Mes Amis , livre ebook

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♦ Cet ebook bénéficie d’une mise en page esthétique optimisée pour la lecture numérique. ♦


« Bove a comme personne le sens du détail touchant. » - Samuel Beckett


Ce magnifique roman d’Emmanuel Bove nous plonge en plein coeur de l’histoire de Victor Bâton, un ancien militaire. Revenu infirme de la guerre, il passe ses journées en quête d’amis dans un Paris désincarné jusqu’à ce que cela devienne une obsession... Sa recherche l'amènera à rencontrer de multiples personnages, du riche bourgeois à une chanteuse de cabaret en passant par un marinier désabusé, rencontres furtives qui ne feront qu'alimenter sa désillusion et sa profonde solitude...


L’auteur y dénonce une société pleine d’irrespect, sans coeur pour les déclassés et remplie de solitude. Le lecteur se laissera vite prendre par ce style direct aux phrases courtes, efficaces et cinglantes qui dépeint une société pas si différente de la nôtre.


Plébiscité par Colette, ce roman fut le premier succès d’une longue série de cet auteur.


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Publié par

Date de parution

29 décembre 2018

Nombre de lectures

4

EAN13

9782357281523

Langue

Français

MES AMIS
EMMANUEL BOVE
I II III LUCIE DUNOIS HENRI BILLARD I II III IV V VI NEVEU, LE MARINIER MONSIEUR LACAZE I II III IV V VI VII VIII BLANCHE I II MES AMIS (suite et fin) I II
TABLE DES MATIÈRES
I
Qmieux, mais je n’en ai jamais le cOurage. Des larmes Ont séché aux cOins de mes paupières. uand je m’éoeille, ma bOuche est Ouoerte. Mes dents sOnt grasses : les brOsser le sOir serait Mes épaules ne me fOnt plus mal. Des cheoeux raides cOuorent mOn frOnt. De mes dOigts écartés je les rejette en arrière. C’est inutile : cOmme les pages d’un liore neuf, ils se dressent et retOmbent sur mes yeux. En baissant la tête, je sens que ma barbe a pOussé : elle pique mOn cOu. La nuque chauffée, je reste sur le dOs, les yeux Ouoerts, les draps jusqu’au mentOn pOur que le lit ne se refrOidisse pas. Le plafOnd est taché d’humidité : il est si près du tOit. Par endrOits, il y a de l’air sOus le papier-tenture. Mes meubles ressemblent à ceux des brOcanteurs, sur les trOttOirs. Le tuyau de mOn petit pOêle est bandé aoec un chiffOn, cOmme un genOu. En haut de la fenêtre, un stOre qui ne peut plus seroir pend de traoers. En m’allOngeant, je sens cOntre la plante des pieds – un peu cOmme un danseur de cOrde – les barreaux oerticaux du lit-cage. Les habits, qui pèsent sur mes mOllets, sOnt plats, tièdes d’un côté seulement. Les lacets de mes sOuliers n’Ont plus de ferrets. Dès qu’il pleut, la chambre est frOide. Ôn crOirait que persOnne n’y a cOuché. L’eau, qui glisse sur tOute la largeur des carreaux, rOnge le mastic et fOrme une flaque, par terre. LOrsque le sOleil, tOut seul dans le ciel, flambOie, il prOjette sa lumière dOrée au milieu de la pièce. AlOrs, les mOuches tracent sur le plancher mille lignes drOites. Chaque matin, ma oOisine chante sans parOles en déplaçant les meubles. Sa oOix est amOrtie par le mur. J’ai l’impressiOn de me trOuoer derrière un phOnOgraphe. SOuoent, je la crOise dans l’escalier. Elle est crémière. À neuf heures, elle oient faire sOn ménage. Des gOuttes de lait tachent le feutre de ses pantOufles. J’aime les femmes en pantOufles : les jambes n’Ont pas l’air défendues. En été, On distingue ses tétOns et les épaulettes de sa chemise, sOus le cOrsage. Je lui ai dit que je l’aimais. Elle a ri, sans dOut e parce que j’ai mauoaise mine et que je suis pauore. Elle préfère les hOmmes qui pOrtent un unifOrme. Ôn l’a oue, la main sOus le ceinturOn blanc d’un garde républicain. Un oieillard Occupe une autre chambre. Il est graoement malade : il tOusse. Au bOut de sa canne, il y a un mOrceau de caOutchOuc. Ses OmOplates fOnt deux bOsses dans sOn dOs. Une oeine en relief cOurt sur sa tempe, entre la peau et l’Os. SOn oestOn ne tOuche plus les hanches : il ballOtte cOmme si les pOches étaient oides. Ce pauore hOmme graoit les marches une à une, sans lâcher la rampe. Dès que je l’aperçOis, j’aspire le plus d’air pOssible afin de le dépasser sans reprendre haleine. Le dimanche, sa fille lui rend oisite. Elle est élégante. La dOublure de sOn manteau ressemble au plumage d’un perrOquet. C’est tellement beau que je me demande si ce manteau n’est pas à l’enoers.
Quant au chapeau, il a une grande oaleur puisque, pOur lui, quand il pleut, elle prend un taxi. Cette dame sent le parfum, le orai parfum, pas celui qui se oend dans des tubes de oerre. Les lOcataires de ma maisOn la détestent. Ils disent qu’au lieu de mener la grande oie, elle ferait mieux de tirer sOn père de la misère. La famille LecOin habite aussi sur le palier. Au petit jOur une sOnnerie fOnctiOnne sur sOn réoeil. Le mari ne m’aime pas. POurtant, je suis pOli aoec lui. Il m’en oeut de ce que je me lèoe tard. Ses habits de traoail rOulés sOus le bras, il rentre chaque sOir, oers sept heures, en fumant une cigarette de tabac anglais – ce qui fait dire aux gens que les Ouoriers gagnent bien leur oie. Il est grand et musclé. Aoec un cOmpliment On peut se seroir de sa fOrce. L’année dernière, il a descendu la malle d’une dame du trOisième, assez di fficilement, il est orai, car le cOuoercle ne fermait pas. LOrsqu’une persOnne lui parle, il la déoisage, parce qu’il s’imagine qu’elle oeut se mOquer de lui. Au mOindre sOurire, il dit : — VOus saoez… quatre ans de guerre… mOi. Les Allemands ne m’Ont pas eu… Ce n’est pas aujOurd’hui que oOus m’aurez… Un jOur, en passant près de mOi, il a murmuré : « F ainéant ! » J’ai pâli et n’ai su que répOndre. La peur d’aoOir un ennemi m’empêcha de dOrmir pendant une semaine. Je me figurais qu’il cherchait à me frapper, qu’il m’en oOulait à mOrt. POurtant, si M. LecOin saoait cOmme j’aime les traoailleurs, cOmme leur oie me fait pitié. S’il saoait ce que ma petite indépendance me cOûte de prioatiOns. Il a deux filles qu’il bat seulement aoec la main, pOur leur bien. Elles Ont des tendOns derrière les genOux. Un élastique maintient leur chapeau. J’aime les enfants, aussi quand je rencOntre ces deux gamines, je leur adresse la parOle. AlOrs, elles marchent à reculOns, et, subitement, sans me répOndre, elles se sauoent. me Chaque mardi, M LecOin laoe sur le palier. Le rObinet cOule tOute la jOurnée. À mesure que me les brOcs s’emplissent, le bruit change. Le jupOn de M LecOin est démOdé. SOn chignOn est si maigre que l’On distingue tOutes les épingles à cheoeux. SOuoent elle fixe sOn regard sur mOi, mais je me méfie, car il serait très oraisemblable qu’elle me tendît un piège. D’ailleurs, elle n’a pas de seins.
À peine sOrti des draps, je m’assOis sur le bOrd du lit. Mes jambes pendent à partir du genOu. Les pOres de mes cuisses sOnt nOirs. Les Ongles de mes dOigts de pied, lOngs et cOupants : un étranger les trOuoerait laids. Je me lèoe. La tête me tOurne, mais ce oertige disparaît rapidement. Quand il y a du sOleil, un nuage de pOussière, échappé du lit, brille une minute dans les rayOns, cOmme de la pluie. D’abOrd, je mets mes chaussettes, sinOn des allumettes se cOlleraient à la plante de mes pieds. En tenant une chaise, je reoêts mOn pantalOn. Aoant de me chausser, j’examine les semelles de mes sOuliers pOur leur assigner une certaine durée. Ensuite, je pOse sur le seau de tOilette ma cuoette graduée par l’eau sale de la oeille. J’ai la manie de me laoer cOurbé, les jambes écartées, la bretelle tenant aux bOutOns de derrière seulement. Au régiment, je me laoais ainsi dans le bOuteillOn étrOit de la sOupe. Ma cuoette est si petite qu’en y plOngeant les deux mains à la fOis l’eau débOrde. MOn saoOn ne mOusse plus : il est si mince. La même seroiette me sert pOur la figure et les mai ns. Si je deoenais riche, ce serait la même
chOse. Une fOis laoé, je me sens mieux. Je respire du nez. Mes dents sOnt distinctes. Mes mains resterOnt blanches, jusqu’à midi. Je mets mOn chapeau. Les bOrds en sOnt gOndOlés par la pluie. Le nœud du ruban est à la mOde : il se trOuoe derrière. J’accrOche ma glace à la fenêtre. J’aime à me regarder en face, à la lumière. Je me trOuoe mieux. Mes pOmmettes, mOn nez, mOn mentOn sOnt éclairés. U ne Ombre nOircit le reste. Ôn dirait que je suis phOtOgraphié au sOleil. Il ne faudrait pas que je m’élOignasse du mirOir, car celui-ci est de mauoaise qualité. À distance, il défOrme mOn image. J’examine sOigneusement mes narines, le cOin de mes yeux, mes mOlaires. Celles-ci sOnt cariées. Elles ne tOmbent pas : elles se cassent. À l’aide d’une autre glace je surprends mOn prOfil. AlOrs, j’ai l’impressiOn d’être dédOublé. Les acteurs de cinéma dOioent cOnnaître cette jOie. Puis, j’Ouore ma fenêtre. La pOrte remue. Une graou re 1914-1918 clapOte cOntre le mur. J’entends des tapis qu’On secOue. Je oOis des tOits de zinc bleus, des cheminées, une brume qui bOuge quand un rayOn de sOleil la traoerse, et la tOur Eiffel aoec sOn ascenseur au milieu. Aoant de sOrtir, je jette un cOup d’œil sur ma chambre. MOn lit est déjà frOid. Quelques plumes sOrtent à demi de l’édredOn. Il y a des trOus pOur les barreaux, dans les pieds de ma chaise. Les deux segments d’une table rOnde pendent. Ce mObilier m’appartient. Un ami m’en a fait cadeau aoant de mOurir. Je l’ai désinfecté mOi-même, aoec du sOufre, car je crains les maladies cO ntagieuses. Malgré cette précautiOn, lOngtemps j’ai eu peur. Je oeux oiore. J’endOsse mOn pardessus, assez difficilement, car la dOublure des manches en est décOusue. Je mets mOn lioret militaire, ma clef, mOn mOuchOir sale qui craque quand je le déplOie, dans la pOche gauche. J’ai une épaule plus haute que l’autre : le pOids de ces Objets dOit rabaisser celle-là. La pOrte ne s’Ouore pas entièrement. POur sOrtir je me bOutOnne et passe de biais. Le carrelage du palier est fendu. Une lame de fer, aoec trOis trOus, pend au oasistas. La rampe finit dans le mur, sans bOule de oerre. Je descends l’escalier le lOng du mur, là Où les marches sOnt plus larges. Afin que mes mains ne se salissent pas, je ne tiens pas la rampe. Des trOusseaux de clef ballOttent aux serrures. Je suis léger cOmme au premier jOur de sOrtie sans pardessus. L’eau de ma cuoette mOuille encOre mes cils et le fOnd de mes Oreilles. Je plains ceux qui dOrment. Je oOis tOujOurs la cOncierge. Elle a mis les paillassOns sur la rampe pOur balayer un palier, Ou bien, aoec une brOsse jaune, elle frOtte un cOrridO r. Je lui dis bOnjOur. Elle me répOnd à peine, en regardant mes sOuliers. Elle oOudrait être seule dans la maisOn, après huit heures.
II
J ’habite à Montrouge. Les immeubles neufs de ma rue sentent encore la pierre sciée. Ma maison, elle, n’est pas neuve. Le plâtre de la façade tombe par morceaux. Des barres d’appui traversent les fenêtres. Le toit sert de plafond au dernier étage. Un crochet retient chaque volet au mur, quand il ne vente pas. L’architecte n’a pas gravé son nom au-dessus du numéro.
Le matin, la rue est calme. Une concierge balaie, devant sa porte seulement. En passant près d’elle je respire du nez, à cause de la poussière. Par les fenêtres entrebâillées, j’épie les rez-de-chaussée. Je vois des plantes vertes qui viennent d’être arrosées, des douilles d’obus rutilantes et des lames de parquet étroites, cirées, qui font des zigzags. Quand mon regard rencontre celui d’un locataire, je suis gêné. Parfois, un linge blanc bouge derrière un rideau, à hauteur d’homme : quelqu’un se lave. Je prends mon café, à côté de chez moi, dans un estaminet. Le zinc du comptoir est ondulé, au bord. On devine l’âge du bois sur le plancher lavé à l’eau claire. Un phonographe, qui marchait avant la guerre, est tourné vers le mur. On se demande ce qu’il fait là, puisqu’il ne fonctionne pas. Le patron est aimable. Il est petit comme un soldat en queue de section. Il a un œil de verre qui imite si bien l’œil vrai, que je ne sais jamais quel est le bon – ce qui est ennuyeux. Il me semble qu’il se vexe quand je regarde son œil faux. Il m’a assuré qu’il avait été blessé à la guerre : pourtant, on dit qu’il était déjà borgne en 1914. Le brave homme se plaint continuellement. Le commerce ne va plus. Il a beau essuyer les verres devant les clients ; il a beau dire : « Merci, mons ieur ; au revoir, monsieur ; laissez la porte », personne ne vient. Il voudrait que la guerre fût oubliée. Il regrette l’année 1910. À cette époque, paraît-il, les gens étaient honnêtes, sociables. L’armée avait de l’allure. On pouvait faire du crédit. On s’intéressait aux problèmes sociaux. Quand il parle de tout cela, ses deux yeux – le vrai et le faux – se mouillent et ses cils s’unissent par petites mèches. L’avant-guerre a sombré si vite qu’il ne peut croire qu’elle n’est plus qu’un souvenir. Nous aussi, nous abordons les problèmes sociaux. Il y tient. C’est la preuve, pour lui-même, que la guerre ne l’a pas changé. Il me certifie, chaque jour, qu’en Allemagne, pays mieux organisé que le nôtre, les mendiants n’existent pas. Les ministres français devraient interdire la mendicité. — Mais elle est interdite ! — Allons donc ! Et tous ces gueux qui vendent des lacets ! Ils sont plus riches que vous et moi.
Comme je n’aime pas les disputes, je me garde bien de répondre. J’avale mon café, qu’une goutte de lait a rendu marron, je paye et je sors. — À demain ! crie-t-il en plaçant ma tasse encore c haude sous un filet d’eau qu’on ne peut arrêter qu’à la cave. Plus loin, se trouve une épicerie. Le patron me connaît. Il est si gras que son tablier est plus court devant que derrière. On voit la peau sous ses cheveux en brosse. Sa moustache « à l ’américaine » lui bouche les narines et doit l’empêcher de respirer du nez. Devant son magasin, il y a un étalage étroit – c’est plus prudent – composé de sacs de lentilles, de pruneaux et de bocaux de bonbons. Pour servir, il sort, mais il pèse à l’intérieur. Jadis, quand il se tenait sur le pas de la porte, nous causions. Il me demandait si j’avais trouvé quelque chose, ou bien il m’assurait que ma mine était excellente. Puis, il rentrait en me faisant avec la main un signe qui signifiait : « À une autre fois ». Un jour, il me pria de lui aider à porter une caiss e. J’aurais volontiers consenti, mais j’ai toujours craint les hernies. Je refusai en balbutiant : — Je ne suis pas fort, je suis un grand blessé. Depuis cet incident, il ne m’adresse plus la parole. Il y a aussi une boucherie dans ma rue. Des quartiers de viande pendent par un tendon à des crochets argentés. L’établi est usé au milieu comme une marche. Des filets de bœuf liés saignent sur du papier jaune. La sciure se colle aux pieds des clients. Les poids fourbis sont alignés par ordre de grandeur. Il y a une grille comme si on craignait que la viande ne s’échappât. Le soir, je vois, au travers de cette grille peinte en rouge, des plantes vertes sur le marbre nu de la devanture. Le patron de cette boucherie ne se souvient pas de moi : je n’ai acheté que quatre sous de déchets pour un chat galeux, l’année dernière. La boulangerie est bien tenue. Chaque matin, une jeune fille lave la devanture. Des filets d’eau suivent la pente du trottoir. Au travers de la vitrine, on voit la boutique tout entière avec ses glaces, ses boiseries Louis XV et ses gâteaux sur des assiettes de fil de fer. Bien que cette boulangerie ne soit fréquentée que par des gens aisés, je fais partie de sa clientèle – le pain coûtant partout le même prix. Souvent, je m’arrête devant une mercerie où les gamins du quartier achètent des amorces. Dehors, sur une table, il y a des journaux pliés dont on ne peut lire que la moitié du titre. Seul l’Excelsiorpend comme une nappe. Je regarde les images. Les clichés trop grands représentent toujours la même chose : un ring, un revolver avec ses douilles. Dès que la mercière me voit arriver, elle sort de sa boutique. Une odeur de jouets peints et de coton neuf l’accompagne. Elle est maigre et vieille. Les verres de ses lunettes ressemblent à des loupes. Un filet de bonne d’enfant emprisonne son chignon sec. Les lèvres sont rentrées dans sa bouche et n’en sortent plus. Son tablier noir moule un ventre qui n’est pas à sa place. Pour changer cinq francs, elle disparaît dans l’arrière-boutique. Je lui demande comment elle se porte. Ce serait trop impoli de ne pas me répondre ; aussi elle branle la tête. La porte qu’elle a laissée
uverte me fait comprendre qu’elle attend mon départ. Un jour, j’ai soulevé le journal pour lire de petits caractères. Elle m’a dit d’un ton mauvais : — Il coûte trois sous. J’eus envie de lui apprendre que j’avais fait la guerre, que j’étais gravement blessé, que j’avais la médaille militaire, que je touchais une pension, mais je compris tout de suite que c’était inutile. En partant, j’ai entendu la porte qui se refermait avec un bruit de garde-boue.
Je suis obligé de passer devant la laiterie où trav aille ma voisine. Cela m’ennuie, car celle-ci a certainement ébruité ma déclaration d’amour. On doit se moquer de moi. Aussi je marche vite, discernant, dans un coup d’œil, des mottes de beurre striées par un fil, des paysages sur les couvercles de camembert et un filet sur les œufs, à cause des voleurs.
III
Qriche. Les rues sentent le pavé de bois et le tuyau d’échappement. Le tourbillon qui suit les uandle luxe me fait envie, je vais me promener autour de la Madeleine. C’est un quartier autobus et les taxis me soufflette la face et les m ains. Devant les cafés, les cris que je perçois une seconde semblent sortir d’un porte-voix qui tourne...
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