Meurtres au 21
516 pages
Français

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Description

Un meurtre est commis au 21 d’un quai de Maisons-Alfort, en banlieue parisienne. La présence sur les lieux des repris de justice, Jaquin et Tito-Kosta, éveille les soupçons de l’inspecteur Cazal, fin limier en charge de l’enquête qui se retrouve ainsi face à d’anciens prévenus de son ressort. Une curieuse affaire Modigliani et la tentative d’assassinat d’un vieux savant viennent étoffer cette affaire.
Ce 21 est aussi le lieu des rêveries et des espoirs de la jeune Angélique ; cette savoureuse adolescente sucite les déviations sentimentales du prévenu Jaquin, alias Lafarge. Un thriller où Guy Tristan retrouve son art du suspense.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2022
Nombre de lectures 49
EAN13 9782342359909
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0127€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35989-3

© Société des Écrivains, 2022
Du même auteur

Du même auteur :
Chez SDE :
Chronique d’un amour inachevé (2 éditions, 2004 et 2008)

Naïma (Roman 2005)
Un pont sur des eaux calmes (Roman 2006)

Chez CORSAIRE :
La nuit des poupées (Policier 2010)
A corde et à cris (Policier 2011)

Chez GRASSIN et à LA NOUVELLE PROUE :
Recueils de poèmes et oeuvres de jeunesse
Chez foodedtions :
Jeux de haine dans le trégor (2020)

Chez SDE :
Valou 2 tomes (2020)
Dédicace
À Marie Cécile
L’auteur précise que des personnages ayant existé ne figurent dans ce roman qu’à leur avantage.
Prologue
Sorti en mai 1985 de la prison de Fleury-Mérogis, où il a connu un certain Tito Kosta, lequel fut condamné pour sa participation au cambriolage d’une bijouterie, le repris de justice, routard, ou vagabond, ou SDF Gilbert Jaquin, alias Alexandre Farge, conte à quelques amis l’affaire du 21, quai de la Marne à Maisons-Alfort, dont il fut l’un des personnages clés.
Cela se passait environ deux ans après sa libération en fin d’une peine purgée pour une tentative de meurtre dont Magali, son épouse, fut la victime.
L’auteur laisse le soin à Farge de narrer ces événements survenus en proche banlieue parisienne.
Première partie 21, quai de la Marne
Chapitre 1
La petite fille est assise sur l’avant-dernière marche de l’escalier montant au premier étage. Elle joue. Ce n’est pas un jeu ordinaire. La gosse a détaché de la dernière marche une écharde suffisante pour en faire un esquif, une petite barque que son imagination transforme en nef, ou en caravelle des temps anciens. Tombant d’entre deux planches du palier d’au-dessus, des gouttes d’un liquide rouge viennent alimenter un petit canal qui s’est formé en suivant une rainure de la marche où est assise la fillette. Et l’écharde se laisse emporter par ce filet de… sang.
Car il s’agit bien d’un filet de sang. Elle le sait ! On peut s’interroger sur ce qui doit trotter dans le cerveau d’une enfant qui joue avec du sang, comme d’autres jouent en faisant naviguer une boîte de sardines vide, à laquelle le couvercle relevé donne une allure de jonque, sur les eaux troubles des ruisseaux de rue. Du bout de son doigt, tout en chantonnant du nez une romance d’enfant, ou une comptine, la petite Rachel guide son vaisseau imaginaire.
« Tout à l’heure, se dit-elle, il tombera sur la marche suivante, une chute… »
— La chute du Niagara ! s’écrie-t-elle tout fort, en pouffant.
Les gouttes sont maintenant plus abondantes. Le ruisseau rouge grossit. L’esquif est chahuté, pris par une crue soudaine ; il est précipité vers la marche suivante où le fleuve s’insère entre marche et contremarche et vient désormais s’égoutter sur le carrelage du corridor. La fillette maîtrise, elle stoppe le débit en plaquant le revers de sa main au bord de la marche. En peu de temps se forme un lac… Elle recule son derrière afin de lui éviter cette marée écarlate. Puis elle se met à rire en levant son barrage. Le sang afflue alors sur la marche du dessous et vient s’écraser sur le carrelage du rez-de-chaussée. Choupette, la chatte de la concierge, une jeune siamoise amusée par cette chose nouvelle, patauge dans la flaque qui se forme là. La porte du dehors s’étant ouverte d’un coup, elle s’en va vers la loge de la concierge fleurissant de taches rougeâtres les carreaux de granito sur son passage. C’est le Jules Planchard qui vient d’entrer, dont la compagne, la Berthou, s’abomine dans la débauche poissarde ; c’est un locataire au premier, un grand maigre surnommé la Planche. Il renifle très fort et crache avec des râles gargouilleux venus des profondeurs de ses entrailles. On dirait qu’il va vomir ses boyaux.
— Ferme ta porte ! hurle de la loge la Joss’, la mère Josiane, une retraitée des postes qui fait office de concierge, une femme charpentée sans être gagnée par l’obésité.
Vent et pluie s’engouffrent dans le corridor où la Planche entre son vélo et l’appuie contre le mur, sous la rangée chaotique des boîtes à lettres. Il a en bandoulière sa musette, d’où dépasse un goulot de bouteille. Il est chancelant comme tous les soirs. Et comme tous les soirs, il va tenter sa chance auprès de la Joss’. Il est rejeté manu militari sous une averse d’injures :
— Ivrogne, saltimbanque, tu pues, t’as pissé dans ton froc, cochon ! Pourri ! Vas-tu me foutre le camp ? Bon Dieu de salope, tu vas encore me salir tout l’escalier ! Ah, vous êtes chouettes tous les deux ! Ta conne de bonne femme est bourrée depuis c’matin. Vous n’allez pas bouffer grand-chose ! Fous l’camp que j’te dis !
Elle le pousse. Il se cogne aux barreaux de la rampe, à laquelle il s’agrippe pour se hisser vers l’étage. C’est une loque. Un tâcheron qui gagne ses trois sous dans une entreprise de terrassement.
La petite est toujours assise. Elle sait que la Planche ne dépassera pas la quatrième ou la cinquième marche. Qu’il cuvera là et ne rentrera dans son taudis que dans la nuit. Elle ne bouge pas. Elle connaît le couplet de la Joss’ qui n’arrête pas d’insulter l’ivrogne, ça ne la fait plus rire. Elle joue à petit bateau sur un ruisseau rouge, un ruisseau très rouge et de plus en plus épais.
La mère Josiane l’appelle :
— Rachel, Rachèèèèle…
— Oui !
— C’est quoi cette confiture que le chat promène partout ?
— C’est pas de la confiture !
— Alors c’est quoi, cette marmelade ?
— C’est du sang !
Cela se passe en janvier, un soir du second hiver après ma sortie de Fleury-Mérogis, où je fus incarcéré pendant neuf longues années, payant à la société le prix d’un délit majeur. C’est-à-dire en début 1987.
Une scène sordide dans ce lieu fleurant les bas-fonds. La maison est pourtant d’allure coquette au bord de cette Marne où en d’autres temps avaient fleuri les guinguettes. Cependant à l’approche, on peut apercevoir les dégâts du temps et de l’abandon des habitants actuels : volets dépareillés, peintures écaillées, gouttières disjointes, linge séchant aux fenêtres, allée non entretenue… Mais ce qui est encore plus affligeant, c’est la détérioration intérieure d’un bâtiment bourgeois. Pareille à des viscères rongés dans un corps malgré tout solide, signes d’une désocialisation, ou pareille encore à un cerveau gangrené à l’intérieur d’un crâne sain. Vous vous promenez sur l’autre rive du fleuve, sur les riches quais de Saint-Maur, et vous voyez de loin cette demeure encore de fière allure. Iriez-vous imaginer qu’il s’agit là d’un abri où s’assemblent et se supportent des êtres formant cet amalgame composite, symbiose d’âmes déchues et de lie de la société. C’est en cet endroit que l’agent d’assurances et homme d’affaires Chrétien Péron cacha Tito Kosta, exilé yougoslave, petit truand qu’il sauva de la hargne de ses acolytes. C’est là aussi que ce même Péron me fit connaître ces antres nauséabonds qui alimentèrent les pages sombres d’Eugène Sue ou de Charles Dickens. Car je devais retrouver dans cette cache sordide, un ancien compagnon de taule, ce dénommé Kosta, dont la vie sera résumée au fur et à mesure où nous allons évoluer dans les fanges glauques de ma vie depuis ma sortie de la maison d’arrêt de Fleury.
Sommes-nous vraiment maîtres de nos destins ? La fréquentation de milieux marginaux et mon extrême aisance à m’imbriquer dans des affaires douteuses devinrent chez moi un phénomène récurrent. Les chamois sont habiles à sauter d’une roche à l’autre sans perdre leur équilibre. Je fus de ceux qui sautent d’une fournaise à l’autre, de Charybde en Scylla, et pourtant, je me sens toujours en équilibre… Suffisamment pour conter ce qui suit…

Un premier décor est jeté sur le papier. Nous avons au rez-de-chaussée la mère Joss’, concierge, qui s’occupe à ses fourneaux. À la quatrième ou cinquième marche de l’escalier, la Planche affalé, complètement ivre. Assise sur la seconde marche descendante du premier étage, une fillette joue avec ce qui s’apparente à du sang venu goutte à goutte du palier d’au-dessus. Du sang ! Quel drôle de jouet ? Une écharde lui sert de bateau… Il n’en faut pas plus à la petite Rachel pour fertiliser son imagination et la conduire très loin vers d’immenses horizons, vers d’enchanteuses mers turquoise, vers de bruyantes chutes du Niagara.
Ces trois-là, la Joss’, la Planche et Rachel ne sont pas forcément les personnages clés de ce qui va suivre. Il y a au moins une douzaine d’êtres qui animent les soirées torrides de ce pavillon, disons même de cette grande villa d’une banlieue dorée. Parmi eux, le Max, fils de la Planche, garnement de quinze ans, une brute qui baigne dans le misérable milieu de la petite délinquance, amateur de haschich, dealer à l’occasion, sans respect pour son entourage, et qui cherche déjà à obtenir de sa sœur jumelle, Angélique, qu’elle se prostitue pour son compte. Il y a déjà réussi… Prostituée, un grand mot ! Quelques attouchements à la sauvette dans la pièce du haut, au second étage, là où est reclus Simon, le fils de Jacob Bénich, un vieux qui végète au rez-de-chaussée. Le Simon est un attardé mental devant lequel Angélique est tenue parfois de s’exhiber en costume de majorette. En bas, le vieux Jacob a droit aussi à ces séances de quasi-strip. Jusque-là son cœur n’a pas flanché. C’est peut-être pour bientôt.
Le Max est un bon à rien, un petit loubard, déjà fiché pour des délits divers : violences en milieu scolaire, vols à la roulotte, usage de stupéfiants. Une vermine ! De taille assez imposante, plutôt gros, mal habillé, cheveux de feu ébouriffés, les yeux toujours mobiles semblant épier tout geste, tous jeux d’expression de ses interlocuteurs.
— Un vrai gibier de potence la Planche, ton fiston est un gibier de potence que j’te dis, t’en feras rien ! cl

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