Meurtre à Rubeis Maceriis
252 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Meurtre à Rubeis Maceriis , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
252 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Patrice était penché sur le volant, la tête sur le côté et les yeux grands ouverts. Son visage avait une teinte grisâtre, les lèvres et les oreilles étaient bleutées. Gérard, qui avait son diplôme de secouriste depuis quelques années, comprit que la mort était due à un étouffement ».

Ce roman est avant tout une enquête policière dans une ville de Charente limousine, Roumazières-Loubert, célèbre pour ses usines de tuiles et de briques.
Mélange de réalité et d’imaginaire, ce roman policier plonge le lecteur dans la vie d’un club de football amateur, le CARL, aujourd’hui disparu, et qui a connu ses heures de gloire dans les années 1970.
C’est aussi un hommage à ses figures emblématiques qui ont participé à sa reconnaissance : dirigeants, entraîneurs, joueurs et supporters.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2014
Nombre de lectures 6
EAN13 9782332663726
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-66370-2

© Edilivre, 2014
Chapitre 1
Vendredi 5 mai 1972
Dans sa Dauphine bleue, en cette fin de matinée, Gérard Roulette revenait d’une réunion d’arbitres à la ligue de football de Charente. La météo était exécrable depuis Angoulême, avec du vent et de la pluie. Le temps avait pourtant été plus agréable en mars.
A dix neuf ans, Gérard avait étudié le commerce à l’institut universitaire de technologie de La Rochelle. Après son service militaire à Limoges, il avait intégré la direction des ventes de l’usine de tuiles et de briques Charles Maurice à Roumazières-Loubert.
Il avait maintenant trente trois ans et connaissait bien le milieu du football amateur. Il avait été un bon joueur au club de football de Roumazières-Loubert, le CARL. Il occupait le poste de milieu droit. Plutôt petit, hargneux sans être agressif, Gérard organisait le jeu entre les défenseurs et les attaquants. C’était sûrement celui qui faisait le plus de kilomètres dans un match.
Il y a cinq ans, il avait reçu un tacle par derrière qui avait stoppé net sa carrière de joueur ; l’auteur n’avait même pas été averti.
Puis, en quelques années, son métier de représentant, agrémenté de trop de repas avec les clients et de déplacements en voiture, le manque de sport, lui avait donné une stature plus rondelette.
Son cousin, le commissaire de police d’Angoulême Luis Pasmarthe, l’aurait qualifié de dilaté, tourné vers les plaisirs de la vie, notamment vers la bonne chair. Ses récepteurs ouverts lui donnaient une intelligence concrète de praticien.
Il était très observateur. Dans son métier de vendeur, l’étude d’un bureau l’avait souvent aidé à comprendre le caractère et la personnalité d’un décideur, avec des coupes d’exploits sportifs et des photographies.
Gérard était célibataire, et cette vie remplie de voyages et de rencontres lui convenait parfaitement.
En se rapprochant de l’usine Charles Maurice, après le lieu-dit Le Bouquet, le ciel se dégageait un peu et une faible lueur égayait la campagne.
Cette route, par Genouillac, permettait d’éviter les deux feux tricolores provisoires du centre de Roumazières-Loubert, conséquences d’importants travaux.
Dans une courbe, il aperçut un véhicule jaune dans le fossé. Une fumée s’échappait du moteur.
Il se gara avec difficulté sur l’herbe humide du bas côté, et éteignit son moteur. Le secteur était désert et calme. Instinctivement, il consulta sa montre : dix heures cinquante.
En s’approchant du véhicule accidenté, il reconnut la 2 CV de Patrice Maurice, le fils de son patron, et son sang se glaça. Il se précipita côté passager.
Patrice était penché sur le volant, la tête sur le côté et les yeux grands ouverts. Son visage avait une teinte grisâtre, les lèvres et les oreilles étaient bleutées. Gérard, qui avait son diplôme de secouriste depuis quelques années, comprit que la mort était due à un étouffement. Il avait un mince filet de sang qui coulait sur son front.
Il remarqua alors des traces rouges sur le cou de Patrice. Ces premières constations le laissèrent perplexe.
Il était désemparé. Il avait senti sa gorge se serrer et avait pleuré quelques secondes, les mains sur le visage.
Gérard jeta un coup d’œil à l’intérieur du véhicule : à part un trousseau de clefs qu’il mit instinctivement dans sa poche, il constata que la voiture était étrangement vide et il n’osa ouvrir le coffre de peur de laisser ses empreintes.
Peu de voiture passait sur cette route et Gérard décida d’aller chercher du secours. Il se précipita à la petite épicerie du bourg et téléphona aux pompiers de Chasseneuil-sur-Bonnieure et aux gendarmes de Roumazières-Loubert. A ces derniers, il suggéra l’intervention du commissaire Luis Pasmarthe, eu égard aux premières constatations. Le gendarme approuva.
Au bout d’une minute d’attente, qui parut très longue à Gérard, il put enfin parler au commissaire ; il lui expliqua ses premières observations. Celui-ci lui confirma sa venue, toute affaire cessante, et lui demanda de ne toucher à rien.
Dix minutes plus tard, le gendarme Noël Pasquaud arriva sur les lieux de l’accident, accompagné de son adjoint Brandy Rondelle. Ils furent suivis, un quart d’heure plus tard, des pompiers de Chasseneuil-sur-Bonnieure.
Comme le commissaire le lui avait demandé, Gérard demanda au gendarme Pasquaud d’aller prévenir Charles Maurice, avec le plus de ménagement possible.
Chapitre 2
En Algérie, l’hiver 56 avait été mémorable : la neige avait bloqué plusieurs routes nationales et les accidents mortels avaient été nombreux. Les régions du centre et de l’ouest avaient été les plus touchées, notamment Constantine et sa région.
Ce climat austère n’avait pas refroidi les ardeurs politiques : en vingt mois, nous étions passés d’une flambée de violence à une guerre généralisée dans toute l’Algérie.
Le 1 er novembre 1954 exactement, drôle de Toussaint me direz-vous, des bombes artisanales donnèrent le signal d’un combat fratricide. L’idée de cette insurrection a germé dans la tête de six hommes. Oui, seulement, six. Ce n’était ni des fous, ni des inconscients. La volonté d’une poignée d’hommes a fait basculer l’histoire de France.
La colonisation française datait de 1830 : il aura donc fallu attendre plus de cent vingt ans pour que des idées d’indépendance naissent dans l’esprit de quelques partisans nationalistes.
Ces revendications divisaient les milieux politiques : d’un côté les Français vivant en Algérie, et de l’autre les natifs d’Afrique du Nord.
Sidi Bel Abbés avait été beaucoup moins touché que les régions d’Alger, de la Grande Kabylie, de Constantine et même d’Oran, où voitures piégées et attentats meurtriers étaient le lot journalier des habitants de ces régions.
La presse était censurée, mais les informations arrivaient tout de même et des journaux français étaient lus en cachette.
En ce mois de mars 1956, à Sidi Bel Abbés, Jules Martini était très touché par ces évènements sanglants. Il ne se sentait plus en sécurité en Afrique du Nord. Et comme d’autres l’avaient déjà fait avant lui, il cherchait à fuir ce continent. Il avait toujours aimé la France, sa première patrie.
Jules occupait le poste de dessinateur industriel dans une entreprise de construction, dans la zone industrielle de Sidi Bel Abbés. Comme toutes les entreprises locales, sa société tournait au ralenti et les algériens tentaient de survivre : peu de commandes, donc peu de travail et peu de salaire.
Jules Martini, dans son club de football, le S.C.B.A. de Sidi Bel Abbés, avait senti naître cette division au sein même des joueurs du club.
Il occupait le poste de gardien de but dans son équipe. Il était plutôt beau garçon, grand et puissant, visage buriné, cheveux blonds et épais, physique avenant.
Comme beaucoup de sportif, Jules était doté d’une vitalité débordante, autant en sport qu’en amour. Il possédait une vie instinctive forte : c’est un sensuel et un combatif.
Il était d’une nature très sociable. Il avait d’ailleurs passé son diplôme d’entraîneur de football et comptait bien en faire plus tard son métier.
Conscient qu’en cette année 1956, nous n’étions qu’au début du conflit et que celui-ci laisserait des traces dans sa vie professionnelle comme dans sa vie personnelle, Jules Martini décida, à vingt cinq ans, de fuir l’Algérie et commencer une nouvelle vie en France.
Il s’apprêtait à quitter son pays, sa famille, ses amis d’enfance, ses équipiers dans leurs maillots et shorts blancs, le stade Paul André sur le boulevard Abane Ramdane, et surtout l’instabilité politique et l’incertitude du lendemain. Il avait conscience que ce serait un bouleversement dans son existence.
Il quittait aussi le club du GS Saïda, où il avait joué durant quelques années.
En fait, il était partagé entre la satisfaction de quitter cette guerre, et la tristesse d’abandonner une tranche de sa vie.
Il quitterait aussi ce climat méditerranéen et ce ciel lumineux, les plages d’Oran et notamment la plage de Corales sur la corniche, à l’ouest de la ville.
Quelques années auparavant, il avait rencontré Gisèle, un samedi soir d’été, à un bal dans les faubourgs d’Oran. Ils s’étaient mariés quelques mois plus tard.
Jules Martini devait refaire sa vie en France et tout recommencer à zéro. Il avait le sentiment d’être poussé hors d’Algérie.
Il avait essayé de contacter des « pieds noirs » qui avaient récemment fait la traversée de la méditerranée, afin de l’aider dans sa quête d’un travail en France : il ne reçut pas de réponse satisfaisante.
C’est après quelques mois de recherche que l’opportunité de son départ s’est présentée à la lecture d’un hebdomadaire sportif, datant de juin 1956.
Il avait été attiré par une annonce parue dans « France Football » : dans une petite ville de mille habitants, un club amateur du centre de la France cherchait un jeune entraîneur/joueur et proposait un travail. Jules était conscient que cette chance ne se représenterait peut-être pas. Il avait été séduit par le projet sportif et par les arguments professionnels proposés.
Il était entré en contact avec son secrétaire, Romain Digne qui l’avait décidé. Le président du club, Antoine Pierre, prônait des activités sportives pour tous les jeunes de la commune.
Jules avait beaucoup correspondu avec Romain Digne : il ne voulait pas se tromper. Mais fuir l’Algérie était devenu une nécessité.
Un certain Alex Pinson, dirigeant de ce club, devait les attendre à l’arrivée du bateau à Marseille.
* * *
La traversée de nuit fut longue et douloureuse. En cet été 1956, dans une chaleur moite, que le vent chaud n’arrivait pas à atténuer, Jules Martini s’est souvent réfugié à l’arrière du bateau po

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents