Marais sales, nous voilà !
318 pages
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Marais sales, nous voilà ! , livre ebook

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Description

Marginal mais figure emblématique des rues de la vieille ville et des marais de Bourges, connu de tous les Berruyers pour son allure clochardesque, son inséparable landau, ses bouffonneries et ses incartades, Stani est retrouvé mort dans sa cabane-atelier quelques heures après qu’on eut repêché le cadavre de sa compagne flottant à la surface des marais.
Pour le commandant Patrick Vialar, chargé de l’enquête, et pour Martin Pelletier et Simon Lenoir qui s’apprêtaient à publier un dossier sur le peintre dans le journal local, l’histoire et la politique fourniront vite des éléments qui mèneront leur recherche de la vérité bien au-delà de l’explication simpliste d’un meurtre commis par deux petits dealers, à laquelle se sont bien trop rapidement ralliés le parquet et certains policiers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 janvier 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332640772
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-64075-8

© Edilivre, 2014
Dédicaces


En souvenir de Maurice et Xavier.
Marais sales, nous voilà !


20 août – 6 h 25
Bien qu’il ne fût qu’à quelques mètres du haut de la rue Samson, Stani s’écarta dans l’entrée de la FOL pour laisser passer la voiture qui le talonnait patiemment depuis l’embranchement de la rue Peschereau. Il s’était d’abord dit que ce connard avec sa grosse bagnole n’avait qu’à passer par la rue du Puits noir pour l’éviter ou alors qu’il pouvait bien patienter jusqu’au bout de la rue. Il était donc resté bien au milieu de la rue étroite avec son attelage et avait continué de progresser à son rythme. Le conducteur devait l’avoir reconnu. Craignant certainement un affrontement verbal probable s’il manifestait quelque impatience, il avait pris le parti de ronger son frein jusqu’au sommet de la côte tout proche. Mais Stani, fatigué, décida qu’une petite pause ne lui ferait pas de mal. La voie enfin dégagée, la Laguna s’élança sans attendre jusqu’au bout de la rue où elle tourna à droite sans ralentir. Stani rajusta les sangles de son harnais et reprit sa lente progression jusqu’à la rue Michelet. Il traversa sans même jeter un œil à droite ou à gauche et s’engouffra dans la ruelle du Peson d’Argent quasi noire à cette heure très matinale. Cette venelle sans trottoir d’à peine deux mètres de large ne bénéficiait que fugitivement de quelques instants de lumière directe, et seulement en été, lorsque le soleil était à son zénith et réduisait à son minimum l’ombre projetée des hauts bâtiments du boulevard de Strasbourg qui barrait son autre extrémité. Elle n’avait jamais été pavée et ce n’est que depuis une quinzaine d’année que les propriétaires riverains, lassés de réitérer des demandes toujours refusées auprès de la municipalité, avaient, de leurs deniers, fait recouvrir sa terre battue creusée par les ruissellements d’un bonne couche de bitume légèrement relevée sur les bords pour permettre l’écoulement des eaux de pluie en son milieu. Après le cahotement tapageur du landau sur les pavés de la rue Samson, le glissement silencieux des roues caoutchoutées sur le goudron eut un effet bienfaisant sur l’humeur de Stani. Il aimait ces balades à l’aube dans Bourges silencieuse encore endormie. A part deux ou trois voitures dans l’avenue Marx-Dormoy, il n’avait eu à subir aucun bruit de moteur tout au long du boulevard de Chanzy, lors de la traversée du boulevard Clémenceau, pendant sa lente montée de la rue de l’Escuyer et de la rue Samson jusqu’à cette intrusion de la Laguna venue interrompre le cours de ses méditations. Avec une bonne dose de mauvaise foi, il préférait attribuer son irritation à cette voiture plutôt qu’à la fatigue bien naturelle due à la pénible montée d’un vieil homme de quatre-vingt-quatre ans attelé à une carriole remplie d’un bric-à-brac de peintre dont il savait qu’il n’utiliserait qu’une faible partie.
Il ne voyait pas où il mettait les pieds mais il connaissait bien ce passage qu’il avait emprunté à maintes reprises et il avançait à pas réguliers dans la ruelle. Il marchait le regard fixé, au fond, sur les façades du boulevard de Strasbourg à peine rosées par l’aube naissante.
Mais l’étroit rectangle de lumière fut en partie obscurci par l’arrivée d’une grosse voiture noire qui stoppa en travers de la ruelle, la portière arrière au niveau de la trouée. Stani, saisi d’étonnement, eut envie de pester contre cette intrusion. Il ralentit sa marche et, la curiosité aidant, finit par s’arrêter. Le chauffeur et son passager assis à l’avant descendirent du véhicule et, tandis que le passager allait ouvrir le coffre, le chauffeur faisait le tour par l’avant pour ouvrir la portière arrière donnant sur le trottoir. Le premier sortit un fauteuil roulant qu’il vint déplier devant la portière que son collègue tenait ouverte. Puis il se pencha à l’intérieur de la voiture et s’en retira lentement en portant un homme assis sur ses bras et accroché à son cou.
Stani sortit ses bras du harnais qui lui servait à tirer son landau et prit les jumelles qui ne quittaient jamais la poche droite de sa blouse grise. Sa filleule les lui avait offertes pour son anniversaire deux ans auparavant. Elle l’avait toujours connu portant une paire de jumelles sur lui. Au modèle à molette vieux de plus de vingt ans, elle avait voulu substituer ce bijou hi-tech, autofocus Breaker 750. Stani ne se séparait jamais de cet objet dont il faisait un usage fréquent pour observer en détail telle ou telle partie de l’architecture des monuments de Bourges qu’il peignait depuis soixante ans.
Les jumelles zoomèrent automatiquement sur le vieil homme que ses deux aides avaient installé dans le fauteuil et que le plus costaud poussait déjà dans la ruelle tandis que le chauffeur, le portable collé à l’oreille, regagnait le volant de sa voiture.
Stani s’était inconsciemment rencogné dans l’embrasure de la porte donnant sur l’arrière de la maison de l’antiquaire qui tient boutique sur la rue Michelet. A une trentaine de mètres de la voiture, le fauteuil s’arrêta devant la petite porte donnant dans la cour du couvent des Visitandines qui occupe la quasi-totalité du pâté de maisons du coin de l’avenue Eugène Brisson et du boulevard de Strasbourg jusqu’au square Clérambault et à la rue Michelet. Le vieil invalide et son aide n’eurent pas à attendre. La porte s’ouvrit et ils franchirent immédiatement le seuil.
Quand Stani vit la voiture dégager la sortie de la ruelle, il reprit son attelage resté au milieu et, sans réenfiler son harnais, se remit à tirer le landau. Lorsqu’il arriva devant la porte du bâtiment opposé à l’entrée du couvent, alors qu’il allait poser la main sur la poignée, il vit le chauffeur tourner le coin du mur et s’engager dans la ruelle. Il poussa la porte et fit entrer son landau en appuyant sur la barre afin que les roues avant s’élevassent au-dessus du niveau de la pierre du seuil usée en son milieu par des siècles de va-et-vient. Tout en marchant vers l’entrée du couvent restée ouverte, l’homme le regardait manœuvrer sa carriole. Stani entra, referma la porte et poussa son landau dans le coin, au pied de l’escalier d’où lui parvenait le claquement des mules de Pauline qui venait à sa rencontre.
20 août – 8 h 05
– C’est vous qui êtes en charge, mon vieux ! Alors, assurez !
Le député Bernard Desclozeaux, nu debout devant la fenêtre dont il n’avait tiré qu’un rideau, ferma rageusement le clapet de son téléphone portable. Cet appel intrusif, à huit heures, l’avait mis de méchante humeur. Il se calma en laissant son regard glisser lentement sur le dos et le joli popotin de la jeune femme allongée sur son lit.
C’était un des agréments du retour sur le terrain, dans sa circonscription. En dehors des rares permanences à tenir dans quelques salles de quartier ou mairies de son territoire, le député avait à répondre à maintes sollicitations de la part d’élus locaux ou d’associations. Quelques discours ou remises de coupes ici ou là étaient autant d’occasions de se faire voir et de manifester ostensiblement sa proximité avec la vie et les préoccupations de ses électeurs. Ces manifestations attiraient invariablement un certain nombre de pique-assiettes et de jeunes femmes peu farouches et peu regardantes captées par les lumières et les petits fours et qui, telles des papillons de nuit virevoltant autour d’un lampadaire, se laissaient facilement éblouir par la 607 noire à cocarde tricolore avec chauffeur plus ou moins garde-du-corps et le baratin facile de Monsieur le Député se penchant sur les problèmes de la jeunesse. La perspective d’un repas dans un restaurant plus ou moins huppé, de quelques coupes de champagne dans une boîte branchée réservée aux personnes accréditées et d’un éventuel petit billet de cinquante euros en guise de pourboire, suffisait à générer des vocations de dociles accompagnatrices.
Celle qui reposait sur le lit, apparemment profondément endormie, couchée sur le ventre, une jambe repliée, un bras glissé sous l’oreiller et l’autre allongé le long de sa cuisse, ne devait pas avoir beaucoup plus de vingt ans. C’était une des deux « reines de beauté » qui avaient officié lors de la remise des récompenses dans la salle des fêtes de Vailly après le traditionnel trial estival international du club qui s’enorgueillissait d’avoir compté dans ses rangs, à ses débuts, celui qui allait connaître tant de succès sur les podiums d’Europe et qui représentait maintenant le quart des citoyens du département à l’Assemblée Nationale. Le Trial Club de Vailly savait pouvoir compter sur la fidélité de son ancien sociétaire et ne manquait pas de placer l’organisation de sa plus importante manifestation sous son haut patronage. Son Président Honoraire, ancien membre du TCV, maintenant député et un temps pressenti pour le portefeuille de Ministre de la Sécurité et des Libertés Publiques, savait manœuvrer les leviers qu’il fallait auprès des pouvoirs publics, des collectivités locales et de la Fédération pour assurer à son ancien club les mannes nécessaires à son fonctionnement et à la bonne tenue de ses organisations.
Desclozeaux laissa vagabonder son regard sur l’étendue de jardins parsemés de cabanes jusqu’au grand bouquet d’arbres qui lui masquait le chemin des Prébendes et au-delà, le reste des marais. Lorsque, douze ans auparavant, il avait enfin pu devenir propriétaire de cette maison si longtemps convoitée, il avait aussitôt fait jouer toute son influence pour faire abattre ces quelques aulnes qui lui coupaient la vue sur toute l’étendue des marais. Sans cette dizaine de troncs biscornus, son horizon aurait pu reculer jusqu’au couven

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