR SE TROMPE...
De
Pierre YRONDY
CHAPITRE I
AU BUFFET DE PETIT-CROIX
Le jour commençait de décliner.
Au buffet de la gare de Petit-Croix, sur la ligne de Paris à Bâle, par Mulhouse, quelques consommateurs étaient attablés à la terrasse, soit qu'ils attendissent leur train, soit qu'ils attendissent la fin d'interminables formalités de douane et de visa des passeports.
Parmi eux, un peu à l'écart, un vieux monsieur et une vieille dame, tous deux fort respectables d'allure et donnant l'impression de deux paisibles bourgeois, un peu effarés par les multiples incidents d'un voyage, discutaient avec une certaine animation. Probablement quelque désaccord, survenu au cours du voyage, les divisait.
Soudain, un mouvement se manifesta.
De table à table, des réflexions s'échangèrent.
Le vieux monsieur quitta sa place et alla consulter le tableau de service sur lequel un employé venait de tracer quelques lignes à la craie.
Une vive contrariété se marqua sur la physionomie du voyageur qui, sans s'attarder, revint auprès de sa compagne pour lui faire part du nouvel incident qui entravait leur voyage.
On venait d'annoncer que le train se dirigeant sur Pontarlier était supprimé en raison des opérations militaires. (C'était d'autant plus facile que JAMAIS il n'a existé un train de Petit-Croix à Pontarlier... que Petit-Croix n'a jamais été une gare d'embranchement et qu'aucune voie ferrée n'a jamais relié Petit-Croix et Pontarlier. Les relations Petit-Croix - Pontarlier s'établissant avec, au moins, quatre changements de trains, via Belfort, Besançon, Mouchard... ou par la Suisse : via Bâle et Berne.)
Il y eut un court conciliabule entre les deux voyageurs. Conciliabule ponctué de hochements de tête. Chacun d'eux, vraisemblablement, exprimait son opinion et offrait, à l'autre, quelque solution pour atteindre le but.
— Une automobile, soit... répéta le vieux monsieur, semblant, après examen, se rendre aux raisons de sa compagne.
Et, sans plus s'attarder, il quitta la terrasse du buffet. Il sortit de la gare. Puis, après un regard circulaire, il traversa une petite place où stationnait un véhicule automobile d'un modèle fort ancien. Les autos plus récentes avaient été bien certainement réquisitionnées et, seules, restaient disponibles celles qui n'avaient pas été jugées assez aptes à rendre des services à l'autorité militaire.
Tout en traversant la place, le vieux monsieur grognait :
— Aller à Pontarlier là-dedans ! Ce sera gai ! Et bienheureux encore si nous arrivons !
Puis, prenant son parti, il conclut :
— Bah ! Ce n'est pas le moment de nous montrer trop difficiles.
Toujours de son pas égal, seul sur la place, le voyageur s'approchait de l'auto pour parlementer avec le chauffeur qui somnolait sur son siège.
Le conducteur de l'antique bagnole ne se dérangea pas pour se mettre à la disposition du client possible. Il resta immobile, continuant, sans doute, à somnoler.
Soudain, comme le voyageur allait atteindre la voiture, deux ombres bondirent, qui étaient dissimulées de l'autre côté du véhicule. Et, avant d'avoir eu le temps d'esquisser le moindre geste de défense ou de pousser un cri pour donner l'alarme, le vieux monsieur était empoigné, bâillonné et ligoté, ce, sous les yeux du chauffeur indifférent.
Peu après, un chariot à bagages s'arrêtait devant la salle d'attente des premières classes.
Deux employés de la gare déchargeaient, sans la moindre précaution, un long colis, ficelé dans des sacs.
Puis, après un rapide regard circulaire, l'un d'eux ouvrit la porte de la salle d'attente. Il y porta le colis. Et il referma la porte à double tour.
Les deux employés disparurent aussitôt avec leur chariot.
Pendant ce temps, la vieille dame était toujours à la terrasse du buffet.
Pour tromper son impatience, elle lisait distraitement une feuille du soir.
Mais, derrière son journal, qui lui servait de paravent, elle songeait. Visiblement, elle était fort contrariée de l'incident qui modifiait ses projets de voyage.
Un quart d'heure plus tard, le vieux monsieur sortait de la salle d'attente des premières classes.
Soigneusement, il refermait la porte à double tour avec un passe-partout tiré des poches de son veston.
Puis, toujours du même pas tranquille, il se dirigea vers sa compagne qui, abaissant enfin son journal, questionna :
— Alors ?
— Nous pouvons partir... répondit le voyageur.
— Vous avez trouvé une auto ?
— Oui, elle nous attend devant la porte de la gare.
— Parfait !
Sans parler à sa compagne de l'extraordinaire agression dont il avait été victime, sans même expliquer comment il avait réussi à sortir de la salle d'attente, le vieux monsieur paya les consommations. Et le couple se dirigea vers la sortie.
À quelques mètres de la gare, l'antique voiture attendait.
Dès qu'il vit paraître ses deux voyageurs, le chauffeur ouvrit la portière.
Les deux clients montèrent. La vieille dame eut un regard assez inquiet en examinant l'inconfortable véhicule.
La portière claqua.
Avec un bruit de ferraille, le changement de vitesse grinça.
Et l'auto, qui semblait jouer aux osselets avec tous ses boulons, commença de tressauter sur les pavés de la petite cité et se perdit dans la nuit...
CHAPITRE II
UNE ÉTRANGE SCÈNE
Lorsque l'employé du chemin de fer avait décidé de déposer, dans la salle d'attente des premières classes, son volumineux colis, il avait pris soin de le développer et de le dégager des sacs qui l'entouraient.
Les ficelles avaient été coupées. Et, au fur et à mesure que les sacs tombaient, apparaissait la silhouette du vieux monsieur qui, quelques instants auparavant, avait été victime de cette mystérieuse agression alors qu'il s'apprêtait à louer l'automobile.
Le voyageur, encore que délivré des sacs qui le dissimulaient à la vue des passants, était toujours ligoté et bâillonné.
L'employé du chemin de fer alla le dissimuler derrière une banquette.
Le vieux monsieur semblait assez peu satisfait — et ce avec juste raison — des traitements qui lui étaient infligés.
Il rageait et tentait des efforts désespérés pour rompre ses liens. La force apportée à ses tentatives semblait peu en rapport avec les apparences de l'homme. On n'eût jamais cru qu'un vieux monsieur, si paisible d'allures, fût capable de tant d'énergie et de vigueur.
Soudain, un homme qui se tenait dans un...