Magister Dixit - Prix Femme actuelle du Thriller 2020
318 pages
Français

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Magister Dixit - Prix Femme actuelle du Thriller 2020 , livre ebook

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318 pages
Français

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Description

Sandro Galeazzi & Guillaume Grâces Magister dixit L’intégrale Thriller Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com Copyright © PRISMA MÉDIA / 2020 Tous droits réservés ISBN : 978-2-8195-06188 Jean & Renzo, Vous êtes partis beaucoup trop tôt. Vous auriez été fiers… Vous l’étiez déjà.   Lisa, Aurélien, Thibaut, Valentin, ce livre est pour vous, Papa. Première partie La thèse d’une vie Chapitre 1 Le docteur Invisible, le deuil tapi au fond de lui le troublait. Son travail devenait son mode de convalescence, sa thérapie. Chaque journée devenait une bataille, un prétexte pour éviter les moments creux et protéger son esprit des espaces interdits. Il gérait la situation, très bien, trop bien, malgré cette partie manquante de son être, de son âme, de ce qui le définissait. Tel un instrument mal accordé dans le grand orchestre humain, il détonnait. En tension constante, un rien aurait suffi, un simple toucher sur la corde sensible et elle aurait cédé. Continuer, travailler dur, jour et nuit, sa thèse, si importante, tellement importante… Perdre un être cher était pour lui confondre photo et miroir. Il refusait de voir dans le reflet, l’absence. Éviter la réalité devenait le chemin facile, le seul. À chaque pas, sa tête s’enfonçait un peu plus dans le creux des épaules. Le regard résolument fixé vers le sol, il avançait.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 août 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782819506188
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sandro Galeazzi & Guillaume Grâces
Magister dixit
L’intégrale
Thriller
Éditions Les Nouveaux Auteurs
16, rue d’Orchampt 75018 Paris
www.lesnouveauxauteurs.com
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex
www.editions-prisma.com

Copyright © PRISMA MÉDIA / 2020 Tous droits réservés
ISBN : 978-2-8195-06188
Jean & Renzo,
Vous êtes partis beaucoup trop tôt. Vous auriez été fiers…
Vous l’étiez déjà.
 
Lisa, Aurélien, Thibaut, Valentin, ce livre est pour vous,
Papa.
Première partie
La thèse d’une vie
Chapitre 1
Le docteur

Invisible, le deuil tapi au fond de lui le troublait. Son travail devenait son mode de convalescence, sa thérapie. Chaque journée devenait une bataille, un prétexte pour éviter les moments creux et protéger son esprit des espaces interdits. Il gérait la situation, très bien, trop bien, malgré cette partie manquante de son être, de son âme, de ce qui le définissait. Tel un instrument mal accordé dans le grand orchestre humain, il détonnait. En tension constante, un rien aurait suffi, un simple toucher sur la corde sensible et elle aurait cédé. Continuer, travailler dur, jour et nuit, sa thèse, si importante, tellement importante…
Perdre un être cher était pour lui confondre photo et miroir. Il refusait de voir dans le reflet, l’absence. Éviter la réalité devenait le chemin facile, le seul. À chaque pas, sa tête s’enfonçait un peu plus dans le creux des épaules. Le regard résolument fixé vers le sol, il avançait.
Son père fort comme un arbre lui avait annoncé, à l’ombre d’une terrasse, une phrase aux allures anodines : « J’ai mal au dos. Ça fait un moment que ça dure, probablement de l’arthrose. » Il avait ensuite lissé ses moustaches de son revers de main légendaire. La météo était clémente pour le mois de septembre. Assis à profiter d’un moment de détente, le père et le fils étaient à mille lieues de penser à l’enfer qui les attendait. Ils avaient repris deux bières qu’ils avaient savourées autant que le moment qu’ils partageaient.
Les métastases grignotaient sa colonne depuis un long moment. Lors des premiers examens, un mois plus tard, le cancer primitif n’était plus identifiable. Il avait ensemencé tout son corps et les tumeurs cancéreuses s’attaquaient férocement à sa colonne, ses cervicales, son foie et son pancréas. On pense souvent qu’aux derniers instants, chaque moment compte beaucoup plus. Parfois, c’est juste l’inverse.
Nico mit tout entre parenthèses son couple, ses études et le reste. Il consulta les plus grands spécialistes, assura lui-même les soins à domicile, employa toutes ses connaissances médicales, épuisa toutes ses ressources pour soutenir son père et l’accompagner dans un chemin à sens unique.
Se jeter dans la bataille, c’est perdre. La seule vraie victoire, c’est d’éviter l’affrontement. Il commit l’erreur de combattre, il y mit tout son cœur, toutes ses forces, tout ce qu’il avait de bon en lui. Pendant ces trois mois, il jeta son être en pâture au destin, il déchaîna sa hargne pour forcer le cours des choses, comme s’il pouvait l’influencer. Le tocsin sonna trois mois plus tard et lui prouva le contraire.
Nico s’en remit trop rapidement, signe qu’il n’avait rien réglé. Deux semaines plus tard, il reprenait le cours de sa vie et se replongeait assidûment dans le travail. Parfois, quand l’hémorragie remontait à la surface, il se réconfortait en se disant qu’il avait accompagné son père au maximum pendant ce purgatoire aseptisé que l’on nomme soins palliatifs. Au fond de lui, il savait que les bons moments se saisissent à chaque saison, car à vouloir récolter en hiver, on finit par se retrouver aigri.
 
***
 
La sonnerie de son téléphone portable le sortit de sa léthargie. Il prononça d’une voix fatiguée :
— Nicolas Berger, bonjour.
La voix à l’autre bout de la ligne, vive et décidée, surprit Nico par son accent germanique.
— Monsieur Berger, bonjour. Je me présente, Éric Langlois, je suis le directeur des ressources humaines de l’Institut en recherche génétique privé de Genève.
Nico bredouilla quelques salutations, Éric enchaîna :
— Nous avons reçu votre curriculum vitæ et nous sommes assez impressionnés par vos résultats, compte tenu de votre jeune expérience. Vous avez obtenu très récemment votre grade de docteur en biologie, n’est-ce pas ?
— Euh, oui en effet, j’ai…
— C’est parfait ! Nous avons une place taillée pour vous, qui, j’en suis sûr, vous permettra de porter vos recherches à l’étape supérieure.
Nico resta un moment bouche bée, et balbutia :
— Euh, bien, c’est une très bonne nouvelle ! Merci beaucoup. Vous avez dit avoir reçu mon CV, mais je ne pense pas vous l’avoir envoyé…
— Monsieur, je dois vous signaler qu’il y aura d’abord une période d’essai de probablement six mois, rémunérée bien entendu. Si après cette période, nous obtenons satisfaction, un poste de titulaire vous sera proposé.
— Je vous avoue que je suis surpris, mais…
L’homme le coupa à nouveau.
— Monsieur Berger, si cela vous convient, je passerai vous voir personnellement à l’université lundi prochain. Nous en discuterons alors de vive voix.
Nico restait stupéfait par la tournure des événements. Dans la précipitation, il accepta l’invitation et raccrocha. Il marcha jusqu’au salon et se laissa tomber dans le canapé aux côtés de sa femme, l’air hébété.
— Qui était-ce ? lui demanda Anna d’un air lointain, sortant le nez de son livre.
— C’était le responsable des ressources humaines d’un institut de recherche, un Suisse d’après son accent. Il m’a proposé un poste à l’essai dans son unité de Genève.
Anna ferma son bouquin et le posa sur la table basse du salon. Intriguée, mais contente, elle faisait maintenant face à son mari.
— Mais c’est formidable !
Elle plissa ses yeux cristallins et demanda :
— Tu lui avais envoyé ta candidature ?
— Même pas ! Pourtant, il semblait avoir reçu mon CV. C’est d’ailleurs ce qui les a décidés à me sélectionner. Peut-être par le secrétariat de l’université, qui sait ?
Nico, toujours incrédule et sous le choc de la conversation, fixait le vide comme pour ordonner ces nouvelles informations dans son cerveau.
— Tant mieux ! C’est que tu as vraiment fait bonne impression lors de ta soutenance de thèse.
Nico hocha la tête, dubitatif.
— Oui, je suppose…
Les événements se déroulaient décidément trop vite.
— Et tu comptes faire quoi ? Tu vas accepter ?
— Je n’en sais trop rien pour le moment. C’est en Suisse…
Nico plongea sa nuque dans le coussin du canapé, pensif : partir en Suisse… Les yeux rivés au plafond, il n’avait pas vu les larmes d’Anna perler le long de ses joues. Il ferma les yeux pour mieux divaguer. Une caresse lui effleura tendrement le bras, comme un timide appel. Les yeux pleins d’émotion, Anna lui murmura aussi doucement que sa voix l’eut permis :
— J’aurais aimé un autre moment pour te l’annoncer, mais avec cette offre… si loin…
Interpellé, Nico saisit la main de sa femme, l’embrassa et sans autre mot, l’encouragea à continuer.
Il l’observa préparer ses mots, la révélation se voulait importante. Le regard rivé vers le sol, elle semblait empêtrée dans un combat intérieur. Inquiet, il s’approcha d’elle. Elle releva ses yeux humides et murmura :
— Mon amour, je suis enceinte…
Chapitre 2
Un gros minet

— Donc, si je comprends bien, votre voisin a tué votre chat ?
Philippe ponctua sa phrase d’un regard plongeant vers la minijupe vert pomme. Le galbe évoquait la vulgarité et l’excès de frites.
— Non ! Vous ne comprenez pas. Il kidnappe les chats du quartier. On raconte qu’il en séquestrerait une trentaine.
Fière de sa révélation, son interlocutrice décroisa les jambes sans retenue, le journaliste eut un haut-le-cœur. Il frotta son stylo-bille sur le cuir chevelu de sa tignasse ondulée. Il réajusta ses lunettes d’un geste expert et clôtura sa lamentable interview.
— Bien madame Hubin, j’ai ce qu’il me faut pour l’article.
Il rangea hâtivement son bloc-notes dans son porte-documents, cette madame Hubin appréciait un peu trop sa compagnie à son goût. Elle passa une main dans ses cheveux décolorés tout en le dévorant de ses jolis yeux marron.
— Je vous en prie, app’lez-moi « Djainifaire ».
La grâce naturelle a parfois tendance à s’évaporer sous l’âpreté des accents ruraux. Les avances flattent l’orgueil de ceux qui les reçoivent, celles-ci sonnèrent tel un « sauve-qui-peut » dans les oreilles de Philippe. Il afficha un sourire de circonstance et se leva en signe de départ. Avant qu’elle ne puisse tenter une autre approche, il prit congé de sa donzelle en manque de chat. Il quitta les lieux sans demander son reste.
— Mais quel job de merde !
Il grommelait tout en marchant vers son véhicule garé un peu plus haut dans la rue. Il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.
Philippe avait décroché son diplôme de journaliste sur le tard. Il semblait vouer une véritable passion pour son parcours universitaire qu’il avait prolongé au maximum, doublant chaque année afin d’approfondir ses études et perfectionner son apprentissage. C’est du moins comme cela qu’il l’avait expliqué à sa mère, Madame Lucia .
La véritable explication trouvait sa source dans les pompes à bières qui abreuvaient les nombreux cercles estudiantins de Louvain. Philippe s’investit corps et âme dans les responsabilités extra-universitaires, n’hésitant pas à sacrifier huit ans de sa vie et par la même occasion ses chances de faire une belle carrière. Philippe s’en moquait, la vie est une question de priorités, répétait-il sans cesse à sa mère, et les siennes divergeaient simplement de la « norme ».
Il entra dans son véhicule, le souffle court. Un œil dans le rétroviseur lui révéla un front en sueur. Ces deux cents mètres l’avaient mis à rude épreuve. Il avait pris trente kilos en dix ans. À vingt-huit ans, il flirtait avec le quintal. La proportion avec son mètre septante donnait des frayeurs à son médecin et du fil à retordre à ses pantalons. Il tourna la clé dans le contact. Immédiatement, la lumière orange s’all

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